Je vous invite à lire cet article très intéressant sur les mesures d’urgence prises par le gouvernement et leurs conséquences sur la liberté. Cet article tire d IPhilo est également très utile.
Vouloir paraître tel ou tel aux autres est d’ailleurs le signe qu’on ne l’est pas. Quelqu’un de vraiment gentil n’a pas besoin et ne ressent pas le besoin de le prouver. Il n’attend pas la reconnaissance d’autrui. En jouant à être, en faisant semblant d’être, on ne fait qu’entériner son manque d’être. S’il faut se méfier des apparences (peut-être toujours trompeuses), c’est vis à vis de nos propres comportements qu’il s’agit d’être vigilant. « L’habit ne fait pas le moine », et sa propre foi ne se révèle pas dans le port d’un habit (Tartuffe). Quand on cherche à persuader les autres de son engagement, de sa valeur, d’un sentiment… c’est sans doute d’abord soi que l’on cherche à persuader. D’ailleurs, la qualité d’un bon comédien est son insensibilité : « C’est l’extrême sensibilité qui fait les acteurs médiocres ; c’est la sensibilité médiocre qui fait la multitude des mauvais acteurs ; et c’est le manque absolu de sensibilité qui prépare les acteurs sublimes. » Diderot Paradoxe du comédien Sensibilité : entendons émotion, émotivité, l’ensemble de ces impulsions auxquelles on s’abandonne sans les contrôler. Le comédien sensible est inégal d’une représentation à l’autre, d’une scène à l’autre ; il n’est même, à la limite, que l’acteur d’un seul rôle. Le grand comédien, lui, grâce « à l’étude des grands modèles, à la connaissance du cœur humain, à l’usage du monde, au travail assidu, à l’expérience et à l’habitude du théâtre », possède « une égale aptitude à toutes sortes de caractères et de rôles ». Sur scène, il est de « sang froid », et c’est parce qu’il n’éprouve pas l’émotion qu’il représente qu’il peut faire éprouver aux spectateurs l’effet suscité par cette émotion ; il n’est pas là pour pleurer, mais pour faire pleurer. Le comédien ne se ment pas à lui-même, mais feint l’émotion pour la faire ressentir. Plus il ment, plus il est persuasif mais ce n’est pas lui qui est dupé.
– Si le sujet ignore une partie de la réalité, ce ne peut être volontairement, on parlera alors de déni ou dénégation inconscients. Un mécanisme de censure du surmoi entraînera un refoulement de souvenirs ou éléments de la réalité insurmontables par la conscience, consistant à les maintenir dans l’inconscient. On ne peut pas parler ici de mensonge à soi-même si on entend le soi comme une personne caractérisée par son unité. Si on conçoit comme Freud que « le moi n’est pas maître dans sa propre maison », qu’il y a une altérité fondamentale au coeur du sujet (« Je est un autre » Rimbaud), si on peut ne pas être soi-même, si on peut être hors de soi, alors pourrait-on admettre l’idée qu’une partie de soi mente à une partie… Mais peut-on encore parler de « soi-même » ? Comment pourrions-nous même disqualifier moralement l’acte de quelqu’un qui serait en même temps actif et passif de son mensonge, qui ne pourrait assumer et pâtir en même temps ? Le fondement même de la morale semble être mis en abîme par la possibilité que le sujet puisse être plusieurs…
Transition : Nous venons de voir ce que l’on a coutume de considérer à tort comme du mensonge à soi-même et les raisons de chaque phénomène. Mais n’y a-t-il pas une raison plus radicale, fondamentale de se mentir à soi-même ? qui s’enracinerait dans la nature finie et consciente de l’homme. De plus, peut-on imaginer quelqu’un qui se voudrait du mal volontairement ? (cf. Socrate Protagoras; acrasie )
III Il faut se mentir à soi-même