Ecrit 1

Lors de la première séance, on nous a proposé de réfléchir sur « qu’est-ce que l’altérité ? ». J’avais alors proposé : « L’altérité c’est l’autre, ce qui est différent de moi, ce que je ne connais pas ». L’autre proposition qui me semble intéressante est « prendre connaissance de l’autre en prenant en compte ses différences pour dépasser des représentations initiales ». En effet la première chose qui m’est venue à l’esprit quand on a évoqué le mot altérité c’est « l’autre » car selon moi, à travers ce concept, l’enjeu est de se rendre compte et de comprendre les différences entre chaque être humain, ce qui les différencie mais aussi ce qui les rassemble. Toutes ces démarches s’inscrivent dans un but précis : celui d’identifier et de s’interroger sur les différences possibles entre des mêmes personnes On peut alors aborder les différences religieuses, culturelles, sociales, ethniques… La phrase d’un(e) de mes camarades m’a alors semblé très intéressante car elle a évoqué le but de cette étude qui pour lui (elle) est de « dépasser des représentations initiales » soit aller au-delà des stéréotypes et des codes dictés par le monde actuel. C’est en ça que cette phrase m’a parue très intéressante car elle montre un objectif qui me semble fondamental et qui est la compréhension de l’autre, dans le but d’une meilleure cohésion sociale dans un monde qui de nos jours en a cruellement besoin. La conférence « Le lien école / hors école et les compétences (inter)culturelles des élèves » a alors fait apparaitre l’école comme un moyen pour faire face à cette diversité, mieux la comprendre pour mieux en intégrer ses acteurs et ne pas en marginaliser. Il est vrai que l’école peut être l’un des points de départ sur le travail de l’altérité mais elle ne doit pas être la seule protagoniste. Il est nécessaire, comme nous l’a été exposé dans la conférence, de poursuivre ce travail en dehors de l’école et pour cela faire appel à d’autres acteurs, car la diversité ne se réduit pas au monde scolaire. L’école doit avoir un rôle d’ouverture à l’altérité, de premières démarches de décentration mais elle n’est pas une fin en soi.
Dans L’Anthropologie, François Laplantine développe la nécessité de développer une problématique de la différence, « impliquant une décentration radicale par rapport à la société dont fait partie l’observateur, c’est à dire une rupture avec toute forme, sournoise ou délibérée, d’ethnocentrisme. Car c’est seulement ce que nous percevons (à l’état manifeste ou latent) dans une autre société qui nous permet de repérer ce qui est en jeu dans la nôtre, mais que nous ne soupçonnions pas. »Laplantine, F. (1987).
Après ces premières séances et recherches j’ai choisi d’orienter mon travail sur la mobilité symbolique des élèves et des enseignants à l’école primaire et sur quels outils utiliser pour permettre aux enfants et à leur professeur de se décentrer et donc d’avoir un autre regard sur les autres modes de vies.
Tout d’abord, il me semble intéressant de définir les notions « d’interculturalité », « d’ethnocentrisme » et de « décentration ». « L’interculturel se définit comme un processus dynamique d’échanges entre différentes cultures […].L’interculturel n’existe que lorsqu’il y a un échange, une rencontre et un partage […] il s’agit, d’une part, d’accepter la diversité des regards, de rencontrer d’autres points de vue et de comprendre des modes de vie différents et d’autre part, de comprendre que l’on est soi-même rarement le produit d’une seule appartenance culturelle » (1). L’ethnocentrisme quant à lui a été définit comme « néologisme, forgé en 1906, par William Sumner dans Folkways, désigne la position de ceux qui estiment que leur propre manière d’être, d’agir ou de penser doit être préférée à toutes les autres.[…] » (2) A l’inverse, la décentration c’est la « […] faculté de développer une vision plus objective du monde dans lequel d’autres points de vue, d’autres manières de voir, d’autres structures de pensée seront perceptibles et reconnus comme légitime […] la décentration permet à l’individu d’aller à la rencontre de l’autre en renonçant à une position dominatrice et en dépassant la crainte […] ».
Les enjeux en école maternelle et primaire me semblent donc très importants, car l’enfant, dès son plus jeune âge s’est vu dans la majorité des cas être le centre de l’attention de sa famille. Quasiment tous les enfants à leur entrée à l’école ont un comportement égocentrique, ils ne sont pas forcément ouvert aux autres, et n’ont pas encore conscience qu’il existe des modes de vies différents des leurs. L’école doit donc jouer un rôle dans cette éducation à l’autre, celui de leur ouvrir des portes, de leur proposer des pistes pour réfléchir, découvrir, s’interroger… L’éducation tient une place primordiale dans notre société actuelle où pour certains, différence rime avec danger et mène donc à des situations comparables à celles vécues le 13 novembre 2015 à Paris.
J’ai donc essayé d’observer les moyens possibles à mettre en œuvre pour décentrer les élèves au cours de mon stage que j’ai effectué en classe de CP à l’école de Giberville. Giberville est une ville située à 10 kilomètres de Caen et habitée par 4 607 habitants. La SMN (Société Métallurgique de Normandie) a marqué l’histoire de cette commune. En effet, avant 1993 (date de la fermeture définitive de celle-ci), la SMN, surnommée la « grande dame », faisait vivre le plateau de Giberville et accueillait plus de 30 nationalités. Son héritage est encore aujourd’hui très présent ; la ville est restée très ouvrière, avec des besoins sociaux importants (le pourcentage de logements sociaux s’élève à 35% alors que la loi fixe un minimum de 20%). Dans ma classe, les enfants venaient donc de tout horizons ; il y’avait un petit garçon d’origine espagnole, deux d’origine magrébine et plusieurs enfants de famille de gens du voyage (sédentarisée). La classe est donc très riche culturellement et pourrait permettre de mener un grand nombre de projet très intéressant. La maitresse m’avait confié la séquence sur les 5 sens, j’ai donc premièrement fait une séance d’introduction sur les 5 sens ; j’ai rempli des sacs opaques de différents objets faisant appel à différent sens (coton, balle de tennis, cacao, mousse, papier de verre, papier de soie…). Ma séance numéro 2 a été dédiée au sens du gout, la maitresse m’avait fourni ses fiches d’exercices ou de synthèse, ma séance devait durer 45 minutes dans le but qu’à la fin de la séance les élèves soit capable de classer les aliments selon leur acidité, amertume, ou si il s’agissait d’aliments salés ou sucrés. Je n’ai pas eu assez de liberté et surtout de temps pour demander aux enfants de quels pays ou régions provenaient les aliments et donc d’aborder des pays autre que la France. Il en a été de même pour l’ouïe, je leur ai fait écouter des sons différents tels que le rugissement du lion, le bruit de l’éléphant, d’un avion… J’aurai la aussi pu faire une ouverture sur d’autres parties du monde telle que l’Afrique. Les séances portant sur les 3 autres sens restant étaient peut-être plus compliquées à mettre en lien avec l’interculturalité.
Dans l’ensemble je n’ai quand même pas noté une grande perception des différences dans cette jeune classe de CP. Les enfants n’avaient pas du tout l’air d’y faire attention. Ce qui s’est confirmé le lundi 16 novembre, suite aux attentats de Paris, les élèves ont eu l’occasion de discuter, de dire ce qu’ils avaient compris, de poser des questions si ils en avaient et aucun des 23 élèves n’a parlé de religion, ou des investigateurs de l’attentat, pour eux, il s’agissait seulement de « personnes méchantes », il n’était pas du tout question de religion ou de culture différente, à aucun moments des pays n’ont été cités. C’est donc pour ça que l’école doit profiter du temps scolaire pour aborder ces points la, leur montrer que tous les enfants du monde ne sont pas comme eux afin de les rendre par la suite plus tolérant et de les amener à avoir une position bienveillante par rapport aux autres, il faut susciter leur intérêt.
Etant donné la grande diversité au niveau culturel de ma classe, sur un temps beaucoup plus long, je pense qu’il serait possible de monter un projet de « musée de classe ». Il faudrait pour cela réserver un coin de la salle qui servirait de lieu d’exposition et chacun des élèves, sur un temps donné et chacun son tour (1 par semaine ou 1 par jour si ce temps constitue un rituel) apporterait des objets qui le caractérise et qui attesterait d’un certain mode de vie. Ainsi les enfants, à l’échelle de la classe (petite échelle pour commencer cette découverte de l’autre) seraient en mesure de partager une culture dans le but de mieux se connaitre et de créer une culture partagée à tous les enfants de classe. Ce projet me semble assez facilement réalisable et pourrait être un parfait point de départ pour découvrir de plus près les pays d’origines des enfants.
A l’issu de ces analyses je peux donc orienter mon questionnement sur « quel(s) dispositif(s) mettre en place pour permettre aux enfants (quel que soit leur âge), tout en s’adaptant aux moyens de l’école, de s’ouvrir sur d’autres pays afin de se décentrer et d’accepter au mieux les différences des autres. Il s’agit là d’un enjeu qui me semble primordiale dans une société mondiale qui de nos jours semble éprouver de grande difficulté quant à la communication, à la compréhension de l’autre et qui semble (pour certains) oublier les notions de solidarité et de tolérance.

Notes de bas de page :
1 : « l’interculturel », page 12, l’interculturel en classe, R-M Chaves, L.Favier, S. Pélissier, PUG, 2012.
2 : « Ethnocentrisme », page 128, Dictionnaire de l’altérité et des relations interculturelles, sous la direction de Gilles Ferréol et Guy Jucquois, ARMAND COLIN, 2003.
3 : « la décentration », page 49, l’interculturel en classe, R-M Chaves, L.Favier, S. Pélissier, PUG, 2012.

Questionnement durant le stage

Il est vrai que je n’avais pas vraiment d’idées exactes pendant le premier cours sur la question de l’interculturalité et que lors du début du deuxième cours les idées n’étaient toujours pas, dans les grandes lignes, mises en place dans ma tête. J’avais jusque là beaucoup d’interrogations. L’interculturalité, c’est intéressant en effet, mais c’est un sujet qui reste très vaste. Pendant le deuxième cours, lorsque chaque étudiant a essayé d’annoncer quelques points de chute sur un sujet pouvant être intéressant je suis restée sur ma première idée de me questionner à propos de la différence. La différence, qu’est ce que c’est ? A quel moment peut-on parler de différence ? Dans quel contexte ? Peut-on parler à l’école de différence avec les enfants ? Et comment en parler ? Nous savons à présent que la différence c’est à la fois nous et les autres. On est tous une personne unique, et nous sommes donc tous des étrangers pour autrui. Dès lors que les enfants ont la capacité de comprendre ce que peut être une différence chez l’Autre il faut alors leur apporter des éléments de réponse à travers différentes activités et supports pour pouvoir assimiler et surtout comprendre pourquoi cette différence créée une singularité chez chacun d’entre nous. Ce sont des questions qui ont pu me suivre durant tout le long de ce stage. Je me suis ainsi porter sur une problématique principale qui est: Comment aborder la différence avec les enfants en classe ?

Lorsque je suis arrivée dans ma classe de 23 élèves de CE2, je me suis donnée comme objectif de détecter des différences pouvant être mises en avant ou bien abordées dans la classe. Je me suis rendue compte qu’il n’y en avait pas de majeures. Néanmoins, un petit garçon dans la classe a un papa anglais et une maman française, il parle donc français et anglais. Cette différence est plutôt mise en avant dans la classe par la maîtresse car l’enfant participe lors du cours d’anglais pour donner la bonne prononciation et est un acteur direct avec l’enseignante pour apporter un plus à tout moment aux autres élèves. Il permet ainsi de pallier certaines lacunes possibles que peut avoir l’enseignante sur un mot à prononcer en particulier par exemple.

Après ce petit temps d’observation que je me suis donné, j’ai donc enfin discuté de mon sujet d’ERCAPP avec l’enseignante qui a trouvé ce sujet de la différence très intéressant mais assez vague. Elle m’a ensuite expliqué qu’au sein de la classe il n’y avait pas de vraies différences culturelles, d’origines ou bien même sociales. Je me suis alors demandée, par quels moyens l’équipe enseignante et plus particulièrement ma maître d’accueil pouvait à partir de supports faire découvrir aux enfants l’Autre si au sein de cette même école il n’y avait pas de différences diverses et ou flagrantes. Elle m’a ainsi parlé du projet de l’école 2015-2016. Effectivement, celui a pour objectif de faire découvrir aux enfants le Monde à travers les différentes cultures et les différents continents.

J’ai trouvé alors que ce type de support pouvait être intéressant dans la façon d’aborder la différence avec les enfants et de connaître celui qui nous entoure dans le Monde. Il peut être pertinent car il s’applique et s’adapte à l’ensemble des classes de l’école, c’est à dire à la fois les classes de maternelle et celles en élémentaires. De plus, ce projet rassemble beaucoup de matières. C’est pourquoi, l’enseignante a choisi de relier ses enseignements comme les leçons de Français notamment ou bien la Littérature au projet de l’école. Ainsi, lors d’un cours de Français sur le pluriel des exceptions des mots en « ou » elle a choisi en particulier un texte citant plusieurs pays, noms d’habitants ou groupes de personnes. En l’occurrence, dans le texte on pouvait repérer les mots « les Andalous », « Tombouctou », « les Zoulous », « le Pérou », « les Mandchous ». Une fois la lecture du texte faite, la maîtresse demande aux enfants de situer les pays qu’ils ont pu reconnaître dans ce qu’ils venaient de lire et elle leur explique les termes qu’ils n’ont pas compris. Ceci permet donc de donner une approche aux enfants sur des noms de pays, des tribus que les enfants ne connaissent pas forcément pour la plupart et de pouvoir les situer sur l’imposant planisphère affiché en classe. Suite à cet exercice, certains enfants savaient situer le Pérou, et Tombouctou car ils avaient déjà auparavant travaillé dessus.

Autre exemple en Musique. L’enseignante propose aux enfants durant sa séance hebdomadaire de faire découvrir des musiques traditionnelles jouées dans le Monde à ses élèves. Une fois les deux premières écoutes faites, elle leur demande tout d’abord s’ils reconnaissent des sonorités particulières qui pourraient déterminer le pays d’où vient cette musique. Lorsqu’ils ont trouvé le pays avec l’aide de la maîtresse si besoin, ils le situent tous ensemble encore une fois sur le planisphère et la maîtresse explique en quoi cette chanson peut être une musique traditionnelle dans ce pays. Cela permet aux enfants d’ouvrir leur culture face à d’autres façons de vivre, de fêter, ou de célébrer un événement etc. Durant mon stage, les CE2 ont fait la découverte de la musique traditionnelle pour enfants de la fête de Thanksgiving qui s’intitule « Ten Little Indians ». Ma maître d’accueil a ensuite expliqué aux élèves l’histoire de cette chanson et pourquoi celle-ci est jouée durant cette fête de Thanksgiving aux Etats-Unis.

Ce projet permet également aux enfants durant cette année 2015-2016 de goûter des plats typiques des pays du Monde. En effet, les élèves découvriront pendant leur année un vrai petit déjeuner propre au Royaume Uni et l’équipe enseignante pour objectif de refaire un deuxième repas représentatif d’un pays si le premier fonctionne bien avec les enfants.

Je trouve réellement ce support approprié car il peut apporter énormément aux enfants par une multitude d’activités possibles dans plusieurs matières et niveaux, ce qui permet à l’enfant de collecter de nombreuses informations à propos des autres, de ce qui peut se passer dans les autres pays, comment vivent certains groupes de personnes, que fêtent les habitants d’un pays étranger, comment mangent-ils. Finalement, les enfants ne savent pas ce qui peut se passer autour d’eux, car ils n’ont pas la notion de décentration que l’on a pu voir durant le cours magistral concernant notre atelier de recherche. Pour eux, le France c’est ce qu’ils connaissent de mieux pour la plupart, c’est leur pays. L’Europe peut également faire partie de ce qu’ils peuvent avoir appris ou entendu. Néanmoins, ils ne se rendent pas forcément compte qu’autour d’eux, vivent des personnes qui peuvent avoir des origines différentes, des religions différentes, des habitudes différentes, des traditions ou des idées différentes. Il faut donc apprendre à connaître l’Autre et le comprendre dans sa façon de vivre et d’apprendre à être tolérant avec lui. C’est un rôle que l’on doit mener à bien à l’école avec les enfants pour que lorsqu’ils deviennent adultes et citoyens, ils respectent l’Autre avec son histoire, sa façon de vivre, sa culture, ses sentiments.

Donnée recueillie

Lors du stage, dans la classe de CM1/CM2, j’ai pu prendre connaissance des règles de la classe et de l’établissement. L’école publique est une école laïque, et les règles sur ce sujet sont très strictes : si la religion vient à être évoquée en classe, il ne faut pas qu’elle devienne sujet à débat ou discrimination. De même, évoquer sa propre religion n’est pas accepté. Cela peut être pour préserver l’élève et éviter les conflits idéologiques.

Un jeune élève m’en a parlé lors d’un cours d’histoire, me disant qu’il allait faire du catéchisme, mais en parler est déjà une entorse au règlement. Malgré tout, il n’existait pas dans la classe, ni dans l’école des éléments qui puissent montrer une discrimination envers telle ou telle religion, et cela ne serait de toutes les manières pas toléré.

Cela me fait cependant me demander si proposer des temps où les enfants pourraient partager leur expérience de leur religion ou de leurs croyances pourrait être un support à une ouverture sur les cultures d’autrui.

Ecrit 1

On rejette souvent l’autre à cause de sa différence ou de ses stéréotypes. Pour moi, il est important d’apprendre à connaître l’autre avec ses différences (opinions, religions, cultures …) afin de ne pas se baser sur des préjugés. Il ne faut pas juger l’autre sans le connaître. Chaque personne est différente et c’est la différence qui fait la beauté du monde. On peut et on doit vivre ensemble pour le biens de tous et dépasser tous les stéréotypes. Accepter les différences des autres c’est important et encore plus maintenant avec l’actualité. Il faut respecter l’autre et être tolérant avec lui afin d’avoir moins de problèmes dans le monde.

On a peur de la différence car on ne connait pas alors que si on apprend à connaitre l’autre, on peut se rendre compte qu’il n’y a pas tant de différences que ça. Apprendre à connaître l’autre c’est aussi s’imprégner de ses traits distinctifs : ce qui nous fait évoluer.

Dans l’Anthropologie, François Laplantine développe l’idée de la différence en la mettant en relation avec 2 termes : la décentration et l’ethnocentrisme.Cette démarche permet de mieux percevoir l’Autre en se comparant avec l’autre. Il faut comprendre les autres, leurs différences : ce qui permet de nous faire évoluer et de se comprendre soi-même. On est tous l’autre de quelqu’un. Il est important de s’ouvrir à l’autre, au monde. Il faut éviter de croire que l’on est au centre du monde et il faut s’ouvrir au monde et apprendre à connaître l’autre. Il faut être tolérant.

L’altérité est une question importante pour moi car je la vie dans mon quotidien : que ça soit par le bien et par les stéréotypes de mon entourage. Il faut savoir être tolérant. Dès l’école primaire voire la maternelle, il faut intégrer la notion de l’interculturalité. Il faut apprendre aux élèves à respecter l’autre. Montrer aux élèves que la différence n’est pas un problème. C’est important de savoir vivre avec l’autre.

Lors de mon stage dans une classe de CM1, j’ai pu remarquer que les élèves avaient intégrés cela. J’ai pu le remarquer également dans toutes le classes.C’était une classe où il y avait peu d’élèves issus de l’immigration. J’ai donc observé l’altérité par rapport à la différence et à ce que perçoivent les élèves sur les personnes avec des handicaps où des façons de voir différemment. Les élèves ont différentes cultures par leur éducation par exemple. Toutefois, les élèves de l’école primaire savent respecter l’autre avec ses différences. En effet, il y a des élèves avec différents handicaps mais les élèves ne les mettent pas du tout de côté. Au contraire, ce sont des élèves qui s’entraident. J’ai pu observer également pendant le stage, lors d’une séance d’éducation civique et morale sur le harcèlement à l’école, j’ai remarqué l’importance pour les élèves, par leurs remarques, qu’ils avaient tous du respect et de la tolérance envers l’autre. J’ai noté deux phrases dites par deux élèves : « Ce n’est pas parce qu’il est différent qu’il n’est pas gentil » et «  On ne doit pas toujours ce moquer des autres même si ils viennent de d’autres pays ». Elles représentent l’altérité avec des mots d’enfants.L’enseignante met donc en place des activités autour de l’Autre.

J’ai fait 2 séances de musique sur les musiques du monde. J’ai donc pu aussi par mes séances introduire l’altérité par les musiques. Leur faire essayer de deviner de quels pays viennent les différentes musiques était très intéressant. C’est par leurs connaissances, les stéréotypes qu’ils arrivent ou essayent de reconnaître les musiques.

Par ailleurs, après les événements tragiques du vendredi 13, nous avons parler avec les élèves. J’ai observé également leurs représentations sur l’autre surtout par rapport à la différence entre musulmans et terroristes. Pour certains, cela a été compris mais pour d’autres on remarque qu’il y a des réflexions d’adultes derrière. La différence passe t-il seulement par les différentes religions ?

On remarque donc qu’il y a plusieurs niveaux dans la tolérance : certains sont franchis, d’autres non.

Je trouve que les arts sont importants pour parler d’altérité et faire passer l’idée de la tolérance ainsi que les voyages et les visites. Pour moi, il faut passer plus de temps sur cette question avec les élèves. La question d’interculturalité et d’altérité est encore plus importante surtout en ce moment.

Donnée commentée

J’ai effectué mon stage de pratiques accompagnées dans une classe de Cm1 de l’école de Sannerville. Durant le stage, il m’a été possible d’effectuer 3 séances d’éducation musicale car c’est cette matière que je compte présenter à l’oral du crpe. N’ayant pu observer de nombreux éléments ayant trait à l’interculturalité (seulement deux séances de rallyes de lecture concernant l’étude de livres ayant pour thème des périodes historiques, des contes,…), j’ai mis en place un début de séquence en musique sur la découverte d’un univers sonore à travers l’étude d’une chanson : « Makotoudé ». Cette chanson identifiée d’origine africaine, disponible dans les partitions fantômes que l’on peut trouver dans les écoles, est un formidable vecteur d’interculturalité.

En effet, cette chanson met en évidence des instruments percussifs d’origines variées (Afrique, Amérique du sud,…) et le chant est identifiable comme vocable africain. Les paroles étant simples à retenir, j’ai pu travailler ce chant en y ajoutant des percussions. Les enfants se sont véritablement investis dans cette activité et ont même chanté cette chanson toute la semaine. Si le stage s’était déroulé sur un temps plus long, j’aurai pu mettre ces séances musicales plus en rapport avec l’histoire des arts mais également avec les arts visuels et la géographie.

Cela m’a donc permis d’observer qu’à partir de supports variés, il est possible de diffuser des notions d’interculturalité et d’unir les enfants autour par exemple de la musique pour qu’ils oublient pendant un temps leurs différences pour créer un projet commun et aborder les différentes cultures de notre monde de manière ludique.

Écrit 1

L’interculturalité est une notion, un concept, dont nous sommes tous aujourd’hui les acteurs et les véhicules. La mondialisation, la circulation des informations et des individus ont amené ces derniers à voir leur monde comme plus petit, plus accessible et ainsi moins inconnu. Pourtant, malgré la possibilité d’aller à la rencontre de l’autre et d’accéder à sa culture, il est possible d’observer que les sociétés on encore du chemin à parcourir en ce qui concerne les représentations de l’autre, l’acceptation de la différence et cela représente, notamment pour le personnel éducatif, un challenge important. Avant de commencer la préparation au concours du professorat des écoles, j’ai toujours été sensible à l’interculturalité grâce à une diversité de pratiques comme la musique, le sport mais également grâce aux supports interculturels que sont le cinéma, la littérature, les médias radiophoniques et internet,… Entrevoir une étude approfondie de l’interculturalité nécessite ainsi pour moi de définir une terminologie précise. Pour cela nous allons nous appuyer sur le tableau de Christian PUREN, «La compétence culturelle et ses composantes», qui définit avec précision le vocabulaire utile pour aborder avec précision notre sujet sur l’interculturalité.
J’ai choisi pour débuter mon travail préalable d’ercapp de m’intéresser aux supports de l’interculturalité et de l’application possible de ceux-ci à l’école primaire. J’ai déjà pu entrevoir cela grâce au stage de pratiques accompagnées dont je vais expliciter dans le développement les caractéristiques et les pratiques observées. A l’issu de ce stage et concernant mon questionnement problématique au cours des précédentes séances d’ercapp, je suis arrivé à ces réflexions :

Quels sont les supports de l’interculturalité ? Comment peut-on faire une utilisation judicieuse de ceux-ci en école primaire ? Y-a-t-il des supports favorisant la découverte de l’autre pour dépasser l’approche méta-culturelle ?
Nous allons voir en quoi il est nécessaire d’étudier en prédicat les différents supports disponibles pour une approche interculturelle à l’école. J’aborderai ensuite ce que j’ai pu observer ou pratiquer en stage en lien avec une approche interculturelle et les supports disponibles à cette approche.

Nous sommes entourés au quotidien de produits, de médias et de supports issus de différentes cultures. La mondialisation des transports mais également des flux de communications comme internet, que l’on considère comme une révolution mondiale, ont favorisé la diffusion de certaines cultures mais également le déplacement des individus dans le monde. Ainsi, depuis les études d’ethnologues comme Claude Lévi-Strauss dans Tristes tropiques, qui analysait la non-supériorité de civilisations et de cultures par rapport à d’autres, le monde s’est désenclavé. Malgré la disparition de certaines de ces cultures, les rapports entre les groupes sociaux se sont étendus et nous pouvons parler aujourd’hui de sociétés pluriculturelles. Cependant, la recherche de sa place dans la société et le besoin d’appartenance à un groupe social mènent parfois les individus à rejeter l’autre qui représente la différence, l’inconnu. Le double enjeu présent ici et plus particulièrement à l’école primaire est de créer une culture commune pour lier les individus ; à l’école, par l’enseignement moral et civique par exemple ; mais également d’ouvrir notre culture vers les autres et créer la curiosité chez les enfants et les jeunes par le volet éducatif. Pour agir en ce sens à l’école, il est nécessaire d’identifier mais également de mettre en valeur les supports disponibles pour développer l’interculturalité. Plusieurs supports sont aisément identifiables et tout personnel de l’éducation nationale les utilise au quotidien.
L’oralité est le premier vecteur de l’interculturalité. Sans revenir dans le détail sur les travaux de Ferdinand de Saussure et son étude sur le système langagier, il est cependant nécessaire de constater que l’échange premier entre les individus passe par le vocal et l’écoute. Le premier pas interculturel vers l’autre passe donc par le langage conceptualisé ici comme pont possible entre élément commun à l’ensemble de l’humanité et pourtant si divers dans sa construction et ses spécificités. Le rôle d’un enseignant est donc fondamental dans la construction langagière chez l’élève pour que celui-ci puisse être compris et acteur de l’interculturel.
Un autre vecteur est celui de l’écrit. L’acte de lecture est également un puissant moteur pour l’interculturalité. En effet, depuis l’invention et la diffusion de l’écriture, la géographie interculturelle a pu s’étendre. Le développement et la diffusion exponentielle de l’écrit grâce notamment aux nouvelles technologies permet à tous d’avoir accès aux écrits de cultures diverses. A l’école, l’utilisation du support écrit comme vecteur interculturel passe par exemple par le conte. L’aspect ludique du conte et ses codes identifiables par les enfants permet à ces derniers d’avoir accès à des histoires intégrant des éléments culturels d’autres pays, de les identifier et d’imaginer des pratiques et modes de pensée différents des leurs. Cette approche peut-être identifiée comme méta-culturelle selon l’article de Christian Puren qu’il définit comme la « Capacité à mobiliser les connaissances culturelles acquises et extraire de nouvelles connaissances culturelles à propos/à partir de documents authentiques représentatifs de la culture étrangère consultés en classe ou chez soi ».
Dans ce même type d’approche, d’autres supports peuvent être identifiés comme intégrant le volet méta-culturel. Je pense par exemple au pictural et au sonore. Les arts visuels et la musique mettent en effet en évidence des supports ludiques présentant un fort intérêt quant à leur portée interculturelle. Ils permettent de créer de nombreuses inférences chez l’enfant et d’imaginer l’inconnu à travers une création artistique. Ainsi, sa propre représentation est bousculée par l’utilisation d’un support à forte valeur ludique. Le travail de l’enseignant est alors de mettre des mots et d’enrichir le vocabulaire de l’enfant pour qu’il puisse articuler ses représentations et habituer ses yeux et ses oreilles à la découverte de différentes cultures. L’audiovisuel dans une plus large mesure est un vecteur d’interculturalité très utilisé chez les enseignants pour susciter le questionnement et la curiosité chez les élèves. Il va maintenant être utile de voir comment mon stage de pratiques accompagnées m’a permis d’observer l’utilisation des supports de l’interculturalité et comment j’ai pu moi-même les utiliser.

Durant mon stage, qui s’est, au préalable, très bien passé;j’ai eu très peu d’éléments d’observation disponibles ayant trait au volet interculturel. Mon questionnement étant basé sur les supports de l’interculturalité, c’est donc moi qui ai conduit des séances intégrant le volet interculturel. Le temps d’observation qui m’a permis d’identifier une approche vers l’autre et mettant en évidence les concepts de culture commune et de représentation de l’autre concerne les événements tragiques qui se sont déroulés à Paris le treize novembre 2015. En effet, cette situation très singulière dans la société française et de surcroît dans la vie d’un écolier à mobilisé chez les stagiaires et les enseignants de multiples réflexions quant à l’élaboration d’une transmission d’une tragédie devant se faire de manière éthique et responsable. Nous avons donc travaillé avec l’enseignante sur la constitution d’un document empruntant à divers magazines (astrapi, le petit quotidien) pour parler des attentas et de la situation en France pour dissiper les peurs éventuelles des enfants (cycle 3, classe de Cm1) et leur expliquer en intégrant leurs questionnements ce qu’il s’était passé en France. La difficulté étant que ceux-ci évitent les amalgames ou la diffusion de rumeurs concernant le drame.
Pour revenir à ma pratique directe et l’élaboration de séances à valeurs interculturelles, j’ai pu faire trois séances d’éducation musicale qui m’ont permis d’étudier un chant africain « Makotoudé », et d’intégrer à travers la pratique de percussions des éléments de culture africaine. Par le support sonore, j’ai ainsi pu recueillir les impressions des élèves sur des éléments musicaux qui leur sont étrangers et leur faire découvrir par la musique de nouvelles représentations culturelles.

Désormais, certains questionnements restes pour moi en suspens : Quels sont les supports les plus pertinents pour aborder l’interculturalité avec les élèves ? L’interdisciplinarité est-elle la meilleure solution pour mettre en valeur les supports de l’interculturalité ? Comment dépasser les a priori des enfants quant à l’autre et quels sont les supports pour remédier à cela ?

Ecrit 1

Au travers de mes expériences professionnelles et personnelles, la question de la différence et de l’autre apparaît fréquemment. En effet, dès le plus jeune âge, il est question de différence par rapport à la façon de faire, l’endroit dans lequel on vit, sa façon de s’habiller et de s’exprimer. Même si ces questions traverse toute notre vie, d’autres viennent s’y mêler. A l’entrée dans les études supérieures, la vie professionnelle devient un sujet de différence au sein d’une même famille, d’un même groupe d’amis ou encore d’une même classe.

Je pense que le choix des études et plus tard, de la profession amène déjà à une différence par rapport à l’autre, bien évidemment par le fait, que nous n’ayons ni les mêmes envies, ni les mêmes compétences, ni connaissances.

C’est pourquoi, lors de notre première séance d’atelier, nous avons chacun écrit une ou plusieurs phrases sur ce que représentait l’altérité à nos yeux. J’ai aussitôt pensé à toutes ces questions que je me pose. C’est pourquoi j’ai écris des mots : l’autre, les autres, les différences et la singularité.

Pour moi, on caractérise « l’autre » comme celui qui est différent, distinct. « Les autres », fait référence à un groupe, une population qui est différente, dans sa culture, dans son mode de vie, sa façon de s’habiller, de parler, de manger,…

Ensuite, j’ai écris ces deux mots, différences et singularité. Les différences sont définies, comme un manque d’identité alors que la singularité, c’est le caractère ce qui est unique avec des traits distincts.

Afin d’agrémenter ma réflexion, j’ai choisi une autre phrase : « Pour accepter les autres, faut-il d’abord s’accepter soi-même ? », cette phrase me questionne. Je pense que si il fallait s’accepter soi même avant d’accepter les autres, ce serait trop difficile. Il y a t-il beaucoup de personnes qui s’acceptent réellement pour ce qu’elles sont et/ou ce qu’elles font ? Je me demande si cette question d’acceptation, ne vient pas aussi de l’éducation qui nous a été apportée. Et pourtant, les très jeunes enfants (0 – 3 ans), ne font pas de différences les uns entre les autres, alors qu’en grandissant, cela devient un problème et un questionnement de notre part en fonction des projets, de la réussite,… La plupart d’entre nous n’ont pas la possibilité de vivre la culture de l’autre, nous faisons donc appel à notre imaginaire en le complétant avec tout ce que nous entendons. Cela ne créer que des représentations qui nous sont propres.

Lors de ma première période de stage, j’aurais aimé pouvoir retrouver certaines différences entre les élèves, mais il s’est avéré que dans cette classe de CP/CE1, tous les enfants ont la même culture, le même mode de vie, la même façon de s’exprimer, de s’habiller ou encore d’apprendre. Il me semble, que pour un enseignant, c’est moins évident de parler de la différence culturelle alors qu’au sein de son groupe il n’y a que très peu. Bien sur, il y a des différences physiques et scolaire, tous les enfants ne se ressemblent pas et certains ont plus ou moins de facilités ou l’envie d’apprendre par rapport à d’autres mais je ne trouve de différences, que les enfants eux mêmes ont repérés.

En revanche, le lundi 15 novembre, après le drame du weekend, quelques différences ont pu être ressenties dans la manière d’appréhender ces événements. L’enseignant hésitait à parler de ce sujet, qu’il lui semblait dur pour des enfants de 6 ans. Très vite, il a décidé de le faire lorsqu’une élève, à peine entrée dans la classe a voulue partager ses informations. Nous avons sentie, son besoin d’en parler.

L’enseignant était obligé d’organiser cette discussion en posant des questions concrètes, « ou cela s’est passé », « qu’es ce qu’un attentat », « Pourquoi cet événement est important », « qui sont ces gens qui on tués »,… Ces questions qui me semblent en effet, importantes sur ce sujet.

Alors que certains enfants étaient informés de l’actualité, d’autres l’ignoraient. Cette situation m’a interpellée, c’était intéressant de voir que des jeunes enfants pouvaient parler de l’actualité avec des détails et quelques uns ne pouvaient pas en faire autant. A ce moment, j’ai pensé à la différence culturelle. Une différence culturelle n’est-elle faite que de religion ? Certains parents ont parlés avec leurs enfants des images qu’ils ont vu, des faits ou encore du pourquoi de cet acte, je pense que ce sont ces enfants qui ont parlés à la classe. En revanche, beaucoup d’autres familles ont préféraient préserver leurs enfants de ces images, qui peuvent être terribles et qui montrent un coté noir de notre vie, ce qui pourrait créer une panique, un stress ou encore un questionnement poussé chez l’enfant que même des parents ne sauraient répondre. Grâce à cette conversation, tous les enfants de la classe étaient informés sur le sujet, de la même façon et dans les mêmes conditions.

Mobilité physique et symbolique

Lors de la première séance sur l’altérité pendant laquelle nous avions fait l’usage du « Framapad », j’avais choisi cette définition de l’altérité : « La reconnaissance de l’autre dans sa différence. » , un peu par hasard au début, puis en la relisant il est vrai qu’elle me paraît correcte et est une très bonne image de ma propre façon de penser l’acceptation de l’altérité. En effet, pour moi, c’est une façon d’accepter l’autre et de le penser, justement, par les différences qui le caractérisent. Les différences culturelles, sociales etc. qui sont sources d’enrichissement personnel quand on les découvre chez autrui.

Et c’est en cela que je mets ma citation en relation avec « Il faut s’ouvrir au monde et à l’autre ». Car pour moi, l’altérité c’est une ouverture d’esprit qui fait de nos différences ce qui nous rend égaux, nous avons tous des aspects différents car nous venons d’horizons différents. Finalement l’altérité c’est s’ouvrir au genre humain, tous égaux par nos différences, pour pouvoir dans une même société, dans un même monde, malgré nos différences, construire sa citoyenneté en tant qu’individu, ou se construire en tant que citoyen du monde.

Lors du stage que j’ai effectué du 9 au 20 novembre 2015, j’ai pu observer que la diversité culturelle que l’on suppose dans les classes d’une France en 2015 n’est finalement pas présente partout. En effet, l’école était constituée très majoritairement d’élèves non issus de l’immigration ou avec une origine culturelle française. L’école est située dans un village du bessin calvadosien, où l’on peut qualifier la population de « favorisée ».

En supposant que la diversité culturelle française peut être un point de départ pour aborder le thème de l’altérité avec ses élèves. Dans une école où l’échantillon d’élèves n’est pas représentatif de la diversité culturelle existante dans notre société, quels sont les moyens de mettre cette diversité culturelle en perspective et comment amener les élèves à une réflexion sur l’altérité? Que ce soit à l’échelle française ou à l’échelle mondiale.

Dans L’Anthropologie, François Laplantine développe la nécessité de développer une problématique de la différence, « impliquant une décentration radicale par rapport à la société dont fait partie l’observateur, c’est à dire une rupture avec toute forme, sournoise ou délibérée, d’ethnocentrisme. Car c’est seulement ce que nous percevons (à l’état manifeste ou latent) dans une autre société qui nous permet de repérer ce qui est en jeu dans la nôtre, mais que nous ne soupçonnions pas. » *
J’ai donc interprété sa notion de différence du point de vue de l’altérité, ce qui est différent de nous culturellement, ce qui ne nous ressemble pas ou à des points de divergence rien que par le fait de venir d’une autre société, d’un autre modèle de pensée, d’une autre culture.

De même, la décentration serait sortir de son point de vue, en allant voir ailleurs ce qu’il se passe, par exemple en rencontrant des gens d’autres cultures. Sortir de son cercle culturel « naturel ».

Enfin, j’avais compris la notion d’ethnocentrisme comme le fait de se contenter des normes et coutumes culturelles que l’on reçoit à la naissance par son cercle familial ou social. Et juger de celles-ci qu’elles sont les seules valables et applicables.

François Laplantine nous parle d’un concept visant à sortir de son cercle culturel pour pouvoir comprendre les différences que nous avons avec autrui. Rester centré sur la société dont nous faisons partie ne permet pas d’appréhender l’altérité objectivement. Il recommande d’ouvrir son esprit en allant voir ce qui est en jeu dans les autres sociétés afin de pouvoir comprendre ce qui est en jeu dans sa société d’origine. Et de construire ainsi sa propre vision de l’altérité en sortant de son cercle de pensée « naturel ».

Ainsi il nous propose de comprendre les autres, leurs différences, les raisons pour lesquelles un individu qui est né, dans une autre culture avec d’autres rites, d’autres façons d’appréhender les relations humaines, une autre religion etc. est différent. Et comment cette compréhension d’autrui peut permettre à tout individu de remettre en question sa propre identité, car du point de vue de cet être « différent », lui aussi est finalement un être « différent ».

Pour l’enseignant, il est primordial d’entamer un travail de réflexion sur l’altérité avec les élèves. En effet nous vivons dans une société très riche culturellement et se construire en tant que citoyen du monde passe par l’apprentissage de la tolérance. La tolérance non pas par l’indifférence mais par la compréhension de ce qui fait la différence des autres citoyens de la société dans laquelle nous vivons et des sociétés que nous côtoyons.

Aillant personnellement effectué plusieurs voyages, qu’ils soient scolaire ou non, ma réflexion s’est dirigée vers le concept de mobilité des élèves et des enseignants.

Malheureusement, l’école dans laquelle j’ai effectuée mon stage ne menait aucun projet concernant la mobilité physique ou symbolique.

Les voyages scolaires à l’étranger sont cependant un très bon moyen de décentration par rapport à la société dont font partie les élèves. Malheureusement, dû au coût de ceux-ci, ils restent bien souvent réservés à des destinations proches culturellement de la société originelle des élèves. Mais malgré des cultures très proches, l’idée d’altérité peut être entamée grâce à ces voyages.

Une autre activité moins coûteuse pour entamer une réflexion sur l’altérité avec les élèves serait de donner aux élèves des documents qui nous disent comment des élèves, du même âges qu’eux, mais de culture et de pays différents nous voient nous, en tant que français. La décentration se ferait ainsi par le fait que nous serions les personnes « différentes » pour eux. Ou faire ce même questionnement mais cette fois-ci en commençant un travail de correspondance entre sa classe et une classe du bout du monde.

Après ce début de réflexion je me poserai donc comme fil de réflexion, la question suivante :

Quelle(s) possibilités de mise(s) en oeuvre existe(nt)-il(s), pour des enseignants d’école élémentaire, concernant une mobilité physique et symbolique des élèves et des enseignants ?

* Laplantine, F. (1987). L’Anthropologie. Paris : Petite Bibliothèque Payot, p. 169.

Problématique et restitution du stage

            La refondation de la politique d’éducation prioritaire s’est généralisée à la rentrée 2015 afin de corriger l’impact des inégalités sociales et économiques sur la réussite scolaire grâce à un renforcement de l’action pédagogique et éducative. Pour permettre de donner plus à ceux qui ont le moins, il existe désormais les REP (Réseaux Educatifs Prioritaires) et les REP +, qui bénéficient de nombreux moyens comme l’école Maternelle de Gringoire située à Hérouville, dans laquelle j’ai effectué mon stage en classe de Grande Section. Lors de mon stage, j’ai pu observer la mise en place d’un projet de classe nommé « Matulu » car la diversité culturelle et religieuse est très dense dans l’école. Ce projet a pour but de faire comprendre et apprendre dès le plus jeune âge, les différences entre les personnes, pour être tolérant et respectueux.                                                                                                                                                   Je peux, ainsi faire un lien avec mon dossier d’ERCAPP qui est basé sur l’interculturalité et les différences. Je me suis donc questionnée sur la façon dont le professeur des écoles, dans un contexte social de REP doit adapter son enseignement face à la richesse de sa classe multiculturelle. Pour cela, dans un premier temps, je vais restituer le contexte social de l’école et ce qu’il engendre sur l’enseignement divulgué par le professeur des écoles. Puis, dans un second temps, je développerai ce que ce contexte procure à l’implication des élèves dans leur projet d’apprentissage de la classe.

              Tout d’abord, le contexte social qui est lié à l’école, représente le fait qu’elle soit bienveillante et accueillante mais elle est aussi ouverte à tous puisqu’elle est gratuite, laïque et obligatoire, c’est-à-dire, aux parents, aux enfants de tout horizon mais aussi à ceux aux besoins éducatifs et à ses partenaires. Les familles fréquentant l’école de Gringoire sont globalement défavorisées, ayant même parfois, des difficultés familiales ou langagières car certains parents viennent d’arriver en France et ne maîtrisent pas encore notre langue. Ainsi, on retrouve dans la classe de Grande Section, des élèves d’une grande diversité culturelle, de ce fait, il règne une interculturalité dans la classe. De plus, beaucoup de parents sont au chômage dans ces quartiers, ce qui entraîne un certain décalage de rythme des enfants car ils sont déréglés, les enfants se couchent plus tard comme les parents qui n’ont pas d’obligation contractuelle, de ce fait, les enfants sont plus fatigués.                                                                                                                             Pour pallier à cela, les professeurs des écoles font en sorte que les parents rentrent facilement dans l’école même si certaines relations entre les familles et l’école ne sont pas faciles à créer. En effet, souvent ces parents en difficultés ont une « peur » de l’école, peur de ne pas comprendre ce qu’on leur dit ou honte de leur situation, de ce fait, ils n’osent pas rentrer dans l’école. Il faut alors dès le début de l’année, créer un contact avec eux et les mettre en confiance car si les parents sont sereins, les enfants le seront aussi. Construire et développer cette relation représente un petit travail de tous les jours, qui peut se voir difficile. Je vais illustrer mes propos avec la mère d’une petite mongole arrivée récemment en France et qui ne parle pas encore français, pour communiquer avec elle, ma maître de stage use de sa gestuelle et de petite image pour se faire comprendre puis elle a décidé de faire appel à un interprète mais ceci prend du temps. Il ne faut pas laisser les parents dans le mal-être ou dans l’incompréhension car ils doivent se sentir concerner par l’éducation de leurs enfants. C’est pour cela, qu’il faut les inviter à participer aussi aux sorties scolaires en les interpellant lorsqu’ils déposent leur enfant et à l’aide de mots affichés à côté de la porte de la classe. En général, les parents sont volontaires et essayent de s’investir dans la vie scolaire de leur enfant. Un climat de confiance est créée entre les parents et l’enseignant car certains parents lui font part de leurs difficultés personnelles.                                                                                                                                                 Par ailleurs, le professeur de Grande Section a mis en place une pédagogie différenciée dans la classe afin de permettre à tous les élèves de progresser à leur rythme. Selon Philippe MEIRIEU, « Différencier, c’est avoir le souci de la personne sans renoncer à celui de la collectivité. » De cette façon, les enfants ont le même but mais différentes manières d’y arriver, par exemple, pour écrire des mots, les plus à l’aise disposent du crayon à papier et les moins à l’aise de trame et de feutres velledas. Le professeur trouve des moyens même pour ceux en réussite, qui peuvent réaliser des exercices plus complexes ou faire des exercices en plus s’ils finissent en avance, il faut donc des possibilités d’adaptation dans la classe. De plus, à la suite d’un entretien avec le professeur remplaçant, cette dernière juge qu’elle doit adapter son enseignement au jour le jour et pour faire face à l’interculturalité des élèves qui n’ont pas les mêmes connaissances. Elle trouve qu’il faut leur faire découvrir ce qu’ils ne peuvent pas voir chez eux. Elle peut donc leur faire écouter des choses diverses telles que de la musique classique et leur faire lire des choses plus poussées que « Tchoupi ». Selon elle, sa méthode fonctionne bien car à cet age-là, ils sont très curieux et adorent découvrir de nouvelles choses. Je pense que cela permet aux élèves de connaître les mêmes références, ce qui aide à leur créer une culture commune.

           Ensuite, les implications dans les projets d’apprentissage sont propres à chaque élève car aucun ne réagit pareil face à une situation d’apprentissage, en effet, ils n’ont pas tous les mêmes capacités. Certains sont réticents et préfèrent faire des bêtises pendant que d’autres vont être très impliqués. Pour réussir à tous les impliquer, bien que cela peut être à des degrés différents, ma maître de stage a décidé de créer avec les élèves, les règles de vie de la classe. Ainsi, en partant du principe, que ce soient eux, qui décident des règles et des punitions adaptées en cas de transgression de ces dernières, ils les comprennent et c’est plus simple pour eux de les respecter. Cet exemple illustre parfaitement la construction de la culture commune car à travers ces règles communes, ils apprennent à se respecter tout en vivant ensemble. Pour développer ce principe commun, l’enseignante de Grande Section commence à mettre en place le projet « Matulu » sur les différences afin que les élèves comprennent que s’ils n’ont pas le même mode de vie, ni les mêmes idées, ce n’est pas grave mais il faut accepter cela pour mettre le bon « vivre-ensemble » au sein de la classe mais aussi pour qu’ils s’en servent tout au long de leur vie. Les enfants doivent alors apprendre à contrôler leur émotions et savoir les exprimer, c’est pour cela qu’il faut continuellement les interpeller après des lectures ou après les tragiques événements récemment survenus en France. Le professeur a décidé de les rassembler et chacun devait dire ce qu’il avait compris et ce qu’il ressentait. Cela a permis d’effacer certaines stigmatisation car l’un des élèves pensait que c’était la faute de certaine communauté.                                                                                                                                                 Par ailleurs, pour impliquer les élèves dans des activités, il est important de le faire par le jeu, qui peut être très éducatif. En effet, pour le projet de classe, l’enseignante a décidé de retravailler dans un premier temps sur la description physique et la perception de leur corps et d’eux-mêmes. Ainsi, pour revoir les notions du corps comme la couleur des yeux, les élèves ont joué au « qui est-ce ? » par groupe. A la suite de cela, ils ont réalisé leur portrait, je me suis aperçue que beaucoup ne se percevaient pas comme ils étaient, je leur ai donc fait retravaillé leur portrait, en leur demandant, par exemple si l’une des élèves avait vraiment la peau blanche. De cette façon, grâce à l’image que les autres ont d’eux, les élèves peuvent remettre l’image qu’ils ont d’eux-mêmes en question. Mais il est quand même primordial de partir de leur vision d’eux-mêmes pour qu’ils puissent par la suite, bien décrire leur camarade. En effet, s’ils n’arrivent pas bien à se connaître et se décrire, ils ne pourront pas le faire avec l’image de leur camarade. Ce jeu a aussi permis de développer leurs compétences langagières avec notamment le lexique du corps humain. Le professeur de la classe de Grande Section préfère que les élèves ne soient pas regroupés par niveau car l’hétérogénéité est meilleure pour le progrès car c’est à travers les autres que nous pouvons évoluer et progresser.                                                                                                                                                       De plus, il faut savoir que les élèves apprennent beaucoup de leur pair puisqu’ils apprennent des autres enfants, dans ce cas, qui n’ont pas la même culture, ils se décentrent progressivement de leur point de vue et acceptent d’écouter l’autre et ses idées. Ils se permettent plus « d’échanger et réfléchir avec les autres » de ce qu’ils font avec leur camarade car parfois, ils n’osent pas s’exprimer devant les adultes parce qu’ils pensent qu’ils n’ont pas le droit de se tromper. Si un enfant arrive à s’exprimer correctement, il peut mener un groupe et aider les autres. Dans chaque groupe d’enfants, j’ai remarqué qu’il y avait toujours un leader, qui motive les autres. Mais chaque enfant doit « se construire comme personne singulière au sein d’un groupe » où « l’enfant trouve sa place dans le groupe, se fait reconnaître comme une personne à part entière et éprouve le rôle des autres dans la construction des apprentissages ».                                                                                                                            D’autres, ont des difficultés de langage car ils viennent d’arriver en France et ne maîtrise pas le langage français donc ils ne participent pas lorsqu’ils sont interpellés oralement mais ils excellent dans les activités à l’écrit comme la petite mongole qui termine toujours son travail avant les autres. Par ailleurs, d’autres possèdent un vocabulaire peu varié et sont alors aidés d’un maître E, qui les aide au développement du langage et à enrichir leur vocabulaire en mettant en place des aides spécialisées à dominante pédagogique. L’implication des élèves face à l’oral dépend aussi de leur degré de timidité puisque, plus ils sont timides, moins ils pourront participer devant les autres, dans ce cas, ils ne parlent qu’en chuchotant. Il faut alors mettre en valeur les enfants pour leur donner confiance en eux et leur permettre d’évoluer, comme l’explique le Bulletin Officiel. Pour cela, la mise en place d’un livret de progrès est diffusé dans la classe afin d’effacer les anciennes pastilles rouges, vertes et oranges. Dorénavant, il n’y en a que deux, les bleues pour marquer le progrès et les vertes pour dire que le progrès est en cours d’acquisition et lorsqu’il n’y a pas de progrès, on ne met rien. Les élèves se sentent alors valorisés car il n’y a plus la peur du rouge, qui était considérée comme une sanction. Cela permet de la bienveillance et d’individualiser le parcours de chacun.

          Pour conclure, à travers mes diverses observations, il me paraît primordial d’accompagner des élèves d’origines diverses et modestes tout au long de l’année tout en instaurant un climat de confiance avec leur parent. Bien que souvent la relation entre l’école et les familles est une réussite car ma maître de stage a remarqué que peu de parents (environ 8) avaient participé à la réunion de rentrée mais qu’à la fin de l’année pour la remise des livrets de réussite, presque tous les parents étaient présents. De plus, les élèves ont besoin d’être accompagnés dans leur mise au travail par des adultes car cela les rassurent mais il faut les laisser avancer leur travail seul car ils doivent aussi développer leur autonomie. L’entre-aide entre pairs permet de nombreux progrès et il est important qu’ils arrivent à développer leur individualité dans un groupe tout en prenant en compte l’avis des autres. Ainsi, les élèves réussiront à mieux se comprendre les uns et les autres, à mieux se faire comprendre mais aussi à mieux se respecter et se faire respecter. Je peux supposer que le professeur des écoles doit adapter son enseignement notamment pour des enfants ayant des cultures différentes pour les remettre à niveau et leur permettre de créer une culture commune, qu’ils ne pourraient avoir au sein de leur foyer familial. Il ne faut pas oublier que ces enfants ont aussi bien le droit et le devoir de réussite comme les autres, il faut juste adapter sa pédagogie mais comme dans toute classe, de REP non. Je peux maintenant baser un nouveau questionnement : comment les élèves arrivent-ils à s’approprier l’identité collective à travers la culture commune ?

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brownDernières pages de l’album Brown Bear, Brown Bear, What do you see ?, Bill Martin Jr et Eric Carle, Puffin Books, première édition 1984

Pendant mon stage en Petite Section dans l’école d’Evrecy, j’ai pu proposer une activité pour permettre aux enfants de découvrir une autre culture, à travers un album en anglais sur les couleurs. Le thème de l’année dans l’école étant les couleurs, j’ai choisi l’album illustré par Eric Carle, Brown Bear, Brown Bear, What do you see ?. Cet album m’a servi de support pour mener 3 séances en ateliers avec 6 enfants maximum, afin de les amener à découvrir une nouvelle langue, et donc une nouvelle culture. Beaucoup d’enfants ne connaissait pas le terme « anglais », j’ai leur ai donc expliqué que la langue française n’est pas la seule parlée dans le monde. Au bout des ces 3 séances, la plupart des enfants étaient familiarisés avec les sons de la langue anglaise, ils étaient presque tous capable de reconnaître le son du mot anglais et de l’assimiler à la couleur française correspondante. Cette première approche de la langue anglaise était une véritable découverte pour eux, en essayant de mettre en place des activités qui restaient ludiques, je suis parvenue, du moins je l’espère, à leur transmettre une part de mes connaissances. Les enfants étaient intéressés et trouvaient la langue anglais très amusante. Une trace écrite de cette découverte a été laissé dans leur cahier, ce qui permet aux parents de savoir qu’une première approche d’une culture différente a été mise en place à l’école, ce qui peut les engager à en discuter avec leur enfant et donc les inciter à leur faire découvrir ce monde varié qui est le notre. La maîtresse, ravie de la réaction de ses élèves à cette activité nouvelle, m’a d’ailleurs dit qu’elle poursuivrait le travail engagé en anglais.