Du nucléaire au solaire…

Tchernobyl ou la (possible) reconversion d’un site irradié

Si aujourd’hui l’Ukraine fait surtout parler d’elle pour ses problèmes géopolitiques avec son encombrant voisin russe, elle n’en reste pas moins pour beaucoup d’Européens le pays de Tchernobyl, ville tristement célèbre depuis l’accident nucléaire survenu le 26 avril 1986.

tchernobyl-closup-reacteurSituée à près d’une centaine de kilomètres au nord de Kiev (la capitale ukrainienne), le nom de Tchernobyl reste associé à la centrale nucléaire thermique Lénine, voisine de 15 km sur le Dniepr. Là, il y a 30 ans, l’explosion du réacteur n°4 aurait dégagé une quantité de radioactivité comparable à 400 bombes d’Hiroshima, contaminant ainsi une immense zone (2600 km² irradiés) ; et obligeant ses habitants à quitter les lieux (ex : Pripiat à 3 km de la centrale, photo ci-dessous).

PripyatClassé au niveau 7 sur l’échelle internationale des événements nucléaires ou INES (comme le sera l’accident de Fukushima au Japon le 11 mars 2011), l’événement est lourd de conséquences sur le plan humain et environnemental.

Outre le décès de nombreux « liquidateurs », agents chargés de la décontamination dans un périmètre de 30 km autour de la centrale (et directement exposés à des niveaux élevés de rayonnement), de nombreux habitants ont été touchés par les radiations.

Ci-dessous une photo prise par Oleg Veklenko qui avait pour rôle de tout immortaliser avec son appareil photo. Sur les 600 000 liquidateurs, seul un tiers aurait survécu.

tchernobyl_liquidateursEn effet, le fameux « nuage de Tchernobyl » (déplacement du panache radioactif) a survolé une grande partie de l’Europe ; entre le 26 avril et le 6 mai 1986, l’activité volumique du césium 137 a presque couvert la totalité du continent, touchant particulièrement l’Ukraine, la Biélorussie et la Russie (les trois pays riverains de la centrale).

Dès lors, le nombre de cancers mortels induits par les radiations est très important (entre 25 000 et 55 000 selon diverses études). Et il faut encore ajouter les cancers de la thyroïde (qui peut toutefois être guéri assez facilement). Le bilan humain de la catastrophe demeure au final difficile à établir…

Quant aux effets sur la faune et la flore, ils pourraient s’avérer moins catastrophiques que prévus puisque la vie semble reprendre ses droits dans la zone d’exclusion (voisinage immédiat de la centrale). Plusieurs carnivores comme les loups gris, renards roux et sangliers ont été observés et photographiés en 2014 dans les zones contaminées. Reste à savoir s’ils sont en parfaite santé…

Tchernobyl_AnimauxPourtant, 30 ans après la catastrophe, la zone d’exclusion vidée de ses habitants pourrait retrouver une seconde vie ; les milliers d’hectares de terres inexploitées car inexploitables (le sol est toujours radioactif) pourraient malgré tout servir…à produire de l’énergie solaire !

Tchernobyl et ses environs se situent en effet dans une région particulièrement bien ensoleillée (autant que dans le sud de l’Allemagne). Une immense ferme solaire de 6 000 hectares pourrait ainsi y voir le jour. C’est du moins la volonté du gouvernement ukrainien, désireux de se doter d’un nouveau moyen de production d’énergie à base de ressources renouvelables et propres…pour diminuer sa forte dépendance au gaz naturel russe ! Ci-dessous, des parcs solaires en Allemagne, pays très avancé en la matière.

Panneaux-solaires-Allemagne

parc solaire en saxe (Waldpolenz à Brandis)Ce projet ambitieux coûterait près d’1 milliard de dollars. Des sociétés nord-américaines (étasuniennes et canadiennes) spécialisées dans les énergies renouvelables auraient déjà fait part de leur intérêt pour exploiter cette zone. La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) elle-même serait prête à contribuer au projet.

Affaire à suivre…

Fukushima 5 ans après

Les conséquences du drame toujours présentes

Il y a 5 ans, le 11 mars 2011, le Japon était victime d’un terrible tremblement de terre sous-marin (d’une magnitude de 8,9 sur l’échelle de Richter) aux conséquences dramatiques : le séisme provoqua un tsunami qui engendra un « accident » nucléaire. Le bilan définitif de cette triple catastrophe (humaine, écologique et nucléaire) fait état d’environ 19 000 morts et disparus.

carte du SEISME DU JAPON MARS 2011C’est au large des côtes du Nord Est de l’archipel nippon, à près de 25 km de profondeur, que la secousse a pris naissance ; non loin de la ville de Sendaï. S’ensuivirent des vagues d’environ 8 m de haut (parfois plus) déferlant à vive allure sur les côtes japonaises.

alerte_au_tsunami_dans_tout_le paysLe jour même du tsunami, une vidéo montre l’ampleur et la puissance de la vague.

Mais le tsunami touche également la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi (gérée par la firme Tepco).

japon_la_situationTout d’abord c’est le système de refroidissement de la centrale qui tombe en panne. Puis très vite, ce sont les réacteurs eux-mêmes qui explosent : la moitié d’entre eux (trois sur six) finissent par entrer en fusion totale, dégageant de très importants rejets radioactifs alentour (dans l’océan comme dans l’atmosphère).

centrale fukushima-2011 bisdrame fukushimaDans un pays qui avait déjà connu l’horreur nucléaire en août 1945 après le largage de deux bombes atomiques sur Hiroshima le 6 puis Nagasaki le 9, le traumatisme est énorme.

La zone fortement contaminée fut alors interdite à la population (environ 140 000 personnes ont été évacuées au moment du drame). Aujourd’hui, cinq ans après les événements, le démantèlement de la centrale nucléaire et la décontamination sont toujours en cours. Pour ce faire, différents types de robots prêtent main-forte à plus de 8 000 travailleurs qui s’acharnent sur les lieux de la catastrophe.

décontaminateurs

Car la radioactivité est telle en certains endroits du site (ex : à l’emplacement des réacteurs) que l’homme ne peut y pénétrer. Les robots sont donc indispensables pour effectuer certaines tâches ; comme par exemple récupérer le corium (ce magma métallique radioactif fondu). Pour autant, seul l’Homme sera véritablement capable de nettoyer ce désastre qu’il a lui-même causé ; on évalue à une quarantaine d’années le temps nécessaire pour y parvenir.

Les conséquences de la radioactivité sur le corps humain sont connues. Si à ce jour, un seul cas de cancer lié directement à la catastrophe nucléaire a été officiellement reconnu (il s’agit d’un ouvrier de 41 ans ayant travaillé sur le site contaminé de la centrale), le nombre devrait toutefois augmenter assez rapidement : sur les 385 000 enfants de Fukushima ayant fait l’objet d’analyses, plus de 80 présentent déjà un cancer de la thyroïde

radioactivite sur corps humainNéanmoins, progressivement, les autorités appellent les habitants évacués à une trentaine de km de la centrale nucléaire à revenir chez eux. Selon le gouvernement, le niveau d’exposition à la radioactivité y est inférieur aux 20 millisieverts par an requis pour pouvoir revivre dans ces zones.

C’est le cas notamment depuis septembre 2015 du village de Naraha, proche de la centrale nucléaire de Fukushima, déclaré officiellement habitable. Pour autant, moins de 10 % de la population souhaite y retourner. (cliquer sur l’image pour accéder à la vidéo)

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