La LGV Paris-Rennes passe le test

Ça y est, c’est pour bientôt : le 2 juillet prochain, les voyageurs de la ligne grande vitesse Paris-Rennes mettront 1h26 pour parcourir la distance de 360 km séparant les deux villes capitales, soit 35 mn de moins qu’actuellement. Dorénavant, toute la Bretagne (jusqu’à Brest) est à moins de 3h30 de Paris.

Le test (sans passagers) servant de répétition générale avant l’ouverture officielle de la ligne au public dans moins d’un mois a été concluant (le train a atteint la vitesse de 320 km/h). Les réservations semblent déjà au rendez-vous (+20% pour cet été)…et la hausse du billet également : 6 euros de plus en moyenne pour le voyage Rennes-Paris (contre +4 euros environ entre Brest et Paris).

La SNCF compte sur un gain de plus d’1,5 millions de voyageurs sur cette ligne. Face à la concurrence du covoiturage et des cars, la direction de l’entreprise va néanmoins multiplier les « petits prix » pour tenter de capter la clientèle jeune (peu fortunée).

Il est prévu plus de 12 allers-retours quotidiens directs entre Rennes et la région Île-de-France (et près de 30 depuis Brest et Quimper). Débutés en 2011, les travaux auront duré 7 ans et coûté 3,5 milliards d’euros…

Rappelons que l’objectif de cette LGV est d’améliorer significativement la desserte de la Bretagne pour renforcer son attractivité économique et son ouverture à l’international. C’est d’ailleurs à ce titre que de nombreuses gares ont fait peau neuve, dont celle de Rennes (devenue EuroRennes) : à l’horizon 2027, le quartier de la gare devrait compter à lui seul 130.000 m² de bureaux, 115.000 m² de logements et 30.000 m² de commerces, services et loisirs (selon La Tribune du 17 mai dernier). Une sorte de gare « nouvelle génération ».

La région Bretagne a donc profité de l’ouverture imminente de la LGV pour lancer, depuis mars, une véritable campagne publicitaire, non teintée d’humour, pour vanter sa qualité de vie et attirer ainsi des chefs d’entreprise, des investisseurs et des jeunes actifs franciliens.

L‘opération séduction s’appelle « Passez à l’Ouest » et s’affiche dans les gares, les stations de métro de Paris, dans les rues de la capitale ainsi que dans plusieurs médias nationaux. Un vrai succès relayé par les réseaux sociaux.

La Bretagne bouge, le territoire connaît une nouvelle dynamique économique ; et il faut le faire savoir !

« Tout est bon dans le cochon »… sauf le prix !

Le marché du porc breton à Plérin (Côtes-d’Armor), reflet de la crise porcine

C’est l’un des premiers « marchés au cadran » à avoir été créé en France en 1972 pour réguler les transactions entre vendeurs (les éleveurs ou les groupements d’éleveurs) et acheteurs (les abattoirs). Le cadran est l’écran électronique sur lequel s’affichent les prix et autres informations nécessaires aux transactions. Aucun cochon n’est présent physiquement. Les lots de porcs sont présentés sur catalogue aux acheteurs, avec des fiches techniques spécifiant l’âge, le poids, l’éleveur, l’origine géographique, etc.

Constitué sous forme d’association loi 1901, le marché au cadran de Plérin a lieu deux fois par semaine: le lundi (10 000 à 15 000 porcs vendus en moyenne) et le jeudi (50 000 voire 60 000 porcs vendus). Au total, ce volume représente 22 % de la production bretonne, une région qui fournit 60 % de la production nationale.

L‘importance du marché de Plérin n’est pas lié au volume des échanges mais au fait que le prix qui y est fixé sert de référence nationale pour le porc standard et est utilisé pour les comparaisons internationales. Toutefois, ce prix n’est pas contraignant : rien n’oblige un acheteur se fournissant ailleurs qu’à Plérin à l’utiliser. D’autres marchés au cadran existent d’ailleurs pour le porc dans des régions où la qualité de l’animal n’est pas la même, comme dans le Sud Ouest.

La viande achetée, les abattoirs la revendent ensuite à la grande distribution, en fixant les prix de gré à gré. Enfin, la viande est vendue dans les super et hypermarchés, à un prix que fixe l’enseigne.

crise du porcDepuis septembre 2014, le prix du porc n’a cessé de baisser, atteignant 1,20 euro le kilo alors que le coût de production est environ de 1,55 euro en moyenne. Au nombre des causes: une baisse de la consommation, une augmentation de la production européenne (notamment en Espagne et en Allemagne), l’embargo sanitaire russe sur la viande de porc européenne décrété en février 2014…

Grâce à des négociations, encadrées par le ministère de l’agriculture et rassemblant tous les acteurs de la filière (éleveurs, abatteurs, grande distribution), le prix du porc avait pu être relevé pour atteindre 1,404 euro le kg le 6 août dernier.

C’est alors que les deux gros transformateurs que sont la Cooperl et Bigard-Socopa, représentant à eux deux 30 % des achats de porc à Plérin, ont décidé de boycotter les ventes, estimant que les prix étaient désormais trop élevés au regard du prix du marché européen. Les deux industriels trouvant le prix au kilo (1,40 euro) trop cher, ils n’achètent donc plus de cochon sur le marché breton.

Problème pour les éleveurs : plus le temps passe, plus les porcs grossissent et moins ils valent. Au delà de 120 kilos, les cochons sont jugés trop mâtures et ne correspondent plus aux calibres de l’agroalimentaire. L’éleveur doit alors les vendre à perte…

Nul doute que le modèle breton de l’agriculture intensive est en crise et même à bout de souffle. Il y a donc urgence à sortir de cette spirale infernale ; il faut inventer un autre modèle agricole la valeur ajoutée, la qualité et l’innovation aient toute leur place. Pas si simple cependant (en témoigne ce reportage du 12 juin 2015)