Qu’est-ce que l’enfance pour un enseignant en 2022 ?

L’enfance est un concept complexe. L’enfance est une construction sociale qui diffère selon les sociétés. Elle n’est pas figée, elle évolue dans temps et l’espace.

Maintenant nous sommes totalement sortis de la pédagogie de la transmission pour passer dans un schéma actanciel dans l’enseignement pour de nombreuses raisons.

Tout d’abord parce qu’il s’agit d’un public en évolution sur lequel on laisse reposer des responsabilités comme l’avenir en général ; le sien, celui du monde avec la question écologique par exemple, il est acteur dans notre société. Des responsabilités pèsent également sur l’enseignant dans cette période de construction et sensible aux fragilités des enfants. On ne peut enseigner n’importe comment, d’une seule façon, il faut être sensible à la pluralité de profils des enfants, car ils ne sont pas qu’élèves, ils vivent en dehors de la classe, il faut donc prendre en compte leur vécu.

Aujourd’hui, il est difficile de prendre l’enfance comme autrefois, ils ont accès à internet, les réseaux sociaux, il y a une surexposition au monde adulte avec tous ces canaux d’informations. D’autre part, on peut constater que l’enfant ne nous prend plus systématiquement comme forme d’autorité, il nous teste, on doit savoir réagir en conséquence tout en restant bienveillant ; ce n’est pas toujours facile de garder une distance face à certains comportements.

L’enseignant face à l’enfance, c’est l’enseignant face à un acteur de la société car on place des espoirs en lui et on l’aide à se construire en tant que futur adulte et citoyen. Diverses dynamiques, informations, événements, sont à considérés pour accompagner l’enfant tout au long de cette période de développement complexe. Il y a une réelle nécessité d’adaptation à tout niveau.

Demorgon – vivre et penser les relations culturelles

La culture nous distingue de l’animal, Demorgon nous rappelle le mythe de Prométhée et d’Epiméthée et qu’en l’absence de « programmes naturels fixes », l’Homme est sans cesse amené à renouveler, perfectionner, ces mêmes « programmes » qu’ils doit construire. Cette capacité d’adaptation est à l’origine même de la culture.

Notre société se base sur la culture, car elle « émerge de toute expérience humaine ». Elle constitue chaque strate de la société humaine, elle intervient dans tous les domaines.

D’autre part les cultures (correspond aux cultures pratiquées dans un lieu précis ; pays, régions, etc. ou aux peuples, ethnies, religions) sont quant à elles différentes les unes des autres mais aussi semblables voir construites en interactions ou une culture qui contribue à une autre. Les différences peuvent résider par exemple dans les langues parlées (observation la plus évidente), les similitudes peuvent se trouver dans les croyances et pour les interactions entre cultures on peut reprendre le texte anonyme cité par Demorgon : « Ton Christ est juif. Ta voiture est japonaise. Ta pizza est italienne et ton couscous algérien. Ta démocratie est grecque. Ton café est brésilien. Ta montre est suisse. Ta chemise est indienne. Ta radio est coréenne. Tes vacances sont turques, tunisiennes ou marocaines. Tes chiffres sont arabes, ton écriture est latine… et tu reproches à ton voisin d’être étranger ! ».

Le propre de l’Homme c’est sa capacité d’adaptation, et parfois, l’adaptation vient d’ailleurs, de personnes hors du groupe d’appartenance, quand devons-nous nous ouvrir à la nouveauté pour notre intérêt ? Car il y a souvent l’idée d’intérêt qui amène l’ouverture. Demorgon dit ; « Tantôt, nous devons être capables de nous fermer pour nous protéger de stimulations trop nombreuses ou trop précipitées. » Ici, c’est la subjectivité de chacun qui est engagé, cela peut se jouer au niveau individuel ou à des niveaux impliquant plus de personnes, des régions, des pays…

La culture définie par Demorgon est donc riche, elle est à la base de ce que nous faisons, de pourquoi nous le faisons et en même temps elle est dynamique, susceptible d’évoluer pour le bien commun mais pour le bien individuel aussi.

Ce n’est pas sans me rappeler la complexité du sujet de mémoire que j’ai choisi avec mon binôme. Nous souhaitons travailler sur les manifestations de l’interculturel en milieu scolaire. Il paraît évident qu’avant de travailler sur cette notion d’interculturel, nous devons définir ce qu’est la culture. Nous avons utilisé des articles, ouvrages mais aussi des définitions de dictionnaires pour parler de la culture, son sens premier (comme cultiver la terre) et sa dimension plus intellectuelle qui correspond plus à la voie que nous voulons emprunter pour notre mémoire. L’article de Demorgon rejoint sur plusieurs points la définition que nous en avons dégagé, surtout sur la notion d’emprunt entre cultures qui font la richesse des unes et des autres.

« Lettres Persanes », quel lien entre identité et vêtement :

Ici, les vêtements que porte cet homme persan, lui valent l’attention et les regards de toute personne qu’il croise. Il se décida à laisser tomber habits et accessoires de son pays d’origine. En étant vêtu tel un européen, plus personne ne le regarde. Ce n’est que quand quelqu’un apprenait qu’il était persan que l’on s’intéressait de façon différente à lui, qu’on lui accordait plus d’attention. Dans cette lettre, on voit bien que l’habit traditionnel de l’homme disait de lui d’où il venait, qu’il lui collé à la peau son « exotisme » qui attirait les curieux indiscrets. Revêtir l’habit européen revient à se fondre dans la masse et laissé sa singularité au placard aux yeux du monde. Par la suite il faut souligner son origine oralement pour récupérer l’intérêt des autres et son identité venant d’ailleurs.

On ne s’intéresse pas à l’identité cachée mais à l’identité extérieure dans ce texte.

Je pense qu’aujourd’hui c’est toujours le cas. On voit le vêtement, on ne voit que l’extérieur en lui prêtant toutes sortes d’intentions avant même d’avoir discuté avec la personne. Il y a l’identité extérieure (donnée sans le vouloir obligatoirement par les vêtements), celle à laquelle on ne pense pas forcément donner d’idée mais à laquelle les autres vont en donner. Et il y a notre identité intérieure, cachée, celle qu’on se connait, qu’il faut que les autres viennent chercher.

Ma citation de l’article Krumm

« L’effet le plus important de ce procédé est de faire saisir la « richesse » du plurilinguisme : plus les langues sont nombreuses, plus le portrait est coloré ».

Le procédé ici est le portrait de langues. Ce que j’aime dans cette petite citation (et par ce qui est dit avant avec les exemples de portraits de langues), c’est qu’on laisse à chaque enfant une liberté de « connexion » : chacun peut lier une langue qu’il parle avec n’importe quelle couleur, n’importe quelle partie du corps, ce choix lui est propre et n’est ni bon ou mauvais. On y met en avant la « richesse », un peu comme une qualité, d’être au contact d’autres langues, et c’est aussi visuel grâce à toutes les couleurs qu’on va retrouver dans notre portrait. Je pense que le plurilinguisme permet une plus grande ouverture d’esprit, atteindre de nouvelles nuances de langage, il existe des nuances en français qu’il n’y a pas dans d’autres langues et inversement. Apprendre sur ce et ceux qui nous entourent à travers leur langue, leur point de vue, apporte une toute autre appréhension du monde.

Ma biographie langagière

Français avec la couleur bleu et associé à la tête. J’ai choisi le bleu car c’était la couleur de mon cahier à l’école, peut être aussi rapport au drapeau on dit d’abord bleu (puis blanc et rouge). Je l’ai associé à la tête car c’est une langue que je maîtrise, que j’utilise au quotidien, je réfléchis avec cette langue, je tente d’y mettre le plus de nuances possibles pour préciser ma pensée.

Du côté de l’anglais, j’ai choisi la couleur rouge, c’était aussi la couleur de mon cahier à l’école et je pense qu’il y a toujours l’idée de drapeau derrière, le rouge est mis plus en avant que les autres couleurs dans le drapeau de l’Angleterre. La partie du corps que je lui attribue est également la tête car c’est une langue qu’on nous fait apprendre depuis petit (de façon bien moins prononcée que le français évidemment). C’est la langue internationale, de référence pour bien des domaines, il est essentiel de la comprendre et de pouvoir la parler pour se faire comprendre dans la plupart des pays. Je la comprends assez bien, le vocabulaire du quotidien est tout à fait accessible, le parler reste plus dur mais toujours est-il que je regarde beaucoup de films et de séries en anglais.

L’espagnol, je lui donne la couleur rouge ou jaune et lui attribue le cœur. Rouge et jaune pour le drapeau (mais aussi mes cahiers qui étaient jaunes), mais le rouge car cela va bien avec le cœur. J’ai commencé à en faire dès la sixième, en quatrième j’ai commencé la section européenne puis je suis partie 3 mois en Espagne en seconde. C’était la matière que je préférée tout au long de ma scolarité, c’est une langue qui chante, qui respire le soleil.

Les autres langues que je peux entendre fréquemment sont l’arabe et le japonais. J’associe le jaune/orange à l’arabe par rapport au soleil. Le japonais aurait plutôt une couleur rose/violet, peut être en lien avec les cerisiers. A ces 2 langues j’associe les oreilles car j’entends mais je ne comprends pas, ou seulement 1 ou 2 mots.

Pour finir il y a les langues régionales telles que le breton et le normand que je vois en marron et vert car ça me rappelle la campagne. Je leur associerais peut-être les mains ou les pieds comme pour le travail de la terre par exemple, je ne les comprends pas bien et on n’entend plus grand monde les parler.

Une langue qui m’intéresse est la langue des signes. Je vois ça comme un outil entre cultures, je sais qu’il existe des langues des signes différentes selon les pays mais j’imagine qu’elles peuvent se recouper à certains endroits. Cela m’a toujours plus ou moins attiré.