Ma thématique de recherche et mon choix méthodologique.

Pour cette année de master 2 et ce mémoire, je compte poursuivre mes recherches
sur les élèves allophones et leur manière d’entrée dans la langue orale française. Je vais
donc continuer mon écrit de master 1 en essayant de proposer un outil pratique dans une
activité artistique, utilisable en classe, pour favoriser la rencontre entre différentes cultures.
Dans l’article « De la culture à l’interculturel – Panorama des méthodologies » de Luc
Collès, la méthodologie du « détour par l’analyse des heurts de la rencontre » me semble la
plus pertinente pour mon sujet. En effet, pour les élèves allophones, ce choc des cultures est
présent et peut se transcrire par des situations d’angoisse pour l’élève mais aussi pour la
famille. Il est donc important d’être sensibilisé à cet accueil. Les cultures peuvent être
radicalement différentes, Luc Collès parle d’une « dissonance cognitive ». D’après cet article
il faut utiliser cette dissonance pour en faire ressortir le meilleur. Il est donc essentiel de
prendre en compte la culture de l’autre, sa langue permettant ainsi de redonner de la
confiance et de l’estime à des élèves, qui peuvent être parfois, totalement perdus.
C’est donc par cette méthodologie que je souhaite axer ma recherche. Après une
étude approfondie du sujet l’année dernière, il apparaît que les activités interculturelles
peuvent vraiment permettre une entrée, des élèves allophones, dans la langue orale
française. J’aimerais donc mettre en place une séquence multiculturelle et pluridisciplinaire
(permettant de prendre en compte la culture de l’élève ou des élèves allophones présents
dans cette classe) dans le domaine artistique (Education musicale, Arts plastiques, EPS).
Je pense, que la meilleure solution pour éviter le rejet d’une culture, c’est de mieux la
connaitre. C’est pour cela que j’ai décidé de travailler sur cet outil multiculturel. Il va
permettre d’une part aux allophones de mieux s’intégrer et de ne pas reléguer leur culture
personnelle au cadre familial et d’autre part de les faire entrer dans une nouvelle culture
progressivement. L’intérêt est aussi d’essayer de faire changer les mentalités et d’amoindrir
cette idée récurrente de hiérarchisation des cultures. Cette ouverture culturelle, pour les
autres élèves, ne peut être que bénéfique.
Ma problématique de mémoire sera donc :
« Comment, à travers les activités artistiques interculturelles, développe-t-on
l’entrée dans la langue orale française de communication chez les enfants allophones ? »

Juliette et Anaïs : choix commun de 2 citations

Citation 1 : « Et pourtant, il semble que la diversité des cultures soit rarement apparue aux hommes pour ce qu’elle est : un phénomène naturel, résultant des rapports directs ou indirects entre les sociétés »

 

D’un point de vue général, la diversité est présente. Chaque individu à ses propres particularités. Notre vécu, nos expériences, nos choix nous construisent et forment nos différences. cela nous amène à être unique. Notre vécu est déterminé en partie en fonction de notre mode de vie, des codes culturels que l’on aura intégré qui dépendent aussi de notre lieu d’habitation. Toutes ces variabilités conduisent l’individu à se construire en tant que tel, en tant qu’individu à part entière, ce qui le rendra différent des autres. La diversité présente naturellement et elle nous permet de nous allier, de nous compléter. La diversité des cultures est due aux interactions entre les différentes sociétés, par le biais d’un point de vue ethnocentrique nous nous comparons et nous mettons en avant les différences. La diversité des cultures permet une mixité sociale qui nous amène à sortir de ce point de vue ethnocentrique, à nous ouvrir sur la vision et les pratiques des autres.

 

 

Citation 2 : «  Le barbare, c’est d’abord l’homme qui croit à la barbarie »

 

J’ai choisi cette citation car, selon moi, elle résume correctement le principe d’ethnocentrisme. D’un point de vue étymologique, le mot « barbare » représente en lui-même le principe de division, de différence. En effet, ce dernier était utilisé par les Grecs afin de définir les individus n’appartenant pas à leur civilisation. C’est un terme qui sépare et qui exprime la différence en fonction d’une seule vision. L’utilisation de ce mot renvoie à comparer l’autre en fonction de nos propres caractéristiques.  En outre, résumer l’autre à sa différence c’est aussi remarquer sa propre différence. Le mot barbare en soit n’existe pas si l’on se focalise sur nos ressemblances.

ma citation de Levi Strauss

« Le barbare, c’est d’abord l’homme qui croit à la barbarie »

 

 

Dans nos opinions du XXIème siècle, et ce depuis toujours, le barbare serait un sauvage proche de l’animal qui serait capable de commettre des actes cruels, monstrueux. Le barbare serait dépourvu de toute civilité commune à l’homme et ne parlerait pas le même langage que nous. Aussi bien qu’on peut considéré que le barbare n’appartiendrait à aucune culture, aucune civilisation.

 

Cependant est-il possible qu’un humain quel qui soit n’appartiennent à aucune culture ?

Je ne pense pas. En effet tout homme né dans une culture et par conséquent possède une culture.

Le propre de l’homme est de grandir dans un milieu et de se développer au sein de celui-ci. Tout ce qui différencie l’homme de l’animal pourrait entrer dans ce qu’est la culture : le langage, la manière de se tenir…. L’homme apprend tout au long de sa vie à se comporter comme tel. Le barbare est donc un homme qui appartient tout de même à une civilisation, une culture. Le barbare, l’homme en général possède plusieurs caractéristiques intellectuelles dont le jugement. En ce sens pour moi la signification de cette citattion est assez simple : le barbare correspondrait à l’homme qui se permet de juger, discriminer, isoler, persécuter, tuer un autre homme par rapport à une quelconque différence culturel (l’exemple de l’extermination des juifs durant la seconde guerre mondiale est ici pertinent). Aucun peuple n’est supérieur à un autre, aucune communauté n’est supérieur à une autre. Nous sommes tous égaux, nous sommes tous nés hommes.

En d’autres mots : l’inhumanité persiste qu’au sein de l’humanité.

Ma citation commentée de Lévi Strauss

Lors de ma lecture, c’est la phrase « Là même ou [la notion d’Humanité] semble avoir atteint son plus haut développement, il n’est nullement certain — l’histoire récente le prouve— qu’elle soit établie à l’abri des équivoques ou des régressions » qui m’a le plus marquée. Dans le contexte international actuel, cette phrase comme une mise en garde ne pourrait pas sonner plus vraie. Elle nous rappelle la fragilité de notions fondamentales que nous prenons trop souvent pour acquises, ce qui est tout aussi valable dans le domaine de l’éducation qui porte ces grandes valeurs profondément humaines. En effet en tant que citoyen du monde, il est de notre devoir d’accepter l’autre tel qu’il est, dans son individualité et notamment dans la culture qui influence celle-ci. Le risque qui, selon moi, est mis en évidence est de penser que l’évolution sociale et culturelle, en atteignant une sorte de paroxysme fantasmé, est devenu immuable. Or, les notions de tolérance, d’acceptation et d’égalité reste fragiles face aux discordances humaines.

Ma citation commentée de Lévi Strauss

« En refusant l’humanité à ceux qui paraissent comme les plus « sauvages » ou « barbares » de ses représentants, on ne fait que leur emprunter une de leurs attitudes typiques. »

Cette citation reflète l’interculturalité pour moi car elle souligne combien il est important d’apprendre à connaitre l’individu dans son ensemble et non de s’arrêter à un de ses traits de caractère. De plus, en rejetant l’autre et sa culture nous nous replions sur nous-même et passons nous-même pour des « ignorants » et des « sauvages ».

Ma citation commentée de Lévi Strauss

Concernant le texte « Race et histoire » de Levi-Strauss, la citation qui a retenue mon attention est la suivante : « En refusant l’humanité à ceux qui apparaissent comme les plus « sauvages » on « barbares » de ses représentants, on ne fait que leur emprunter une de leurs attitudes typiques. Le barbare, c’est ‘abord l’homme qui croit à la barbarie. »

Je suis d’accord avec l’auteur : le fait de penser et désigner les autres et leur culture comme sauvage ou primitive, c’est porter un jugement négatif. Or, la plupart du temps, ce genre de jugement est porté sans connaissance de la culture elle même, et c’est la différence, et l’ignorance de l’autre qui pousse à mettre des frontières invisibles entre nous. Pourtant, il est primordial de savoir s’ouvrir aux autres, ne serai-ce que pour avoir un avis personnel, mais en connaissance du contexte de vie des autres. Sans cela, on s’enferme dans son ignorance, en devenant nous même des « sauvages », et à favoriser cet ethnocentrisme qui caractérise la plupart des cultures. L’ouverture au monde, c’est le développement personnel, et l’apprentissage de connaissances multiples.

Ma citation commentée de Lévi Strauss

J’ai choisi de commenter l’extrait suivant : « L’humanité cesse aux frontières de la tribu »

Pour une communauté, la seule culture légitime est celle partagée par les membres de sa « tribu ». Hostile face aux différences culturelles, sociales, religieuses et morales, elle prive l’étranger du statut d’Homme, de son appartenance à l’humanité. Or l’humanité ce n’est pas une culture mais un métissage culturel qui façonne l’humanité.

Ma thématique et mon entrée d’après les méthodologies de Luc Collès

En forte relation avec le troisième grand domaine du socle commun « La formation de la personne et du citoyen », le développement des compétences interculturelles à l’école est incontournable. J’ai choisi de m’intéresser à l’un des moyens de développement de ces compétences, renforçant également les domaines 1 « les langages pour penser et pour communiquer » et 5 « les représentations du monde et de l’activité humaine » : la participation entre deux classes à un échange de courriers (lettres, mail…). Il s’agit directement de la confrontation interculturelle de classe en contexte altéritaire.

Cette échange, bien qu’il puisse prendre différentes formes, répond à plusieurs contraintes pour corrspondre à mon étude. Premièrement, il doit d’abord y avoir un ancrage culturel différent : les deux classes se trouvent dans un pays différents, en France mais dans un milieu différent : urbain/rural, littoral/montagne, milieu favorisé/défavorisé… En effet, c’est la rencontre avec une classe différente qui va provoquer une réflexion chez les élèves, à la foi sur leur propre classe et sur celle des autres. Deuxièmement, cet échange de lettre doit être le support de divers travaux permettant la comparaison interculturelle à faire avec les élèves. Cela permettra notamment d’inclure dans l’étude la comparaison d’écoles ou de milieux culturels différents faites en classe n’incluant pas forcément un échange de courier.

D’après le texte de Luc Collès, il me paraît interéssant d’utiliser comme point d’entrée la méthodologie de la conception pragmatique et de l’éthnographie de la communication. En effet, la communication est un point essentiel du sujet, puisque la correspondance poussera les élèves à choisir un langage pour se décrire, et à recevoir un langage choisi pour découvrir l’autre. Cette méthodologie inclus aussi l’étude des dysfonctionnements de la communication. Un autre point d’entrée que j’utiliserais est l’analyse des heurts de la rencontre : étudier, observer, analyser les réactions des élèves face à la découverte pouvant être source d’un relatif « choc culturel ».

Ma citation commentée de Levi Strauss

La citation que j’ai choisie dans l’extrait « Race et histoire de Levi-Strauss est la suivante : « Il semble que la diversité des cultures soit rarement apparue aux hommes pour ce qu’elle est : un phénomène naturel, résultant des rapports directs ou indirects entre les sociétés« .

Cette citation résonne avec la thématique de mon axe de recherche qui concerne l’enseignement à l’école de l’ouverture à la pluralité des cultures. En effet, dans notre monde actuel qui est multiculturel, il est important d’enseigner la diversité culturelle dés le plus jeune age puisque comme le dit Levi-Strauss la reconnaissance de la diversité des cultures n’est pas quelque chose de «naturel » chez l’être humain. Cet enseignement est nécessaire afin de former des citoyens ouverts à la diversité et aptes à bien vivre ensemble dans une société plurielle.

Citation commentée de Levi-Strauss

« L’homme ne réalise pas sa nature dans une humanité abstraite, mais dans des cultures traditionnelles »

Cette citation, extraite de Race et Histoire de Levi-Strauss, est pour moi révélatrice de l’importance des cultures dans le développement de l’enfant, puis de l’adulte. Le devenir d’un individu de la naissance à l’âge adulte, et même après, est grandement influencé par la(les) culture(s), les traditions et tous les autres objets culturels au sens large qui l’entourent. Cependant, il me paraît important de ne pas tomber dans le piège du déterminisme, c’est à dire de penser que le milieu socio-culturel détermine le devenir d’un individu, puisqu’il ne fait que l’influencer et en offrir différentes possibilités. Mon sujet d’ERCAPP porte sur les comparaisons interculturelles effectuées en classe, avec comme support notamment les correspondances entre différentes classes. Cela peut permettre aux élèves d’observer les différences entre les modes de vie, imposées ou influencées par la culture traditionnelle, mais aussi les similitudes que celle-ci n’empêche pas.