Il est des batailles qui, gagnées ou perdues, restent profondément ancrées dans la mémoire collective. Certaines ont pu marquer les esprits pour leur rôle déterminant dans un conflit (Stalingrad en 1942-1943 pendant la Seconde Guerre mondiale).
D’autres demeurent le symbole d’une nouvelle forme de guerre particulièrement violente et meurtrière (Verdun en 1916 lors de la Grande Guerre de 1914-1918).
D’autres encore sont restées célèbres pour avoir mis un terme à un conflit opposant plusieurs puissances (Waterloo en 1815, signant la mort politique de Napoléon Ier, vaincu). Nous pourrions en citer bien d’autres, et pas seulement en Europe…
La bataille d’Hastings, qui vit s’affronter les Anglo-Saxons et les Normands à Battle (dans le Sussex, sud-est de l’Angleterre) en octobre 1066, compte assurément parmi ces combats dont on se souvient encore, même 950 ans plus tard…côtés anglais et normand.
Car outre-Manche, malgré la défaite du roi d’Angleterre Harold face aux Normands conduits par le duc Guillaume « le Conquérant », quelques passionnés du Moyen Age aiment commémorer l’événement. Plus d’un millier d’entre eux vont ainsi revêtir la cotte de mailles et porter l’épée pour rejouer, devant un public enthousiaste, ce temps fort de l’histoire de l’Angleterre qui permit à un Normand d’accéder au trône.
Sur les origines de la bataille, voyez cette vidéo :
La mise en scène de la bataille est rendue d’autant plus facile aujourd’hui que le terrain (la lande de Senlac) n’a guère changé depuis 950 ans. Situé à Battle, à une dizaine de kilomètres au nord de Hastings, le lieu même de la bataille a été préservé ; le cadre de la reconstitution est d’époque.
Combien de guerriers s’affrontèrent le 14 octobre 1066? Les troupes du duc de Normandie sont estimées entre 7 000 et 15 000 hommes ; celles du roi d’Angleterre entre 5 000 et 13 000 soldats.
Pour perpétuer le souvenir de sa victoire, Guillaume fit d’ailleurs construire une abbaye à proximité immédiate du champ de bataille.
Côté normand, on n’est pas en reste en cette année de 950e anniversaire. A Falaise (dans le Calvados), le départ de Guillaume et de ses troupes en 1066 donne lieu à une reconstitution des préparatifs sur deux jours : rassemblement et entraînement des guerriers, manœuvres collectives, camps médiévaux…
Cette fameuse bataille, particulièrement violente et sanglante (elle aurait fait 5 à 6 000 morts), est souvent présentée comme l’acte de naissance de l’Angleterre moderne (les Normands apportent de nombreuses innovations institutionnelles, techniques, architecturales et littéraires).
Quoi qu’il en soit, la conquête normande de l’Angleterre et la bataille d’Hastings ont donné lieu à une magnifique broderie (appelée tapisserie), longue de 70 m sur 50 cm de haut. Elle aurait été confectionnée à Cantorbéry (ou Canterbury, dans le Kent) entre 1066 et 1082, à la demande d’Odon de Conteville, évêque de Bayeux de 1049 à 1097, qui souhaitait l’offrir à son demi-frère Guillaume.
Vous pouvez découvrir cette broderie dans son intégralité en cliquant ici (il faudra zoomer sur l’image puis déplacer le curseur en bas).
Véritable bande dessinée avant l’heure, cette œuvre monumentale ne relate cependant pas la fin de l’histoire et reste donc pour beaucoup « inachevée »: il manque en effet le couronnement de Guillaume, dans l’abbaye de Westminster à Londres, le jour de Noël 1066.
Toutefois, des habitants d’Aurigny (ou Alderney, une île anglo-normande située au nord-est de Guernesey) ont souhaité remédier à cet « oubli » : ils ont tissé eux-mêmes, pendant un an, cette dernière scène représentant Guillaume sacré roi d’Angleterre.
Présentée en 2013 au musée de la tapisserie de Bayeux puis exposée pendant plusieurs mois, cette scène vient donc clore logiquement la tapisserie originale…
