À mon bel amour, dans un miroir

A mon bel amour, dans un miroir est une oeuvre existentielle. Elle est existentielle de par la forme et la substance.

La forme tout d’abord est composite. Danse moderne, musique, image filmique, interprétation théâtrale s’y mélangent, fusionnent et forment une sorte d’unité qui se désunit à loisir.

Le fil conducteur, l’épine dorsale de l’oeuvre est le texte interprété par les différents acteurs qui se succèdent au gré des huit capsules réalisées.  Les huit voix narratives homodiégétiques forment le monologue d’un miroir, un actant qui se personnifie, qui se transcende, qui s’humanise. Il s’humanise grâce à la pensée, à la réflexion, au cogito.

En effet, c’est un miroir qui a commencé par observer son environnement, sorte de caverne planoticienne, pour ensuite amorcer un questionnement sur l’identité, sur le regard de l’autre et in fine sur le regard sur soi.

Ce cheminement réflexif est vivifié, intensifié par la musique « cardiaque » qui tapisse l’arrière fond sonore des capsules.

Le miroir existe non seulement grâce à sa pensée propre, mais aussi grâce à l’autre, au regard de l’autre, à l’intention de l’autre. Au début, le regard de l’autre était bienveillant et admiratif.  L’ego du miroir s’en trouvait flatté et son existence était pérenne. Mais bientôt, « à l’adolescence » du miroir, les regards devinrent plus ternes et finirent par être inexistants.

Ce désintérêt l’affecta jusqu’à ce qu’il se rendit compte, grâce à l’intercession d’un semblable, d’un autre miroir,  de sa vraie nature, de son identité propre.

Ainsi, cette oeuvre allégorique dont l’actant est un miroir, démontre qu’exister nécessite d’abord de chercher sa « vraie » nature qui ne peut en aucun cas trouver sa source dans le regard de l’autre. L’enfer étant l’autre, la source de la quiétude, de  l’apaisement, de l’existence ne peut être que soi.

 

 

LA DIFFERENCE

 

La Différence

Pour chacun une bouche deux yeux

Deux mains deux jambes

Rien ne ressemble plus à un homme qu’un autre homme

Alors entre la bouche qui blesse et la bouche qui console

Entre les yeux qui condamnent et les yeux qui éclairent

Entre les mains qui donnent et les mains qui dépouillent

Entre le pas sans trace et les pas qui nous guident

Où est la différence

La mystérieuse différence ?

Jean-Pierre Siméon

 

J’ai choisi cette poésie  pour expliquer aux élèves le vivre ensemble et l’acceptation de l’autre aussi différent qu’il soit.

A travers ce poème nous parlerons des relations avec les autres, à se faire facilement des amis, à travailler en groupe.

Ce thème correspond à la capacité d’accepter les différences pour « s’estimer et être capable d’écoute et d’empathie ».

Les pistes d’exploitation:

Projeter la poésie au tableau.

Animer une lecture à voix haute  et expressive.

Faire la compréhension du texte.

Laisser un moment de débat et d’expression libre sur les ressentis des élèves.

Faire des illustrations (dessin, collage)

Vivre l’altérité en poésie

C’est certainement évident
Mais je préfère rappeler
Que chaque homme naît différent
Et que c’est une qualité

Soignons notre tolérance
Acceptons l’autre tel qu’il est
En partageant nos connaissances
Cultivons la diversité

Nous entrons dans l’humanité
Avec nos défauts, nos qualités
Par les autres ils nous sont révélés
Mais c’est à nous de les gérer

Un monde où tout ce ressemblerait
N’aurait vraiment pas d’intérêt
Il est temps de nous accepter
Afin de nous réaliser

 

Un projet a été réalisé entre deux classes de CE1 d’établissements différents sous le titre: «Communication bienveillante».

Le but de ce projet était de découvrir avec les élèves les gestes bienveillants, d’accepter la diversité et d’éviter les conflis, que ce soit en classe ou à la maison.

Cette poésie a été proposée, et pour l’exploiter avec les élèves, tout d’abord, nous avons cherché des défis d’actions de bienveillance.

Nous les avons mis sur un calendrier, un jour un défi, pendant un mois.

Ensuite, nous avons lu la poésie pour la découvrir ensemble et c’était la source qui nous a poussés à relever les défis.

Chaque visage est un miracle

Chaque visage est un miracle

Chaque visage est un miracle

Un enfant noir, à la peau noire, aux yeux noirs,

aux cheveux crépus ou frisés, est un enfant.

Un enfant blanc, à la peau rose, aux yeux bleus ou verts,

aux cheveux blonds ou raides est un enfant.

 

L’un et l’autre, le noir et le blanc, ont le même sourire

quand une main leur caresse le visage,

quand on les regarde avec amour et leur parle avec tendresse.

Ils verseront les mêmes larmes si on les contrarie,

si on leur fait mal.

 

Il n’existe pas deux visages absolument identiques.

Chaque visage est un miracle parce qu’il est unique.

Deux visages peuvent se ressembler,

ils ne seront jamais tout à fait les mêmes.

 

La vie est justement ce miracle,

ce mouvement permanent et changeant

qui ne reproduit jamais le même visage.

 

Vivre ensemble est une aventure où l’amour,

l’amitié est une belle rencontre avec ce qui n’est pas moi,

avec ce qui est toujours différent de moi et qui m’enrichit.

 

Tahar Ben Jelloun

 

J’ai choisi la poésie de Tahar Ben Jelloun,  » Chaque visage est un miracle » parce qu’elle reflète selon moi parfaitement l’altérité. Elle aborde la question de l’acceptation d’autrui, le vivre ensemble et la nécessité de s’engager contre le racisme. Il n’existe pas deux visages absolument identiques. Chaque visage est un miracle parce qu’il est unique. Deux visages peuvent se ressembler ; ils ne seront jamais tout à fait les mêmes.

Lutter contre le racisme c’est commencer par démolir les préjugés, les jugements subjectifs sans fondement. L’enfant est incapable de violence et de méchanceté. Il suffit pour cela qu’on lui inculque des non-vérités comme par exemple: le Noir est inférieur au Blanc. Il s’agit de construire chez les élèves une conscience de la dignité et de l’intégrité de la personne humaine malgré ses différences. Le choix de cette poésie me parait pertinent pour dégager toutes ces idées.

Cette poésie peut être étudiée en CM1 lors de la semaine de vivre ensemble ou bien pendant un cours d’EMC.

Les pistes d’exploitation:

  • Projeter la poésie au tableau.
  • Animer une lecture à voix haute expressive.
  • Échanger avec eux pour ajuster leur compréhension du texte.
  • Laisser un moment de débat et d’expression libre sur les ressentis des élèves.
  • Faire des illustrations (dessin, collage): chaque élève illustre la poésie puis on regroupe toutes les illustrations et on les colle sur un grand panneau (en interdisciplinarité avec les arts plastiques)
  • Une activité d’écriture peut être envisagée: les élèves peuvent rédiger eux-mêmes leur propre poésie autour du thème proposé afin d’exploiter leurs différentes réflexions.

 

Vivre l’altérité en poésie

Le moqueur moqué

Un escargot

Se croyant beau, se croyant gros,

Se moquait d’une coccinelle.

Elle était mince, elle était frêle

Vraiment, avait-on jamais vu

Un insecte aussi menu !

Vint à passer une hirondelle

Qui s’esbaudit du limaçon.

– Quel brimborion ! s’écria-t-elle,

C’est le plus maigre du canton

Vint à passer un caneton.

– Cette hirondelle est minuscule,

Voyez sa taille ridicule

Dit-il d’un ton méprisant.

Or, un faisan aperçut le canard et secoua la tête :

– Quelle est cette minime bête ?

Au corps si drôlement bâti ?

On n’a jamais vu plus petit

Un aigle qui planait, leur jeta ces paroles

– Êtes-vous fous ? Êtes-vous folles ?

Qui se moque du précédent

Sera moqué par le suivant.

Celui qui d’un autre se moque

À propos de son bec, à propos de sa coque,

De sa taille ou de son caquet,

Risque à son tour d’être moqué.

Pierre Gamarra

 

 

J’enseigne une classe de moyenne section. Nous optons plutôt pour des comptines ou des albums lus pour transmettre ce genre de message. Toutefois, je trouve que ce poème pourrait être simplifié et présenté en classe avec les élèves de la maternelle car il correspond en quelque sorte à une histoire.

D’autant plus, la signification de l’acceptation de l’autre avec ses différences est évoquée d’une manière implicite et qui incite à la réflexion et la méditation.

Il y a aussi le fait que l’aigle, la créature la plus forte et la plus puissante que ’elle soit parmi les animaux présents dans le poème est celui qui a fait preuve de sagesse et qui s’est manifesté pour calmer et amener la raison aux autres.

Ce qui pourrait être un motif très enrichissant pour créer un échange d’idées et travailler alors le langage et le vocabulaire.

 

Toi, dit l’enfant blanc

J’enseigne en PS, mais j’ai déjà utilisé ce poème lors d’un remplacement, il y a longtemps déjà, au Gabon en CM1 que m’avait laissé le PE que je remplaçais, dans son cahier journal. J’avais eu l’idée des animaux.

TOI, DIT L’ENFANT BLANC

Toi, dit l’enfant blanc
À l’enfant noir
Tu te fonds
Dans la nuit noire

Toi, dit l’enfant jaune
À l’enfant blanc
Tu te fonds
Dans l’aube blanche

Toi, dit l’enfant rouge
À l’enfant jaune
Tu te fonds
Dans le midi du jour

Toi, dit l’enfant noir
À l’enfant rouge
Tu te fonds
Dans le cuivre du couchant

Mais alors, mais alors
Dirent les quatre enfants
Nous sommes
Les heures vives
De la vie.

Yves Yanec

Cette poésie peut être étudiées en CM1.

En liaison avec la grammaire, on travaillera sur les pronoms : TOI, TU, TE. Nous pourrons prolonger ce travail avec les autres pronoms, MOI / JE / ME ou LUI / IL ou ELLE / SE.

Dans un premier temps, pour comprendre ce poème, on pourra observer la musicalité dans le rythme et les répétitions TOI, TU TE. Puis les images ou métaphores:

rouge cuivre couchant pour parler de la couleur du soleil au crépuscule.

Ensuite, les élèves seraient amenés à produire « A la manière de… » une strophe ou deux à partir d’une liste d’animaux et certaines de leur caractéristique et/ou leur couleur en utilisant les pronoms :

MOI/JE/ME avec aussi : LUI/IL/ELLE/ SE (VOUS-NOUS-NOUS) (ELLES/ILS/LEURS)

Baleine – océan – bleue

Lion – crinière – marron

Cheval – galop – quatre pattes (par opposition à 2 pattes ou à des nageoires, etc…)

Etc…

Exemple de productions :

Moi, dit la baleine bleue,

Au lion marron

Je me fonds dans l’océan

Ou ma peau disparaît.

La cigale et la Fourmi

Une fable plutôt qu’un poème..

LA CIGALE ET LA FOURMI 

La Cigale, ayant chanté
Tout l’été,
Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue.
Pas un seul petit morceau
De mouche ou de vermisseau .
Elle alla crier famine
Chez la Fourmi sa voisine,
La priant de lui prêter
Quelque grain pour subsister
Jusqu’à la saison nouvelle.
Je vous paierai, lui dit-elle,
Avant l’août, foi d’animal,
Intérêt et principal.
La Fourmi n’est pas prêteuse ;
C’est là son moindre défaut.
Que faisiez-vous au temps chaud ?
Dit-elle à cette emprunteuse.
Nuit et jour à tout venant
Je chantais, ne vous déplaise.
Vous chantiez ? j’en suis fort aise :
Et bien ! dansez maintenant.

Jean de La Fontaine

J’ai choisi la cette fable de La Fontaine car c’est la première que j’ai apprise, et elle m’a beaucoup marquée alors que je n’étais qu’en CM2.

Aujourd’hui enseignante en Grande section, c’est une fable que je ne demanderais pas à mes élèves d’apprendre. Elle serait peut-être trop compliquée. Mais je pourrais la leur lire, l’expliquer et nous pourrions en discuter.

Je crois qu’elle est plus adaptée pour un CM1 ou un CM2.

Pour moi, elle reflète assez bien l’altérité car on y distingue bien deux types de caractères différents.

On peut dire que l’aspect social y est abordé, la critique de l’oisiveté, l’éloge de la prévoyance, l’égoïsme, la tolérance, comment accepter la différence chez l’autre?

 

vivre l’altérité en poesie

La ronde autour du monde

Si toutes les filles du monde

Voulaient s’donner la main,

Tout autour de la mer

Elles pourraient faire une ronde.

Si tous les gars du monde

Voulaient bien être marins,

Ils f’raient avec leurs barques

Un joli pont sur l’onde.

Alors on pourrait faire

Une ronde autour du monde

Si tous les gens du monde

Voulaient s’donner la main.

 

Paul Fort

 

J’ai choisi cette poésie lors de la semaine d’hommage à Samuel Paty  pour expliquer aux élèves le vivre ensemble, le sens de la fraternité à l’école, la liberté d’expression, l’acceptation de l’autre, ce qu’il faut  faire pour que chaque jour la fraternité soit présente dans l’école.

Cette activité est en même temps un projet interdisciplinaire de la classe : EMC (vivre ensemble),Education artistique (art et poésie).

 

Bouquet – Marie Dumontet

Regarde
Les fusées sont de toutes les couleurs
Des bleues des ors des rouges
Vite faut en faire un bouquet

Regarde
Les ballons sont de toutes les couleurs
Des roses des verts des orange
Vite faut en faire un bouquet

Regarde
Les enfants sont de toutes les couleurs
Des noirs des marron des blancs des jaunes
Des cuivrés des basanés
Vite faut en faire un bouquet

Claude Haller

J’enseigne dans une classe de moyenne section. Je pourrais leur proposer ce poème parce qu’il est simple et direct. Il est très important à cet âge d’expliquer les règles de respect envers autrui. Mes élèves pourraient facilement comprendre que comme les fusées et les ballons, chaque enfant est aussi de couleurs différentes.  Je finirai l’activité en faisant un bouquet d’enfant ; un câlin collectif pour montrer que l’on s’aime peu importe nos différences.

À mon bel amour : dans un miroir.

Cette performance d’Anne Nguyen intitulée « À mon belle amour : dans un miroir » est une série de huit vidéos dans lesquelles huit danseuses et danseurs nous racontent la vie d’un miroir qui ignore sa nature et cherche à comprendre le sens de son existence.

Les capsules sont organisées chronologiquement et évoquent les étapes de la vie du miroir : l’ignorance, la découverte du monde qui l’entoure, l’apogée, l’accident, la décadence, la dépression, la vieillesse et la découverte de soi-même. Sa vraie nature n’est mentionnée que dans la première et dernière vidéo.

Il existe et vit au travers du regard des gens qui le regarde et observent leur reflet à travers lui. Il ne connaît pas la solitude, se plait tel qu’on le voit. À la fin de sa vie, il n’a plus l’admiration des autres, il est entouré d’objets qui lui inspirent la tranquillité et la sagesse. Ses réflexions sont centrées sur lui-même et s’éteint peu à peu, jusqu’à la découverte de sa propre nature lui permettant de voir l’infini.

Cette performance fait directement référence à l’allégorie de la caverne de Platon, mais surtout, nous amène à réfléchir sur notre propre existence, le regard que l’on porte sur les autres et qu’ils portent sur nous. Le reflet qu’ils nous renvoient, l’acceptation de la différence et la construction de soi-même.