Il était une fois, un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix petits personnages voguant sur trois barques. Tous ces personnages ne se connaissaient point sauf deux jeunes garçons qui se prénommaient Bravo et Wiki. C’était de bons amis qui s’apprêtaient à prendre le large à la recherche de leurs origines. Dans les embarcations personne ne parlait la même langue, mais tous avaient le même but : trouver le grand livre du Prince du Manga, Hokusai. Soit dit en passant, tous avaient le sentiment de participer à la plus grande expédition jamais connue. Il y avait Mlle Zénitude, originaire du Japon, Grigri, qui venait des Antilles et Mme Kitsch, d’Allemagne. Mme Sérendipité était née en Angleterre et Bravo en Italie. Mr Amalgame était originaire du Maroc quant à Mr Cibler il arrivait tout droit de Suisse. Mlle Inuit venait du pays des grands froids et parlait l’Inuktitut, Mlle Kermesse ne connaissait que le Flamand et Wiki originaire d’Hawaï parlait une langue bizarre… la langue des machines !
La première barque avait été créée dans une usine ordinaire. Son directeur avait assuré aux voyageurs qu’elle était d’une qualité exceptionnelle et qu’aucun artisan ou même une usine ne pourrait oser comparer leur barque à la leur. La deuxième barque, en revanche, avait été créée par un soi-disant sorcier incroyablement doué. Quand le sorcier s’était déclaré « Maître sorcier », les voyageurs lui avaient ri au nez…mais ils avaient tout de même fini par accepter de monter dans sa barque. La troisième barque enfin avait été fabriquée par un étrange pêcheur musicien qui passait ses journées à tirer ses filets en sifflotant toujours la même musique. Si le pêcheur musicien n’était pas un génie de la création, il pensait sincèrement que les deux autres barques n’arrivaient pas hauteur de vague de la sienne et que si une embarcation pouvait résister à l’assaut de toutes les vagues s’était bien la sienne !
Mme Kitsch, Grigri et Melle Kermesse s’installèrent dans la première barque. Mr Cibler, Melle Zénitude, et Mme Sérendipité montèrent dans la seconde barque. Enfin, Melle Inuit, Monsieur Amalgame, Bravo et Wiki montèrent dans la troisième. A la barre de la dernière barque se tenait le pêcheur musicien qui dépassa les deux premières embarcations. Il fredonnait sa douce mélodie…
C’est une langue belle à qui sait la défendre…
Dans les barques les passagers ne se comprenaient pas mais rapidement ils commencèrent à comprendre qui était qui. Etrangement ils pouvaient deviner sur les lèvres de l’étranger les mots de chez eux ! Finalement les voix ressemblent toujours aux cours des fleuves et des rivières, elles répondent aux méandres, au vent dans les roseaux, parfois même à la vague qui charrie ses rouleaux. Et ça les rassurait !