Naître avec le printemps, mourir avec les roses,

Sur l’aile du zéphyr nager dans un ciel pur,

Balancé sur le sein des fleurs à peine écloses,

S’enivrer de parfums, de lumière et d’azur,

Secouant, jeune encor, la poudre de ses ailes,

S’envoler comme un souffle aux voûtes éternelles,

Voilà du papillon le destin enchanté !

Il ressemble au désir, qui jamais ne se pose,

Et sans se satisfaire, effleurant toute chose,

Retourne enfin au ciel chercher la volupté !

Alphonse de Lamartine, Nouvelles méditations poétiques, 1823.

 

Analyse : Alphonse de Lamartine publie Le papillon dans les Nouvelles Méditations poétiques. Les thèmes de la nature et du temps s’associent à l’expression des sentiments personnels car ils sont le reflet du paysage intérieur du poète. Le papillon est la métaphore du désir de l’âme qui ne trouve satisfaction que dans le ciel.

Les six premiers alexandrins conduisent le lecteur dans le sillon aérien de l’insecte (« nager », « s’enivrer », « s’envoler »). Pris dans un tourbillon rapide et éphémère, léger et presque immatériel, le papillon passe sans s’attarder à travers les airs (« aile du zéphyr », « azur », « souffle »). Dans les quatre derniers vers est développée la comparaison entre l’insecte virevoltant et la quête de l’absolu.


L’auteur : Alphonse de Lamartine, né à Mâcon le 21 octobre 1790 et mort à Paris le 28 février 1869, est un poète, un écrivain, un historien et un homme politique français. Il appartient au mouvement romantique (sa poésie lyrique incarne une idéalisation de la nature).


Exploitation : L’écoute du poème permettra de rendre sensible le rythme à la fois régulier (coupure à l’hémistiche aux vers 1, 2, 4, 8, 9) et souple (vers 3, 6, 10).