PhiloStjo

Une vie sans examen ne vaut pas la peine d'être vécue

Archive for the 'prépa' Category

Parole et Langues : Penser dans une langue étrangère, c’est réfléchir deux fois

http://www.courrierinternational.com/article/psychologie-penser-dans-une-langue-etrangere-cest-reflechir-deux-fois

posted by charlierenard in HLP1ère,la parole,prépa and have No Comments

Parole et domination

posted by charlierenard in HLP1ère,la parole,prépa and have Comment (1)

Une éthique de la parole : discours, discussion, dialogue

 

Parler à autrui : qu’est-ce que bien (se) parler ?

Attardons-nous sur ce que « parler à autrui » veut dire. Nous proposons de distinguer trois modalités de paroles impliquant autrui, dans un sens qui va de l’objectivation vers la subjectivation : parler d’autrui, parler avec autrui, et parler à autrui.

1° – Parler d’autrui : cette première modalité est avant tout celle de la nomination. Le nom est ce que l’on possède en propre, il symbolise notre identité, et en même temps il représente la plus formidable des aliénations. D’abord nous n’avons pas choisi notre nom, ni même notre prénom. Donner un nom propre, c’est autre chose que désigner simplement un objet en sa particularité ; c’est en marquer aussi bien le privilège, voire la propriété. On ne baptise pas un chien en général, on baptise son chien : « Médor » signifie que cet animal m’appartient. Mon nom que j’appelle improprement « propre » représente d’abord le pouvoir de celui qui me l’a donné.

Par ailleurs, nommer autrui permet évidemment de parler de lui, discourir sur lui, en son absence. C’est le discours le plus commun, dans lequel nous prétendons le plus souvent à un savoir sur autrui, que nous capturons ainsi dans des phrases le plus souvent réductrices. Au pire, c’est la substance même du bavardage, du « colportage » ou du « ragot », de la rumeur : la rumeur, bel exemple d’une absence totale d’éthique de la parole ! C’est le discours du « on » de l’anonymat, irresponsable et foncièrement malveillant. Pouvoir de persuasion et d’intimidation, par massification (discours mass-médiatique) : le coup de massue au moyen du langage. Cette dimension objectivante et littéralement assommante du discours, Lacan l’appelait aussi le « mur du langage », à quoi il opposait bien sûr la parole vraie. Citons encore le procédé de l’injure, qui voisine d’ailleurs avec la nomination pure : injurier, traiter autrui de « noms d’oiseaux », ce n’est pas tant choisir tel ou tel signifié particulièrement dégradant, c’est d’abord et en tant que tel réduire autrui à un mot. Tu n’es que…: voilà l’injure ! Pour preuve, certaines expressions particulièrement ordurières, employées dans un contexte particulier, érotique par exemple, seront totalement exemptes de signification injurieuse. Elles deviennent alors des paroles d’amour.

2° – Parler avec autrui. Vient ensuite la situation du dialogue, laquelle nous fait indéniablement progresser vers l’autre. Pourtant, l’on ne saurait s’en satisfaire, et voici pourquoi. Tout dialogue n’est pas obligatoirement une discussion rationnelle et respectueuse ; certains dialogues apparaissent comme de faux échanges, de véritables pièges. C’est le cas avec le discours du séducteur et du flatteur. Don Juan n’a qu’à flatter en une femme ce qu’elle croit qu’elle est, faire reluire le « moi-idéal’ comme dirait Freud pour gagner la partie. Discours foncièrement malhonnête et trompeur qui est de plus en plus celui de la communication marchande, la publicité, tous ces discours qui prétendent savoir ce qu’est notre bonheur, qui prétendent légiférer sur notre désir !

Que dire ensuite de la discussion rationnelle ? Il existe des théories « dialogiques » qui se veulent aussi bien des éthiques que des théories de la société, comme celle du philosophe allemand Jurgën Habermas avec sa « théorie de l’agir communicationnel » – rien d’autre qu’une éthique de la discussion. Habermas défend l’idée d’une « raison communicationnelle » qu’il oppose à la raison purement « instrumentale ». La première vise d’abord l »‘intercompréhension » entre les humains, notamment par le dialogue, tandis que la seconde vise la maîtrise des objets. Il s’agit d’un processus rationnel prenant trois formes. En effet le dialogue qui aboutit à l’intercompréhension vise à la fois la vérité objective, la justesse normative (la justice), la sincérité subjective. Dans tous les cas, la fréquentation d’autrui s’effectue sur l’établissement d’un consensus. Ce qui signifie qu’autrui n’est envisagé que sous l’angle de la sociabilité, et non pour lui-même, c’est-à-dire sous l’angle de sa subjectivité. On peut même dire que c’est la société davantage qu’autrui lui-même qui fait l’objet de cette réflexion. Enfin le dialogue lui­-même n’est envisagé que sous l’angle de la discussion rationnelle, comme si c’était sa fonction principale, ou la plus haute, ce qui reste encore à démontrer. Cette théorie d’obédience sociologique est donc intéressante mais encore insuffisante.

D’une façon générale, si le label « discussion rationnelle » convient sans doute éthiquement pour parler avec autrui, il ne permet en aucune manière de parler à autrui en tant que sujet. Sans compter qu’à l’instar de la séduction, la discussion recèle ses propres pièges, ses propres perversions. Cela se produit en particulier lorsque dans une discussion l’on en vient à programmer la réponse de l’autre, lorsque la discussion se transforme en interrogatoire réglé confisquant, au bénéfice d’un seul, l’initiative de la parole. N’est-ce point le cas, d’une certaine façon, avec les dialogues de Platon mettant en scène Socrate, celui-ci conduisant (au sens fort du terme) autrui à accoucher (maïeutique) de la vérité, pratiquement au forceps ?

3° – Parler à autrui (1) : une éthique du bien dire. – Ethique de la parole, éthique du dire, éthique du bien-dire… Il faudrait peut-être commencer par rappeler la différence qui existe entre l’éthique et la morale. Une distinction de type historique ou savante prendrait ici trop de temps, et serait délicate. On peut cependant rappeler que la morale, conçue comme métaphysique des moeurs depuis Kant, sépare formellement le domaine du bonheur (mais aussi de la jouissance et du désir) du domaine de la moralité, ce dernier n’étant lié qu’aux impératifs universels de la Raison pratique. Au contraire l’éthique, telle que la concevaient les philosophies eudémonistes de l’Antiquité, incluaient la recherche du bonheur dans la quête supérieure du Bien; et c’est également ainsi que l’entendent les philosophes contemporains du type Foucault ou Deleuze, qui, en marge de la psychanalyse, cherchent les conditions d’une nouvelle éthique qui serait en même temps une esthétique de l’existence. Pour affiner cette distinction en rapport avec le domaine qui nous intéresse ici, celui de la parole, nous énoncerons ceci : la morale porte sur l’action selon ce que dit la Loi, l’éthique (de la parole) porte sur le dire en tant qu’il est un acte. Il est évident que « bien dire », ce n’est pas dire le bien mais dire bien ce que l’on dit. Qu’est-ce que dire bien ? Ce n’est pas enjoliver ou rendre agréables nos propos par des figures de style. Bien dire, ce n’est pas chercher à séduire autrui par de belles paroles ; ce n’est pas non plus dire à autrui ce qu’il a à faire. C’est parler à autrui en s’adressant à lui, en ne l’ignorant pas en tant que sujet. Ce n’est pas de la « communication » et ce n’est pas toujours la raison qui peut cela : lorsque le maître zen prononce une parole répondant à la question du disciple, la réponse peut bien paraître absurde, elle peut bien être adressée aux nuages, elle n’en va pas moins toucher sa cible sûrement. Je dis bien lorsque autrui est présent dans ma parole ; je médis, non lorsque je dis du mal d’autrui, mais lorsque je ne m’adresse qu’à moi. La bonne parole est en même temps un don : elle ouvre, elle passe la parole à l’autre ; la mauvaise se referme en discours.

Au niveau de l’acte même de parole, de la décision de parole, il est clair que « bien-dire » est fonction essentiellement de l’occurrence, du choix, du « moment » de la prise de parole. Savoir quand il faut prendre la parole – éviter de couper l’autre, mais d’autre part le couper quand il faut ! – voilà concrètement un savoir éthique. Savoir s’il faut dire la vérité, toute la vérité, toujours la vérité, etc. Il n’y a de réponse à ces questions que dans la prise en compte du moment de parler, du « différer » qui s’avère parfois préférable, nécessaire, ou au contraire impossible.

4° – Parler à autrui (2) : une esthétique (ou une poétique) du bien dire, l’esprit. – Mais ce n’est pas tout. Il s’agit aussi et surtout de savoir comment on va dire. Parce que bien-dire, ce n’est tout de même pas seulement préserver la possibilité infinie du dire. La dimension éthique de la parole ne se concentre pas uniquement sur le fait de parler ou de ne pas parler, et à quel moment. C’est bien la manière, la forme, et plus encore peut-être l’intonation qui va constituer ou non un acte de bien-dire. L’intonation est un élément essentiel de l’énonciation, elle est aussi déterminante quant au sens des phrases. « Ne me parle pas comme ça ! » : le « comme ça » renvoie bien à la manière de dire et singulièrement au ton employé. « Mettre les formes », d’une façon générale, s’avère donc déterminant du point de vue d’une éthique de la parole.

Nous invoquons un art de la parole qui conjoigne une poétique et une érotique, sans cesser pour autant d’être une éthique, c’est-à-dire sans cesser d’être une parole où il y a va de la vérité du sujet… Or si l’éthique du dire nous fait obligation de préserver le désir (de dire), l’esthétique nous autorise à introduire le plaisir voire une forme de jouissance dans le dire. Mais alors, concrètement, qu’est-ce que cette jouissance du dire, dont on a fait, finalement, la teneur même du bien-dire?

Il existe un mot très diversement employé depuis la nuit des temps, un mot permettant de réunir la raison et le goût, mais aussi justement l’effort et le plaisir : c’est le mot « esprit« . Pourquoi pas d’ailleurs cet « esprit de finesse » dont parlait si bien Pascal, en l’opposant à l’esprit de géométrie ? Si nous pouvions « avoir de l’esprit » et faire preuve de finesse, sans exclure pour autant la rigueur et l’exactitude, ce serait déjà pas mal en manière d’éthique de la parole !

Bien entendu il nous faut évoquer le « trait d’esprit » si cher à Freud, puisqu’il semble témoigner justement d’une jouissance de la parole, ou en tout cas d’une présence de la jouissance dans la parole. « L’intention du trait d’esprit est de produire du plaisir » disait Freud (Le Mot d’esprit et sa relation avec l’inconscient, 1905). Mais ce n’est pas tout, Freud soulignait aussi que le mot d’esprit revêt une fonction sociale. « Personne ne peut se contenter d’avoir fait un mot d’esprit pour soi seul » soulignait Freud, lequel voyait dans cette activité de la pensée « la plus sociale de toutes les prestations psychiques tendant au plaisir ». Le mot d’esprit va faire lien, ou amorcer la possibilité d’un nouveau lien, une complicité nouvelle. Par exemple l’on pourrait conférer bien des vertus pédagogiques, voire éducatives, au trait d’esprit : lorsqu’un sujet délinquant se moque des sanctions, ne veut rien entendre de la loi, de la raison ou de la discussion, il faudra bien que quelque parole (décalée ?) le fasse bouger à un moment donné à condition que cette parole fasse sens, et cela ne se produira que si elle emporte dans le même temps quelque jouissance – une jouis-sens pour tout dire ! Dans la pratique même de la psychothérapie, le trait d’esprit, frère du lapsus, réalise dans la concision ce que Lacan nomme un « pas-de-sens » au double sens du terme : l’absurde, mais aussi ce qui permet le passage d’un sens à l’autre. Jouis-sens, encore ! Même si en théorie la jouissance ne se rabat nullement sur le plaisir, le « plaisir des mots » semble bien proche de la jouissance sous l’espèce d’une « joie » singulière, cette réjouissance (synthèse de la joie et de la jouissance !) que l’on éprouve à créer du sens, fût-ce à partir d’un non-sens.

Certes en matière d’éthique, humour et esprit resteront à jamais insuffisants. Peut-être bien, cependant il est beaucoup d’espèces d’humour. Il y a notamment, hélas, l’humour douteux… C’est qu’il ne faudrait pas confondre l’humour avec la plaisanterie : l’humour est par définition une sorte de décalage, un jeu sur l’impropriété des mots, une pratique hardie de la métaphore, bref le vrai humour est poétique. C’est d’ailleurs par ce biais qu’une éthique de la parole se conforte d’une esthétique de l’écriture. Le poème, fût-il récité oralement, se conçoit par écrit, et c’est ainsi également que l’humour et l’esprit se travaillent. Quoi qu’il en soit, l’esprit s’avère plus large que l’humour en ceci qu’en produisant du sens, il accorde effectivement la recherche poétique de l’humour avec l’exigence de vérité, c’est-dire rigueur et exactitude (esprit de géométrie), et c’est justement dans ce trait d’union que se tient l’esprit.

 

Montaigne « La parole est moitié à celui qui parle, moitié à celui qui écoute. »

problème : pour que l’autre me comprenne, il faut que le langage de l’autre soit le mien. étouffe une voix originale ? cf expression

affirmation du sujet en même temps que recherche d’autrui. : fonction expressive je parle pour me faire entendre, d’autre part fonction communicative: je parle pour aller aux autres (1ère et troisième personne) subjectivité individuelle et objectivité du sens commun. vocation centripète et centrifuge dire tout à tous 

le sens d’une parole dépend de trois coefficients distincts : de qui, à qui , quand ?

la parole n’est vraiment efficace que s’il y a réciprocité entre les interlocuteurs.

si je plaisante et pris au sérieux..confession, nécessité de communion

ainsi toute compréhension véritable est elle meme une oeuvre : le héros parle au héros, le poète au poète

autrui condition nécessaire de la parole :

moi monde et autrui ; je parle parce que je ne suis pas seul; même dans le soliloque dans la parole intérieure je me réfère à moi comme un autre j’en appelle de ma conscience à ma conscience.

Intellectuellement et matériellement l’autre est pour chacun condition d’existence

par essence le langage est entre, il manifeste l’être relationnel de l’homme.

le moi n’existe que dans sa réciprocité avec l’autre. le moi isolé n’est à vrai dire qu’une abstraction.

Communication et information : la langue est conçue comme un code commun qui fonde et rend possible l’échange des messages : communiquer c’est transmettre de l’information à l’aide d’une langue-code indépendante du parleur;

la communication est définie comme une relation intersubjective qu’instaurent des sujet capables de parler et d’agir lorsqu’ils s’entendent entre eux sur quelque chose. » Appel

Etant donné que toute communication présente nécessairement un fondement rationnel (désir de dialoguer, effort pour argumenter, reconnaissance de la raison de son interlocuteur), il doit être possible de fonder une éthique car la reconnaissance de la valeur de l’être est la condition de possibilité de toute communication authentique. « tout être capable de communication linguistique doit être reconnu comme une personne «. l’Ethique à l’âge de la science 1987 

Le monologue est-il une objection à la nécessité d’autrui pour parler ?

Non pas.

-monologue parole intérieure, (Dujardin, Faulkner, James Joyce Ulysse monologue intérieur d’un seul personnage pendant une journée)  

mais pas le paradigme de toute parole car ce que l’on se dit à soi meme on ne saurait le soutenir devant autrui : rêverie d’une existence qui n’a pas la force de se réaliser 

posted by charlierenard in HLP1ère,la parole,prépa and have Comment (1)

Les sujets et corrigés de colles de la première partie

1-Peut-on dire de l’animal qu’il ne lui manque que la parole ??

https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00909118/document

http://www.philo52.com/articles.php?lng=fr&pg=1322

Analyse : le mot pivot est « manque » => synonyme de faiblesse, défaut. Au contraire, l’homme serait doué d’une dignité, supériorité, grandeur du fait de la parole

=> différence de nature ou de degrés ?

questionner le sujet : ne serait-ce pas un avantage de ne pas avoir la parole ? (défauts, failles de la parole)

problématique : la parole privilège ou handicap de l’humanité ?

2-Les paroles s’envolent, les écrits restent.

problématique 1 :Traduction de l’expression latine d’Horace « verba volant, scripta manent ». Durant l’Antiquité, on l’utilisait pour inciter à retranscrire les connaissances à l’écrit dans un but de transmission des savoirs. => éloge de l’écriture et critique de la parole pour son manque de fiabilité et de pérennité.

Proverbe qui invite à la prudence, en rappelant que, contrairement aux paroles, les écrits ne s’évanouissent pas dans l’air et laissent des traces qui peuvent être compromettantes.

l’écriture me trahirait-il plus que la parole ? sa momification est-elle un avantage ou un inconvénient ?

problématique 2 : l’écrit semble avoir comme avantage de permettre la sauvegarde, garantie, pratique contre l’oubli et la mort mais mortifie en enlevant la personne concrète, ses émotions, ses passions…

est-ce légitime de les opposer ??

http://www.philo52.com/articles.php?lng=fr&pg=250

3-Faut-il accorder de l’importance aux mots ?

 

4-La parole est-elle essentielle pour communiquer avec autrui?

distinction communication / expression

essentielle = dans la nature, l’essence de la parole

y a t-il de la communication (au sens strict) sans parole ? cad échange, dialogue et non seulement unilatéral

l’important est « avec autrui » et le contenu qu’on communiquerait => besoins, passions, pensées… ?

un autre sujet pensant conscient, qui a une subjectivité => intersubjectivité (« conscience sans portes ni fenêtres » accessibles grâce à la parole; cf Descartes)

envisager les autres moyens de communication, et montrer ce que la parole a de plus ou moins authentique

5-La parole : souveraineté de l’espèce humaine ou définitive aliénation ?

6-Peut on parler tout seul ? 

logique/ technique/moral

éliminer tt de suite les cas psy : schizophrénie

=> c’est techniquement possible : parler semble techniquement ne pas nécessiter un interlocuteur, quelqu’un qui écoute,

=> est-ce logique de parler tout seul, à soi-même ? si l’essence de la parole est dialogique, intersubjective, si on parle toujours à quelqu’un c’est contradictoire

-en parlant à l’autre, se parle-t-on à soi-même ? détour par autrui

=> prendre conscience , surtout pour verbaliser, chagrin, émotion, amour, rendre public pour réaliser, extérioriser, exorciser

-quand on parle tout seul c’est finalement à soi-même comme un autre ?

// Platon, théâtre monologue…

si on parle tt seul c’est qu’on nous a d’abord parlé, d’abord reçu la parole, autrui  absence d’autrui est présente dans le fait de parler tout seul,

problèmatique : 

la parole est-elle par essence interlocution ? ou bien détour par autrui pour se parler à soi-même ?

posted by charlierenard in la parole,méthode,prépa and have Comment (1)

Parole politique : Langue de bois ?

cours-langue-bois-enajargon

Je ne saurais que trop vous conseiller d’écouter ce petit billet délicieux sur la langue de bois des politiciens

 

http://www.europe1.fr/emissions/la-morale-de-linfo/quand-limbecile-montre-la-lune-le-sage-regarde-le-doigt-2903957 

et cette chanson de Frédéric Romet sur France Inter

http://www.scoopnest.com/fr/user/franceinter/794638046943551488

Pour illustrer les propos de Bourdieu sur la télévision et la mise en scène des débats

 

 

posted by charlierenard in actualités,HLP1ère,la parole,prépa and have Comment (1)

II Fonctions de la parole : l’expression des besoins et passions

L’expression

a) les besoins

Quand on se demande, pourquoi le langage, pourquoi ce besoin de parler, on est tenté justement de répondre comme Lucrèce : par besoin ! L’expression du besoin et le besoin de communiquer semblent d’emblée aller de paire.

« Quant aux divers sons du langage, c’est la nature qui poussa les hommes à les émettre, et c’est le besoin qui fit naître les noms des choses : à peu près comme nous voyons l’enfant amené, par son incapacité même de s’exprimer avec la langue, à recourir au geste qui lui fait désigner du doigt les objets présents. Chaque être en effet a le sentiment de l’usage qu’il peut faire de ses facultés. Avant même que les cornes aient commencé à poindre sur son front, le veau irrité s’en sert pour menacer son adversaire et le poursuivre tête baissée. Les petits des panthères, les jeunes lionceaux se défendent avec leurs griffes, leurs pattes et leurs crocs, avant même que griffes et dents leur soient poussées. Quant aux oiseaux de toute espèce, nous les voyons se confier aussitôt aux plumes de leurs ailes, et leur demander une aide encore tremblante. Aussi penser qu’alors un homme ait pu donner à chaque chose son nom, et que les autres aient appris de lui les premiers éléments du langage, est vraiment folie. Si celui-là a pu désigner chaque objet par un nom, émettre les divers sons du langage, pourquoi supposer que d’autres n’auraient pu le faire en même temps que lui ? En outre, si les autres n’avaient pas également usé entre eux de la parole, d’où la notion de son utilité lui est-elle venue ? De qui a-t-il reçu le premier le privilège de savoir ce qu’il voulait faire et d’en avoir la claire vision ? De même un seul homme ne pouvait contraindre toute une multitude et, domptant sa résistance, la faire consentir à apprendre les noms de chaque objet ; et d’autre part trouver un moyen d’enseigner, de persuader à des sourds ce qu’il est besoin de faire, n’est pas non plus chose facile : jamais ils ne s’y fussent prêtés ; jamais ils n’auraient souffert plus d’un temps qu’on leur écorchât les oreilles des sons d’une voix inconnue. »
Lucrèce, De la Nature, Livre V, vers 1028-1070.

la clairvoyance des yeux n’a pas été créée, comme tu pourrais croire, pour nous permettre de voir au loin ; ce n’est pas davantage pour nous permettre de marcher à grands pas que l’extrémité des jambes et des cuisses s’appuie et s’articule sur les pieds ; non plus que les bras que nous avons attachés à de solides épaules, les mains qui nous servent des deux côtés ne nous ont été données pour subvenir à nos besoins. Interpréter les faits de cette façon, c’est faire un raisonnement qui renverse le rapport des choses, c’est mettre partout la cause après l’effet. Aucun organe de notre corps, en effet, n’a été créé pour notre usage ; mais c’est l’organe qui crée l’usage. Ni la vision n’existait avant la naissance des yeux, ni la parole avant la création de la langue : c’est bien plutôt la naissance de la langue qui a précédé de loin celle de la parole ; les oreilles existaient bien avant l’audition du premier son ; bref, tous les organes, à mon avis, sont antérieurs à l’usage qu’on en a pu faire. Ils n’ont donc pu être créés en vue de nos besoins.

Lucrèce, De la nature des choses (Ier siècle)

textes de Rousseau

Quelle est l'origine des langues? Rousseau

Pourtant certains philosophes ont vu surtout dans le langage, notamment sous son aspect phonique, une première expression des passions. L’on peut en effet considérer que la tonalité et l’accent, si importants, expriment en priorité le niveau affectif du sujet. “Ce n’est ni la faim, ni la soif, mais l’amour, la haine, la pitié, la colère, qui leur ont arraché les premières voix. Les fruits ne se dérobent point à nos mains ; on peut s’en nourrir sans parler ; on poursuit en silence la proie dont on veut se repaître : mais pour émouvoir un jeune cœur, pour repousser un agresseur injuste, la nature dicte des accents, des cris, des plaintes. Voilà les plus anciens mots inventés, et voilà pourquoi les premières langues furent chantantes et passionnées avant d’être simples et méthodiques. (Rousseau, Essai sur l’origine des langues “ (1781). On remarque tout d’abord que l’expression des passions ne s’effectue nullement en dehors de la communication. Simplement, insister sur les passions plutôt que sur le besoin revient à humaniser d’emblée le langage, car pour Rousseau la passion et la sensibilité représentent les qualités essentielles de l’homme, à côté de la raison qui intervient plus tard dans le processus d’éducation et de « perfectionnement ». Cela revient aussi à prétendre que le langage n’a pas seulement une fonction utilitaire ; d’emblée il s’avère ludique, séducteur, passionné, si humain !

b) les passions

« L’invention de l’art de communiquer nos idées dépend moins des organes qui nous servent à cette communication, que d’une faculté propre à l’homme, qui lui fait employer ses organes à cet usage, et qui, si ceux-là lui manquaient, lui en ferait employer d’autres à la même fin. Donnez à l’homme une organisation tout aussi grossière qu’il vous plaira : sans doute il acquerra moins d’idées ; mais pourvu seulement qu’il y ait entre lui et ses semblables quelque moyen de communication par lequel l’un puisse agir et l’autre sentir ils parviendront à se communiquer enfin tout autant d’idées qu’ils en auront.
Les animaux ont pour cette communication une organisation plus que suffisante, et jamais aucun d’eux n’en a fait cet usage. Voilà ce me semble, une différence bien caractéristique. Ceux d’entre eux qui travaillent et vivent en commun, les castors, les fourmis, les abeilles, ont quelque langue naturelle pour s’entre-communiquer je n’en fais aucun doute. Il y a même lieu de croire que la langue des castors et celle des fourmis sont dans le geste et parlent seulement aux yeux Quoi qu’il en soit, par cela même que les unes et les autres de ces langues sont naturelles, elles ne que sont pas acquises ; les animaux qui les parlent les ont en naissant : ils les ont tous, et partout la même ; ils n’en changent point, ils n’y font pas le moindre progrès. La langue de convention n’appartient qu’à l’homme. Voilà pourquoi l’homme fait des progrès, soit en bien soit en mal, et pourquoi les animaux n’en font point. »
RousseauEssai sur l’origine des langues, 1781, Chapitre I.

à partir de 12 mins

 

Voir la page originale : http://www.site-magister.com/prepas/page27c.htm#ixzz4QIdABB7N
Site protégé par droits d’auteur
Under Creative Commons License: Attribution Non-Commercial No Derivatives
Follow us: @sitemagister on Twittersitemagister on Facebook

La parole distingue l’homme entre les animaux : le langage distingue les nations entre elles ; on ne connaît d’où est un homme qu’après qu’il a parlé. L’usage et le besoin font apprendre à chacun la langue de son pays ; mais qu’est-ce qui fait que cette langue est celle de son pays et non pas d’un autre ? Il faut bien remonter, pour le dire, à quelque raison qui tienne au local, et qui soit antérieure aux mœurs mêmes : la parole, étant la première institution sociale, ne doit sa forme qu’à des causes naturelles.
Sitôt qu’un homme fut reconnu par un autre pour un être sentant, pensant et semblable à lui, le désir ou le besoin de lui communiquer ses sentiments et ses pensées lui en fit chercher les moyens. Ces moyens ne peuvent se tirer que des sens, les seuls instruments par lesquels un homme puisse agir sur un autre. Voilà donc l’institution des signes sensibles pour exprimer la pensée. Les inventeurs du langage ne firent pas ce raisonnement, mais l’instinct leur en suggéra la conséquence.
Les moyens généraux par lesquels nous pouvons agir sur les sens d’autrui se bornent à deux, savoir, le mouvement et la voix. L’action du mouvement est immédiate par le toucher ou médiate par le geste : la première, ayant pour terme la longueur du bras, ne peut se transmettre à distance : mais l’autre atteint aussi loin que le rayon visuel. Ainsi restent seulement la vue et l’ouïe pour organes passifs du langage entre des hommes dispersés. Quoique la langue du geste et celle de la voix soient également naturelles, toutefois la première est plus facile et dépend moins des conventions : car plus d’objets frappent nos yeux que nos oreilles, et les figures ont plus de variété que les sons ; elles sont aussi plus expressives et disent plus en moins de temps. L’amour, dit-on, fut l’inventeur du dessin ; il put inventer aussi la parole, mais moins heureusement. Peu content d’elle, il la dédaigne : il a des manières plus vives de s’exprimer. Que celle qui traçait avec tant de plaisir l’ombre de son amant lui disait de choses ! Quels sons eût-elle employés pour rendre ce mouvement de baguette ?
Nos gestes ne signifient rien que notre inquiétude naturelle ; ce n’est pas de ceux-là que je veux parler. Il n’y a que les Européens qui gesticulent en parlant : on dirait que toute la force de leur langue est dans leurs bras ; ils y ajoutent encore celle des poumons et tout cela ne leur sert de guère. Quand un Franc s’est bien démené, s’est bien tourmenté le corps à dire beaucoup de paroles, un Turc ôte un moment la pipe de sa bouche, dit deux mots à demi voix, et l’écrase d’une sentence. Depuis que nous avons appris à gesticuler, nous avons oublié l’art des pantomimes, par la même raison qu’avec beaucoup de belles grammaires nous n’entendons plus les symboles des Égyptiens. Ce que les anciens disaient le plus vivement, ils ne l’exprimaient pas par des mots, mais par des signes ; ils ne le disaient pas, ils le montraient.
Ouvrez l’histoire ancienne ; vous la trouverez pleine de ces manières d’argumenter aux yeux, et jamais elles ne manquent de produire un effet plus assuré que tous les discours qu’on aurait pu mettre à la place. L’objet offert avant de parler ébranle l’imagination, excite la curiosité, tient l’esprit en suspens et dans l’attente de ce qu’on va dire. J’ai remarqué que les Italiens et les Provençaux, chez qui pour l’ordinaire le geste précède le discours, trouvent ainsi le moyen de se faire mieux écouter et même avec plus de plaisir. Mais le langage le plus énergique est celui où le signe a tout dit avant qu’on parle. […]
Ainsi l’on parle aux yeux bien mieux qu’aux oreilles. Il n’y a personne qui ne sente la vérité du jugement d’Horace à cet égard. On voit même que les discours les plus éloquents sont ceux où l’on enchâsse le plus d’images ; et les sons n’ont jamais plus d’énergie que quand ils font l’effet des couleurs. Mais lorsqu’il est question d’émouvoir le cœur et d’enflammer les passions, c’est toute autre chose. L’impression successive du discours, qui frappe à coups redoublés, vous donne bien une autre émotion que la présence de l’objet même, où d’un coup d’œil vous avez tout vu. Supposez une situation de douleur parfaitement connue, en voyant la personne affligée vous serez difficilement ému jusqu’à pleurer ; mais laissez-lui le temps de vous dire tout ce qu’elle sent, et bientôt vous allez fondre en larmes. Ce n’est qu’ainsi que les scènes de tragédie font leur effet
J’ai dit ailleurs pourquoi les malheurs feints nous touchent bien plus que les véritables. Tel sanglote à la tragédie, qui n’eut de ses jours pitié d’aucun malheureux. L’invention du théâtre est admirable pour enorgueillir notre amour-propre de toutes les vertus que nous n’avons point. […]
Ceci me fait penser que si nous n’avions jamais eu que des besoins physiques, nous aurions fort bien pu ne parler jamais, et nous entendre parfaitement par la seule langue du geste. Nous aurions pu établir des sociétés peu différentes de ce qu’elles sont aujourd’hui, ou qui même auraient marché mieux à leur but. Nous aurions pu instituer des lois, choisir des chefs, inventer des arts, établir le commerce, et faire, en un mot, presque autant de choses que nous en faisons par le secours de la parole. […] Il paraît encore par les mêmes observations que l’invention de l’art de communiquer nos idées dépend moins des organes qui nous servent à cette communication, que d’une faculté propre à l’homme, qui lui fait employer ses organes à cet usage, et qui, si ceux-là lui manquaient, lui en ferait employer d’autres à la même fin. Donnez à l’homme une organisation tout aussi grossière qu’il vous plaira : sans doute il acquerra moins d’idées ; mais pourvu seulement qu’il y ait entre lui et ses semblables quelque moyen de communication par lequel l’un puisse agir et l’autre sentir, ils parviendront à se communiquer enfin tout autant d’idées qu’ils en auront. Les animaux ont pour cette communication une organisation plus que suffisante, et jamais aucun d’eux n’en a fait cet usage. Voilà, ce me semble, une différence bien caractéristique. Ceux d’entre eux qui travaillent et vivent en commun, les castors, les fourmis, les abeilles, ont quelque langue naturelle pour s’entre-communiquer, je n’en fais aucun doute. Il y a même lieu de croire que la langue des castors et celle des fourmis sont dans le geste et parlent seulement aux yeux. Quoiqu’il en soit, par cela même que les unes et les autres de ces langues sont naturelles, elles ne sont pas acquises ; les animaux qui les parlent les ont en naissant, ils les ont tous, et partout la même ; ils n’en changent point, ils n’y font pas le moindre progrès. La langue de convention n’appartient qu’à l’homme. Voilà pourquoi l’homme fait des progrès soit en bien soit en mal, et pourquoi les animaux n’en font point. Cette seule distinction paraît mener loin : on l’explique, dit-on, par la différence des organes. Je serais curieux de voir cette explication. […]
Il est donc à croire que les besoins dictèrent les premiers gestes, et que les passions arrachèrent les premières voix. En suivant avec ces distinctions la trace des faits, peut-être faudrait-il raisonner sur l’origine des langues tout autrement qu’on n’a fait jusqu’ici. Le génie des langues orientales, les plus anciennes qui nous soient connues, dément absolument la marche didactique qu’on imagine dans leur composition. Ces langues n’ont rien de méthodique et de raisonné ; elles sont vives et figurées. On nous fait du langage des premiers hommes des langues de géomètres, et nous voyons que ce furent des langues de poètes.
Cela dut être. On ne commença pas par raisonner, mais par sentir. On prétend que les hommes inventèrent la parole pour exprimer leurs besoins; cette opinion me paraît insoutenable. L’effet naturel des premiers besoins fut d’écarter les hommes et non de les rapprocher. Il le fallait ainsi pour que l’espèce vînt à s’étendre, et que la terre se peuplât promptement ; sans quoi le genre humain se fût entassé dans un coin du monde, et tout le reste fût demeuré désert.
De cela seul il suit avec évidence que l’origine des langues n’est point due aux premiers besoins des hommes ; il serait absurde que de la cause qui les écarte vînt le moyen qui les unit. D’où peut donc venir cette origine ? Des besoins moraux, des passions. Toutes les passions rapprochent les hommes que la nécessité de chercher à vivre force à se fuir. Ce n’est ni la faim, ni la soif, mais l’amour, la haine, la pitié, la colère, qui leur ont arraché les premières voix. Les fruits ne se dérobent point à nos mains, on peut s’en nourrir sans parler ; on poursuit en silence la proie dont on veut se repaître : mais pour émouvoir un jeune cœur, pour repousser un agresseur injuste, la nature dicte des accents, des cris, des plaintes. Voilà les plus anciens mots inventés, et voilà pourquoi les premières langues furent chantantes et passionnées avant d’être simples et méthodiques.
Jean-Jacques ROUSSEAU, Essai sur l’origine des langues(1781)
.

posted by charlierenard in HLP1ère,la parole,prépa and have Comments (2)

II les pouvoirs et fonctions de la parole

http://classiques.uqac.ca/contemporains/gusdorf_georges/la_parole/la_parole.pdf

Textes colles la parole

1-Exprimer  (ou fonction expressive et logique):

a) les besoins

b) les passions

c) les pensées

La parole est-elle le meilleur moyen d’échanger des idées ?

d)les sentiments

problème : pour que l’autre me comprenne, il faut que le langage de l’autre soit le mien. étouffe une voix originale ? cf expression

2) Communiquer (ou fonction informative) :

a)demander

b)nommer, prendre possession du monde, avoir, prendre, connaître la place de chaque chose  dans le monde -mémoriser et transmettre la mémoire du passé

=> un acte de discours s’adresse toujours à quelqu’un (même de manière indirecte), la parole a d’abord une fonction sociale de communication avant l’expression. On ne parlerait pas sans autrui (interlocution).

Cf. Peut-on parler tout seul ?

(monologue parole intérieure, (Dujardin, Faulkner, James Joyce Ulysse monologue intérieur d’un seul personnage pendant une journée)  

mais ce n’est pas le paradigme de toute parole car ce que l’on se dit à soi meme on ne saurait le soutenir devant autrui : rêverie d’une existence qui n’a pas la force de se réaliser.) donc point de départ = dialogue . Le monologue est le commencement de la folie;  l’affrontement avec autrui est le commencement de la sagesse. 

http://medias.dunod.com/document/9782100578887/Feuilletage.pdf

Peut-on parler pour ne rien dire ?

3) La fonction sociale (phatique, performative et  conative)  :

a)phatique, entretenir le lien social (bavardage, faire la conversation…), interpeller, s’assurer du contact, réponse, réception, signifier une appartenance culturelle, sociale (même lexique, grammaire…) : argot, banlieu, jeune/vieux, armée, corps de métier…

La parole : condition du politique ? Une seule langue est-elle souhaitable ?

b)véhiculer règles, codes, valeurs, normaliser (interdits, tabous, blasphème, contexte, ce qu’il faut dire ou ne pas dire…; différences culturelles…) quand, à qui, comment je parle ….? ; loi du silence, omerta, non dits

Peut-on tout dire ?

c)véhicule une mise en forme du réel ( préjugés, croyances, discriminations…) qui reflète et entretient l’organisation sociale.

Ce que parler veut dire  (Bourdieu): langue dominante/ dominée; instrument de domination

d) contracter : coopérer, négocier, échanger, promettre, s’engager, testament, rendre hommage, fêter, célébrer  => début du droit (parole devant les autres– création de l’espace publique// démocratie / ésotérisme)…

parole comme action socio- politique : la parole au chef/au peuple (porte-parole), parler au nom du peuple 

L’oral peut-il s’enseigner ?

http://libertaire.pagesperso-orange.fr/archive/2000/228-mai/clastres2.htm : parler c’est avant tout détenir le pouvoir de parler

la parole du chef 

Faut-il donner la parole au peuple ?

La parole rapproche-t-elle les hommes ?

=> la parole : droits et devoirs (liberté d’expression)

droit de l’enfant : parole et expression 

4) Quand dire c’est faire : la parole comme action (parler pour ne rien dire…)

On parle à quelqu’un, devant, pour les autres, la parole est donc un moyen d’agir sur les autres et sur le monde => éthique de la parole

fonction performative

a)pouvoir créateur de la parole – nommer c’est faire exister : religion, chamanisme, magie (invoquer, superstition…)/  parler de autrui : le reconnaitre comme sujet, nom propre mais rumeur, ragot, bavardage…

Le cratylisme politique : corriger le monde en se contentant de rectifier son langage

Quand le politicien parle au nom de, « leur » parle-t-il ?

b)Parole : pouvoir de en pouvoir sur => parler avec autrui : domination, persuader/convaincre, rhétorique, commander, faire faire, violence, menacer, injurier, blâmer, complimenter, flatter, séduire, maudire, la parole comme outil de contestation et de subversion (parole et violence) la parole : outil de domination ?

1984 Orwell  : appauvrir la parole pour dominer les hommes, Le langage totalitaire au prisme de l’analyse de discours

Langue de bois, jargon 

sophismes

c)Parler à autrui :

-bien dire (morale) : parole comme don, qui ouvre, donne la parole à l’autre (quand ? que ? à qui ?) parole consolante, motivante, guérir par la parole / discours fermé du dictateur, pub ou Etat qui prétend légiférer bonheur, désir des gens… /

esthétique du dire (comment bien parler ? ) forme, intonation, figures de style, métaphore, parabole… plaisir, « changez de ton, mettre les formes, esprit de finesse, citation, poésie, rire, humour, plaisanterie, ironie…

CF. Suffit-il de communiquer pour dialoguer ?

« Au commencement était le Verbe »… nous voilà prévenus. La tradition des religions révélées ne tergiverse pas : il faut la Parole pour créer le monde. Le démiurge ressemble à l’écrivain : il doit nommer les choses pour leur donner l’existence. La parole sert à engendrer, à façonner, à communiquer, à traduire mais elle sert aussi à travestir et à tromper. Cette ambivalence est à la source même de sa richesse. « Words, words, words » s’exclame le Prince du Danemark, perdu dans le labyrinthe des mensonges et faux semblants qui enserrent son existence… Comment parvenir à la vérité des êtres s’ils vous mentent ? Comment accéder à autrui s’il s’échappe par le subterfuge du langage ?

Si on remonte aux origines, prêtons l’oreille à Esope : on raconte que son maître lui demanda un jour de disserter habilement devant les invités d’un banquet. Le docte esclave devait exposer ce qu’était la meilleure chose au monde. Il répondit que c’était la langue parce qu’elle servait à s’exprimer, à louer les dieux, à faire des serments d’amour… Le maître fut satisfait. Renouvelant plus tard l’expérience, il exigea d’Esope qu’il décrive devant les convives la pire des choses. L’esclave expliqua qu’il s’agissait de la langue qui sert à mentir et se parjurer, maudire les dieux et tromper qui vous aime… laissant maîtres et invités dans la plus grande des confusions.

posted by charlierenard in HLP1ère,la parole,prépa and have No Comments

Les pouvoirs et fonctions de la parole -introduction

Pourquoi parlons-nous ?

 


Analyse des termes du sujet et Révision de la première partie :

La question « pourquoi? » peut renvoyer à trois interrogations différentes :

  • Quelle est la/les cause(s) ?
  • Quel est le but(s) ?
  • à quoi bon ? (la parole ne rate-t-elle pas son but ?)

Nous avons vu dans notre première partie les causes à l’origine de la parole chez l’homme. Nous allons voir dans cette deuxième partie les fonctions, buts et pouvoirs que confère la parole.

Parler, au sens large, c’est transmettre un message de quelque façon que ce soit. C’est en ce sens que l’on dit par exemple « ce tableau me parle ».
Au sens étroit, parler, c’est faire usage d’un langage articulé, oral. Nous, les êtres humains, sommes doués de parole en ce sens.Il faudra réfléchir sur les raisons qui nous poussent à communiquer en général, mais aussi sur les raisons qui nous poussent à communiquer oralement en particulier.

Problématique

  • Quelles sont les différentes fonctions du langage?
  • Au-delà de ces fonctions, quelles motivations profondes poussent l’être humain à communiquer linguistiquement ?
  • Pourquoi utiliser la parole (langage oral) plutôt qu’un autre type de langage (l’écrit, par exemple)?

Développement

A.  Nous parlons pour communiquer

Parler, c’est utiliser utiliser une langue, c’est-à-dire un système de signes qui sert à communiquer (Ferdinand de Saussure).

Donc, nous parlons pour communiquer, c’est-à-dire transmettre un message, par un canal, à un récepteur, au sujet d’un référent.

Mais la communication peut avoir différentes fonctions (Cf. G. Mounin: les fonctions du langage selon Roman Jakobson) :

Nous parlons pour dire quelque chose  (5) :

  • Fonction informative (fonction de base de communication d’une information sur le référent du message).
  • Fonction expressive (manifestation de l’état du locuteur, en particulier de son état affectif).
  • Fonction métalinguistique (quand le langage se prend lui-même pour objet, c’est-à-dire quand il est utilisé pour parler du langage lui-même, comme dans le cas d’un livre de grammaire française écrit en français).
  • Fonction d’élaboration de la pensée, ou logique (énoncer, préciser, développer, illustrer, argumenter une thèse, comme dans l’exercice de dissertation). Logos, en grec, c’est à la fois le langage et la pensée.
  • Fonction conative (provoquer une réaction de la part du récepteur, soit sous la forme d’un comportement comme obéir à un ordre, soit sous la forme d’un état d’esprit comme réagir à un discours persuasif ou à une pièce de théâtre). => plus pour l’effet produit => action

Nous parlons pour ne rien dire (3):

  • Parler peut être un moyen d’établir le lien préalable à toute communication. C’est la fonction phatique (établir le contact entre l’émetteur et le récepteur, attester d’une reconnaissance réciproque).
  • Parler peut aussi consister à faire quelque chose plutôt qu’à communiquer quelque chose. C’est la fonction performative (Austin). Dire « je te promets de venir demain », ce n’est pas simplement communiquer l’information que je viendrai, c’est aussi faire la promesse de venir. Il n’y a pas d’autres façons de promettre que de dire que l’on promet (d’où le titre de l’ouvrage de Austin : Quand dire, c’est faire).
  • Parler peut enfin consister à créer des formes. C’est la fonction esthétique (créer un univers poétique).

B.  Mais pourquoi communiquer ? (pouvoirs)

  • Nous parlons pour communiquer mais à quoi sert la communication? Pourquoi vouloir communiquer?
  • Nous parlons pour créer des liens avec autrui. Le langage permet l’intersubjectivité sans laquelle l’objectivité n’aurait aucun sens (Michel Tournier, Vendredi ou les limbes du pacifique). Descartes voit même dans le langage la seule façon de sortir de l’isolement du Cogito : je sais que je ne suis pas le seul être pensant au monde parce que les autres hommes parlent comme moi pour exprimer leurs pensées. La fonction expressive a pour finalité la communication des consciences.
  • Nous parlons pour connaître et manipuler le monde. Sans le langage, la science serait impossible. Pour connaître, il faut pouvoir abstraire, pour abstraire, il faut pouvoir représenter symboliquement. La fonction d’élaboration de la pensée a elle-même pour finalité de nous rendre « maître et possesseur de la nature ». (Descartes)
  • Nous parlons pour manipuler, ordonner, dominer. Le langage produit et reproduit un ordre social. C’est un puissant instrument de domination. (La Nov Langue de 1984 de George Orwell). Summum de la fonction conative.
  • Nous parlons pour contester, renverser l’ordre établi. Le langage est aussi un puissant instrument de subversion. Le langage permet de rêver. Il permet l’utopie. Mais l’utopie, justement parce qu’on la sait non réalisée n’est pas pure illusion : elle se donne comme projet. Nous parlons pour pouvoir concevoir l’avenir et ainsi travailler à le faire advenir.

C.  Pourquoi communiquer par la parole ?

  • La parole est orale. Le canal utilisé est l’onde sonore. La parole = acte singulier d’utilisation de la langue par la production de son articulés.
  • La parole échangée est l’espace du dialogue. (Cf texte de Merleau-Ponty sur le dialogue)
  • Dans le dialogue, les interlocuteurs prennent tour à tour la parole. les rôles émetteur/récepteur sont interchangeables entre les interlocuteurs. Le canal est réversible. Mais le véritable dialogue est plus qu’un simple échange de parole. D’où la nécessité, nous dit Platon, de respecter certaines règles (ne pas se contredire, être de bonne foi, écouter, accepter l’objection, être prêt à reconnaître ses erreurs…). La parole échangée suppose un partage d’idées et non la pure affirmation dogmatique d’une opinion. Dans l’échange, on est prêt éventuellement à changer de point de vue.
  • La parole est vivante. L’écriture totalitaire fige la pensée, momifie la créativité, adresse une fin de non recevoir à toute mise en question. N’est-ce pas la raison pour laquelle Socrate accusait l’écriture de rester lettre morte et lui préférait le dialogue, véritable accoucheur des âmes ? « L’écriture », dit Socrate dans le Phèdre, « a de graves inconvénients, tout comme la peinture. Les produits de la peinture semblent vivants, mais posez leur une question, ils gardent gravement le silence. Il en est de même des discours écrits.

par Maryvonne Longeart http://www.ac-grenoble.fr/PhiloSophie/logphil/notions/langage/methode/sujets/dissert/parler/parler.htm#haut

posted by charlierenard in HLP1ère,la parole,prépa and have Comment (1)

Conditions de la parole

La parole est un processus qui nécessite plusieurs conditions afin de se réaliser efficacement :

-des conditions psychologiques : être un individu conscient de soi-même et de la collectivité (reconnaissance par et d’autrui), sociabilité

=> -avoir quelque chose à dire, avoir envie, besoin, plaisir à autrui

-des conditions socio-politiques : appartenir à une collectivité disposant d’un code commun, une langue ; maîtriser les règles, normes du discours (tour de parole, se taire, prendre, donner la parole…); connaître ce que l’on doit taire ou dire (liberté, tabou, non-dits, blasphème…)

-des conditions biologiques, anatomiques et physiologiques : organe phonatoire, cerveau (aires), capacité d’abstraction (pas seulement expression des besoins mais communication débats d’idées)

posted by charlierenard in HLP1ère,la parole,prépa and have Comments (2)

Fonctionnement et dysfonctionnement de la parole-cerveau…

Langage : notre cerveau a la parole 

fonctionnement de l’appareil phonatoire 

Un trouble de la parole est un problème de communication lié à la parole. Il s’agit d’un trouble caractérisé par l’impossibilité d’émettre un son articulé et modulé dont l’enchaînement des syllabes constitue des mots compréhensibles. Un trouble de la parole génère donc un trouble du langage, mais l’inverse n’est pas vrai puisqu’on peut dire des mots dont l’association n’a aucun sens.

Une personne dans l’incapacité de parler à cause d’un trouble de la parole est désignée comme muette.

La classification de la parole normale et du trouble de la parole sont plus problématiques qu’il n’y parait. Par une classification stricte, seulement 5 % à 10 % de la population possède une manière normale de communiquer par la parole (avec respect de tous les paramètres) et une voix correcte; tous les autres souffrent de dysfonctionnement ou autres.

  • Bégaiement, affecte approximativement 1 % de la population.
  • Dysprosodie, le plus rare trouble neurologique de la parole. Caractérisé par des changements dans l’intensité, dans la synchronisation des mots et dans le rythme, la cadence et l’intonation de mots.
  • Mutisme ou aphasie, incapacité de parler.
  • Troubles des cordes vocales, implique une difficulté à produire des sons vocaux (plus souvent des consonnes, comme /s/ or /r/).
  • Troubles de la voix, implique des difficultés, souvent physiques, dans la fonction du larynx ou de la résonance vocale.
  • Dysarthrie, faiblesse ou paralysie des cordes vocales causée par des dommages aux nerves et/ou au cerveau. La dysarthrie est souvent causée par un accident vasculaire cérébral, la maladie de Parkinson, SLA, des blessures à la tête ou au cou, un accident chirurgical, ou une infirmité motrice cérébrale.
  • Apraxie de la parole, peut être le résultat d’un accident vasculaire cérébral ou être en développement, et implique une production de sons incohérentes de la parole dans un mot (par ex. « patate » peut devenir « tapate » et prochainement « tetapa »). La production des mots devient plus difficile avec l’effort, mais des phrases communes peuvent spontanément être parlées sans effort.

Il existe trois différents types de classification pour déterminer la magnitude des troubles de la parole et les traitements et thérapies à proprement parler

Le bégaiement (également appelé bégaiement persistantbégaiement développemental persistant, ou bégaiement chronique) est un trouble de la parole affectant le débit de la parolecaractérisé par des répétitions et prolongations involontaires des sons, syllabes, mots ou phrases, et par des pauses silencieuses involontaires dans lequel le « bègue » (terme désignant un individu souffrant de bégaiement ou d’un trouble lié) est incapable de produire un son. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) le définit comme une « parole caractérisée par une répétition fréquente de sons et de syllabes ou par des hésitations ou pauses fréquentes, pendant au moins 3 mois », et le classe parmi les « troubles émotionnels ou comportementaux ».

Le bégaiement est défini par d’autres institutions concernées et disciplines médicales, ceci étant souvent l’objet de débats. Le ministère français de la Santé le définit comme un « trouble de l’expression verbale affectant le rythme de la parole en présence d’un interlocuteur ». Le DSM-IV des psychiatres américains le classe comme un « trouble de la communication ». Certains spécialistes francophones ont classé les bégaiements parmi les dyslalies.

Le bégaiement comprend souvent des répercussions psychologiques et sociales modérées voire très lourdes pour la personne affectée. Il existe des cas de suicide où les conséquences du bégaiement sont un facteur avéré mais également à cause des moqueries dont les bègues sont victimes. Dans un grand nombre de pays, et pour les cas assez sévères, il est reconnu par les administrations comme étant un handicap. Certaines personnes concernées refusent au contraire les termes de maladie ou de handicap.

L’aphasie, parfois appelée mutisme dans le langage populaire, est une pathologie du système nerveux central, due à une lésion caractéristique d’une aire cérébrale (l’aire de Broca). Le mot « aphasie » vient du grec « phasis » (parole) et signifie « sans parole ». Ce terme a été créé en 1864 par Armand Trousseau. Depuis cette époque, le mot a pris du sens, en désignant un trouble du langage affectant l’expression ou la compréhension du langage parlé ou écrit survenant en dehors de tout déficit sensoriel ou de dysfonctionnement de l’appareil phonatoire.

On trouve le concept d’aphasie dans la philosophie grecque antique, notamment chez Pyrrhon d’Elis. Celui-ci enseignait que l’essence des choses est indéterminable et indicible. L’aphasie est donc le fait de ne rien pouvoir dire sur les choses. Le fait que les jugements contraires ont exactement la même force conduit Pyrrhon à l’absence totale d’opinion et à l’absence de parole vraie. De plus, la conscience de l’indifférence absolue des choses provoque l’absence d’inclination et son corollaire, l’ataraxie, définie comme l’absence de troubles ou la tranquillité de l’âme. La notion d’ataraxie est commune aux différents courants de la philosophie hellénistique, les Stoïciens, les Epicuriens et les Pyrrhoniens.

Je vous invite à consulter pour plus d’informations l’article sur l’aphasie.

posted by charlierenard in HLP1ère,la parole,prépa and have Comment (1)

buy windows 11 pro test ediyorum