Agropole, une « ferme » marocaine pour une agriculture raisonnée

De Paimpol à Sidi Bibi, le maraîchage dans tous ses états

Si la Bretagne peut être considérée comme la première région agricole de France, particulièrement pour ses productions animales et végétales, la région du Souss au Maroc est quant à elle surnommée « le jardin du Maroc ».

carteDisposant d’un sol composé à 80 % de sable et bénéficiant d’un climat à la fois chaud et sec, la terre du Souss peut en effet s’adapter à toutes les cultures sous serre (ex : tomates, poivrons, oignons, haricots plats). Les exploitations maraîchères sont donc nombreuses dans cette région du sud marocain ; un peu comme dans la région de Paimpol en Bretagne…

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tomates serre verre Ploubazlanec

tomate-serre paimpolIl est donc très intéressant de pouvoir découvrir de l’intérieur une « ferme » maraîchère marocaine à l’image de la société Agropole.

DSC04449Située à une trentaine de km au sud d’Agadir, sur la commune de Sidi Bibi, cette exploitation maraîchère mérite le détour. Visite guidée sous la conduite de Moulay El Hassan Ben Khattab, sympathique propriétaire et manager des lieux.

DSC04412Créé en 1990, le domaine compte aujourd’hui 19 hectares. La production est essentiellement destinée à l’exportation, notamment vers la France et l’Allemagne ; quelques produits alimentent toutefois le marché local.

Les serres en plastique abritent en majorité des tomates (de différentes variétés et de calibres différents): elles représentent 70% de la production de la « ferme ». Les 30% restants se partagent entre les poivrons et les courgettes.

Une trentaine d’ouvriers agricoles travaille en permanence sur l’exploitation (ex : pour l’arrosage, la conduite des tracteurs), mais ils sont actuellement autour de 80, récoltes obligent.

S’agissant de la culture des tomates, Moulay El Hassan évalue les besoins en main d’oeuvre à environ 6 personnes par hectare. Certes le coût de celle-ci est moins cher au Maroc qu’en France (par exemple), mais le personnel doit être constamment surveillé ; il faut donc aussi payer des surveillants d’équipes ! Ainsi, le coût reste quand même élevé pour l’employeur…

Agropole travaille en étroite collaboration avec la société coopérative Annaya depuis 10 ans. C’est elle qui lui fournit notamment les différents plants et qui dépêche des techniciens une fois par mois pour vérifier la bonne tenue des cultures ; et suivre l’évolution des essais de plants. En effet, des essais de variétés sont réalisés afin de mettre au point des plants capables de résister à tel produit ou telle maladie. Effectués en milieu de serre (et reconnaissables à la couleur de la ficelle, une couleur par variété), il faut pas moins de 6 années d’essais pour lancer une variété…

DSC04379Au Maroc, plus de 90% des « fermes » font de l’agriculture dite raisonnée. Il faut comprendre par là que si les cultures bénéficient parfois de traitements chimiques (ex: contre les maladies), cela se fait dans des proportions raisonnables et sous contrôle; tout est minutieusement calculé et dosé.

Ainsi par exemple contre la nématode. Cette maladie du sol (caractéristique de la région du Souss) est une réalité contre laquelle Moulay El Hassan doit se prémunir. Ces parasites du sol peuvent en effet s’attaquer aux légumes et détruire les cultures.

Vers-rondsEn revanche, pour venir à bout de certains prédateurs, l’exploitation Agropole utilise aussi des insectes (appelés auxiliaires). C’est notamment le cas dans les serres à poivrons pour lutter « naturellement » ou biologiquement contre les pucerons: des petits sachets contenant du son et des insectes sont déposés au pied des plants et, après 2-3 jours, les insectes sortent du paquet pour faire leur travail (manger les pucerons).

Si l’agriculture biologique est si peu présente au Maroc, c’est peut-être en raison des nombreux critères qui sont autant de contraintes pour des exploitants désireux de rentabiliser au plus vite leur investissement. Parmi les obligations imposées : changer chaque année de culture dans la parcelle ; interdiction d’utiliser le moindre traitement chimique ; ne pas dépasser 50 à 60 tonnes par hectare. Or selon Moulay El Hassan, cela suffit à décourager les éventuels intéressés…

Une marche qui ne manque pas de sel !

Les salines de Dkhila (au Maroc)

Il existe deux origines de production du sel : le sel marin (récolté sur les côtes disposant de sols plats et imperméables, bénéficiant d’un climat favorable à une évaporation maximale pendant les mois chauds). Ainsi du sel de Guérande sur le littoral atlantique réchauffé par le Gulf Stream…

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marais salants guérande

Et le sel minier extrait de gisements souterrains formés de couches de sel marin fossile. Ces gisements correspondent aux bassins salifères formés aux temps géologiques (notamment du Trias). C’est le cas du sel gemme produit à Dkhila, dans le sud marocain.

Dkhila

Situées à une quarantaine de km d’Agadir, sur l’ancienne route de Taroudant, les salines sont traversées par l’oued Issen et sont toutes proches du barrage de Dkhila.

L’eau jaillit de la montagne en une source salée après être passée sur du sel gemme souterrain (une mine de sel). Pas besoin de décantation ou de pompage : elle est puisée à la source et arrive par gravité, à l’aide de tuyaux, dans les bacs d’évaporation.

La première opération consiste à préparer les bacs. Après terrassement, une bâche polyéthylène est étendue au sol et bien nettoyée. Le tuyau déverse ensuite l’eau salée dans chaque bac.

Une fois le bac plein, il n’y a plus qu’à attendre que le soleil fasse son travail (en évaporant l’eau). Les saulniers se contentent alors de surveiller et d’assurer l’entretien des bacs pour une récolte réussie.

Dès qu’il est bien sec, le sel est mis en sacs de 25 ou 50 kg puis est transporté à dos d’âne et expédié.

Pour en savoir davantage sur l’origine de ce sel gemme quelque peu mystérieux, voyez les explications du géologue François Michel.