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Une vie sans examen ne vaut pas la peine d'être vécue

Archive for the 'HLP1ère' Category

HLP 1ère – textes parole 1

 

Texte 1 – parole écriture Phèdre Platon

Platon, dans la bouche du roi Thamous, reproche à l’invention que Theuth lui présente en ventant « une connaissance qui donnera plus de mémoire » « L’écriture, lui répond Thamous, développera l’oubli dans les âmes de ceux qui l’auront acquise, par la négligence de la mémoire ; se fiant à l’écrit, c’est du dehors, par des caractères étrangers, et non du dedans, et grâce à l’effort personnel, qu’on rappellera ses souvenirs. Tu n’as donc pas trouvé un remède pour fortifier la mémoire, mais pour aider à se souvenir. »

la séparation de l’écrivain et du lecteur que présuppose l’écriture a deux inconvénients majeurs : d’une part le lecteur ne peut interroger l’orateur, alors même que l’écrit, enfermé dans son silence figé, « a toujours besoin du secours de son père » ; d’autre part comme le lecteur n’est pas présent lors de l’adresse de la parole écrite, celle-ci ne sait pas vraiment à qui elle s’adresse, ne peut observer comment elle est reçue. Ecrire, c’est toujours un peu comme jeter une bouteille à la mer, c’est parler à l’aveuglette : « Une fois écrit, chaque discours s’en va rouler de tous côtés, et passe indifféremment à ceux qui s’y connaissent et à ceux qui n’ont rien à en faire ; il ignore à qui il doit ou ne doit pas s’adresser. »

Texte 2-

Merleau-Ponty, extrait de la Phénoménologie de la perception (p.206)

« Si la parole présupposait la pensée, si parler c’était d’abord se joindre à l’objet par une intention de connaissance ou par une représentation, on ne comprendrait pas pourquoi la pensée tend vers l’expression comme vers son achèvement, pourquoi l’objet le plus familier nous paraît indéterminé tant que nous n’en avons retrouvé le nom, pourquoi le sujet pensant lui-même est dans une sorte d’ignorance de ses pensées tant qu’il ne les a pas formulées pour soi ou même dites et écrites, comme le montre l’exemple de tant d’écrivains qui commencent un livre sans savoir au juste ce qu’ils y mettront. Une pensée qui se contenterait d’exister pour soi, hors des gènes de la parole et de la communication, aussitôt apparue tomberait à l’inconscience, ce qui reviendrait à dire qu’elle n’existerait même pas pour soi. »

Texte 3 –

La supériorité de l’écoute et la vulnérabilité de la parole dans le Sermon XXIII de Saint Augustin

 

 

« Bien qu’en raison de la commodité pour faire entendre notre voix, nous paraissons nous tenir en un lieu plus élevé que vous, pourtant c’est d’un lieu réellement plus élevé encore que vous jugez, et que nous, nous sommes jugés par vous. On nous appelle docteurs, mais nous avons souvent besoin d’un docteur et nous ne voulons point passer pour maîtres : il y aurait danger et prévarication, car le Seigneur a dit : « Ne cherchez point à être appelés maîtres ; vous n’avez qu’un maître, le Christ » Il y a donc danger à être maître, sécurité à être disciple. Aussi est-il dit dans un psaume : « Vous ferez entendre à mon oreille la joie et l’allégresse » et l’auditeur du verbe est moins exposé en entendant la divine parole que celui qui la profère ; il reste tranquillement debout, il écoute et se réjouit à la voix de l’Époux. »

 

Texte 4

la psychagogie dans le Phèdre de Platon (271c-272b traduction de Paul Vicaire)

« Puisque le propre du discours est d’être une psychagogie, un art de conduire les âmes, celui qui se propose d’être un habile orateur doit nécessairement savoir combien il y a d’espèces d’âmes. Or il y en a un tel et tel nombre, avec telles et telles qualités – et par suite se constituent en telles et telles personnalités. Une fois ces distinctions établies, on passe aux discours : il y en a telle et telle espèce, et chacun a tel et tel caractère. Dès lors tels hommes, en vertu de la relation causale dont je parlais, sous l’action de tels discours, sont faciles à persuader de telle chose ; et tels autres hommes, pour cette même raison, sont difficiles à persuader. Quand on a suffisamment réfléchi sur tout cela, il faut après en considérer l’effet et l’application pratique, avec un sens assez fin pour en suivre le développement. Autrement on ne gagnerait rien par rapport aux discours entendus naguère, à l’école. Mais quand on est à même de dire par quels discours est persuadé tel homme, et qu’on peut, étant à ses côtés, voir clair en lui et se faire à soi-même la leçon : « Voilà l’homme, voilà la nature dont naguère on parlait à mes cours ; à présent, cette nature est devant moi, et il faut lui appliquer les discours que voici, pour faire naître la persuasion que voici », – lors donc qu’on est en possession de toutes ces données, qu’on y ajoute la connaissance des conjectures dans lesquelles il faut parler ou se taire, qu’on sait en outre discerner l’opportunité, ou l’inopportunité tout aussi bien, du style concis, du style apitoyant, du style véhément, et de toutes les formes de discours qu’on aura apprises – alors la beauté et la perfection de l’art sont atteintes ; auparavant, c’est impossible. Mais si en parlant, en écrivant, une partie de ces conditions vient à faire défaut, on a beau prétendre parler avec art : celui qu’on ne réussit pas à persuader a l’avantage. »

Texte 5

Marcel Détienne, Les maîtres de vérité dans la Grèce archaïque : changement de l’autorité de la parole

Dans la Grèce archaïque, trois personnages, le devin, l’aède, le roi de justice, ont en commun le privilège de dispenser la vérité du seul fait d’être pourvus des qualités qui les distinguent. Le poète, le voyant et le roi partagent un même type de parole. Grâce à la puissance religieuse de mémoire, de Mnémosyné, le poète ainsi que le devin ont directement accès à l’au-delà, ils perçoivent l’invisible, ils énoncent « ce qui a été, ce qui est, ce qui sera. » Doté de ce savoir inspiré, le poète célèbre par sa parole chantée les exploits et les actions humaines qui entrent ainsi dans l’éclat et la lumière et qui reçoivent force vitale et plénitude de l’être. De façon homologue, la parole du roi, se fondant sur des procédures ordaliques, possède une vertu oraculaire ; elle réalise la justice, elle instaure l’ordre du droit sans preuve ni sans enquête. […] le discours vrai, c’est « le discours prononcé par qui de droit et selon le rituel requis », ainsi que le dira Michel Foucault [dans L’ordre du discours]. […]

Quelle est donc la place du philosophe et du sophiste dans la lignée des « Maîtres de vérité » ? Comment la parole de l’un et de l’autre se différencie-t-elle de la parole efficace et porteuse de réel que profèrent devin, poète et roi de justice ? Comment se fait le passage d’une pensée marquée par l’ambiguïté et par sa logique à une autre qui semble ouvrir un nouveau régime intellectuel, celui de l’argumentation, du principe de non-contradiction, ainsi que dialogue avec le sens, avec l’objet d’un énoncé et de sa référence ?

Il nous a semblé que le contexte socio-historique pouvait contribuer à une généalogie de l’idée de vérité. […] Nous avons relevé les marques d’un procès de laïcisation de la parole […] dans l’assemblée militaire apportant le droit égal à la parole pour tous ceux qui font partie du cercle des guerriers et peuvent ainsi discuter des affaires communes. Quand la réforme hoplitique, par l’imposition d’un nouveau type d’armement et de comportement à la guerre, entre dans les usages de la cité, aux environs de 650 avant notre ère, quand cette réforme favorise l’apparition des citoyens-soldats « égaux et semblables », la parole dialogue, la parole profane, celle qui agit sur autrui, la parole qui cherche à persuader et se réfère aux affaires du groupe, ce type de parole gagne du terrain et, peu à peu, rend désuète la parole efficace et porteuse du vrai.

Par sa fonction nouvelle et qui est fondamentalement politique, en rapport avec l’agora, le logos, parole et langage, devient un objet autonome, soumis à ses propres lois. Deux grandes directions vont s’ouvrir dans la réflexion sur le langage. d’une part, le logos, comme instrument des rapports sociaux : quel est son mode d’action sur autrui ? Rhétorique et sophistique vont analyser les techniques de persuasion, développer l’analyse grammaticale et stylistique du nouvel instrument. Tandis que l’autre voie, explorée par la philosophie, s’ouvre sur le logos comme moyen de connaissance du réel : la parole est-elle le réel, tout le réel ? Et qu’en est-il du réel exprimé par les nombres, celui que découvrent les mathématiciens et les géomètres ?

Marcel Détienne, Les maîtres de vérité dans la Grèce archaïque, p. 6-8

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Horizontalité de la parole – fake news et propos haineux- liberté d’expression

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Eternelle et actuelle, le paradoxe de la philosophie – Roger-Pol Droit

https://www.lemonde.fr/culture/article/2020/09/17/eternelle-et-actuelle-le-paradoxe-de-la-philosophie_6052527_3246.html?fbclid=IwAR06rpolCIXWVBwayc4zSlBTLiqvOn_nhHv6gIejMV7KBMN7RLaehc3HZWU 

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HLP parole 1 : Langage, langue, parole

Saussure 

Apanage de l’humanité ?

 

cours sur le langage

 

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De l’importance des Humanités !

Vous trouverez ici un Textes Humanités sur l’importance des humanités.

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HLP parole 2 : émergence à l’Antiquité

Si on remonte aux origines, prêtons l’oreille à Esope : on raconte que son maître lui demanda un jour de disserter habilement devant les invités d’un banquet. Le docte esclave devait exposer ce qu’était la meilleure chose au monde. Il répondit que c’était la langue parce qu’elle servait à s’exprimer, à louer les dieux, à faire des serments d’amour… Le maître fut satisfait. Renouvelant plus tard l’expérience, il exigea d’Esope qu’il décrive devant les convives la pire des choses. L’esclave expliqua qu’il s’agissait de la langue qui sert à mentir et se parjurer, maudire les dieux et tromper qui vous aime… laissant maîtres et invités dans la plus grande des confusions.

« L’homme a toujours senti – et les poètes ont souvent chanté – le pouvoir fondateur du langage, qui instaure une réalité imaginaire, anime les choses inertes, fait voir ce qui n’est pas encore, ramène ici ce qui a disparu. C’est pourquoi tant de mythologies, ayant à expliquer qu’à l’aube des temps quelque chose ait pu naître de rien, ont posé comme principe créateur du monde cette essence immatérielle et souveraine, la Parole. Il n’est pas en effet de pouvoir plus haut, et tous les pouvoirs de l’homme, sans exception, qu’on veuille bien y songer, découlent de celui-là. »

Emile Benvéniste, Cours de linguistique générale, p. 25

Problématique 

Un peu d’histoire…

But : comprendre l’émergence de la parole à l’Antiquité et ses enjeux.

La figure de Socrate 

Platon 

naissance de la philosophie : du mythe à la pensée rationnelle (muthos=>logos)

Homère site sur Homère, Socrate, Platon; les sophistes ,Protagoras : le père des sophistes

sophismes 

Philosphes VS sophistes 

Les lieux de pouvoirs – lieux de parole

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HLP 1ère : « les pouvoirs de la parole » – Introduction

Introduction : 

-Qu’entend-on par « les pouvoirs de la parole » ? Analyse du sujet

-Enjeux contemporains

https://www.youtube.com/watch?v=OolZ-b7STgs

Ère post-vérité 

 

Parole obsolète ?

Conditions de la parole

Pourquoi parlons-nous ? 

Plan du cours la parole (CPGE)

Pour ce cours, certaines chaines et vidéos Youtube vous seront utiles :

Linguisticae

Les Langues de Cha’

Science4all #Débattonsmieux

Victor Ferry

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La culture nous rend-elle plus humains ?

Analyse du sujet :

« La culture » : trois sens

-universel : processus de transformation de la nature pour la rendre fertile, féconde, l’enrichir voire la maitriser, la dompter.

  • individuel : instruction, éducation, se cultiver (sens figuré du premier sens) (me singularise)
  • collectif : modes de vie, traditions, coutumes, us, moeurs, croyances, représentations du monde, valeurs… (me conforme à un groupe d’appartenance)

« nous » : vise davantage le sens collectif de la culture, est-ce à dire que la culture au sens collectif peut avoir des effets négatifs, délétères ou du moins « dénaturant » ?

« rend-elle » : changement d’état, processus, passage d’un état à un autre, interroger ce passage : est-il bon ou mauvais…

« plus » : degrés d’humanité ? plus ou moins humains ? infériorité, supériorité, domination, hiérarchie

extension du sujet => plus du tout humains  ? plus qu’humains (transhumanisme)  ?

humains : sens biologique, ADN, espèce, genre / sens anthropologique humanité définie par la culture / sens moral : humain/inhumain immoral

Problématique : la culture condition ou ruine de notre humanité ?

I la culture fait notre humanité.

A : la culture fait notre humanité, sans elle, nous ne serions des hommes qu’au sens biologique du terme (ADN) mais nous n’aurions développé aucune caractéristique proprement humaine (parole, station debout, maniement d’outils, libido).

Nous serions plus bas que l’animal même dit Rousseau. « Pourquoi l’homme seul est sujet à devenir imbécile ? » parce qu’il se définit essentiellement par de l’acquis et non de l’inné comme l’animal. Ainsi s’il n’apprend pas, il ne développe pas de qualités proprement humaines et s’il oublie ou perd (par la vieillesse, la maladie ou le manque d’entretien de sa culture) il redescend plus bas que l’animal qui lui ne peut rien perdre (inné). Cette capacité, faculté qu’il nomme perfectibilité, est cette possibilité qu’a l’homme de progresser mais qui ne se développe que s’il fait un effort dans ce sens. On retrouve cette idée que la culture est un état qui nécessite courage et résolution. Cf. texte de Kant Qu’est-ce que les lumières ?. Cf. sens romain des humanitas enseignement qui nous fait accéder à la réelle humanité au sens fort du terme.

« Mais, quand les difficultés qui environnent toutes ces questions laisseraient quelque lieu de disputer sur cette différence de l’homme et de l’animal, il y a une autre qualité très spécifique qui les distingue, et sur laquelle il ne peut y avoir de contestation, c’est la faculté de se perfectionner ; faculté qui, à l’aide des circonstances, développe successivement toutes les autres, et réside parmi nous tant dans l’espèce que dans l’individu, au lieu qu’un animal est, au bout de quelques mois, ce qu’il sera toute sa vie, et son espèce, au bout de mille ans, ce qu’elle était la première année de ces mille ans. Pourquoi l’homme seul est-il sujet à devenir imbécile ? N’est-ce point qu’il retourne ainsi dans son état primitif, et que, tandis que la bête, qui n’a rien acquis et qui n’a rien non plus à perdre, reste toujours avec son instinct, l’homme reperdant par la vieillesse ou d’autres accidents tout ce que sa perfectibilité lui avait fait acquérir, retombe ainsi plus bas que la bête même ? Il serait triste pour nous d’être forcés de convenir, que cette faculté distinctive, et presque illimitée, est la source de tous les malheurs de l’homme ; que c’est elle qui le tire, à force de temps, de cette condition originaire, dans laquelle il coulerait des jours tranquilles et innocents ; que c’est elle, qui faisant éclore avec les siècles ses lumières et ses erreurs, ses vices et ses vertus, le rend à la longue le tyran de lui-même et de la nature. »

Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, 1ère partie, § 16

Cf. Les enfants sauvages. comme exemple pour illustrer la thèse de Rousseau.

Les enfants sauvages http://philophil.com/philosophe/malson/sauvage.htm 

article sur le blog https://lewebpedagogique.com/charlierenard/2016/09/29/les-enfants-sauvages/

 

B : Sans la culture, et notamment la technique,  nous ne pourrions survivre dans notre environnement. C’est ce que développe le mythe de Prométhée qui montre que contrairement aux animaux, l’homme n’a « reçu » aucune caractéristique qui lui permettrai de survivre (ni palme, ni griffe, ni ailes etc.). C’est pour cette raison que Prométhée vole le feu et la connaissance des arts et techniques aux dieux afin de les donner aux hommes. La culture nous rendrait plus humains, au sens où ce serait le signe (de la faiblesse pour Platon ou de la force pour Aristote) de l’humanité, son signe distinctif puisque les autres êtes vivants précisément n’en ont pas besoin, étant déjà parfaitement adaptés à leurs milieux (cf. finalisme de la pensée grecque).

Mythe de Prométhée

C : La culture ou état civilisé se retrouve dans toutes les cultures. Tout homme est homme d’une culture. L’homme développe son humanité dans une culture, on ne peut donc trouver de comportement qui soit inné ou strictement biologique chez l’homme. « Tout est fabriqué et tout est naturel chez l’homme ». La nature de l’homme est d’être un être culturel, il est naturellement culturel. Nature paradoxale.

Texte de Merleau Ponty dans le cours sur la culture.

De plus, nous trouvons dans toutes les cultures les mêmes caractéristiques (outils, langage, organisation sociale, concepts rationnels, spirituels ou symboliques).

Texte de Malinowski dans le cours sur la culture

II Critiques de la première partie.

A : La culture ne nous rend pas plus « humains » car la culture n’est pas l’apanage de l’humanité. 

https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/03/18/l-homme-n-a-pas-le-monopole-de-la-culture_5437894_1650684.html?fbclid=IwAR3ici8-Nny7mYXwAL5L4PBd-CH6USYYBFLPI0Qlz_OfMDqG4t1DWwqPkWE 

On trouve des comportements (manipulation d’outils, rapports sociaux, communications) chez certaines espèces qui ne sont pas le fait de l’inné mais propre à certains groupes (pas universel) et le fruit d’un apprentissage (pas inné). Ils ne relèvent donc pas de l’instinct. De plus, tou comme il est non pertinent de parler de culture au singulier, il est aussi injustifié scientifiquement de parler des animaux ou de la nature au singulier comme un tout indistinct. La diversité dans le vivant fait légion.

B : Cette culture (sens individuel et collectif) amène soit un sentiment de fierté et de supériorité (se sentir plus intelligent que les autres par exemple en corrigeant systématiquement les fautes d’orthographe des autres :) ) soit un sentiment d’appartenance, d’identité partagée qui tend à être défendue et s’affirmer contre les autres . C’est plus facile de s’affirmer en s’opposant (cf. groupes, communautés). Ayant grandi dès la naissance dans une culture, on pense que ce qui est habituel, spontané est Naturel, normal. Ainsi on juge comme supérieur sa propre culture, n’ayant que cela comme grille de référence. ( Peut-on juger la culture à laquelle on appartient ? / ethnocentrisme. Cf. cours). Ainsi avoir une culture conduit les hommes à juger et défendre leur culture comme la meilleure, la seule légitime. Mais l’ethnocentrisme n’est pas seulement théorique mais pratique. La plupart du temps, ces jugements s’accompagnent d’actes (esclavage, colonisation,croisades, ethnocide…). La culture ne nous rend donc pas systématiquement humains au sens moral du terme car bien au contraire elle peut amplifier, susciter des comportements immoraux, discriminants, ségrégatifs, intolérants.

C : Enfin on peut se demander ce que « humains » signifie réellement. D’une part, parce que même les biologistes considèrent que la définition est arbitraire et susceptible d’être modifiée à la prochaine découverte anthropologique et biologiques. D’autre part, parce qu’on bute toujours la diversité des cultures, pratiques et donc que ce concept universel est creux, sans contenu. La vacuité de la notion d’humanité nous amène à questionner les intentions de ceux qui l’utilise comme étendard dans leurs discours ou pratiques. L’idée de nature humaine (humanité universelle) semble à chaque fois être un moyen de discriminer, exclure certains du groupe des hommes. C’est donc moins un concept totalisant qu’un concept qui permettrait d’en exclure certains. D’où en face de l’humain, le sauvage, le barbare, le primitif. Finalement la culture amènerait à penser que certains sont plus humains que d’autres ce qui serait le propre de l’inculture ! C’est ce que dit Claude Lévi Strauss dans Race et histoire : « Le barbare c’est d’abord celui qui croit à la barbarie. »

Cf. texte sur la nature humaine dans le cours sur la culture.

Texte de Levistrauss et Montaigne dans le cours sur la culture

Dans ce cas, la culture ne nous rendrait pas plus humains car elle exacerberait les comportements inhumains, cruels, intolérants. Sauf à dire que ces comportements sont le propre de l’homme… mais c’est encore poser une nature qui justifierait donc dédouanerait l’homme de ses actes.

Alors est-ce à dire que la culture dénature l’homme (qui serait innocent et pur moralement) ? Est-ce à dire que la culture en nous rendant plus humains (sens universel) nous rendrait moins humains (sens moral) ? N’y a-t-il pas une moralité qui serait le fruit d’une culture bien comprise ? Comment résoudre ce paradoxe et dépasser, trouver une culture qui nous rendent réellement plus humains ?

III Les conditions d’une culture réellement « humaine »

A : Développer une culture qui nous invite à nous interroger sur nous-mêmes. pas un relativisme mou qui accepte tout, qui s’interdit de juger ou critiquer mais un relativisme critique qui se sert de la découverte de l’autre qui porter un regard neuf sur soi-même.  Cf. Montaigne.

B : La culture a longtemps servi à dominer, utiliser la nature à ses propres fins. Elle a permis de justifier de transformer se servir de la nature comme moyen. L’homme, être de culture séparé de la nature, de l’animal-machine pour Descartes, s’est longtemps considéré comme le couronnement de la créations la fois unique et supérieur à tous les autres êtres vivants. La culture nous a donc rendu immoraux (inhumains) à l’égard de la nature car toujours dans un rapport intéressé, si ce n’est immoral du moins amoral. Une culture qui nous rendrait plus humains serait une culture qui nous inviterait à développer un rapport éthique avec la nature et les animaux, leur reconnaître des droits par exemple. Peut-être faudrait-il alors trouver autre chose que le mot humain pour désigner cette moralité… Peut-être que la culture devrait nous sensibiliser à notre proximité, nos ressemblances avec les animaux. La culture nous rendrait-elle plus animaux, non pas dans le sens de rabaisser l’homme mais de lui faire comprendre de son inscription profonde dans la Nature.

C : Il faudrait aussi être vigilant à l’égard d’une culture qui nous rendrait « plus qu’humains ». 

Pensons à l’interprétation que l’on fait souvent du mythe de Prométhée (Cf. Frankenstein de Mary Shelley). L’homme se prend pour dieu à vouloir se rendre « comme maitre et possesseur de la nature »(Descartes Discours de la méthode LVI) et il ne mesure pas toujours les conséquences de ses actes (dérives, impact sur l’environnement, sur son mode de vie, ses valeurs etc.). L’homme aujourd’hui considère la technique comme un moyen de devenir plus qu’humains, un humain amélioré, génétiquement modifié, c’est l’idée défendue par les partisans du transhumanisme. Développer ses facultés physiques, intellectuelles jusqu’à transformer son propre corps. L’homme cherche depuis toujours à transformer son donné biologique, à s’émanciper des contraintes naturelles pour satisfaire ses besoins et ses désirs les plus fantasques. Avec toutes les formidables perspectives que cela préfigure (faire reculer la mort, la maladie, la faim…), il faut comme dans toutes choses raison garder, comme le rappelle Rabelais « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. »

rapport aux animaux

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La figure de Socrate

Socrate (en grec ancien ???????? / S?krát?s) est un philosophe grec du Ve siècle av. J.-C. (né vers -470/469, mort en -399). Il est connu comme l’un des créateurs de la philosophie morale. Socrate n’a laissé aucun écrit, mais sa pensée et sa réputation se sont transmises par des témoignages indirects. Ses disciples Platon et Xénophon ont notablement œuvré à maintenir l’image de leur maître, qui est mis en scène dans leurs œuvres respectives.

La diversité des écoles fondées par les disciples de Socrate prouve que la figure de ce dernier est extrêmement complexe : l’école de Platon, l’école cynique d’Antisthène, l’école de Cyrène d’Aristippe, l’école de Mégare d’Euclide. Il est probable que nous aurions une idée tout à fait différente de qui était Socrate si l’on avait conservé toute la littérature produite par ces différentes écoles, en particulier l’ensemble des dialogues socratiques. En faisant de Socrate le porte-parole de leurs propres doctrines, les socratiques en avaient fait un personnage aux opinions contradictoires, ainsi que l’avait noté saint Augustin : « chacun prend de ces opinions ce qui lui plaît, et place le bien final où bon lui semble. […] sur cette question les partisans de Socrate se divisent. Chose inouïe, et que l’on ne pourrait croire des disciples d’une même école. » (question de l’héritage …)

Socrate naquit vers -469/-470, dans la troisième année de la 77e olympiade, à la fin des guerres médiques, près d’Athènes, dans le dème d’Alopèce, dème de la tribu d’Antiochide. Il est le fils de Sophronisque et de Phénarète. Son père était sculpteur ou tailleur de pierre et sa mère sage-femme. Il est toutefois possible que le nom de sa mère (qui signifie « qui fait apparaître la vertu ») et son métier ne soit qu’une invention destinée à souligner les propos de Socrate sur la maïeutique. Les renseignements sur sa vie privée sont peu sûrs, voire contradictoires. La tradition la plus connue, qui vient de Platon et Xénophon, le donne pour marié à Xanthippe, vers -415.  En dépit du physique peu avantageux que lui prêtent Platon et Xénophon, Socrate est un séducteur de jeunes gens, au point d’être accompagné par un groupe d’admirateurs imitant son mode de vie. (richesse, courage, debout);

Vers -435, il commença à enseigner, dans la rue, dans les gymnases, les stades, les échoppes, au gré des rencontres. Il parcourait les rues d’Athènes vêtu plus que simplement et sans chaussures, dialoguant avec tous.

Il enseignait, ou plus exactement questionnait, gratuitement — contrairement aux sophistes, qui enseignaient la rhétorique moyennant une forte rétribution. L’année 420 est importante, puisque la Pythie de Delphes aurait répondu à son ami d’enfance Chéréphon : « Il n’y a pas d’homme plus sage que Socrate ».

L’oracle de Delphes est au commencement de la vie philosophique de Socrate. Ainsi qu’il le raconte dans l’Apologie de Platon (21a), la Pythie répond à son ami Chéréphon, venu l’interroger à ce sujet, que Socrate est le plus sage des hommes. Socrate, cherche à résoudre l’énigme de la Pythie : sachant qu’il ne sait rien, comment peut-il être plus sage que ceux qui sont réputés savoir ? Il interroge donc hommes politiques, poètes, artisans : dans tous les cas, ils se révèlent doublement ignorants, croyant connaître ce qu’ils ne savent pas et ne sachant pas qu’ils sont ignorants. Socrate est donc bien le plus sage des hommes, puisqu’il ne croit pas savoir ce qu’il ne sait pas.

Seuls les dieux détiennent le véritable savoir (sophia), le philosophe étant celui qui désire (philein, désirer) ce savoir. Or tout un chacun peut être philosophe. Aussi, parce que le dieu de Delphes a cité son nom, Socrate pense avoir pour mission de révéler aux hommes leur ignorance et de se préoccuper plutôt de leur âme que de leur corps ou de leurs biens matériels, afin qu’ils s’améliorent.

Socrate est donc paradoxalement le plus savant, selon l’oracle de Delphes, bien que lui-même se dise ignorant. Certains y voient un feinte pour se poser dans le rôle de celui qui pose des questions plutôt que donne des réponses.  C’est ce qu’on appelle l’ironie socratique (feindre ne pas savoir et feindre que son interlocuteur sait). Se présenter comme ignorant permet en effet à Socrate d’engager ses interlocuteurs à faire pour eux-m^mes la recherche de la connaissance.

elenchos et maieutique ( Théétète) = opposées (Menon et Phédon maieutique, réminiscence)

 

Au printemps 399, cinq ans après la fin de la guerre du Péloponnèse, un procès pour impiété (graphè asebeias) est intenté à Socrate par trois accusateurs, Anytos, homme politique de premier plan, et deux comparses, Mélétos, un poète, et Lycon, obscur orateur. Les chefs d’accusation sont les suivants : « ne pas reconnaître les mêmes dieux que l’État, […] introduire des divinités nouvelles et […] corrompre la jeunesse ». Sur les 501 juges, 280 votent en faveur de la condamnation, 221 de l’acquittement. L’accusation de corrompre la jeunesse est liée par Platon à celle d’impiété. Mais ce lien paraît superficiel et le véritable motif serait d’ordre politique. Cette accusation est par ailleurs mise en relation avec la pratique de l’elenchos . (réfutation) La révélation en public de l’ignorance de certains, se croyant savants, par Socrate et les jeunes gens qui l’imitaient, ainsi que l’influence que l’on attribuait au philosophe sur certains de ses disciples, Alcibiade, Charmide, Critias, considérés comme ayant trahi la démocratie athénienne, ont clairement pu donner aux Athéniens l’idée que Socrate corrompait la jeunesse. Un mois s’écoula entre la condamnation de Socrate et sa mort, pendant lequel il resta enchaîné dans la prison des Onze. Ses amis le visitaient et s’entretenaient avec lui quotidiennement. Deux dialogues de Platon sont censés se dérouler pendant cette période, le Criton et le Phédon. Le jour venu, Socrate boit le poison létal, la cigüe, en présence d’Apollodore de Phalère, Criton et son fils Critobule, Hermogène, Épigénès, Eschine, Antisthène, Ménéxène, son cousin Ctésippos de Péanie, et quelques anonymes. En choisissant de mourir, Socrate affirme la primauté de la vertu sur la vie : la vie du corps est subordonnée à la pensée. Cet événement est à l’origine du platonisme dans lequel le Bien est supérieur à toute chose. En ce sens, philosopher est un exercice spirituel d’apprentissage de la mort : « c’est donc un fait […] que les vrais philosophes s’exercent à mourir et qu’ils sont, de tous les hommes, ceux qui ont le moins peur de la mort. » Il s’agit dans le platonisme de mourir en son corps, ses passions et son individualité, pour s’élever à l’universalité de la pensée. Cette idée de la philosophie comme apprentissage de la mort se retrouve ensuite dans une bonne partie de la philosophie occidentale : chez les stoïciens ou chez Montaigne par exemple, mais aussi chez des antiplatoniciens comme les épicuriens ou Heidegger.

Il existait avant Socrate des individus réputés pour être sages (sophoi), faisant preuve de sophia (c’est-à-dire de sagesse, de savoir, ou de savoir-faire). Ces sages, maîtres de vérité ou de sagesse, représentent une sorte d’aristocratie, tandis que les sophistes, qui affirment pouvoir enseigner le savoir à tous contre paiement, sont le versant démocratique de la sagesse. En s’opposant aux uns et aux autres, Socrate est le premier philosophe (philo-sophos), tel que le définit pour la première fois Platon dans le Banquet, c’est-à-dire celui qui est non sage, mais qui désire (philein) la sagesse, sachant qu’il ne sait rien. Individu inclassable, il provoque chez les autres le bouleversement de soi-même d’une façon irrationnelle. Cette remise en question de l’individualité se trouve dépassée dans le dialogue entre un individu et un autre, dialogue fondé sur la raison, pour atteindre l’universalité.

Par la suite, pour toutes les écoles philosophiques de l’Antiquité, la figure du sage est avant tout un idéal. Et toutes, à l’exception de l’épicurisme, s’accordent pour reconnaître que Socrate, celui qui ignore qu’il est sage, est une incarnation de cet idéal.

(père de la philosophie et cosmopolitisme)

Socrate et sophistes :

Les sophistes se placent sans doute dans la continuité de l’école éléatique. En effet, pour l’éléate Parménide, il y a identité entre l’être et le discours. Mais pour Parménide, l’être a la primauté et c’est lui qui assure que le discours peut être vrai. Les sophistes traitent eux aussi du problème des rapports entre l’être et le discours, mais opèrent un renversement : c’est désormais le discours qui a la primauté. Ce qui conduit à deux positions sophistiques : celle de Gorgias, pour qui il n’y a pas d’être, et celle de Protagoras, pour qui n’importe quel discours peut donner une existence à n’importe quel être.

Socrate est en accord avec Parménide sur le fait qu’il existe un Être unique, existant indépendamment du discours et supérieur à lui. Mais il accorde cependant aux sophistes qu’il existe aussi une multitude d’autres êtres, qui peuvent se montrer illusoires et trompeurs, en relation avec le discours. Contrairement aux sophistes, Socrate est cependant le premier à penser que ces êtres existent aussi en dehors du discours, préservant ainsi la possibilité d’un discours vrai, qui ne varie pas en fonction de la subjectivité de chacun. Socrate est ainsi à l’origine en philosophie de la notion de concept, ouvrant par là le chemin aux idées platoniciennes.

deux Socrate chez Platon : Le premier Socrate apparaît dans les dialogues de jeunesse de Platon : l’Apologie de Socrate, le Charmide, le Criton, l’Euthyphron, le Gorgias, l’Hippias mineur, le Ion, le Lachès, le Protagoras et le livre I de la République, qui sont tous des dialogues réfutatifs, / le Cratyle, le Phédon, le Banquet, la République (livres II à IX), le Phèdre, le Parménide, le Théétète.

Ce qui est couramment appelé le « démon » de Socrate est en réalité chez Platon « le signe divin » (to daimonion, sous-entendu semeion). Ce signe se manifeste depuis l’enfance de Socrate sous la forme d’une voix qui, dit-il, « me détourne toujours de ce que je me propose de faire, mais ne m’y pousse jamais». Ces interdictions concernent souvent des actions sans intérêt du point de vue moral, mais sont parfois plus fondamentales : c’est ainsi le cas de l’interdiction de faire de la politique. Le signe divin ne donnant jamais ses raisons, c’est à Socrate d’en interpréter les motivations. (autonomie ou obeissance ?)

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Parole, voix, chant

«Avec les premières voix se formèrent les premières articulations [la parole] ou les premiers sons [le chant], selon le genre de la passion qui dictait les uns ou les autres… ainsi les vers, les chants, la parole ont une origine commune. Autour des fontaines dont j’ai parlé, les premiers discours furent les premières chansons… Il n’y eut point d’abord d’autre musique que la mélodie, ni d’autre mélodie que le son varié de la parole; les accents formaient le chant, les quantités formaient la mesure, et l’on parlait autant par les sons et par le rythme que par les articulations et les voix. Dire et chanter étaient autrefois la même chose…» Rousseau, Essai sur l’origine des langues, Chapitre XII.

«La mélodie, en imitant les inflexions de la voix, exprime les plaintes, les cris de douleur ou de joie, les menaces, les gémissements; tous les signes vocaux des passions sont de son ressort. Elle imite les accents des langues, et les tours affectés dans chaque idiome à certains mouvements de l’âme; elle n’imite pas seulement, elle parle, et son langage inarticulé, mais vif, ardent, passionné, a cent fois plus d’énergie que la parole même. Voilà d’où naît la force des imitations musicales; voilà d’où naît l’empire du chant sur les cœurs sensibles.» Rousseau, Essai sur l’origine des langues, Chapitre XIV.

Rousseau, Dictionnaire de musique (1768), article Mélodie

«Art d’imitation par lequel on peut affecter l’esprit de diverses images, émouvoir le cœur de divers sentiments, exciter et calmer les passions; opérer, en un mot, des effets moraux qui passent l’empire immédiat des sens.»

Confessions, Livre XI, ch. XXVIII.38,
trad. Péronne et Ecalle remaniée par P. Pellerin, Nathan, 1998.

Je veux chanter une chanson que je sais de mémoire ; avant que je commence, mon attente l’embrasse toute entière d’avance. Dès que j’aurai commencé, tout ce que j’en aurai prononcé se perdra dans le passé, et devient l’objet de ma mémoire. Cette action est donc distendue dans deux directions ; l’une est souvenir à l’égard de ce que j’ai dit, l’autre est attente à l’égard de ce que je dois dire encore. Cependant mon attention demeure toujours présente ; c’est elle qui doit traverser ce qui était futur, pour devenir passé. Plus mon action se continue et s’avance, plus aussi l’attente diminue, et le souvenir s’étend jusqu’au moment où l’attente sera toute épuisée, c’est-à-dire quand l’action tout entière, une fois finie, aura passé dans le domaine de la mémoire. Ce que je dis de la chanson entière, peut s’appliquer à chacune de ses parties et à chacune de ses syllabes; on peut le dire d’un chant plus étendu dont cette chanson ne serait qu’une parie ; on peut le dire de la vie entière d’un homme, dont chacune des actions n’est qu’une légère partie ; enfin on peut le dire d’un siècle tout entier de générations humaines, dont chacune des vies ne sont aussi que de véritables fractions.

https://www.franceculture.fr/emissions/les-nouveaux-chemins-de-la-connaissance/penser-la-voix-14-chanter-une-philosophie

Chanter, reprendre la parole Vincent Delecroix

Par Adèle Van Reeth

Réalisation : Olivier Guérin

Lectures : Georges Claisse

Comment penser la voix sans la donner à entendre ? La voix n’est pas un moyen, ni un outil, elle est ce qui advient, un élan qui ne connaît pas l’immobilité, ce souffle par lequel le sens prend corps et âme, dans la parole, dans le chant, dans le cri, jusqu’à cette voix ultime qu’est le silence choisi.

Mais que nous dit la voix ? La voix n’est jamais générale, elle est toujours une, celle du poète qui s’incarne dans la métaphore, celle du citoyen qui existe dans le bulletin de vote, celle de la raison qui commande l’agir, celles, au pluriel, du schizophrène qui ne s’entend même plus. La voix est autant la parole que le chant, le rythme que la mélodie, cette rencontre entre le corps et l’esprit qui peuvent enfin dire « moi » sans lui donner de contour.

Peut-on alors dissocier la voix de ce qui est dit ? N’est-elle pas en elle-même le sens ultime, ce qui se révèle malgré nous, un fragment intime qui s’échappe dès que l’on ouvre la bouche, un secret mal gardé qui en dit plus long que le discours, tel ce verre qui se brise comme un éclat de rire ?

Le chant est-il l’affaire de parole ?

premier paradoxe du chant : spontanéité et nécessité de la culture d’un raffinement / intimité immédiate de la voix personnelle et le fait qu’on ait à la chercher

(lieux pour chanter, contexte ça peut paraitre impudique de chanter, on se dévoile beaucoup plus; tout le monde chante mais aussi professionnalisé)

Il n’y a rien de plus personnel que la voix c’est individualisant, pas deux pareilles (identité personnelle) mais il faut la conquérir et parfois elle nous échappe, nous trahit, chante faux, parle faux (intonation / voix intérieure), qui déraille, on peut la perdre…

parole peut se passer de chant ? chant de parole ?

Orphée (instructeur de la culture, humanisante), on apprend la culture par le chant (enfant, comptines) mais aussi puissance de fascination du chant humain car enchante les pierres, animaux…  allégorie mais aussi danger de l’incantation (sirènes) (enchainer, asservir l’autre) => méfiance de Platon des poètes lyriques.

propre de l’homme (chant des cigales, oiseau, baleine…) ? Dès les débuts de l’humanité, le choix des cavernes est parfois réalisé pour leurs propriétés acoustiques (proximité avec des rivières souterraines ou des sources, peintures qui seraient concentrées dans les endroits où les échos sont les plus forts).

problème de la musique et de la philosophie => Querelle des Bouffons (mélodie/ harmonie); le chant c’est la parole première ?

était naturellement chantante => vraie => parole est déchantée ?

frustration car les intonations voudraient apparaitre mais on les aplatit pour se faire comprendre. communauté de la signification, communication/ celle de l’expression.

opéra = artificiel ! personne ne parle en chantant !!

dire et chanter était autrefois la même chose => parole dégradation

avant parole pas cri mais chant, en vers (même les lois)

suite de l’histoire humaine est une dégradation, un « désenchantement »

conception de la parole et de la culture = dénaturation , plus la raison progresse moins la parole est passion cad transparente. perd la spontanéité, expressivité, naturelle, bonne

raison neutralise inflexion passionnelle de la parole, déguise,  dissimule l’individu.

on pense et parle de plus en plus, plus efficace mais on se dissimule. La communication est de plus en plus faussée.

C’est la matrice de la conception de notre culture = pureté de l’origine

unité de la première parole = l’individu est tout un dans son chant. Alors que la parole est dispersion, dissimulation. Tout ce qu’on gagne en signification, on le perd en affection et en vérité.

=> paradigme qui hante la culture, nostalgie d’une fusion primitive.

on le ressent, comme notre enfance lieu du chant et de l’innocence.

mais chant premier (spontané) et qui se travaille ??

contexte du texte de Rousseau = querelle des bouffons : primauté de la mélodie mais c’est aussi un choix de civilisation

Rameau : raison, mathématique (harmonie, rapport spatial des sons)

Rousseau : mélodie, continu, affect, expressivité

opéra italien (primauté de la mélodie plus que des paroles / opéra français)

lyrisme = expression du moi, de l’individu isolé solitaire (poète lyrique) et sujet en communion avec la nature, transi par la voix du monde ou Dieu, entre en résonance avec le chant monde.

deuxième fantasme  : Choeur = image idéale de la société, harmonie pure des voix, chacun a sa place, harmonie (présence du différent) polyphonie / dégénérescence voix fusionnelle (chants de guerre, partisans, supporters ;) unisson

(enjeu politique = comment passer du je au nous)

St Augustin : La musique est le lieu même où le chrétien est tendu vers l’accomplissement du moment où Dieu sera tout en tous. Le chant du chrétien est eschatologique. Au temps de St Augustin, le deuil du carême et l’éclatement joyeux de la jubilation pascale étaient là pour l’exprimer.

La musique et le chant sont des services rendus au prochain. Ils donnent l’occasion aux hommes de se retrouver, de se socialiser, de symboliser et d’unifier dans un chant ou une musique leur personne et leur sentiment profond, voire d’être soulagés de quelque souffrance (cf. David soulageant Saül avec sa lyre).

Mais la musique peut devenir séductrice, manipulatrice, outils de prise de pouvoir, prétexte à honneurs et gains démesurés. L’Évangile lui donne une éthique : gratuite comme le salut offert, elle est respectueuse et responsabilisante à l’image du Christ.

La musique et le chant sont le lieu privilégié où s’unissent et se concentrent la louange, la prière et l’attente du chrétien. L’unité de la communauté (et de la personne) trouve un écho dans l’harmonie de son chant (cf. le chant des psaumes).

Mais le chant est aussi la pointe de la prédication de l’Église du Christ : c’est ce que l’on retient et qui vous imprègne. Une confession qui atteint au cœur et resurgit du cœur en témoignage partagé, universel.

La musique et le chant rassemblent, expriment et symbolisent tout le non-dit de la personne comme de la communauté. Ce qui est inexprimable dans le langage et les rituels codifiés de la vie et de l’Eglise, se disent dans la musique et le chant, concentrant une forte charge symbolique.

L’important n’est pas alors ce qui s’exprime dans les paroles, ni dans l’organisation rationnelle de la mélodie ou de l’harmonie, mais plutôt la puissance émotive de l’émission sonore et de son audition. Au temps de St Augustin, la jubilation pascale se développait à l’infini dans des alléluias.

Le chant grégorien est un chant sacré anonyme, habituellement interprété par un chœure  ou par un soliste appelé chantre. Il est destiné à soutenir le texte liturgique en latin.

Il doit se chanter a cappella, c’est-à-dire, sans accompagnement harmonisé instrumental, car toute harmonisation, même discrète, modifie la structure de cette musique. S’il n’existe aucun manuscrit ancien et accompagné, de nos jours, l’assistance simple et humble de l’orgue est néanmoins autorisée, soit pour les établissements de petite taille, soit en faveur de la solennité de célébration.

Il s’agit d’un chant homophone, plus précisément chant monodique qui ne peut supporter aucune adjonction de sons étrangers à sa ligne mélodique  : toutes les voix qui l’exécutent chantent donc « à l’unisson ». C’est une musique exclusivement récitative, qui prend son origine dans le texte sacré, et qui favorise l’intériorisation et la conscience des paroles chantées. Ses formes musicales sont très variées, par opposition à la cadence régulière de la musique issue de la Renaissance. Tout comme ceux que le pape Pie X qualifia, le texte est premier. La musique, secondaire, l’orne, l’interprète et en facilite l’assimilation.

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Différents buts du chant : louange, hommage, amour, mélancolie, prière, collectif cérémoniel, rituel, d’église, folklorique, guerre, chanson, d’adieu, victoire, patriotique, révolutionnaire, paillardes

 

https://www.youtube.com/watch?v=sJGbtqUGVnY

 

https://www.youtube.com/watch?v=pmPbyyZwh4s

 

scat et vocalese :  Le scat est une forme de jazz vocal où des onomatopées sont utilisées plutôt que des paroles, s’opposant en cela au vocalese, autre forme de jazz vocal qui, lui, fait des reprises vocales de solos instrumentaux auxquels on adapte des paroles.

Chaplin a choisi de chanter en phonétique, imitant plusieurs langues européennes pour la circonstance. C’est la seule scène où l’on entend la vraie voix de Charlot.

Le rap est une forme d’expression vocale, un des cinq piliers du mouvement culturel et musical hip-hop, ayant émergé au milieu des années 1970 dans les ghettos aux États-Unis. Le mot « rap » provient de l’anglais to rap, un verbe signifiant « bavarder, blâmer, baratiner » en slang (argot anglophone noir américain)Aux États-Unis, on le définit aussi comme le rétroacronyme de « rhythm and poetry ». Les premiers MC se vantaient d’accorder leurs syllabes avec le beat en « rythme » et « poésie » car le rap est avant tout l’expression de ses sentiments ou de ceux des autres, d’une vérité ou d’un « trip », de nos envies ou encore de se vanter et/ou montrer qu’on est supérieur, (« égotrip »). Ils parlaient donc de « rythme et poésie » pour le fait d’assimiler les deux et de partager ses émotions sur une ligne musicale. (pensez aussi au slam)

 

 

 

http://www.afaf.asso.fr/wp-afaf/wp-content/uploads/2014/01/SENSIBILISATION-VOIX-PAROLE.pdf

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