En Novembre, faire entendre sa voix !

Le mois de Novembre sera dédié à la question de l’oral. Par sa place dans les examens certificatifs du DNB et du bac, il nous semble important de réfléchir à comment l’enseigner. Mais pour introduire notre réflexion, cette semaine, nous avons choisi de partager avec vous l’émerveillement que la prise de parole de nos élèves peut parfois produire. Aujourd’hui, Aude nous livre une chronique pédagogique écrite lors de sa dernière année au collège à l’occasion de l’oral du DNB.

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V arrive pour son oral les mains moites et tremblantes et la poitrine battante. J’ai eu V en 6ème, je me souviens d’une petite fille avec des joues rouges encore d’enfants, des cheveux frisés assez courts blond vénitiens et pleins de Toc et notamment celui de se gratter le cuir chevelu très fort à s’en blesser parfois. Mon collègue m’annonce qu’elle rentre, je lève ma tête de la fiche d’évaluation que je commence à compléter et je vois une jeune fille dans une longue robe bustier aux tissus ethniques avec les cheveux teints en prune relevés, je ne reconnais de la petite fille que j’avais eu 4 ans auparavant que ses billes bleues perçantes, affolées, paniquées.

Elle entre, pose un roman sur le bord du bureau : Autopsie White Chapel de Kerri Maniscalpo, démarre sa prestation avec une présentation prezi et nous évoque son choix d’orientation, elle veut devenir médecin légiste. Son oral coche toutes les cases demandées, il est bien préparé et elle s’est donné les moyens de le réussir mais pour moi l’essentiel n’est pas là, je ne suis pas tellement attaché au contenu mais à la jeune fille qu’elle est devenue, à cette personnalité charismatique dans laquelle elle se métamorphose. L’éclosion est proche, la mue est quasiment terminée, on la sent passionnée par ce métier qu’elle est en train de choisir, excitée à l’idée des années pourtant longues et exigeantes d’études qui l’attendent, animée par le choix des écoles dans lesquelles elle aimerait bien aller. Elle est prête à conclure, elle s’avance devant la table du jury derrière laquelle je suis assise et pose le livre sous mes yeux, elle explique que la vocation qui est en train de naître en elle est liée au coup de foudre qu’elle a eu pour ce livre et termine son exposé par cette citation d’Anthony Robbins qui semblerait être un coach en développement personnel américain 

« Toute personne qui réussit avait un rêve et l’a poursuivi jusqu’au bout. »

Son exposé est fini, j’ai les larmes qui me montent au bord des yeux et je ne peux que penser que je suis au bon endroit, au bon moment, je suis reconnaissante d’assister à ces métamorphoses, à ces envols, à y contribuer peut être aussi un peu. Il est là le bonheur de notre métier, de voir le semis prendre, d’assister aux bourgeonnements, au début de la floraison et deviner les arbres qu’ils deviendront. Je pars de ce collège, je fais probablement passer cet oral pour la dernière fois avec V. Indéniablement le plus bel au revoir d’élève !

Je ne peux m’empêcher de la remercier pour ces 5 minutes magiques, celles qui te font te souvenir pourquoi tu enseignes, pourquoi là où certains ne voient que de l’ingratitude, de la fatigue, de l’épuisement, une routine insupportable, personnellement je ne vois que de la passion, de la persévérance et des indispensables rituels pour faire correctement notre travail, pour être digne de la confiance que la société nous accorde ? Pour les prochains challenges professionnels qui m’attendent j’enseignerai avec en bandoulière une citation d’Albert Einstein : « Nous passons 15 ans à l’école et pas une fois on ne nous apprend la confiance en soi, la passion et l’amour qui sont les fondements de la vie. » Il est temps que ça change ! parce que les métamorphoses doivent être encore plus spectaculaires et nombreuses.

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