L’altérité en poésie : Mayy Ziyada

Voici le texte proposé par Christophe, support à notre réflexion :

Les yeux

 

Ne sont-ils pas pour toi un objet de

stupéfaction ?

Les yeux couleur de cendres, avec

leurs rêves,

Les yeux couleur de ciel, avec leurs

illuminations,

Les yeux couleur de miel, avec leurs

friandises,

Les yeux couleur du café, avec leur

force d’attraction,

Les yeux qui recueillent avec soin la

force et la douceur

contenues dans ce qui les entoure.

Tous les yeux, ceux qui te rappellent

la limpidité du ciel,

Et ceux où fait halte et se repose la

profondeur des mers,

Ceux qui te montrent en eux les

déserts arides et leurs mirages,

Ceux qui te transforment en rêve dans

un royaume éthéré,

Ceux dans lesquels passent des

nuages zébrés d’éclairs,

chargés de pluie,

Ceux dont ton regard ne peut se

détacher,

Les yeux en forme d’amande

allongée,

Ceux qui s’enfoncent dans leur orbite

à force d’approfondir le sens des mots

et de réfléchir sur leur contenu,

Ceux dont les paupières couvent la

flamme,

Les yeux qui s’émeuvent,

Les yeux qui méditent,

Les yeux qui savourent,

Les yeux qui prennent pitié,

Et ceux où établissent leur

campement de guerre les haines

secrètes et les colères,

Ceux où se multiplient, dans leurs

marais, les secrets…

Lève-toi, va vers ton miroir

Et penche-toi vers tes deux lacs

pleins de sortilèges…

 

 

Mayy Ziyada,

Version du texte dans le livret du CD  de Coppey, N. et Coppey, D. (2010).

Poètes des cinq continents. Paris. Sous la Lime.