Plurilinguisme à l’école?

En Amérique du Nord précisément aux Etats Unis, une population de plus en plus nombreuse reconnait les bienfaits de l’apprentissage d’une seconde voire une troisième langue dès le plus jeune âge.

A l’Ecole Bilingue de la Nouvelle Orléans, école privée d’immersion française, nous accueillons des élèves de la Toute Petite Section à la Quatrième. Les trois premières années de la scolarisation se font en immersion totale en français. L’anglais est introduit à partir de la Grande Section et progressivement s’ajoutent d’autres matières comme American Maths et Social Studies.

La grande majorité des familles de notre école est issue de culture anglophone ne parlant pas le français. Mais on y retrouve aussi d’autres cultures: francophone, hispanique, asiatique, indienne…

Dans ma classe de Toute Petite Section, ils sont tous américains et parlent l’anglais. L’un deux parle aussi le turc. Le français est la langue de scolarisation. L’anglais, langue maternelle est utilisée en famille et entre amis.

Ces familles qui viennent à l’Ecole Bilingue recherchent pour leurs enfants une éducation de qualité et une diversité linguistique et culturelle. Certaines le font par amour pour la langue et la culture française, d’autres pour transmettre des traditions et des valeurs familiales, et dans le cas particulier des acadiens pour renouer avec leurs origines.

Les motivations pour apprendre une autre langue sont certes différentes mais il est incontestable que le plurilinguisme est d’une richesse et d’une valeur indéniables dans le Monde d’aujourd’hui.

Le plurilinguisme

A Dallas International School et en Amérique du Nord, le public est majoritairement Américain donc anglophone. Je retrouve cette répartition dans ma classe.

Le français n’est pas parlé à la maison et presque inexistant en dehors de l’école.

Les enseignants en charge du programme français doivent tenir compte de cette contrainte afin d ‘assurer l’apprentissage des compétences langagières.

L’école étant la seule possibilité d’immersion pour nos élèves, la dimension FLE est omniprésente dans tous les enseignements en français quelque soit les disciplines.

Les enseignants bénéficient de multiples formations afin d’intégrer ces spécificités.

Un dispositif lourd d’aide à l’intégration des élèves non francophones (FAST) est également proposé en classes de GS et de CP (classe qui représente la dernière possibilité d’intégrer notre école).

Toutes les activités permettant l’usage du français en dehors de la classe sont également encouragées (théâtre, art…)

Le bilinguisme à DIS repose sur un enseignement du français et de l’anglais qui sont considérés sur le même plan, il n’existe pas de langue 1 et de langue 2.

Les 2 langues ont le même statut quelque soit le profil linguistique de l’élève.

La stratégie d’acquisition d’une nouvelle langue et d’une nouvelle culture s’appuie sur la langue et la culture maternelles de l’enfant, qui représentent les fondations sur lesquelles viendront se construire le plurilinguisme et le multiculturalisme.

Pour les élèves hispanophones, l’espagnol est introduit dès la 1ere année de l’école  maternelle.

Cette approche nécessite un travail de concertation constant entre les collègues enseignant dans les différentes langues.

Des réunions hebdomadaires sont obligatoires.

Du co-enseignement (co-teaching) est également mis en place sur tous les niveaux ce qui signifie la présence simultanée de  l’enseignant de français et de l’enseignant d’anglais avec les élèves.

Le taux de  réussite de tous nos élèves ayant bénéficié de notre enseignement sur l’ensemble du cursus est maximal, quel que soit leur profil linguistique maternel.

Ceci s’explique par de nombreux facteurs et notamment :

– un faible effectif par classe;

– de nombreux personnels spécialisés au service des élèves et des enseignants (psychologue, FLE, ALS, coordinateur pédagogique… );

– un personnel qualifié et impliqué;

– une catégorie socio-professionnelle des familles très élevée;

– une importante aide fournie par les familles en dehors de la classe;

– un programme d’enseignement performant;

– une approche positive de l’enfant qui repose sur ses capacités et ses réussites.

Les seuls enfants qui ne parviennent pas à atteindre la réussite sont ceux qui présentent d’importantes difficultés cognitives au regard des exigences des curricula.

DIS propose un contexte scolaire où sont reconnues et valorisées les ressources linguistiques et culturelles des élèves plurilingues.

Ce contexte encourage nos élèves à partager leurs connaissances et à adopter une image positive de leur identité plurilingue.

 

C’est pour cela que, pour moi, les élèves plurilingues scolarisés à Dallas International School ne sont pas des élèves fragiles, bien au contraire, puisque le plurilinguisme loin d’être un handicap représente une force pour eux.

Le plurilinguisme à l’école?

 

Au Texas, à l’Ecole Internationale de Dallas, le public est majoritairement américain et constitue 80% des élèves. Il y a 15% de français et 5% d’autres nationalités: Mexicains, Russes, Vénézuéliens, Bulgares, Belges et autres. Ce qui motive les familles c’est le programme unique de notre école, la diversité de son public et donc sa richesse linguistique et culturelle.

En Maternelle, nos élèves ont 50% de Français, 40% d’Anglais et 10% d’Espagnol par semaine. Chaque année, notre école vote pour un pays pour célébrer une nouvelle culture et exposer nos élèves à “l’autre”. L’année dernière nous avons célébré le Japon et cette année, en raison du 25ème anniversaire de notre école, nous allons célébrer “le monde”.

Il y a plus de 50 nationalités représentées dans notre école. De ce fait, nous pouvons dire que le plurilinguisme  y est très valorisé et y est bien intégré. Même dans le corps professoral, nous avons des enseignants venant des quatre coins du monde.

En Toute Petite Section, nous avons deux groupes de onze élèves parmi lesquels cinq sont d’origine hispanique, un d’origine arabe et quatre Français. Ces élèves bénéficient de trois jours de français et de deux jours d’anglais. Une demi-journée d’espagnol est offerte aux élèves hispaniques.  Ces deux groupes (anglais et français) travaillent sur le même programme et exploitent les mêmes albums ; même  l’affichage est bilingue. L’école valorise donc le bilinguisme voire le plurilinguisme. Les enfants de TPS sont encore trop jeunes et ne maîtrisent pas encore leur langue maternelle. Cependant, ils savent faire la différence entre les deux langues. Par exemple, lorsqu’ un enfant s’adresse à l’enseignante de Français, il utilise déjà la langue de référence. Par exemple « bonjour » au lieu de « hello ».

En Moyenne Section, il y a un Français, un Francophone d’origine congolaise, 8 Américains, une Indienne, un Ethiopien et 4 élèves d’origine hispanique. De ce fait, les enfants ne communiquent entre eux qu’en anglais mais la bonne chose c’est que lorsqu’ ils s’adressent à la maîtresse de Français, ils font des efforts pour communiquer en Français.

En Grande Section, Les enfants sont exposés à différentes langues  notamment l’anglais ( 2 jours), le Français ( 2 jours et plus selon les groupes) et une demi-journée d’Espagnol par semaine. La majorité des élèves est issue de familles anglophones et monolingues. Un petit nombre d’entre eux est bilingue en anglais – espagnol, en russe, en bulgare ou en  Français (leur langue maternelle). La majorité de ces enfants, uniquement anglophones, ont la compréhension du Français étant donné qu’ils sont scolarisés dans notre école depuis la PS sinon la MS. Il y a seulement 4 élèves francophones et monolingues sur les deux groupes de 17. Une particularité : un élève trilingue dont la langue maternelle est le Bulgare mais pour qui le  Français est uniquement une  langue  de scolarisation. L’Anglais, est pour lui aussi une langue de scolarisation et de jeu. Beaucoup de ces élèves apprennent aussi une autre langue, après le temps scolaire ; le Chinois et l’Arabe qui sont choisis par les parents pour des raisons personnelles ou stratégiques.

La diversité  linguistique et culturelle dans la classe est un facteur qui est tenu en compte. Nous faisons de notre mieux pour que les élèves  prennent conscience de l’importance d’être dans un milieu plurilingue et  d’apprendre une autre langue ou plusieurs. Nous les ouvrons  au monde extérieur pour qu’ils sachent qu’il y a d’autres cultures et d’autres langues que la leur. Afin que chacun trouve son identité dans cette diversification culturelle,  nous voyageons à travers différents albums, différentes expériences que chacun raconte selon son vécu. Chaque année nous préparons un festival qui est en relation avec un pays différent. Pour les GS, ce sera la Chine. Nous parcourons  ce pays avec notre invité : le panda. Nous essayons de faciliter un parcours langagier entre la famille et l’élève à l’école à l’aide de cette mascotte-panda.  Dans l’objectif d’entrer au cœur des apprentissages, il y a des dispositifs de différenciation mis en œuvre  afin de prendre en compte les différents niveaux langagiers de chaque élève.

L’Ecole Internationale de Dallas a aussi un programme de FLE destiné aux élèves non-francophones à partir de la Maternelle Grande Section. En Maternelle, ces élèves sont en général retirés de leurs classes par petits groupes (de 5 à 8 élèves) à raison d’une vingtaine d’heures par semaine. L’accent est mis sur l’apprentissage de l’oral bien sûr puisqu’il s’agit avant tout de faciliter l’intégration et la socialisation de ces élèves. De temps à autre ces élèves restent travailler dans le groupe classe avec leurs camarades et en la présence de l’enseignante de FLE. Ils participent avec leurs camarades aux projets et activités proposés par l’enseignante de la classe. En Maternelle, ce programme dure toute l’année scolaire tandis qu’en primaire, les élèves ont la possibilité de réintégrer le groupe classe une fois qu’ils ont atteint les objectifs du programme. Cependant, ils ont toujours la possibilité d’avoir du soutien s’ils en ont besoin. Il est important de noter que les enfants qui parlent une autre langue à la maison,  (Russe, Espagnol, Grec, …) apprennent le Français plus facilement. Les parents monolingues sont de plus en plus conscients de l’importance d’apprendre une autre langue outre sa langue maternelle non pas seulement parce que ça fait « chic » mais parce qu’ils ont pris conscience de la richesse que représente le plurilinguisme non seulement d’un point de vue linguistique mais aussi d’un point de vue culturel. Comprendre l’autre c’est aussi comprendre sa culture, apprendre et accepter les différences et à l’Ecole Internationale de Dallas ; on célèbre la diversité.

Texte écrit par les enseignantes de Dallas : A.Belachew, F.Nyongera, M.Mibrathu, S.Derozier

Le plurilinguisme à l’école?

C’est d’abord une ouverture d’esprit car celui qui est dans un environnement culturel riche par ses langues ou ses nombreuses et différentes origines perçoit le monde de manière multiforme. Moi même parlant trois langues, j’ai l’impression de changer de vêtement quand je change de langue, je change aussi une manière de penser, d’agir et de réagir. Je change d’identité. Le plurilinguisme à l’école ne peut être que bénéfique. Ces années d’enseignement à l’étranger m’ont permis de voir à quel point des enfants parlant plusieurs langues ou/et qui sont confrontés à différentes cultures sont ouverts à toutes nouveautés. Ils ont une capacité d’adaptation étonnante, ils ne jugent pas au premier abord. Ils cherchent à comprendre et à s’approprier la différence en cherchant un point commun avec l’autre. Et s’il n’y a pas de point commun, alors, ils sont en alerte, les cinq sens en éveil, comme des antennes réceptives, avec cette soif d’apprendre pour comprendre. Ils feront forcément des liens avec leur propre histoire et c’est alors le début d’un apprentissage, l’apprentissage de ce qu’est l’autre. L’enfant ne peut en sortir que grandi.

Le plurilinguisme

 

J’enseigne à l’école franco-américaine du Puget Sound à Seattle en tant qu’enseignante de Français Langue de Scolarité depuis 3 ans.

Notre mission est de former nos élèves à exceller académiquement et à s’épanouir dans un environnement multiculturel français, américain et international.

J’enseigne les élèves de la Grande section et de CP qui ne parlent pas français.

Je travaille avec des petits groupes d’élèves (maximum 6) que je sors des classes sur des créneaux d’une heure par jour.

La majorité des élèves qui sont à l’école sont issues de familles aisées et la majorité des parents ne parlent pas français.

Certains des élèves avec lesquels je travaille sont bilingues, voir trilingues. J’ai l’exemple d’une élève qui parle anglais, espagnol et qui a commencé le français l’année dernière en grande section. A la maison, elle parle espagnol avec ses parents. Aujourd’hui, elle est parfaitement trilingue et n’a plus besoin de travailler avec moi puisqu’elle comprend et parle français. J’ai ainsi 3 autres élèves qui sont dans la même situation.

Cependant, j’ai également des élèves qui sont à l’école depuis la petite section et qui sont aujourd’hui en grande section qui n’arrivent toujours pas à parler français.

Mon constat pour ces élèves est qu’ils ne comprennent pas vraiment pourquoi ils doivent apprendre le français. Je pense qu’ils n’ont pas été intègre dans le « projet » des parents de les mettre dans une école française. J’incite souvent les parler à leur partager la raison du choix du français. L’école est donc le seul lieu où ils parlent français.

J’ai l’exemple d’une élève qui n’arrivait pas à accrocher au français, elle ne parlait pas après 2 ans a l’école. J’avais alors proposé aux parents s’ils avaient la possibilité de visiter un pays francophone, ce serait peut-être déclencheur. Effectivement, l’opportunité s’est présentée à eu et ils sont allés 2 semaines en France. A son retour, je l’ai sorti de ma classe au bout d’un mois puisqu’elle commença enfin à parler français !

Certains élèves qui sont en difficulté d’apprentissage le sont aussi bien en français qu’en anglais qui est leur langue maternelle. Il m’est déjà arrivée de recommander à certains parents de sortir leurs enfants du système au double curriculum qui semblait trop difficile pour eux et qu’ils aient l’opportunité de se consacrer uniquement à un seul curriculum.

Voilà quelques pistes de discussion sur le plurilinguisme….

plurilinguisme

Quand une famille inscrit son enfant dans une école internationale aux Etats-Unis, c’est d’abord qu’elle recherche une école privée, avec un enseignement de qualité, une exposition au plurilinguisme et une éducation interculturelle.

En effet dans notre établissement de San Diego il y a approximativement 40 nationalités. Tout est mis en place pour qu’un élève monolingue, bilingue, trilingue réussisse sa scolarité, même si notre programme ne correspond pas à tous les apprenants.

Dans ma classe de CE1 les élèves sont pour la plupart bilingues soit parce que deux langues sont parlées à la maison soit parce qu’ils sont dans notre école depuis plusieurs années. Les élèves américains et français se sont construits une confiance langagière. On peut parler d’un bilinguisme simultané car l’acquisition des deux langues (le français et l’anglais) s’est faite en même temps. C’est comme si l’élève s’était construit une langue 2, la didactique de la langue maternelle plus la langue de scolarisation lui a donné une sécurité linguistique. C’est construire une langue 2 à partir d’une langue déjà parlée. (Hébrard)

Avec ma collègue d’anglais nous essayons de mettre en place des ateliers dans les deux langues et de créer des ponts interculturels (exercices de mathématiques, lecture d’albums dans les deux langues, présentations et exposés bilingues.) Cela peut aider les élèves à identifier certaines similitudes dans l’organisation de la langue en grammaire par exemple et aussi en numération, en calcul, en résolution de problèmes.

En alternant les deux langues, les élèves se sentent ainsi valorisés dans leur langue maternelle, il y a une complémentarité. Les langues sont à la fois objet et vecteur d’apprentissage.

Le plurilinguisme à l’école

L’école Franco-Américaine du Rhodes Island, l’état le plus petit d’Amérique en superficie mais tellement riche en cultures et langues. Notre école offre une éducation en langue française de la petite section à la 4ème avec 5 heures par semaine d’anglais en maternelle et 7 heures environ en élémentaire et au collège 50% de français de même d’anglais. La langue espagnole est introduite à partir de la 6ème.

Les parents choisissent notre école pour de différentes raisons: les monolingues américains qui ne parlent et n’écrivent que l’anglais car ils n’ont été introduit à une langue étrangère que brièvement au lycée (français ou espagnol) dont ils n’ont presque pas de mémoire, qui disent clairement qu’il est impossible de laisser passer cette opportunité pour leur enfant  d’apprendre une autre langue à un si jeune age. Certains, par amour envers la langue, d’autres pour donner à leurs enfants une richesse linguistique et une ouverture d’esprit et former un citoyen du monde où  les barrières des langues et des stéréotypes  n’existent plus. Une autre catégorie de parents est celle qui parle déjà une langue en plus de l’anglais, qui veut nourrir  d’avantage cette richesse linguistique. Une  fois le choix de ces parents est fait, ils sont très investis dans l’éducation linguistique de leur enfant.

on voit l’enthousiasme de ces parents dès leur première visite à notre école pendant les journées porte-ouverte ou ils me demandent « quand est-ce que mon enfant commencera à parler en français » et ensuite je revois un autre degré d’enthousiasme quand, effectivement, leur enfant commence à introduire un petit mot en français dans ses conversations à la maison, ou un autre (dont l’enfant ne dit aucun mot en français chez lui après des mois d’école) qui écoute ma conversation avec l’ enfant (en cachette) et l’entend pour la première fois parler cette autre langue.

Cette année, dans ma classe de  petite et moyenne section, j’ai une élève d’un père mexicain et une mère française, elle parle en français avec sa mère, en espagnol avec son père et anglais avec ses camarades, car c’est la langue du jeu, mais avec sa copine qui parle français cette petite parle en français ainsi qu’avec sa maîtresse. Un autre élève parle russe avec son père et anglais avec sa mère, un autre qui est issu d’une famille américaine mais sa nourrisse est française, une autre qui parle allemand avec sa mère et anglais avec son père…et ce phénomène est très commun dans notre école.

Vers la fin de la quatrième, nos élèves deviennent trilingues (et même plus) ils font des études ouvrages littéraires en français et en anglais et sont capables de s’exprimer en espagnol et créent une pièce de théâtre en espagnol et l’interprètent devant toute l’école ainsi que leurs parents, et qui passent deux semaines en Espagne avec leurs camarades espagnols.

En conclusion, le plurilinguisme est très présent et valorisé dans notre école et communauté.

Plurilinguisme à l’école

Parler plusieurs langues, c’est s’entrouvrir les portes d’autres cultures, d’autres manières de vivre, de sentir, d’agir et de penser. Ainsi, pour l’élève en tant qu’adulte en devenir, le bilinguisme ou le plurilinguisme offre des atouts indéniables : ouverture à la diversité culturelle, ouverture d’esprit, capacité d’adaptation dans un monde en mouvance perpétuelle… Dans ma classe de CE2, tous les élèves sont bilingues, certains sont trilingues. Pour la majorité, l’anglais est la langue maternelle, la langue parlée à la maison et dans leur environnement proche. Le français est la langue enseignée et parlée à l’école. En tant qu’enseignante, je pense qu’il est important de valoriser cette richesse langagière. Afin que l’enseignement du français et de l’anglais soit porteur de sens, il est important que les enseignants de la classe créent des liens entre les deux langues. C’est pourquoi, mon collègue américain et moi-même veillons à développer tout au long de l’année scolaire de nombreux projets de coordination (lecture d’une œuvre de littérature dans les deux langues, projets d’écriture, sorties pédagogiques, etc.) qui favorisent des ponts entre les deux langues et donnent ainsi du sens aux apprentissages des élèves.

Le plurilinguisme en Amérique du Nord

En Amérique du Nord et plus particulièrement au Canada, il y a une richesse linguistique et culturelle impressionnante dans la société canadienne et ceci bien sûr se traduit dans notre école qui n’est rien d’autre que le reflet de la société, Notre école est une école internationale qui bénéficie d’une richesse cuturelle et linguistique démésurée. Si je peux me permettre de dire, nous avons le monde chez nous tant par la diversité culturelle des enseignants que des parents et des élèves. Cette richesse, nous la célébrons à travers diverses fêtes ( la danse du Lion / chinois,   la célébration de Terry Fox/ canadien , Diwali/ indien, un dîner international communautaire ), nous la vivons à travers des excursions scolaires, des lectures de livres, des chansons, des poésies à travers nos thèmes transcdisciplinaires, des présentations de la part des parents bénévoles, des invites spéciaux.

Après cette presentation générale, je peux parler précisément de ma classe de CE2. Elle est composée de 18 élèves qui sont majoritairement plurilingues: un minimum maîtrise deux langues et un maximum maîtrise jusqu’à quatre langues : français/ anglais/ arabe/ chinois/ indien / russe/ espagnol/igbo / arménien. Les difficultés que les enfants présentent ne sont pas liés à l’altérité culturelle ou linguistique, elle est dû à d’autres facteurs: problème de concentration, d’attention , de motricité qui sont bien sûr un handicap au déploiement linguistique.

Les jeunes qui apprennent deux langues sont peut-être plus lents que les autres à maîtriser leur vocabulaire, mais des chercheurs canadiens affirment que leur bilinguisme leur procure un avantage marqué, c’est-à-dire des habiletés cognitives supérieures comparativement aux jeunes unilingues. Les chercheuses Raluca Barac et Ellen Bialystok, de l’Université York de Toronto, ont effectué cette étude auprès de 104 enfants de 6 ans afin de mesurer leur développement cérébral. Les résultats des travaux montrent aussi que les jeunes qui apprennent deux langues, quelles qu’elles soient, saisissent mieux la structure d’une langue, une habileté importante dans le degré d’alphabétisation.

Source : http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/science/2012/02/09/001-blinguisme-enfants-cerveau.shtml

Au Canada, les études sur le bilinguisme et le plurilinguismes sont très à la mode à cause de la structure des écoles ( francophones, Anglophones et d’immersion)

Dans son laboratoire de l’École d’orthophonie et d’audiologie de la Faculté de Médecine de l’Université de Montréal, Pheadra Royle étudie, entre autres, l’impact du bilinguisme chez les enfants qui entrent à l’école primaire. On a longtemps cru qu’être bilingue à cet âge pouvait nuire au bon apprentissage de la langue apprise à l’école.Ce n’est pas le cas. « On observe que les enfants [bilingues] sont aussi bons que les enfants unilingues et ont même certains avantages », affirme Pheadra Royle à la lumière de ses études. Son équipe a découvert que les enfants bilingues maîtrisent un peu mieux que les unilingues la conjugaison des verbes irréguliers, comme lire et perdre par exemple.Le seul bémol, c’est qu’à cet âge l’enfant voit son vocabulaire réduit dans chacune des deux langues, mais au total ce vocabulaire sera plus riche que celui d’un enfant unilingue.De plus en plus de recherches scientifiques démontrent que le bilinguisme confère des avantages cognitifs chez l’enfant, qu’il peut s’apprendre avec un haut degré de compétence tout au long de la vie et qu’il offre un effet neuroprotecteur jusqu’en fin de vie. État des connaissances.Partout dans le monde, des psychologues, des linguistes et des spécialistes de l’imagerie cérébrale découvrent les avantages de parler deux langues et scrutent les transformations que cette pratique opère sur ce que l’on appelle maintenant le « cerveau bilingue ».Le bilinguisme est pratiqué par 60 % de la population mondiale. Au Canada, c’est 35 %. En fait, la normalité humaine, c’est d’être plurilingue. C’est de parler deux langues, trois langues, quatre langues.Pheadra Royle, linguiste à l’Université de Montréal

De Dyana Hassoun

 

Plurilinguisme à l’école

J’enseigne à Seattle, aux États-Unis, dans une école privée d’immersion du français. C’est une toute nouvelle école, fondée en 2012, qui recherche encore son identité et ses valeurs, dans le sens ou elle ne s’est pas encore positionnée au niveau de l’enseignement entre les méthodes françaises et américaines et les valeurs qui se rattachent aux deux cultures. L’instruction se fait majoritairement en français (80% du temps) et le reste du temps en anglais (20%). Malgré cela, les élèves interagissent entre eux naturellement en anglais pour la grande majorité.

Pour ma part, j’enseigne dans une classe de CP et mon groupe d’élèves est assez hétérogène. J’ai deux élèves monolingues français (qui parlent le français à la maison), trois élèves monolingues anglophones (qui parlent l’anglais à la maison), sept élèves bilingues (qui parlent soit le français et l’anglais à la maison ou l’anglais et une autre langue telle que l’allemand, le dutch ou le lithuanien) et, finalement, une élève trilingue qui parle le russe, le turque et l’anglais à la maison. Quand je compare avec le profil des autres élèves dans les autres classes de mon école, je constate que plusieurs langues différentes sont parlées à la maison et que nous avons donc des élèves qui ont des origines très diverses et différentes que strictement françaises ou américaines. Cela s’explique entre autres parce qu’il y a énormément d’immigration à Seattle et donc de gens qui viennent s’y établir pour le travail. Dans notre école, les valeurs de multiculturalité et de plurilinguisme sont mises de l’avant et nous organisons plusieurs événements pour célébrer les différentes cultures et les différentes langues parlées par nos élèves et leur famille. Je pense que le plurilinguisme est donc très valorisé et assez bien intégré dans notre école.