Des films et des séries arc-en-ciel !

Pour terminer notre mois des fiertés en beauté, nous vous proposons une sélection de films ou de séries autour des questions LGBT.

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Des combats…

Harvey Milk, Gus Van Sant, 2009.

L’histoire vraie de Harvey Milk, élu de la mairie de San Francisco, premier homme politique américain ouvertement homosexuel, qui fut assassiné, avec le maire de la ville, en 1978. Un film qui nous apprend à regarder d’un autre point de vue le combat que représente la lutte contre l’homophobie en politique et dans la société en général.

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Boy erased, Joel Edgerton, 2019.

L’histoire vraie du coming out de Jared Eamons, le fils d’un pasteur baptiste dans une petite commune rurale des États-Unis où son orientation sexuelle est brutalement dévoilée à ses parents à l’âge de 19 ans. Craignant le rejet de sa famille, de ses amis et de sa communauté religieuse, Jared est poussé à entreprendre une thérapie de conversion. Il y entre en conflit avec le thérapeute principal, découvrant et revendiquant progressivement sa réelle identité.

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Philadelphia, Jonathan Demme, 1993.

Premier film hollywoodien qui aborde les sujets du sida, de l’homosexualité et de l’homophobie. Il raconte le combat d’Andrew Beckett, jeune avocat promis à une brillante carrière, qui se fait licencier alors qu’il apprend qu’il est atteint du sida. Convaincu qu’il y a un lien entre son licenciement et sa maladie, il porte plainte mais personne ne veut le défendre. Jusqu’au jour où il rencontre Joe Miller, jeune avocat ambitieux et légèrement homophobe, qui accepte de le défendre. Mon premier film sur le sujet, je l’ai vu adolescente grâce à quelqu’un que j’aime beaucoup. La musique de Bruce Springsteen qui accompagne cette histoire est devenue un de mes morceaux préférés 🙂

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Mais surtout de l’amour

Matthias et Maxime, Xavier Dolan, 2019.

Deux amis d’enfance s’embrassent pour les besoins d’un court métrage amateur. Suite à ce baiser d’apparence anodine, un doute récurrent s’installe, confrontant les deux garçons à leurs préférences, bouleversant l’équilibre de leur cercle social et, bientôt, leurs existences.

NB : De nombreux films de ce jeune réalisateur prodige abordent les amours homosexuelles, bisexuelles ou encore la transidentité. Ses films sont intenses, dérangeants et leur esthétique est vraiment originale !

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Le portrait de la jeune filles en feu, Céline Sciamma, 2019.

C’est sublime comme un clair-obscur peint du XVIIIème siècle. Céline Sciamma sublime à travers sa caméra ses deux femmes, le désir puis l’amour qui naît entre elles.  Ce huit-clos dans un château presque désert où seule la servante reste durant 5 jours vous envoute complètement par son esthétisme mais aussi la sororité et la complicité qui apparaissent dans ces relations amoureuses et amicales. Pour 5 jours, elles ont droit d’aimer, elles ont le droit d’être libre, elles ont droit d’avorter, elles ont droit de peindre des nues.

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La Vie d’Adèle d’Abdellatif Kéchiche en 2013,

Alors là c’est la fougue de la jeunesse du désir entre Adèle et Emma. La première découvre l’amour avec l’autre, elle est chamboulée, destabilisée, elle a Emma dans la peau comme on a tendance à dire. Seulement, elles vivent dans des mondes différents, Emma est peintre, elle est ambitieuse et libre, Adèle est institutrice, aime cuisiner et jouer, elle doute, se cherche. L’écart se creuse, elles se perdent et se blessent. C’est une sublime histoire d’amour romantique avec j’aurais tendance à dire tous les archétypes de l’histoire d’amour tel que le cinéma  et la littérature aiment nous le présenter: le désir violent, la jalousie , l’absence de pardon et la souffrance.

La Vie d'Adèle - Chapitres 1 et 2 en DVD : La Vie d'Adèle - Chapitres 1 & 2  - AlloCiné

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Enfin je terminerais avec deux séries: La première est Sex education, série sortie en 2019 où l’on suit des lycéens qui vivent leurs histoires d’amour et la découverte de leur sexualité sans tabou, sans jugement. ils apprennent à aimer à se respecter dans leurs premières relations et c’est juste très émouvant. Avec Colette, on est très heureuse que nos élèves aient accès à une série comme celle-ci qui abordent ces questions sans aucun tabou et sans aucun jugement de la part des adultes autour.

Sex Education Saison 2 - AlloCiné

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Enfin j’évoquerai Ratched conseillée par une élève qui présente l’homosexualité à travers un hôpital psychiatrique dans les années 50-60 et qui permet de prendre conscience que comme tous les sujets qui s’apparente à la sexualité dans notre société, on revient de tellement loin. On est encore enfermé dans des croyances limitantes marquées par des siècles d’interprétation culturelle et religieuse de la sexualité et le combat doit donc continuer. Soyons fiers de ces milliers de façons d’aimer.

Ratched - Série TV 2020 - AlloCiné

 

 

C’est l’histoire des « Meilleures »

Les Meilleures - film 2020 - AlloCiné

C’est l’histoire d’une séance de cinéma presque improvisée. Je travaille désormais en ville où l’on peut amener des élèves sur un créneau de deux heures au lycée, c’était en octobre dernier et j’ai amené une classe de première que je n’ai qu’en EMC pour traiter la question de la tolérance, du respect, de l’interconnaissance, de la confiance en soi et dans quelle mesure notre société française permet l’existence de cela.

Il s’agit d’un film que je découvre en même temps qu’eux. Il est réalisé par Marion Desseigne Ravel, c’est son premier long métrage et elle est dans la salle.

C’est l’histoire d’un amour entre deux jeunes filles dans le quartier de la goutte d’or à Paris, dans un quartier où il faut se donner un rôle pour survivre en terme de relation sociale. C’est une histoire de femmes, de filles, de la dureté du jugement qu’on se porte les unes sur les autres, sur la survie de l’apparence, de l’image, de la réputation que l’on se donne. C’est l’histoire de la découverte de soi, de sa sexualité, de l’amour, de ce qui nous fait chavirer. Marcher en équilibre sur ce fil qu’est la vie en société, ne pas tomber, ne pas se montrer fragile, touchée, ne pas briser la carapace, ne pas être vulnérable. Seulement l’amour avec un grand A celui qui nous transporte, qui nous porte qui nous donne des ailes, il nous rend vulnérable. C’est ainsi et c’est aussi ce qu’on découvre à l’adolescence.

C’est l’histoire de cette classe d’adolescents de 16-17 ans qui discutent de tout ça avec la réalisatrice et l’organisateur du festival avec une aisance surprenante, c’est l’histoire de l’acceptation de la diversité de notre société.  l’organisateur du festival pleure, il constate le chemin parcouru en dix ans sur la mise en lumière de tous ces amours, de cette tolérance grandissante et il a confiance en ces jeunes.

C’est mon histoire d’apprendre, de grandir avec eux, de les découvrir, de leur donner confiance en eux, de leur permettre de s’affirmer dans leur exceptionnalité !

C’est mon histoire de parler d’amour quand on parle de cohésion sociale et nationale parce que cette cohésion elle ne peut être acceptée que si elle est vécue, elle ne peut être comprise que si on se respecte et qu’on se comprend les uns les autres ! C’est l’histoire de la tolérance.

Je vous conseille vivement cette histoire avec vos élèves!

Des lectures arc-en-ciel !

En ce mois de Mai, nous continuons à décliner les couleurs de l’arc-en-ciel en vous proposant nos titres préférés pour aborder les questions d’orientation sexuelle ou d’identité de genres avec des adolescent.e.s.

Du côté des BD

Peau d’homme de Hubert et Zanzim, Glénat 2020.

Dans l’Italie de la Renaissance, une jeune femme, Bianca, doit se marier à Giovanni, un riche marchand, que ses parents ont choisi pour elle. A quelques jours du mariage, sa marraine, figure tutélaire hautement subversive, lui confie un secret : depuis plusieurs générations, les filles de la famille possèdent une peau d’homme qui une fois revêtue, permet de rejoindre les cercles bien verrouillés des mâles de la cité. Métamorphosée en Lorenzo, Bianca va découvrir la liberté, celle de l’amour, de la sensualité, de la sexualité épanouie et choisie. Nous suivons Bianca et Giovanni tout au long de leur vie d’adulte et leurs aventures amoureuses nous bousculent, nous questionnent sur le poids de la culture dans nos choix amoureux….

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Mauvais genre, Chloé Chaumet, Delcourt, 2013.

Paul et Louise s’aiment, Paul et Louise se marient, mais la Première Guerre mondiale éclate et les sépare. Paul, qui veut à tout prix échapper à l’enfer des tranchées, devient déserteur et retrouve Louise à Paris. Il est sain et sauf, mais condamné à rester caché. Pour mettre fin à sa clandestinité, Paul imagine alors une solution : changer d’identité, se travestir. Désormais il sera… Suzanne.

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Le Prince et la couturière, de Jen Wang , éditions Akileos en 2018.

Dans cette BD tous les codes sont bouleversés : le prince est une princesse, la couture devient une source inépuisable de travestissement, le travestissement devient le moyen non pas de se cacher mais de se révéler. D’exister !

Et les liens qui se tissent entre le prince Sébastien et Francès , jeune couturière pleine de talent, ne sont pas les liens caricaturaux des contes de fée mais bien des liens complexes et puissants comme ceux que nous créons parfois et qui nous bousculent parce qu’on ne sait pas toujours très bien de quoi ils sont tissés. Une petite merveille graphique et narrative !

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Du côté des romans

Le faire ou mourir, Claire-Lise Marguier, Rouergue, 2011

S’il y a un roman que j’aime un peu, beaucoup, passionnément pour parler d’amour avec les grands ados que j’ai la chance de côtoyer, c’est celui là ! On y suit les premiers pas au lycée de Damien, un jeune homme qui se cherche, et qui se trouve en Samy. C’est une histoire d’amour qui me bouleverse à chaque lecture. On y retrouve tous les ingrédients de l’amour tragique : les familles qui s’opposent, la figure paternelle autoritaire qui s’immisce dans les choix amoureux de son enfant, un amour que le héros n’assume d’abord pas, un amour qui le change et le fait devenir autre. Intense !

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Spirit Day !

Tout a commencé un jour de mai, en 2021. Ce jour là, E., alors élève de 3e B, propose de consacrer la dictée anti-sexiste du mardi à la journée du 17 mai, journée mondiale de lutte contre l’homophobie. A cette occasion, suite à la dictée en question, je réalise pour chaque élève une brochure avec des conseils culturels pour découvrir les thématiques liées à l’identité de genre et à l’orientation sexuelle. Inspiré.e.s par cette brochure, les élèves proposent alors de créer la leur : l’atelier « Amours sincères » est né !

Ce sont donc 10 élèves volontaires de 4e et de 3e qui vont rester au collège, en salle informatique, plusieurs mardis soirs de 17h à 18h pour réaliser leur propre brochure culturelle présentant des séries, des chanteuses et des chanteurs ainsi que des livres qui permettent, selon elles, selon eux, de mieux comprendre la communauté LGBTQIA+.  Ielles sont tellement motivé.e.s qu’ielles proposent alors de présenter leur brochure aux autres élèves à l’occasion de la journée « Portes ouvertes » de juin 2021. Celle-ci, hélas, n’aura pas lieu, et c’est sur la proposition de nos CPE et avec l’accord enthousiaste de notre principale, que nous avons proposé aux élèves de revenir au collège en octobre 2021, à l’occasion d’une journée dédiée à la lutte contre le harcèlement LGBTIphobe : le « Spirit Day ».

A la fin des vacances d’été, avant leur rentrée au lycée, nous nous retrouvons avec les élèves volontaires pour organiser leur intervention. Ils et elles proposent de partir de la chanson « Amour censure » d’Hoshi pour élaborer une séance de sensibilisation qu’ielles proposent de mener pour toutes les classes de 4e.

Le jeudi 21 octobre 2021, 5 élèves de seconde et une élève de 3e  sont donc intervenu.e.s pendant 7 heures auprès de toutes les classes de 4e du collège pour un atelier de sensibilisation au harcèlement LGBTIphobe.

Le jeudi 21 octobre 2021, ielles ont fait vibrer les couleurs de l’arc-en-ciel dans leurs voix mais aussi dans les regards des adolescent.e.s qui les ont écouté.e.s, questionné.e.s, salué.e.s, remercié.e.s.

Le jeudi 21 octobre 2021, il s’est passé ce truc improbable dans un collège de REP rural de Haute-Gironde : toute la journée, on a parlé d’amour.

D’amour toujours, d’amour tout court.

D’amours sincères.

Le mois de mai sera le mois des fiertés !

Elle s’est avancée vers moi. C’était un vendredi de veille de vacances. Dernière heure de cours. Nous étions en demi-groupe. Elle m’a demandé si je pouvais l’appeler Peter et dire « il » quand je parlerai d’elle. De lui.

J’ai dit « oui » sans réfléchir car le cours devait commencer et que comme toujours, on est embarqué dès que l’on passe la porte de la salle de classe. J’ai dit « oui ». Et j’ai vu le sourire partout sur son visage. Enfin dans ses yeux surtout. Parce que notre histoire se passe en décembre 2020 et que de toute l’année nous ne nous sommes vus que masqués. J’ai dit « oui », j’ai pensé que rien que pour son sourire ça en valait la peine. J’ai dit « oui » mais très vite j’ai compris que ce serait plus compliqué.

Il a fallu en parler à l’infirmière. Il a fallu téléphoner à la famille de Peter. Une fois. Deux fois. Trois fois. Quatre fois. Cinq fois. Il a fallu insister pour rencontrer ses parents. C’est la cheffe qui s’y est collée. Un vendredi soir. Les parents de Peter étaient attendus. Ils ne venaient pas. Alors elle les a appelés. Elle leur a dit très gentiment : « On vous attend ». Ils sont venus.

Ils ont dit que c’était une passade, que c’était normal à l’adolescence, que c’était une étape, que ça passerait. Il a fallu essayer de faire concorder ce qui se passait dans ma salle de classe avec ce qui se passait à la maison.

Il a fallu se parler. S’écouter.

Très sincèrement, je sais que se parler n’a pas suffi…

Alors il a fallu en parler en équipe.

Il a fallu en parler en classe. ça tombait bien parce que cette année là avec cette classe de 6e nous participions au prix de littérature jeunesse de l’UNICEF et nous avions dans la sélection un album, Je suis Camille, qui raconte le nouveau départ d’ une jeune fille transgenre.

Grâce à cet album, Peter a pu parler de lui.

Expliquer.

Demander : « je voudrais que vous m’appeliez Peter. »

Et ses 25 camarades, comme moi, quelques semaines plus tôt, ont répondu « oui ».

C’est avec lui que les questions d’identité de genre sont rentrées dans ma vie. Et qu’elles ne me quitteront plus parce qu’elles m’ont permis d’entendre les autres voix qui appellent. Les voix de Cubby, de Slighty, de Nibs.

Les entendre est une première étape. Pour les accompagner, joyeusement et sincèrement, il faudra que nous soyons nombreuses et nombreux.

C’est pourquoi, ici, le mois de mai sera le mois des fiertés.

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