Les procès d’animaux

Du « vrai faux procès du loup » en Lozère…

En septembre 2015 à Florac, en Lozère (dans les Cévennes), s’est tenu un procès pas comme les autres. Si tout avait l’apparence d’un procès classique (salle de tribunal, président du tribunal, assesseurs, greffier, procureur, avocats, accusé, témoins à charge et à décharge), la procédure était pourtant extra-ordinaire puisque l’accusé était le loup.

affiche proces loup

Organisé à l’initiative de l’avocat François Roux (aujourd’hui chef du Bureau de la Défense au Tribunal International), ce vrai faux procès avait pour objectif de favoriser un échange argumenté sur les questions soulevées par la réapparition du loup dans les campagnes. Il s’agissait de créer un espace de discussion équitable et ouvert à toutes les parties, mettant en débat les savoirs, les enjeux sociaux et éthiques que la présence du loup soulève.

Ce débat contradictoire et citoyen, entre d’un côté le loup et de l’autre les éleveurs, a duré une journée, de 9h jusqu’à la conclusion rendue vers 18h30. Une sorte d’hommage rendu à ce Tribunal d’Instance de Florac qui a fermé ses portes en 2009.

Aux « extravagants procès d’animaux » du Moyen Age…au XIXe siècle

Ce vrai faux procès peut sembler totalement absurde. Mais rappelons que le Moyen Age a connu de nombreux et « extravagants procès d’animaux » : des cochons accusés et condamnés à mort pour avoir mutilé des humains ou mangé des nouveaux-nés ; des mulots et des chenilles excommuniés pour avoir ravagé des récoltes ; un âne exécuté pour avoir mordu sa maîtresse ; un chat noir brûlé avec sa vieille maîtresse pour acte de sorcellerie…

exécution cochon de falaiseEn France, au cours des XIIIe-XVIIe siècles, des dizaines de procès d’animaux ont été recensés parmi lesquels un nombre impressionnant de cochons, mais aussi des chevaux, des chats, des rats, des moutons, des vaches, des hirondelles, des brebis, des coqs, et bien d’autres encore…

procès d'un porcLe dernier animal soumis à l’appareil judiciaire français fut un perroquet, jugé en 1794 pendant la Révolution pour propos anti-révolutionnaires (il ne cessait de crier « vive le roi »). Si l’animal échappa à la sentence de mort, ses maîtres eurent moins de chance puisqu’ils furent guillotinés. Confié à une nouvelle famille, le perroquet dut alors changer de refrain, devant apprendre à crier « vive la nation » et « vive la république » !

Autant de situations qui prêtent aujourd’hui à sourire, mais qui étaient très sérieusement prises en considération au moment des faits. Sans doute peut-on voir dans l’organisation de tels procès la « folie » humaine d’une époque.

De nos jours en revanche, ce sont les procès pour mauvais traitements et cruauté envers les animaux qui se multiplient : gavage des oies et des canards, lancer de chat, conditions d’abattage des animaux d’élevage (ex : boeuf, poulet)… Autre temps, autres mœurs ?