Apprendre à se connaître… au contact de l’autre !

Cette année, de la Nivelle à la Saye, des lettres vont être échangées. Un projet légèrement suranné, un peu désuet, un projet pour s’écrire, se dire, mais aussi pour rencontrer l’inconnu, cet « étrange étranger », cette » étrange étrangère ». Un projet pour tisser des liens. Parce qu’avec Aude cette année on en a vraiment, vraiment besoin ! Et on parie que nos élèves aussi, qu’ils et elles soient au collège ou au lycée !

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Colette. – Aude, peux-tu expliquer avant toute chose en quoi consiste ce projet ?

Aude. – L’idée est comme tu l’as dit en introduction de créer du lien. Il s’agira d’un échange de trois lettres, une première pour se présenter et se souhaiter la bonne année. Même si avec le Covid, les vœux ont été reçus en février, une où ils décriront leur lieu de vie et une dernière où mes élèves donneront des conseils pour réussir au lycée. J’aime dans ce projet l’idée de l’échange avec un inconnu. J’ai toujours adoré l’échange postale, j’ai longtemps été abonnée à des forums de mail art et de swap personnellement.

Colette. – Comment as-tu présenté le projet à tes élèves et dans quel cadre ? En ce qui me concerne, quand j’ai présenté en AP, le projet à mes élèves de 3e B, je leur ai clairement expliqué que c’était pour continuer de travailler avec toi, malgré la distance. Oui parfois certains projets ont des motivations particulièrement égoïstes ! Mais je crois que mes élèves ne m’en ont pas tenu rigueur étant donné le plaisir qu’ils et elles semblent avoir eu à choisir la lettre qui leur serait destinée ! Je leur ai quand même expliqué que ce projet s’inscrivait dans le cadre de l’objet d’étude « Se raconter, se représenter » et qu’il serait une manière d’expérimenter l’écriture autobiographique au programme de littérature tout en travaillant sur le lien entre territoire et subjectivité en géographie.

Aude. –Moi aussi clairement je leur ai dit que c’était pour garder du lien avec mon ancien établissement, mes anciens élèves et puis toi. Personnellement, je le fais en AP-Vie de classe le vendredi de 17h à 18h pour laquelle on a carte blanche. Alors j’en ai profité pour lancer ça. Mon idée est de montrer l’importance du tutorat, du lien y compris avec des personnes qu’on ne rencontrera jamais, savoir qu’un autre existe et qu’il peut être très différent de soi mais qu’il a les mêmes questionnements universels. Ils l’ont clairement fait pour me faire plaisir, ça se raccroche à rien. Même pour la deuxième lettre, sur le lieu dans lequel ils vivent, ils auront la consigne de décrire un espace productif touristique (lieu dans lequel ils vivent) avec ses avantages et ses inconvénients mais c’est tout de même très tiré par les cheveux ! Juste pour le plaisir d’échanger

Colette. -Quelles compétences disciplinaires ou transdisciplinaires penses-tu travailler avec ce projet ?

Aude. –Clairement la coopération et l’estime de soi. Pas de compétences disciplinaires dans cette correspondance, juste le plaisir d’écrire, d’échanger. Puis ce que j’ai apprécié, c’est qu’ils ont du avoir recours à des compétences peu sollicitées au lycée comme la créativité, la capacité d’introspection.  J’espère aussi la bienveillance, je pense plus que jamais qu’on a besoin de construire un monde bienveillant !

Colette. – Comment tes élèves ont-ils/elles reçu ce projet ?

Aude. –Comme tout ce que je leur propose qui sort de la dissertation, analyse de documents, question problématisée,…. ils ont trouvé ça étrange. Je pense qu’ils commencent à me cataloguer comme une bizarre avec mes rendus sous formes de sketchnote, mes jolies lettres et les exposés explosifs. ;). Ils sont aussi intrigués mais dans l’ensemble ils font ce que l’on leur demande.

Colette. -Ont-ils formulé des attentes particulières ? Ou des réticences ? 

Aude. –Comme des grands ados, ils voulaient savoir l’objectif, pour certains j’ai quand même du agiter des carottes pour qu’ils me rendent leur première lettre. Ils ne sont pas du tout habitués à échanger avec des plus jeunes et sont pour le moment très réticents à du tutorat ou quelconque activités qui les mettent en lien avec des élèves plus jeunes qu’eux. Donc je dirais que l’exercice les a amusé et j’en parlerai dans ma réponse à la question suivante mais comme je voulais garder le mystère de l’établissement avec lequel ils échangeaient, ils étaient un peu sceptiques. Ce sont des élèves qui ont besoin de savoir où ils vont, qu’est ce que ça va leur rapporter. D’ailleurs je reviens sur ta question sur les compétences. Je pense que du coup on travaille aussi la motivation intrinsèque! et toi comment ont-ils réagi?

Colette. – Ils et elles ont été ravies ! D’abord intrigué.e.s, puis à l’affût de celui ou celle qui deviendrait leur mystérieux.se correspondant.e, ils et elles ont travaillé comme jamais, pendant 50 minutes, j’ai pu assister à un atelier d’écriture des plus investis ! Ce que j’ai beaucoup aimé c’est répondre à leurs demandes de corrections stylistiques, orthographiques et syntaxiques particulièrement sincères et attentives (ce qui est n’arrive jamais en situation d’écriture classique). Et le miracle que j’ai pu observé c’est que des élèves très décrocheurs en temps normal, ont fait ce travail avec plaisir et en totale autonomie. L’enthousiasme était évident !

Colette. – Comment décrirais-tu le moment où elles/ils ont écrit leur première lettre ?

Aude. –Alors là ce fut magique, à partir du moment où je leur ai allumé le feu de cheminée sur google screen, qui se sont levés pour aller chercher leur matériel pour faire leur jolis lettres, qu’ils savaient qu’ils avaient carte blanche, que je ne lirais pas leur lettre pour ceux qui ne voulaient pas, je pense qu’ils ont pris beaucoup de plaisir à le faire et maintenant j’ai hâte de leur distribuer leur réponse.

Colette. – Comment qualifierais-tu cette première expérience de correspondance ? Est-ce d’ailleurs ta première expérience de ce genre ?

Aude. – C’est très chouette et je pense vraiment que c’est un exercice que les élèves aiment beaucoup et qui permet de développer les compétences socio-émotionnelles, je souhaite le mettre en place beaucoup plus vite l’an prochain en allant peut être plus loin dans le type d’échange avec peut être une petite pochette surprise. vraiment travailler le don et le contre don.

Non ce n’est pas ma première expérience de correspondances. j’en ai fait en tant qu’élève pendant des années avec des correspondants allemands et j’adorais ça. Ensuite au lycée, j’adhérais à l’international youth club. j’ai cherché sur le net mais j’ai l’impression que ça n’existe plus et là j’ai correspondu quelques temps avec une sénégalaise et on s’est échangé une lettre avec une australienne mais les frais d’envoi nous ont refroidi. Je pense que ça c’est un peu perdu avec le développement d’internet.

Puis l’an dernier, dans le cadre de la CDSG, les élèves ont échangé par correspondance avec des futurs pilotes de châsse. Je pense que tout le monde y a pris du plaisir. J’ai trouvé cette expérience très enrichissante pour nos élèves.  Ils ont pu prendre conscience certes des forces  mais aussi des faiblesses de ces jeunes hommes qui démarrent une carrière brillante et exigeante. Lorsque je dis ça, je pense à la surprise des élèves en lisant que certains avaient eu des difficultés pour réussir les concours d’entrées ou les sélections pour cette filière, ou  la peur qu’ils peuvent ressentir lors des examens médicaux ou bien encore leurs difficultés pour certains à dire ce qu’ils ressentent lorsqu’ils pilotent.

Bref prendre connaissance de l’autre est toujours si enrichissant et maintenant je pense qu’il est temps que mes élèves reçoivent rapidement leurs réponses pour qu’ils adhèrent pleinement au projet. et toi quels sont tes ressentis sur ce début de projet ?

Colette. – Ce fut un plaisir incroyable de découvrir mes élèves sous une autre lumière, ce projet leur a permis d’aller puiser ailleurs que dans leurs compétences scolaires et pour mes élèves les plus en détresse scolairement ou psychologiquement, ce projet a d’un coup donné du sens à l’écrit, objectif que je recherche depuis longtemps dans toutes les activités d’écriture que je propose et que je touche rarement du doigt ! Je sais que c’est sans doute un moment fugitif de travail collaboratif consenti mais je suis très heureuse de l’avoir connu !

 

On se donne RDV en Juin pour faire le point sur ce projet ?

 

 

 

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