Avant d’entrer en master MEEF, j’ai toujours été intéressé par la question de la diversité à l’école de quelque nature qu’elle soit. Venant moi-même d’une école où la diversité culturelle, religieuse ou même physique était très importante, j’ai vu et entendu certaines choses étant enfant qui aujourd’hui me font considérer que l’apprentissage de la diversité, de la tolérance, de l’acceptation de l’autre et de la découverte d’autres cultures à l’école est chose essentielle pour chaque enfant, pour chaque individu et citoyen en devenir.
Lors de notre première séance d’ERCAPP sur l’altérité je n’avais pas vraiment d’idées de commentaires à apporter sur cette notion. Avec du recul, je pense que ma phrase « Toute échange avec autrui est altérité » semble toujours être valable. Cette première conception que j’ai de la diversité et de l’altérité s’est construite depuis mon enfance, étant une personne très curieuse, j’ai toujours pris plaisir à poser des questions aux autres sur eux-mêmes. Je considère que chaque personne peut apporter quelque chose à une autre, que ce soit des connaissances, des souvenirs, des conceptions, des idées… Échanger avec autrui construit cette notion d’altérité, cela permet de comprendre l’autre, mais aussi de se forger une identité, des opinions, ses propres idées. C’est par l’échange que nous parvenons en tant qu’individu à nous construire, à grandir et évoluer dans notre société. Sur le Framapad, un autre étudiant avait d’ailleurs poster « L’altérité me questionne, questionne mon identité« , comme je l’entend, l’altérité permet donc bien de se comprendre soi même, de s’interroger. Se connaître soi-même est quelque chose d’essentiel dans le bien-être de tout individu, il est donc important à mon sens que chaque enfant puisse être en mesure de développer cette connaissance de soi-même, notamment en découvrant les autres, en essayant de les comprendre et des les accepter dans toutes leurs différences et singularités. Je pense qu’il fait parti du rôle de l’école de permettre à ces enfants de découvrir d’autres choses, d’autres individus, d’autres pensées, pour qu’ils puissent se comprendre eux-mêmes et pour continuer à accepter adulte la diversité qui les entoure. Cette diversité peut se rencontrer partout, et à tout moment. Chaque personne qui en rencontre une autre entre dans cette notion de la diversité. Certains événements peuvent rassembler des êtres divers, qui sont néanmoins unis par une particularité, comme on peut le voir dans les festivals de musique, les conventions, les spectacles de toutes formes… Dans ces événements, tous les individus présents participent de leur diversité et peuvent apporter beaucoup aux autres individus présents. Ces lieux qui rassemblent et divisent sont variés, mais permettent à chacun de se confronter à l’autre, et donc par ce biais, à soi-même. Je pense que l’école et la classe est un lieu comme celui-ci, les élèves qui y sont présents sont tous différents et ont tous quelque chose à apporter à l’autre, que ce soit un autre élève comme un enseignant.
Cette thématique de la diversité et de l’interculturalité me pose beaucoup de questions. Par exemple, quelles sont les façons dont l’enseignant peut apporter cette diversité en classe : comment aborder ce thème de la différence et de l’acceptation de l’autre à l’école ? Comment faire découvrir d’autres cultures aux enfants ? D’autres horizons que le leur, afin d’ouvrir leur esprit sur ce monde varié dans lequel ils évoluent ? Comment leur faire passer les barrières qu’ils peuvent se poser à cause de leurs expériences, de leur éducation, de leur environnement familial et culturel ?
J’ai eu l’occasion lors de mon stage pratique dans l’école maternelle d’Evrecy, dans la classe de Petite-Section, de pratiquer une nouvelle activité avec les élèves. J’ai créer trois séances en anglais avec comme support l’album illustré par Eric Carle, Brown Bear, Brown Bear, What do you see ?, afin de leur faire découvrir l’anglais avec son univers sonore, en m’appuyant essentiellement sur un apprentissage des noms des couleurs, et des associations couleurs en anglais/couleurs en français. Cette activité m’a été proposé par l’enseignante, je voulais à l’origine travailler sur un conte étranger, comme nous l’avions vu lors de notre précédente séance d’ERCAPP, avec le conte russe la devinette du roi et le conte vietnamien La montagne aux trois questions. Je voulais à l’origine travailler sur le conte russe Michka, édité aux albums du Père Castor, mais l’enseignante pensait que les élèves n’arriveraient pas à faire les inférences nécessaires afin de comprendre les éléments de la culture russe. A partir de cet album en anglais, j’ai néanmoins pu faire découvrir aux enfants la diversité qui existait dans le monde, beaucoup d’entre eux ne savaient pas qu’il existait d’autres langues que le français. En analysant mes séances avec le travail de Christian PUREN et son article « La compétence culturelle et ses composantes »1, je remarque que j’ai travaillé avec les élèves sur leurs compétences culturelles. Nous avons d’abord travailler la compétence transculturelle, en leur faisant comprendre qu’il existait également des mots pour désigner une même chose dans deux langues différentes, ici les couleurs, mais aussi sur leur compétence méta-culturelle, ils ont construit par le biais de ces séances des connaissances sur une autre culture que la leur. En travaillant en petit groupe, en s’aidant lorsqu’ils avaient des difficultés pour comprendre à quel terme anglais correspondait quelle couleur en français, ils ont travaillé sur la compétence co-culturelle. Rien qu’en travaillant sur une nouvelle langue, les enfants ont commencé à développer des compétences culturelles qui leur seront essentielles dans leur développement individuel et leur regard sur le monde qui les entoure. Ces enjeux recouvrent aussi l’idée d’une décentration de soi, comme Laplantine dans son Anthropologie l’explique, il est nécessaire à chacun, afin de comprendre une autre société, de se décentrer, de comprendre qu’il existe autre chose que soi, que sa culture, ce qui permet de mieux comprendre sa propre société. En découvrant l’anglais, les enfants ont pu percevoir un monde plus grand qu’ils ne l’imaginaient, et surtout plus divers. L’apprentissage d’une nouvelle langue fait partie des activités que l’enseignant peut mettre en place afin de développer cette décentration de soi, pour mieux appréhender la diversité qui entoure chacun et l’amener progressivement à accepter toutes ces différences. Cette première approche du monde de l’enseignement m’a permis de comprendre les enjeux de la compréhension de la diversité, et l’importance de la transculturalité au sein d’une classe. Ceci me conforte dans mon idée de passer le CAPA-SH à l’issue de ma formation professionnelle car je considère que le handicap s’il est une forme de diversité, ne doit pas être un obstacle pour l’éducation des élèves concernés, ni même pour leur développement individuel en tant qu’individu faisant parti de la société. Chaque enfant doit obtenir les mêmes chances face à l’éducation, et je trouve essentiel que l’enseignant se positionne afin de pouvoir apporter tout ce qu’il peut aux enfants, en prenant lui aussi en compte de la diversité de ses élèves et donc adapter ses enseignements à chacun afin que nul ne soit oublié.
1Article publié pp. 6-15 en « Préambule » du Hors-série de la revue Savoirs et Formations n° 3 (« Parcours de formation, d’intégration et d’insertion : La place de la compétence culturelle »). Montreuil : Fédération AEFTI, 2013, 92 p.