PhiloStjo

Une vie sans examen ne vaut pas la peine d'être vécue

Archive for octobre, 2020

Exercices de rhétorique à venir…

Concours d’éloquence -séries  (facultatif)

Pour jeudi prochain :

1- Dire et montrer

 

2- Avouer son amour / Faire ses adieux

 

Pour la rentrée :

-Réalisez un discours utilisant les sophismes vus en cours

-Réalisez un essai (intro/ 2 parties défendant deux idées contraires avec pour chacun au moins 2 arguments, exemples, références/ conclusion) sur le sujet de votre choix :

soit : La liberté d’expression est-elle une menace pour la démocratie ? vous pouvez vous servir de libd’exp pour enrichir votre réflexion.

soit : Le rire est-il une arme sociale ? (j’entends par rire ici la parole de celui qui fait rire). Vous pouvez vous servir de ce sketch et cette vidéo sur le rire (entre autres) comme point de départ de cette réflexion.

 

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Plan du cours HLP 1ère

De l’importance des Humanités 

Introduction Les pouvoirs de la parole 

Langage langue parole 

Horizontalité de la parole – liberté d’expression – fake news, rumeurs – propos haineux

Textes parole problématique

I -Art de la parole

Des débuts de la parole : Antiquité – parole et démocratie 

Rhétorique et éloquence Textes et vidéos 

Platon-Le Gorgias-Langage-et-Verite

Sophismes vidéo 

II -Autorité de la parole

textes premièreautorité

III- La séduction de la parole :

Pourquoi débat-on ? 

DS HLP 1ère

Faire rire 

Séduire est-ce manipuler ?

Le poids des mots, le langage forme la réalité 

Exercices 

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Parole – faire rire

http://carfree.fr/index.php/2019/07/05/la-technologie-sest-accaparee-nos-reves-et-nos-fantasmes/

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Rhétorique éloquence textes

1)

« Les sons émis par la voix sont les symboles des états de l’âme, et les mots écrits les symboles des mots émis par la voix. Et de même que l’écriture n’est pas la même chez tous les hommes, les mots parlés ne sont pas non plus les mêmes, bien que les états de l’âme dont ces expressions sont les signes immédiats soient identiques chez tous, comme sont identiques aussi les choses dont ces états sont les images. »

Aristote, De l’interprétation, chapitre 1, trad. J. Tricot, éditions Vrin.

 

2)

« Rien ne me semble plus beau que de pouvoir, par la parole, captiver l’attention des hommes assemblés, charmer les esprits, pousser ou ramener à son gré toutes les volontés. Chez tous les peuples libres, dans les États florissants et calmes, cet art surtout a toujours été puissant et honoré. Eh ! Qu’y a-t-il de plus digne d’admiration que de voir un petit nombre de mortels privilégiés s’élever au-dessus de la foule des hommes, et se faire une puissance particulière d’une faculté naturelle à tous ? Quoi de plus agréable à l’esprit et à l’oreille qu’un discours embelli par la noblesse de l’expression et la sagesse de la pensée ! Quel magnifique pouvoir, que celui qui soumet à la voix d’un seul homme les passions de tout un peuple, la religion des juges et la majesté du sénat ! Est-il rien de plus grand, de plus généreux, de plus royal que de secourir, de relever les malheureux suppliants et abattus, que d’arracher ses concitoyens au péril, à la mort, à l’exil ? Enfin quel plus précieux avantage que d’avoir toujours en main des armes redoutables pour se défendre soi-même, attaquer les méchants, ou se venger de leurs outrages ? Mais pour ne pas nous occuper sans cesse du barreau, de la tribune et du sénat, quel délassement plus doux, quel plaisir plus délicat, qu’une conversation aimable et élégante ? » (Cicéron, De l’orateur, I, 8)

 

3)

XXXIV. « Anciennement donc, le jeune homme qui se destinait aux travaux du Forum et à l’art oratoire, formé déjà par l’éducation domestique et nourri des plus belles études, était conduit par son père ou ses proches à l’orateur qui tenait alors le rang le plus distingué. Il fréquentait sa maison, accompagnait sa personne, assistait à tous ses discours, soit devant les juges, soit à la tribune aux harangues, également témoin de l’attaque et de la réplique, présent aux luttes animées de la parole, et apprenant, pour ainsi dire, la guerre sur le champ de bataille. De là résultait pour les jeunes gens une expérience précoce, beaucoup d’assurance, une grande finesse de tact, étudiant, comme ils faisaient, à la face du jour et sur un théâtre orageux, où il ne pouvait échapper une sottise ou une contradiction qui ne fût repoussée par les juges, relevée par l’adversaire, condamnée même par les amis de l’orateur. Aussi prenaient-ils de bonne heure le goût d’une éloquence naturelle et vraie ; et, quoiqu’ils ne suivissent qu’un seul patron, ils faisaient connaissance, dans une foule de causes et devant des tribunaux divers, avec tous les talents contemporains ; et ils entendaient encore les jugements si variés de l’opinion publique, qui les avertissait clairement de ce qu’on trouvait dans chacun à louer ou à reprendre. Ce n’était donc point un maître qui leur manquait : ils en avaient un excellent, un maître choisi, qui présentait à leurs regards l’éloquence elle-même et non sa vaine image ; ils voyaient des adversaires et des rivaux combattre avec le glaive, au lieu d’escrimer avec la baguette ; ils fréquentaient une école toujours pleine, toujours renouvelée, où l’envie prenait place comme la faveur, où les beautés n’étaient pas plus dissimulées que les fautes. Car, vous le savez, les grandes et durables réputations oratoires ne s’établissent pas moins sur les bancs opposés que sur les nôtres ; c’est même là qu’elles s’élèvent avec plus de vigueur, qu’elles poussent de plus profondes racines. Sous l’influence de tels enseignements, le jeune homme dont nous parlons, disciple des orateurs, élève du Forum, auditeur des tribunaux, aguerri et formé par les épreuves d’autrui, connaissant les lois pour les entendre expliquer chaque jour, familiarisé d’avance avec la figure des juges, habitué au spectacle des assemblées populaires, ayant remarqué souvent ce que désirait l’oreille des Romains, pouvait hardiment accuser ou défendre : seul et sans secours, il suffisait d’abord à la cause la plus importante. Crassus avait dix-neuf ans, César vingt et un, Asinius Pollio vingt-deux, Calvus n’en avait pas beaucoup plus, lorsqu’ils attaquèrent, l’un Carbon, l’autre Dolabella, le troisième C. Caton, le dernier Vatinius, par ces discours que nous lisons encore aujourd’hui avec admiration.

XXXV. « Maintenant nos jeunes élèves sont conduits aux théâtres de ces comédiens, nommés rhéteurs, qui apparurent peu avant l’époque de Cicéron et ne plurent pas à nos ancêtres, puisqu’un édit des censeurs Crassus et Domitius ferma, comme parle Cicéron, cette école d’impudence. Nos enfants donc, pour revenir à notre propos, sont menés à ces écoles, où je ne saurais dire ce qui, du lieu même, ou des condisciples, ou du genre d’études, est le plus propre à leur gâter l’esprit. D’abord le lieu n’inspire aucun respect ; tous ceux qui le fréquentent sont également ignorants. Puis nul profit à tirer de condisciples, enfants eux-mêmes ou à peine sortis de l’enfance, devant qui l’on parle, comme ils écoutent, avec toute la sécurité de cet âge. Quant aux exercices, ils vont en grande partie contre leur but. Deux sortes de matières sont traitées chez les rhéteurs, les délibératives (suasoriae) et les judiciaires (controbersiae). La première espèce, comme plus facile et demandant moins de connaissances, est abandonnée aux enfants. Les controverses sont réservées aux plus forts ; mais quelles controverses, bons dieux ! et quelles incroyables suppositions ! Or, avec des sujets où rien ne ressemble à la vérité, on ne doit attendre qu’un style déclamatoire et faux. C’est ainsi que les récompenses des tyrannicides, l’alternative offerte aux filles outragées, les remèdes à la peste, les fils déshonorant le lit maternel, et toutes ces questions qui s’agitent chaque jour dans l’école, rarement ou jamais devant les tribunaux, sont discutées par les élèves en termes emphatiques.

Dialogue des orateurs Tacite, 34-35

 

4)

En Rhétorique on apprend d’abord à étendre une pensée, à circonduire et allonger des périodes, et peu à peu l’on en vient enfin à des discours en forme, toujours, ou presque toujours, en langue Latine. On donne à ces discours le nom d’amplifications ; nom très-convenable en effet, puisqu’ils consistent pour l’ordinaire à noyer dans deux feuilles de verbiage, ce qu’on pourrait et ce qu’on devrait dire en deux lignes. Je ne parle point de ces figures de Rhétorique si chères à quelques pédants modernes, et dont le nom même est devenu si ridicule, que les professeurs les plus sensés les ont entièrement bannies de leurs leçons. Il en est pourtant encore qui en font grand cas, et il est assez ordinaire d’interroger sur ce sujet important ceux qui aspirent à la maîtrise-es-Arts.

D’alembert L’Encyclopédie art. « Collège »

 

5)

J’ai vu autrefois dans les collèges donner des prix d’amplification. C’était réellement enseigner l’art d’être diffus. Il eût mieux valu donner des prix à celui qui aurait resserrer ses pensées, et qui par là aurait appris à parler avec plus d’énergie et de force.

Voltaire, Dictionnaire philosophique, « Amplification », 1764)

 

6)

CHAP. XVI. Vient ensuite cette question : Si la rhétorique sert à quelque chose? Certaines gens se déchaînent contre elle, et ne rougissent pas de s’armer des forces de l’éloquence contre l’éloquence. C’est elle, disent-ils, qui soustrait le coupable au châtiment, et par ses artifices fait quelquefois succomber l’innocent; qui fait prévaloir les mauvais conseils; qui excite non seulement les séditions et les troubles populaires, mais jusqu’à des guerres inexpiables; dont enfin le pouvoir n’est jamais plus efficace que lorsqu’elle protège le mensonge contre la vérité.

Les poètes comiques reprochent, en effet, à Socrate d’enseigner comment on rend bonne une mauvaise cause; et, de son côté, Platon dit que Tisias et Gorgias font profession d’enseigner la même chose. On ajoute à cela des exemples pris chez les Grecs et les Romains; on énumère ceux qui, par un usage funeste de l’éloquence, ont non seulement nui aux particuliers, mais ont encore troublé la paix ou causé la ruine des États. C’est pour cela qu’elle fut bannie de Sparte, et qu’à Athènes on la réduisit à l’impuissance, en interdisant l’emploi des passions dans les plaidoyers.

Avec ce raisonnement, il faut aussi proscrire les généraux, les magistrats, la médecine, et jusqu’à l’étude de la sagesse; car parmi les généraux 75il s’est rencontré un Flaminius; parmi les magistrats, des Gracques, un Saturninus, un Glaucia; parmi les médecins, des empoisonneurs, et parmi les philosophes, des hommes qui abusent de ce nom, et se livrent quelquefois aux plus honteux désordres. Ne touchons point aux mets de nos tables, car ils ont souvent occasionné des maladies; n’entrons jamais dans nos maisons, elles s’écroulent quelquefois sur ceux qui les habitent; ne fabriquons plus d’épées pour nos soldats, des brigands pourraient s’en servir. Qui ne sait que le feu et l’eau, sans lesquels on ne peut vivre, et même jusqu’aux choses célestes, le soleil et la lune, les premiers des astres, ont quelquefois des influences nuisibles?

Niera-t-on que, par la force de sa parole, l’aveugle Appius n’ait fait rejeter la paix honteuse proposée par Pyrrhus? la divine éloquence de Cicéron ne parut-elle pas plus populaire que les lois agraires qu’il attaquait? n’est-ce pas cette même éloquence qui brisa l’audace de Catilina, et mérita à un magistrat le plus grand des honneurs réservés aux généraux victorieux, des prières publiques décrétées en son nom? N’est-ce pas par des harangues qu’on ranime souvent le courage abattu du soldat, et qu’en face du danger on lui persuade que la gloire est préférable à la vie. Que m’importent les Lacédémoniens et les Athéniens? J’ai pour moi l’autorité du peuple romain, chez qui les orateurs ont toujours joui de la plus grande considération. Enfin, comment les fondateurs des villes auraient-ils pu, sans le secours de l’éloquence, rassembler en corps de peuple une multitude éparse et sauvage? Comment les législateurs auraient-ils pu, sans la puissance de la parole, amener les hommes à se soumettre volontairement au joug des lois? Les préceptes mêmes de la morale, quoique naturellement beaux, touchent plus vivement les âmes, lorsque l’éclat de l’éloquence vient en relever la beauté. Quoique les armes de l’éloquence servent également au bon et au méchant, il n’est pas juste de regarder comme mauvaise une chose dont il dépend de nous de faire un bon usage.

Au reste, laissons ces questions à ceux qui veulent que la fin de la rhétorique soit dans la persuasion. Mais si la rhétorique est l’art de bien dire, définition qui est la nôtre, et qui suppose que l’orateur doit être avant tout homme de bien, il faut bien convenir qu’elle a son utilité. Certainement si le Dieu souverain, père des choses et architecte du monde, nous a distingués en quelque chose des autres animaux mortels, c’est par la faculté de parler. Car il est certain qu’ils nous surpassent en grandeur, en force, en durée, en résistance, en vitesse. Ils se passent mieux que nous de secours étrangers. Sans autres leçons que celles de la nature, ils apprennent en moins de temps à marcher, à manger, à traverser les rivières à la nage. Presque tous naissent avec des vêtements contre le froid, avec des armes pour se défendre; ils rencontrent leur nourriture presque sous leurs pas. Que n’en coûte-t-il pas à l’homme pour se procurer tout cela? Aussi l’auteur de la nature a-t-il compensé cette infériorité en nous donnant la raison, et en nous associant par elle aux dieux immortels. Mais cette raison nous servirait peu, et ne se manifesterait guère en nous, si nous ne pouvions exprimer nos pensées par la parole. Car c’est plutôt cette faculté qui manque aux animaux, qu’une sorte d’intelligence et de réflexion : en effet, se bâtir 76 des retraites, construire des nids, élever leurs petits, les faire éclore, amasser des provisions pour l’hiver, faire certains ouvrages que toute l’industrie humaine ne saurait imiter, tels que la cire et le miel, tout cela est peut-être en eux l’effet de quelque raisonnement. Mais parce que, tout en faisant cela, ils sont privés de la parole, nous disons que ce sont des êtres muets et irraisonnables. Enfin, voyons parmi nous ceux à qui la parole a été refusée : de quel faible secours est pour eux cet esprit céleste qui les anime ! Si donc la parole est le plus beau présent des dieux, qu’y a-t-il que nous devions cultiver et exercer avec plus de soin? et en quoi pourrions-nous être plus jaloux de l’emporter sur l’homme, que parce qui met l’homme au-dessus des autres animaux? ajoutez à cela qu’il n’est pas de travail qui nous paye plus largement de nos peines. Il ne faut que considérer de quel point est partie l’éloquence, à quelle hauteur elle est parvenue, et jusqu’où elle peut s’élever encore. Car, sans parler de ce qu’il y a d’utile et de doux pour l’homme de bien à pouvoir défendre ses amis, éclairer le sénat par ses conseils, entraîner le peuple, l’armée, au gré de sa volonté; n’est-ce pas quelque chose de beau en soi que de pouvoir, par des moyens communs à tous, l’intelligence et la parole, acquérir tant de supériorité et de gloire qu’on ne paraisse plus parler et discourir, mais, comme Aristophane l’a dit de Périclès, lancer des foudres et des éclairs?

Quintilien Institution oratoire Livre II Chapitre 16 http://remacle.org/bloodwolf/orateurs/quintilien/instorat2.htm#XVI

 

 

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Rhétorique et éloquence

 

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Quizlet 1 – La conscience

https://quizlet.com/_8tccer?x=1jqt&i=36252i 

Pour vous entrainer, vérifier que vous connaissez des éléments importants du cours.

ATTENTION Pensez à vous inscrire sur la classe avec votre et nom et classe ex : « AntoineT2 » de façon à ce que je puisse voir votre progression et ainsi vous récompenser de votre investissement !!! 

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HLP 1ère – textes parole 1

 

Texte 1 – parole écriture Phèdre Platon

Platon, dans la bouche du roi Thamous, reproche à l’invention que Theuth lui présente en ventant « une connaissance qui donnera plus de mémoire » « L’écriture, lui répond Thamous, développera l’oubli dans les âmes de ceux qui l’auront acquise, par la négligence de la mémoire ; se fiant à l’écrit, c’est du dehors, par des caractères étrangers, et non du dedans, et grâce à l’effort personnel, qu’on rappellera ses souvenirs. Tu n’as donc pas trouvé un remède pour fortifier la mémoire, mais pour aider à se souvenir. »

la séparation de l’écrivain et du lecteur que présuppose l’écriture a deux inconvénients majeurs : d’une part le lecteur ne peut interroger l’orateur, alors même que l’écrit, enfermé dans son silence figé, « a toujours besoin du secours de son père » ; d’autre part comme le lecteur n’est pas présent lors de l’adresse de la parole écrite, celle-ci ne sait pas vraiment à qui elle s’adresse, ne peut observer comment elle est reçue. Ecrire, c’est toujours un peu comme jeter une bouteille à la mer, c’est parler à l’aveuglette : « Une fois écrit, chaque discours s’en va rouler de tous côtés, et passe indifféremment à ceux qui s’y connaissent et à ceux qui n’ont rien à en faire ; il ignore à qui il doit ou ne doit pas s’adresser. »

Texte 2-

Merleau-Ponty, extrait de la Phénoménologie de la perception (p.206)

« Si la parole présupposait la pensée, si parler c’était d’abord se joindre à l’objet par une intention de connaissance ou par une représentation, on ne comprendrait pas pourquoi la pensée tend vers l’expression comme vers son achèvement, pourquoi l’objet le plus familier nous paraît indéterminé tant que nous n’en avons retrouvé le nom, pourquoi le sujet pensant lui-même est dans une sorte d’ignorance de ses pensées tant qu’il ne les a pas formulées pour soi ou même dites et écrites, comme le montre l’exemple de tant d’écrivains qui commencent un livre sans savoir au juste ce qu’ils y mettront. Une pensée qui se contenterait d’exister pour soi, hors des gènes de la parole et de la communication, aussitôt apparue tomberait à l’inconscience, ce qui reviendrait à dire qu’elle n’existerait même pas pour soi. »

Texte 3 –

La supériorité de l’écoute et la vulnérabilité de la parole dans le Sermon XXIII de Saint Augustin

 

 

« Bien qu’en raison de la commodité pour faire entendre notre voix, nous paraissons nous tenir en un lieu plus élevé que vous, pourtant c’est d’un lieu réellement plus élevé encore que vous jugez, et que nous, nous sommes jugés par vous. On nous appelle docteurs, mais nous avons souvent besoin d’un docteur et nous ne voulons point passer pour maîtres : il y aurait danger et prévarication, car le Seigneur a dit : « Ne cherchez point à être appelés maîtres ; vous n’avez qu’un maître, le Christ » Il y a donc danger à être maître, sécurité à être disciple. Aussi est-il dit dans un psaume : « Vous ferez entendre à mon oreille la joie et l’allégresse » et l’auditeur du verbe est moins exposé en entendant la divine parole que celui qui la profère ; il reste tranquillement debout, il écoute et se réjouit à la voix de l’Époux. »

 

Texte 4

la psychagogie dans le Phèdre de Platon (271c-272b traduction de Paul Vicaire)

« Puisque le propre du discours est d’être une psychagogie, un art de conduire les âmes, celui qui se propose d’être un habile orateur doit nécessairement savoir combien il y a d’espèces d’âmes. Or il y en a un tel et tel nombre, avec telles et telles qualités – et par suite se constituent en telles et telles personnalités. Une fois ces distinctions établies, on passe aux discours : il y en a telle et telle espèce, et chacun a tel et tel caractère. Dès lors tels hommes, en vertu de la relation causale dont je parlais, sous l’action de tels discours, sont faciles à persuader de telle chose ; et tels autres hommes, pour cette même raison, sont difficiles à persuader. Quand on a suffisamment réfléchi sur tout cela, il faut après en considérer l’effet et l’application pratique, avec un sens assez fin pour en suivre le développement. Autrement on ne gagnerait rien par rapport aux discours entendus naguère, à l’école. Mais quand on est à même de dire par quels discours est persuadé tel homme, et qu’on peut, étant à ses côtés, voir clair en lui et se faire à soi-même la leçon : « Voilà l’homme, voilà la nature dont naguère on parlait à mes cours ; à présent, cette nature est devant moi, et il faut lui appliquer les discours que voici, pour faire naître la persuasion que voici », – lors donc qu’on est en possession de toutes ces données, qu’on y ajoute la connaissance des conjectures dans lesquelles il faut parler ou se taire, qu’on sait en outre discerner l’opportunité, ou l’inopportunité tout aussi bien, du style concis, du style apitoyant, du style véhément, et de toutes les formes de discours qu’on aura apprises – alors la beauté et la perfection de l’art sont atteintes ; auparavant, c’est impossible. Mais si en parlant, en écrivant, une partie de ces conditions vient à faire défaut, on a beau prétendre parler avec art : celui qu’on ne réussit pas à persuader a l’avantage. »

Texte 5

Marcel Détienne, Les maîtres de vérité dans la Grèce archaïque : changement de l’autorité de la parole

Dans la Grèce archaïque, trois personnages, le devin, l’aède, le roi de justice, ont en commun le privilège de dispenser la vérité du seul fait d’être pourvus des qualités qui les distinguent. Le poète, le voyant et le roi partagent un même type de parole. Grâce à la puissance religieuse de mémoire, de Mnémosyné, le poète ainsi que le devin ont directement accès à l’au-delà, ils perçoivent l’invisible, ils énoncent « ce qui a été, ce qui est, ce qui sera. » Doté de ce savoir inspiré, le poète célèbre par sa parole chantée les exploits et les actions humaines qui entrent ainsi dans l’éclat et la lumière et qui reçoivent force vitale et plénitude de l’être. De façon homologue, la parole du roi, se fondant sur des procédures ordaliques, possède une vertu oraculaire ; elle réalise la justice, elle instaure l’ordre du droit sans preuve ni sans enquête. […] le discours vrai, c’est « le discours prononcé par qui de droit et selon le rituel requis », ainsi que le dira Michel Foucault [dans L’ordre du discours]. […]

Quelle est donc la place du philosophe et du sophiste dans la lignée des « Maîtres de vérité » ? Comment la parole de l’un et de l’autre se différencie-t-elle de la parole efficace et porteuse de réel que profèrent devin, poète et roi de justice ? Comment se fait le passage d’une pensée marquée par l’ambiguïté et par sa logique à une autre qui semble ouvrir un nouveau régime intellectuel, celui de l’argumentation, du principe de non-contradiction, ainsi que dialogue avec le sens, avec l’objet d’un énoncé et de sa référence ?

Il nous a semblé que le contexte socio-historique pouvait contribuer à une généalogie de l’idée de vérité. […] Nous avons relevé les marques d’un procès de laïcisation de la parole […] dans l’assemblée militaire apportant le droit égal à la parole pour tous ceux qui font partie du cercle des guerriers et peuvent ainsi discuter des affaires communes. Quand la réforme hoplitique, par l’imposition d’un nouveau type d’armement et de comportement à la guerre, entre dans les usages de la cité, aux environs de 650 avant notre ère, quand cette réforme favorise l’apparition des citoyens-soldats « égaux et semblables », la parole dialogue, la parole profane, celle qui agit sur autrui, la parole qui cherche à persuader et se réfère aux affaires du groupe, ce type de parole gagne du terrain et, peu à peu, rend désuète la parole efficace et porteuse du vrai.

Par sa fonction nouvelle et qui est fondamentalement politique, en rapport avec l’agora, le logos, parole et langage, devient un objet autonome, soumis à ses propres lois. Deux grandes directions vont s’ouvrir dans la réflexion sur le langage. d’une part, le logos, comme instrument des rapports sociaux : quel est son mode d’action sur autrui ? Rhétorique et sophistique vont analyser les techniques de persuasion, développer l’analyse grammaticale et stylistique du nouvel instrument. Tandis que l’autre voie, explorée par la philosophie, s’ouvre sur le logos comme moyen de connaissance du réel : la parole est-elle le réel, tout le réel ? Et qu’en est-il du réel exprimé par les nombres, celui que découvrent les mathématiciens et les géomètres ?

Marcel Détienne, Les maîtres de vérité dans la Grèce archaïque, p. 6-8

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