Le label E3D espoirs et déconvenues!

Aujourd’hui c’est finalement un bilan amer que je viens faire de nos actions sur l’éducation au développement durable et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle, nous avons préféré évoquer l’idée d’une éducation en anthropocène parce que pour le moment je ne vis que de des déceptions dans les actions menées dans le cadre du développement durable : combien de projets avortés, à moitié faits, d’élèves découragés, peu impliqués, peu sollicités, combien de freins de la part des services de gestions, combien de collègues qui ne trouvent pas ça important parce que ce n’est pas un bout du programme, combien d’établissement dans lesquels la direction évoque la volonté d’obtenir le label E3D et puis rien….

J’avoue qu’à l’instant où j’écris je suis franchement découragée par les souris dont on accouche quand on lance des projets EDD. Malheureusement, je n’arrive pas à trouver de solutions pour que cet enseignement soit plus efficace : faut-il plus de moyens ? Plus de temps ? plus d’aide ? plus de formation ? Plus d’obligations à prendre partie à cet engagement? Peut être aussi plus de rémunérations, des directions plus directives ? des personnels dédiés uniquement à cela ? …

Et pourtant, je suis chaque année pleine d’enthousiasme devant les projets que nous avons envie de mener, je suis pleine d’espoirs et regarde admirative les établissements qui semblent avoir réussi à impulser de belles initiatives, oui je continue de m’investir, je ne sais pas trop ce qui m’anime mais je continue de m’animer là sans doute parce que je pense que c’est essentiel, indispensable malgré les lacunes de ces projets.

Je vais continuer à m’inspirer, à me projeter et à faire ma part bien trop modeste à mon goût mais ce sera au moins ça. Je finis par une note positive et valorisante pour mon estime pédagogique :

J’ai déjà réussi à :

  • Co-rédiger une charte du pique nique « zéro déchet »
  • Sensibiliser plusieurs générations d’élèves à l’habitat durable avec des sorties sur Bordeaux
  • Monter un vide-dressing caritatif
  • Organiser le ramassage des papiers sur une année avec une équipe de 4 élèves volontaires

Nous sommes partantes pour des échanges sur ce sujet : où en êtes vous dans vos établissements ? Espoirs et déconvenues ? Ce serait d’ailleurs peut être une idée pour des interviews sur le modèle de l’été dernier.

Bonnes vacances !

Le projet « Les Petits Colibris du Val de Saye ».

Aujourd’hui on avait envie, Colette et moi, de revenir sur le projet Colibri démarré en 2018 avec la rédaction d’une charte de pique nique zéro déchet par des élèves de sixième.

Aude. – C’est toi qui étais à l’initiative de ce projet Colette, peux-tu en rappeler la genèse ?

Tout a commencé avec l’actualité de la forêt amazonienne qui brûlait cet été là, non pas sous l’effet du réchauffement climatique mais sous les feux de la déforestation. J’ai découvert au même moment la légende du colibri que racontait Pierre Rabhi à qui voulait l’écouter parler du rapport entre l’homme et la nature. Cette légende,en quelques phrases, m’a donné du grain à moudre pour des années ! Comme tout ce qui me touche, je l’ai partagé immédiatement avec mes élèves de 6e.

La Sagesse du colibri, où comment chacun fait sa part,
Pippa Dyrlaga, Gründ.

Cette année là, la rentrée s’est faîte sous le signe du colibri. A l’occasion d’une dictée fautive de début d’année, j’ai proposé à mes élèves le texte de la légende que nous avions au préalable analysé. Puis nous nous sommes décernés le titre d’ambassadeurs et ambassadrices de l’éco-citoyenneté et nous avons œuvré toute l’année autour du thème des déchets avec toi, leur professeure d’Histoire-Géographie-EMC mais aussi avec notre collègue de SVT, notre collègue de Mathématiques et notre collègue de Technologie. Il me semble que c’est toi qui a balisé l’année de projets qui nous permettraient de découvrir le trajet d’un déchet et de comprendre pourquoi le meilleur déchet c’est celui qu’on ne crée pas. On a travaillé notamment avec le SMICVAL, le syndicat intercommunal qui traite les déchets de l’établissement, et on a pu suivre le trajet de nos déchets de la déchèterie au centre d’enfouissement, puis on a élaboré une charte du pique-nique zéro déchet qu’on a testée lors de nos sorties scolaires et que nous avons soumise à notre principal de l’époque pour une généralisation de cette démarche à toutes les sorties scolaires.

Aude. – Je me souviens de beaucoup d’enthousiasme de notre part et des partenaires avec lesquels on avait travaillé et en même temps d’un décalage entre nos préoccupations, nos inquiétudes et l’attitude de certains élèves. Trouves-tu que cette génération d’élèves a réussi à être plus sensible à la cause écologique?

Colette. –Je pense que c’est une génération qui SAIT beaucoup de choses sur les enjeux de développement durable et de protection de la biodiversité. Ils ont le vocabulaire, ils comprennent dans les grandes lignes les phénomènes scientifiques qui sont au cœur des transformations de notre environnement, et cela dès le plus jeune âge du collège, dès la 6e. Après, nos élèves sont à l’image de la société à laquelle ils appartiennent, et il y a un immense fossé entre avoir les connaissances nécessaires à la compréhension des phénomènes liés à l’écologie et agir pour protéger le vivant…

Aude. – Quels ont été les autres projets après ? Ont-ils eu autant de portée?

Colette. – Nous avons créé l’année suivante un « éco-club » en parallèle du club Nature, animé par d’autres collègues avec qui nous avions travaillé l’année précédente. Nous avons proposé aux élèves volontaires de faire de l’up-cycling, c’est-à-dire de réutiliser des textiles pour fabriquer des objets du quotidiens, essentiellement des tote-bags et des tawashis. Nos élèves étaient essentiellement des filles qui voulaient lancer des sweats féministes 🙂 Alors on a essayé de trouver des slogans à illustrer avec des tricotins sur des T-shirts recyclés ! On a surtout fabriqué des tawashis à la pêle ! Notre objectif cette année là était de réfléchir aux fournitures scolaires. Hélàs un satané virus est venu perturbé notre programme… et nous n’avons plus revu nos élèves de l’éco-club de l’année…

Aude. – Quelles sont selon toi les difficultés à mener l’éducation au développement durable dans nos classes? Je peux d’ores et déjà répondre qu’au lycée, je me confronte à la difficulté du calendrier d’une part. Une année très courte, jalonnée par des examens blancs, puis des examens, des devoirs sur table immanquables,… et le manque d’intérêt de la part des élèves s’il n’y a pas de récompenses au bout. Et le dernier frein est clairement pour ma part le manque d’audace : il faudrait que je saute le pas, que j’aille faire cours face à la mer, face à la Rhune, qu’on marche à pied, que je consacre des heures à la contemplation de la nature plutôt que de m’accrocher à mon programme.

Colette. – Je suis d’accord avec toi sur le manque d’audace personnelle auquel je rajouterai le manque d’ambition collective – qui pour moi caractérise toute la société face à l’enjeu climatique ! Par exemple, quand nous avons souhaité rencontrer notre chef d’établissement avec les élèves de 6e en 2018, il avait oublié le RDV. La gestionnaire qui l’a remplacé à la réunion a bien pris note de nos recommandations et des solutions proposées par les élèves pour les futurs pique-niques zéro déchet du collège mais depuis 4 ans, rien n’a changé : les pique-niques sont toujours donnés aux élèves dans des poches en plastique, et chaque aliment y est emballé dans des emballages individuels. Le gaspillage alimentaire à la cantine a empiré, les déchets ne sont même plus triés. Notre vermi-compost est toujours dans un placard sans parler du tri du papier qui n’est même plus fait par les élèves. Quant aux éco-délégué.e.s, même s’ils et elles sont très motivé.e.s au départ, ils et elles ne sont pas encadré.e.s : que peuvent-ils et elles bien impulser du haut de leurs 10, 12, 13 et 14 si les adultes ne leur laissent pas le lieu et le temps de se réunir ? (et encore ça c’est quand les éco-délégué.e.s sont élu.e.s…)

Aude. – Maintenant que je ne suis plus au collège, où en êtes-vous? Je suis curieuse, je veux tout savoir….

Colette. – L’année dernière, notre collègue de mathématiques a poursuivi le club nature avec notre collègue de sciences physiques. Nous avons 3 poules au collège que les élèves adorent ! Nous proposons à chaque sortie un pique-nique zéro-déchet (mais qui reste à charge des élèves) et lors de la journée d’intégration des 6e, nos collègues d’E.P.S organisent une « clean walk » dans les rues du village, avec pesée des déchets collectés (et c’est toujours très impressionnant…) . Cette année, les choses vont changer grâce au retour d’un collège de SVT très engagé qui a constaté l’immobilisme de notre établissement sur ce sujet. D’ailleurs aujourd’hui même, à peine élu.e.s, les éco-délégué.e.s vont participer à leur première réunion sous la houlette du SMICVAL. Je me suis invitée, je pourrai venir raconter ici ce qui s’y est dit !

Aude. – Pour finir, vers quels types de projets te diriges-tu cette année dans ce cadre? et peut être dans une projection à deux ou trois ans?

Colette. – Cette année, j’ai accueilli les élèves de 6e dont je suis professeure principale avec une matinée escape game basé sur la légende du colibri et le trésor à la clé de cette matinée était une sauge que nous avons plantée dans le jardin du collège. Je compte soutenir la formation des éco-délégué.e.s avec notre collègue de SVT notamment en travaillant sur la sensibilisation du parcours des déchets à l’échelle de l’établissement à la fois dans la cour, dans la classe, dans la cantine. Cette fois on s’attaque au fonctionnement de l’établissement dans son ensemble et plus seulement aux petits gestes des élèves : si on veut qu’ils soient outillés pour construire un avenir plus respectueux du vivant, il faudra d’abord montrer l’exemple, ce qui n’est pas le cas pour l’instant. Je compte aussi travailler dehors beaucoup plus régulièrement. J’explore en ce moment les sentiers et les chemins qui bordent le collège pour y expérimenter les balades contées, car je suis de plus en plus convaincue qu’on ne respecte que ce que l’on aime. A plus long terme, c’est sur les partenariats que j’aimerais travailler : partenariat avec les familles et avec les acteurs locaux du développement durable.

Aude. – Si tu fermes les yeux quel serait le visage de cette fameuse école durable de point de vue aménagements intérieur et extérieurs mais aussi moyens humains?

En ce qui me concerne, si je réponds à cette question, j’aimerais des vrais temps de discussions avec tous les acteurs de l’établissement scolaire et en premier lieu une véritable éducation et implication des agents avec une valorisation salariale de leur engagement dans ces démarches. J’ai encore en travers le fait que le tri n’est pas effectué dans mon établissement par manque de moyens humains (ils ne sont pas assez nombreux et ne peuvent pas réaliser cette tâche dans leur temps de travail). J’aimerais des semaines dédiées à l’éducation au développement durable avec une implication de tous les enseignants et non uniquement des profs d’histoire-géographie et S.V.T : c’est d’ailleurs ce qu’on avait réussi à faire au collège la première année des colibris. Enfin j’aimerais une école pensée durablement avec un enseignement à l’émerveillement. Jardiner, cuisiner, se promener, visiter des monuments, aménager des salles, tenir des ressourceries, éduquer les élèves aux gestes éco-responsables et solidaires doit désormais à mon sens faire partie de notre enseignement.

Colette.- Je répondrai avec ce petit reportage trouvé sur le site du magasine Phosphore qui met en avant les initiatives du lycée franco-allemand de Fribourg-en-Brisgau.

Comme toi, je crois qu’il nous faut avant tout éduquer à l’émerveillement, au contact avec l’arbre, l’oiseau, l’air, le cheminement pour rappeler cette évidence que clame les jeunes de Youth for Climate depuis 2018 : Nous sommes le vivant. Alors laissons le vivant rentrer dans nos établissements…

Éduquer en Anthropocène: quelques livres et documentaires

Eduquer en Anthropocène était le titre d’un MOOC suivi l’an dernier qui rappelaient la nécessité de pratiquer un enseignement soucieux des démarches écologiques et durables. Oui il est nécessaire de sensibiliser les élèves à leur environnement et de leur enseigner une autre représentation de la nature, celle dans laquelle on vit, dont on est interdépendant et non celle que l’on domine et qui nous donne.

Vous imaginez bien que les propositions ici vont être très sélectives et absolument pas exhaustives. Il s’agit pour les livres des derniers coups de cœur en matière de littérature sur la nature, l’écologie,…et pour les documentaires, ce sont ceux que je trouve probablement les plus faciles à utiliser avec des élèves.

je commence donc par mes les deux dernières lectures qui m’ont beaucoup plus.

https://www.editions-akinome.com/wp-content/uploads/2020/10/Mock-up-Mon-tour-du-monde-ecolo.png

J’ai découvert les éditions Akinomé ce Printemps lors de l’Escale du livre de Bordeaux. Elles sont spécialisées dans la littérature de voyage. ils ont une petite collection Akinomé Jeunesse très colorée qui invite au voyage responsable et au dépaysement. Il s’agit là d’un album documentaire qui est un atlas. Continent par continent, les 4 auteurs, Dominique Cronier, Maguelonne du Fou, Marine Tellier et Anatole Donarier nous proposent de faire le tour des cultures du monde et des bonnes initiatives. L’ouvrage permet d’embrasser la totalité de la planète et de faire du lecteur un « citoyen du monde » pouvant s’inspirer des coutumes locales et les adapter à leur environnement ou de prendre conscience que l’extraordinaire n’est pas uniquement à l’autre bout de la planète. Oui en Europe aussi, nous avons des fêtes traditionnelles, des paysages grandioses et des richesses culinaires, encourageant ainsi le slow voyage, l’alimentation en circuit court et la curiosité du bas de chez soi. Je vous conseille donc vivement cette lecture qui donne envie de réaliser quelques recherches supplémentaires sur les petits encadrés proposés page après page.

Etre un chêne, sous l’école de Quercus écrit par Laurent Tillon dans la collection Mondes Sauvages chez Actes Sud. Alors là j’ai adoré ce bouquin, le principe est simple Laurent Tillon nous livre une biographie d’un chêne, un chêne au pied duquel il aime se ressource de sa naissance en 1769 à aujourd’hui, l’arbre est dans sa force de lâge, il a aujourd’hui 250 ans et il nous livre sa naissance, sa jeunesse, ses rencontres avec les insectes parasites mais aussi ces alliances avec les champignons, son environnemment, Silva qui change au contact de l’Homo. C’est passionnant, il vous emporte et vous fait changer de regard sur la nature qui vous entoure. Oui l’ouvrage a véritablement le mérite de vous faire prendre conscience que vivre en Anthrocpocène, nécessite de sortir justement d’une vision de la nature anthropocentrée. Nous n’avons plus le choix, il est désormais indispensable de savoir et d’agir avec cette donnée, tous nos gestes comptes pour l’environnement dans lequel nous évoluons.

Quant aux films j’évoquerais demain et animal de Cyril Dion et Mélanie Laurent

Alors bien sûr les mauvaises ondes diront que c’est plein de bons sentiments, un peu simplistes,… mais ces deux documentaires ont le mérite d’être très accessibles pour les enfants comme pour les adultes, les personnages interrogés sont attachants et convaincants, les initiatives exposées sont encourageantes et donnent envie aussi de se lancer. Voilà donc trois raisons qui m’encourage à les proposer comme une ressource pour l’éducation en Anthropocène.

Aude et Colette veillent -chronique n°1

On inaugure ici une nouvelle chronique qui sera publiée tous les derniers mercredi de chaque mois. On avait envie de partager avec vous nos coups de cœur, nos découvertes culturelles, pédagogiques, des petites et grandes choses inspirantes pour nos pratiques pédagogiques.

En ce qui me concerne, je suis allée voir des ballets de dans au festival le temps d’aimer la danse à Biarritz entre le 7 et 17 septembre et j’ai été subjuguée par la pièce de Marie Claude Pietragalla, Petragalla, la femme qui danse.

A l’aube de ses 60 ans, Pietragalla à l’audace de faire son autobiographie dansée. Elle retrace sa vie et surtout son parcours de danseuse, celui qui l’anime et la met en mouvement depuis plus de 40 ans. Plus de pirouette et de fouettée pour MC pietragalla mais son souffle, sa voix, dans le micro. Ainsi elle amène le spectateur dans son corps en mouvement. C’est fabuleux, elle nous livre par ce biais l’expérience de son corps par la vue et l’ouie. En sortant de ce spectacle, je me suis dit que tout individu devrait prendre le temps de danser sa vie, de réfléchir à une autobiographie en mouvement. Quant à moi, je me suis dit qu’effectivement ce serait très intéressant de proposer l’expérience du corps à mes élèves par la randonnée.

Pietragalla - La femme qui danse - 04/03/2023 - Cannes - Frequence-sud.fr
https://www.youtube.com/watch?v=oodVvtj7X9w

Ensuite, j’ai écouté les podcasts d’Etre et Savoir: Comment s’éduque t-on à la démocratie? parce que j’ai des élèves cette année en attente de réponse, d’explication sur le monde dans lequel ils vivent, ils ont pour certains envie de s’engager mais comment dans ses institutions dans lesquels ils ne se reconnaissent pas et qui ne répondent pas à leurs attentes.

le premier épisode: comment éduque-t-on les enfants au vote m’a donné envie de revoir toute la façon dont je menais l’élection des délégués de classe et comment j’impliquai mes délégués dans les vies de classe, les préparations au conseil de classe, comment je les faisais porter des projets seuls de tutorat, d’entre-aide,….

je vous conseille donc vivement l’écoute des 5 épisodes qui datent un peu mais qui sont très enrichissants pour nos pratiques d’éducation à la citoyenneté.

je vous confie ma prise de note sur le premier épisode

En bonus, je vous confie cet entretien d’Olivier Bleys avec Anne Bancel sur une expérience géographique à faire avec ses élèves. « faire le tour de soi ».

https://www.pearltrees.com/saintmacary/de-la-nivelle-a-saye/id57191179/item470762104

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Du côté de Colette, chaque rentrée depuis 3 ans, se vit au rythme des projets de Grand corps malade ! Après La Vie scolaire en 2019 et la sortie de l’album Mesdames en 2020, le mois de Septembre 2022 s’est tissé aux sons de l’album Ephémère sur lequel non seulement on peut entendre Grand Corps malade mais aussi Ben Mazué et Gaël Faye. Les trois compères nous livrent 7 morceaux très éclectiques dont plusieurs viendront enrichir les supports proposés à mes élèves de 3e. Ils et elles auront l’honneur de réfléchir à ce qu’est l’engagement en poésie avec le morceau « La Cause » et ils et elles seront inviter à fermer les yeux pour plonger dans leur passé avec le très beau morceau « Sous mes paupières ».

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En cette rentrée, il a fallu réinventer la réunion d’accueil des parents de 6e et pour l’occasion, j’ai médité les conseils de Maxime Tesnière. En écoutant l’épisode 24 du podcast Les Energies scolaires, je me suis dit que je tenterai bien moi aussi une réunion sur le modèle de l’écoute active.

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Et puis cette année, comme je suis chargée du suivi du dispositif du quart d’heure lecture dans mon établissement, j’ai du chercher des textes courts pour celles et ceux qui parmi nos élèves oublient d’amener leur livre au collège. Et je suis tombée sur cette initiative inspirante proposée sur le site du magazine Phosphore : le concours de nouvelles ECOPOSS «  Donnez-nous des  bonnes  nouvelles du futur  ». On peut aller lire les textes des 6 finalistes en ligne, ou les imprimer pour enrichir les boîtes à livres de nos classes et aller voter pour notre nouvelle préférée jusqu’au 28 octobre.

Coup de coeur pour Plouc Pride

L’an dernier avec mes élèves de HGGSP, j’ai participé au prix du livre de géographie et si mes élèves ont élu meilleur livre de la sélection: Quand la géographie explique le monde? de Thibault Sardier aux éditions autrement et que l’ensemble des établissements ont voté pour le livre de Camille Schmoll sur les africaines émigrées, moi j’ai posé ma préférence sur Plouc pride de Valerie Jousseaume!

Alors je vous livre ma chronique sur cet ouvrage qui est une belle ouverture à notre mois sur éduquer en Anthropocène

Enfin ! Enfin !Plouc Pride de Valerie Jousseaume, un nouveau récit pour les campagnes était le livre de géographie que j’attendais. L’auteure s’empare de l’ensemble des sciences humaines et sociales pour faire un récit des campagnes françaises actuelles et en tant qu’ancienne étudiante en géographie rurale et de l’aménagement des territoires ruraux, ce livre m’a fait un bien fou ! J’avais d’ailleurs choisi ces territoires parce que déjà à  l’époque j’avais de la tendresse pour eux. Comme je le pressens, là aussi il faut changer de point de vue, elle évoque la nécessité d’une part, de s’emparer des mémoires rurales depuis l’ère des chasseurs cueilleurs et de se souvenir de chaque instant, de chaque apport de l’ensemble des périodes qui jalonnent sa pensée. D’autre part, elle considère qu’il est nécessaire de penser les lieux de manière holistique et enfin de manière altruiste. Alors parfois, on peut lui reprocher de s’égarer, de s’emporter, de sortir de son objectif scientifique, en principe indispensable pour nous livrer finalement son point de vue et un ouvrage engagé. Oui les campagnes, parce qu’elles sont au cœur des réflexions géographiques actuelles doivent faire leur plouc pride. Elle entend par là l’obligation pour les campagnes de s’inscrire dans la transition en se racontant et s’inventant un récit pour préparer ces territoires à la transition écologique en cours et indispensable. Son ouvrage comporte 4 « livres » aux titres intrigants et énigmatiques : Le temps ou la campagne comme mémoire, Le Néant ou l’éclipse conceptuelle de la campagne, l’espace ou la campagne comme lieu, et enfin l’espace-temps ou la campagne comme Ethos.

Durant tout l’ouvrage, il n’est question que de perception, de représentation, des espaces ruraux français et j’ai eu l’impression qu’elle ne cessait de clamer : Nous sommes intelligents, nous sommes les héritiers de lieux incroyables, nous avons fait des erreurs mais nous en avons conscience alors maintenant on va prendre tout ça et on va arrêter de faire n’importe quoi. On va cesser de se laisser influencer par les sirènes du monde capitaliste qui se traduisent par une mondialisation et une métropolisation qui met au cœur des relations humaines le profit. On va désormais prendre soin de nous, des lieux dans lesquels on vit, de notre Terre qu’on habite. Oui Valérie Jousseaume fait de l’aménagement du territoire avec le cœur et non avec la compétitivité et le désir d’attractivité en fil rouge.
Merci Valérie Jousseaume, je suis très fière de vous, d’avoir oser ce discours dans le monde universitaire. Je suis aussi très heureuse d’avoir à lire ce livre avec mes élèves dans le cadre du prix du livre de géographie.

Alors pour vous faire patienter de sa lecture, je vous laisse avec quelques indications bibliographiques de sa part et une citation extraite du livre :

« un projet d’aménagement du territoire doit être orphique ». Un projet orphique est social. Il mobilise les connaissances de tous. Il se construit par boucles itératives et de recherches actions. Il est holistique, il pense le territoire dans sa complexité, sans découpage sectoriel. Il s’inscrit aux différentes échelles. Il est intemporel. Il se projette dans le futur, englobant son passé. Il utilise la représentation identitaire. Il active de nouvelles économies locales, des solidarités et des nouveaux styles de vie »

Conseil bibliographique :

Nicolas Guéguen, Sébastien Meneri (2012), Pourquoi la nature nous fait du bien ? Édition Dunot

Résonance de Hartmund Rosa

Plaidoyer pour l’altruisme de Mathieu Ricard

Et si nous ? de Français Taddéi

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