Notre vision des Américains

Après la lecture des chapitres « la vie politique » et « les symboles », de l’ouvrage Les Français de Fette et al (2021), et après lecture des posts des étudiants américains de l’université Chapman, nous avons travaillé autour de l’expression de nos représentations, et sur leur potentielle déconstruction. Voici les posts du groupe français : après réflexion, c’est quoi être Américain pour vous ?

 

analyse de l’activité collaborative

Après avoir réalisé notre stage dans nos classes respectives, nous avons mis en commun les différentes observations que l’on a pu voir en classe. L’une de nous était affectée dans une classe de maternelle, et l’autre dans une de CE2. Nous avions donc deux cycles très éloignés. Nous avons eu quelques petites appréhensions avant de commencer tout ce travail de recherches car le fait de ne pas avoir des enfants du même âge pouvait peut être nous ralentir quant aux conclusions auxquelles nous voulions aboutir. Finalement, le fait d’avoir deux niveaux complètement différents était un atout pour notre sujet. Effectivement, nous avons pu conclure suite à cette expérience de deux semaines, que qu’importe le cycle finalement, les enfants appréhendent la différence de manière dissociables. Nous n’avons pu observer ni l’une ni l’autre des activités pédagogiques sur la notion de différence, cela pour différentes raisons. La première résidait dans l’âge des enfants ; en classe de maternelle, les enfants sont autocentrés et ne peuvent donc appréhender cette notion à cet âge. La seconde est due à l’étendu et l’imprécision de notre sujet. Mais, nous avons pu tout de même, nous faire une représentation d’activités pédagogiques éventuelles à réaliser en classe sur ce thème.

Lorsque nous avons échangé pour la première fois suite au stage, nous avons convergé vers la même remarque qui était que notre sujet et problématique étaient bien trop larges. Ainsi, il a fallu que l’on recentre notre sujet. Cela nous est venu assez facilement car nous avons tout de même pu y réfléchir pendant deux semaines. Nous voulions plutôt partir sur comment l’enseignement de la différence peut être adapté pour chaque niveau. Nous voulions également montrer à partir d’un support commun les diverses manières de faire. Nous nous sommes donc portées sur la problématique qui est : Comment adapter les activités pédagogiques sur le thème de la différence avec des enfants de tout âge ? Nous avons, suite à cette interrogation, établi un plan qui est, en premier lieu la définition et le concept de la différence, ensuite l’importance de l’âge et du développement, puis les supports et les activités pédagogiques que l’on peut proposer, les observations et expérimentations que l’on peut réaliser professionnellement et enfin, l’intérêt de cet enseignement et sa valeur ajoutée.

 

Lucie Levasseur et Anne-Charlotte Brothelande

 

 

 

 

 

 

 

Construction de notre problématique

Avec le premier cours sur l’interculturel, on s’est beaucoup interrogés sur l’interculturel et le multiculturel au sein de la classe. On trouvait intéressant de se questionner sur les différentes cultures au sein d’une classe car cela peut être une véritable richesse pour l’enseignant. Comme précisé dans le « Dictionnaire de l’altérité et des relations interculturelles », la pédagogie interculturelle est justement née de cette diversité culturelle que l’on trouve dans les classes. Les différences entre élèves issus de travailleurs migrants et les autres ne constituent pas un obstacle mais pouvaient, au contraire, devenir un enrichissement mutuel pourvu qu’on puisse s’appuyer sur elles. En effet, un travail à dimension multiculturelle peut être exploité dans plusieurs disciplines : les langues vivantes étrangères, l’Histoire-Géographie,  l’enseignement civique et moral ou encore les arts. Avec l’aide de Mme Jeannin, nous avons formulé une première problématique qui était centrée sur les interactions entre élèves et enseignant dans un contexte de classe multiculturelle. Au fur et à mesure de nos recherches, nous nous sommes rendu compte que cette problématique était trop large et nous empêchait d’en dégager un angle d’approche.

On a ensuite constaté, à la suite de nos stages respectifs, qu’un seul membre de notre groupe avait une classe véritablement multiculturelle contrairement aux deux autres ou leur classe était culturellement homogène. Dans cette dernière, on s’est aperçu que la plupart des élèves avaient déjà une culture familiale proche les unes des autres et qu’il allait être compliqué de dégager des différences culturelles entre eux. On s’est alors demandé s’il n’était pas plus judicieux de se centrer sur le travail de l’enseignant. Ici, le dictionnaire de l’altérité nous éclaire une fois de plus : « Il est donc essentiel que l’enseignant travaille les représentations de l’autre avec les élèves. Sa démarche sera double. Tout d’abord, il les amènera à prendre connaissance de certains codes culturels propre à la culture cible et il leur apprendra à les manipuler (Blondel et alii, 1998) : ce premier apprentissage permettra de prévenir un certain nombre de malentendus. Ensuite, il s’agira d’exercer les apprenants à prendre conscience du caractère relatif de leur rapport aux valeurs. » De plus, les références culturelles que le professeur s’engage à faire partager aux enfants leur permettent d’appréhender les différences mais aussi les ressemblances entre cultures. Par ailleurs, il aurait été maladroit de rattacher certains élèves à leur culture supposée. Pour ne pas stigmatiser les élèves, nous avons donc décidé de ne pas se baser sur la culture supposée de chaque élève mais plutôt sur les références multiculturelles transmises par le professeur dans le cadre de son enseignement. Par ailleurs, l’enseignant bien avisé d’une classe multiculturelle choisira des références en lien avec les cultures les plus représentées dans sa classe. Nous avons donc souhaité modifier notre problématique pour se concentrer sur les enjeux véhiculés par les références multiculturelles. Après avoir mis en commun nos connaissances sur le sujet, nous avons identifié un enjeu principal qui est de former une culture commune à l’école. Cela nous a amené à formuler notre troisième problématique :

Comment à travers l’étude de références multiculturelles forme-t-on des valeurs partagées qui constitueront une culture commune à l’école ? 

Par ailleurs, nous avions préalablement décidé tous les trois de développer notre première problématique à travers notre premier écrit afin de, si possible, mettre en place des activités dans les classes pour développer les idées des élèves sur le multiculturel. Nous nous sommes alors envoyés nos écrits afin de visualiser le travail des autres et de rassembler nos idées communes (faire des liens entre elles) pour nous recentrer sur une thématique.

Globalement à travers nos divers écrits, nous retrouvons les principes qui permettent l’interculturalité dans une classe  tels que les supports visuels qui comportent un questionnement sur le multiculturel ou bien les supports pédagogiques comme les albums de littérature de jeunesse. En effet, ces derniers explicitent certaines civilisations car ils étayent leur mode de vie, leurs pratiques et les objets qui peuvent façonner leur quotidien. Cela permet aux élèves de se créer une image symbolique représentative des “autres” à travers la découverte d’une culture différente de la leur. Le fait d’enseigner à travers des supports représentants des cultures différentes poussent les enfants à avoir une ouverture sur le monde. En effet, sachant que les élèves ne connaissaient pas forcément ces cultures, ils découvrent ensemble de la même façon une culture, cela aboutit à former petit à petit à travers diverses connaissances permettant la culture commune propre aux classes. C’est par la reconnaissance des différences, notamment culturelles, que l’on peut observer un semblable afin de savoir ce qui nous différencie de lui (on partage plus de ressemblances que de différences) et c’est l’acceptation de cette différence qui permet à chacun d’être tolérant. Pour cela, il ne faut pas émaner de mauvais stéréotypes, notamment à des enfants car c’est d’abord l’école qui peut véhiculer des  images qui resteront les représentations de toute une vie.

On peut aussi s’interroger sur les risques que comporte l’éducation interculturelle dans la classe. En effet, Martine Abdallah-Pretceille explique quels peuvent être ces risques dans son livre « L’éducation interculturelle » (Pretceille Martine, L’éducation interculturelle, 4e éd., Paris, Presses Universitaires de France « Que sais-je ? », 2013, 128 pages.). Elle explique dans cet ouvrage que « Sur le plan des contenus, les activités interculturelles ont été souvent réduites aux manifestations les plus facilement perceptibles (cuisine, artisanat, danses, fêtes…) folklorisant ainsi les cultures. ». L’un des risques les plus prégnants est donc, par l’utilisation de certains angles d’approche pour l’étude d’une culture, de véhiculer un savoir stéréotypés et stéréotypant.

Jérémy Bertereau, Clément Dossmann et Mathilde Renard.

 

Un extrait de François Laplantine comme point de départ

Dans L’Anthropologie, François Laplantine développe la nécessité de développer une problématique de la différence, « impliquant une décentration radicale par rapport à la société dont fait partie l’observateur, c’est à dire une rupture avec toute forme, sournoise ou délibérée, d’ethnocentrisme. Car c’est seulement ce que nous percevons (à l’état manifeste ou latent) dans une autre société qui nous permet de repérer ce qui est en jeu dans la nôtre, mais que nous ne soupçonnions pas. » Laplantine, F. (1987). L’Anthropologie. Paris : Petite Bibliothèque Payot, p. 169.

  • Quel sens donner aux mots « différence », « décentration », « ethnocentrisme » ?
  • Pourquoi cette démarche, en plus de nous permettre de comprendre l’autre, nous amène-t-elle à nous comprendre nous-mêmes ?
  • Comment, en tant qu’enseignant, puis-je mettre en oeuvre cette approche dans ma classe ? Autour de quelles activités précises ?