Norman Rockwell

REMARQUE IMPORTANTE : Les pistes de travail que je vous propose ici ne sont ni exhaustives, ni directives. Elles ne vous dispensent pas d’un travail personnel de recherches.
Inversement, certains détails sont purement informatifs, et n’auront pas leur place dans une présentation synthétisée à l’oral : c’est à vous de sélectionner ceux qui vous sembleront utiles.
Enfin, gardez un esprit critique. N’hésitez pas à forger votre propre opinion en regroupant vos sources, ne vous contentez pas d’une seule !

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Biographie
Les influences
La technique
La composition de ses toiles
Un peintre engagé ?
La saturation chez Rockwell, par Mme Faure-Gignoux, professeur d’Arts plastiques
La saturation expliquée par Mme Perrin, professeur de Physiques

BIOGRAPHIE

Norman Rockwell est un peintre et un illustrateur du XXème siècle.
Il est né le 03 février 1894 à New York et est mort le 8 novembre 1978, à Stockbridge dans le Massachusetts.
Pendant plus de 40 ans, il créa 321 couvertures pour le magazine ‘Saturday Evening Post’, choisissant pour thèmes des scènes de la vie de tous les jours. Il participa à d’autres projets, notamment pour le mouvement scout, dont il illustra des calendriers et des guides.  Il illustra des couvertures de livres, de magazines, de calendriers, de publicité, des posters de film, …

Pendant la première guerre mondiale, il tenta de s’engager dans la Navy, mais fut recalé à cause de son poids (il était bien trop léger!). Il s’empiffra de bananes, de gâteaux et de boissons pour peser le poids minimal réglementaire et fut effectivement engagé le lendemain … comme illustrateur !

Il mit sept mois, pendant la seconde guerre mondiale, pour peindre la série des 4 libertés, inspirée par un discours de Roosevelt : liberté d’expression, liberté de culte, liberté de vivre décemment, liberté de vivre sans peur.

En 1943, l’incendie de son atelier et la destruction de centaines de peintures et dessins originaux, d’accessoires, de bibelots et de costumes d’époque, marqua un premier tournant dans sa carrière. Rockwell décida de se concentrer sur des sujets plus contemporains. Il faillit même devenir dessinateur de bandes dessinées (en collaborant avec les frères Caplin), mais son souci du détail l’empêcha de mener à bien cette entreprise.

La mort de sa seconde femme, en 1959, marqua un autre tournant dans sa carrière artistique. Il mit sa carrière d’illustrateur entre parenthèses pour se consacrer à sa biographie. Moins de 4 ans plus tard, il mettait fin à sa fructueuse collaboration avec le ‘Saturday Evening Post’.
Plusieurs raisons à cela : la photographie commençait à supplanter les illustrations. Et Rockwell lui-même s’était lassé de la vision angélique de l’Amérique qu’il donnait depuis des dizaines d’années. L’influence de sa troisième femme, Marie Punderson, est également mis en avant par ses biographes.
Il collabora ensuite avec ‘Look magazine’, et la teneur de ses œuvres changea : aux scènes de la vie quotidienne succédèrent des sujets plus politiques, notamment pour la cause des droits civiques, ou économiques comme la conquête spatiale ou les différents visages de la pauvreté.
Durant sa longue carrière, il réalisa le portrait de nombreuses célébrités, incluant les présidents Eisenhower, Kennedy, Johnson, and Nixon.

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SES INFLUENCES

Les critiques ne furent pas toujours tendres avec les œuvres de Rockwell, l’accusant de donner de la réalité une vision mièvre et édulcorée. Beaucoup le considéraient comme un illustrateur plus qu’un artiste, qualifiant son style de ‘kitsch’ (Définition du Larousse :  ‘Se dit d’un objet, d’un décor, d’une œuvre d’art dont le mauvais goût, voire la franche vulgarité, voulus ou non, réjouissent les uns, dégoûtent les autres.’)

Son milieu familial favorisa l’éclosion de son talent : son grand-père excellait dans la peinture de scènes bucoliques et son père était un peintre du dimanche  assidu, qui adorait reproduire les couvertures de magazines.
Mais Rockwell fut avant tout inspiré par ses prédécesseurs, des illustrateurs célèbres, dont Howard Pyle, spécialisé dans l’illustration des livres pour enfants (voire document suivant tirée de son livre sur les Pirates) :


Rockwell fut influencé par l’un des ses maîtres de l’Art Students League, Thomas Fogarty, qui excellait dans les croquis à l’encre de chine, comme le montre celui-ci :

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C’est notamment grâce aux conseils de Fogarty que Rockwell réalisa ses premières publicités commerciales.

Mais plus que tout autre, c’est illustrateur J. C. Leyendecker, qui illustra les couvertures du Standard Evening Post près de 20 ans avant lui, qui influença le style de Rockwell. Leydendecker travailla sur les affiches publicitaires de marques prestigieuses. Durement frappées par la crise de 1929, elles cessèrent leur collaboration avec l’artiste, précipitant son déclin.

Leyendecker fut pour Rockwell à la fois un maître et un ami. Rockwell fut l’un des hommes qui portèrent son cercueil à ses funérailles en 1951.

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SA TECHNIQUE

Rockwell excellait dans la technique de l’illustration à une époque où ce genre graphique régnait encore en maître dans l’univers de l’image : couvertures de livre, illustrations de magazines ou de journaux, affiches publicitaires, …
Mais ce qui explique son succès, ce n’est pas seulement son habilité à manier le crayon ou le pinceau.

Il choisit ses modèles avec soin. La bonne humeur qui se dégage de ses compositions tient en grande partie à l’expression des visages qu’il peint. Aucune expression n’est neutre.
Tout ce qu’il voit, il l’enregistre mentalement et s’en inspire pour créer des compositions que l’on pourraient qualifier de ‘paroxysmiques’ : Rockwell semble saisir la drôlerie ou la tendresse d’une situation dans son instantanéité.
Sa méticulosité  trouve une alliée inespérée dans la photographie. Dès 1930, il utilise des clichés : les modèles n’ont plus à poser des heures entières pour lui. Il peut observer en détail les visages, et les expressions. Et surtout, il peut diversifier à l’envi ses sources d’inspiration : il ne se contente plus seulement du visage de ses connaissances ou de ses propres étudiants lorsqu’il enseigne à l’Otis College of Art and Design. Ils’inspire désormais de celui de parfaits inconnus.
Rockwell ne se contente pas de reproduire les clichés qu’il utilise aussi pour organiser ses compositions. Ce qu’il vise, ce n’est pas le photo-réalisme : il transcende la réalité pour nous aider à dépasser notre simple vision :

norman6a Cliché de départ
norman6b Oeuvre à l’arrivée

Photographie et peintures – the Norman Rockwell Museum

Ses peintures peuvent être qualifiés de tranches de vie. Le décor ? Un environnement familier, tel qu’un intérieur bourgeois, un restaurant, un bar, l’intérieur d’une voiture, … Les actions ? Des actes de la vie de tous les jours : les repas, la visite chez un médecin, les courses,  …
Sa peinture est donc naturellement qualifiée de narrative et d’elliptique car elle raconte une histoire tout en laissant la partie en amont et en aval, à l’imagination.

Rockwell commençait par choisir un sujet, souvent imposé par les impératifs éditoriaux des magazines avec lesquels il collaborait.
Après une première esquisse sur papier, il réalisait un croquis au fusain aussi précis que possible sur la toile qu’il allait peindre. Il utilisait une peinture à l’huile qu’il appliquait avec minutie : sur certaines, on ne voit pratiquement aucun coup de pinceau, sur d’autres, le relief des coups de pinceau fait partie intégrante de la composition comme le montre ce détail de The Adventure Trail, 1950.

Chaque couche de peinture était recouverte d’un vernis pour donner un effet de saturation aux pigments, parfois sans respecter le temps de séchage de l’aveu même de Rockwell. L’autre intérêt de cette technique peu orthodoxe, était de lui permettre d’enlever à l’essence de térébenthine une couche de peinture si le résultat ne lui plaisait pas, sans abîmer ce qui avait déjà été peint.
Cette façon de procéder n’est pas sans conséquence sur la restauration de certaines toiles : le vernis jaunit avec le temps, et les couches de vernis intermédiaires ne peuvent pas être traitées sans attaquer les couches de peinture qu’elles recouvrent …

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LA COMPOSITION DE SES TOILES

Le focus de ses tableaux est l’expression de ses modèles : le fond doit donc mettre ceux-ci en valeur. Il utilise donc pour celui-ci des couleurs saturées et neutres : du blanc, du brun, du gris. Le fond est généralement plat, sans relief (porte, mur, bar, …), voire vide comme dans le tableau Le Garçon au landau.

L’attention doit se porter sur les sujets du tableau : ils sont donc peints généralement en son centre. Le choix de cette structure basique est dicté par des impératifs commerciaux des magazines. Ses tableaux sont avant tout destiné à être reproduits de façon industrielle : il faut que le thème qu’ils illustre soit facilement identifiable et éveille aussitôt l’intérêt et la curiosité des lecteurs.
Les sujets sont représentés de manière réaliste et détaillée, généralement dans des tons neutres, eux-aussi. Une grande attention est porté au rendu  du visage, mais certains traits sont volontairement grossis, parfois jusqu’à la caricature, pour accentuer la drôlerie ou la cocasserie d’une situation prise sur le vif. Mais cela n’est jamais fait de manière offensante ou dérangeante : on sent chez Rockwell le souci du respect des modèles.

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Un peintre engagé ?

En 1943, pour soutenir l’effort de guerre, Rockwell peignit ‘Les quatre Libertés’,  inspirées par un discours de Roosevelt.
Leur intemporalité laissa indifférent le ministère de la guerre, car elles n’entraient pas dans la ligne de propagande : aux artistes commerciaux, auxquels on avait fait appel durant la première guerre mondiale, on préférait désormais les ‘vrais’ artistes. Cependant, les tableaux de peintres commissionnés tels Ben Shahn dépeignant les atrocités nazis, ne rencontrèrent pas les faveurs du public.
 Tableau de propagande de Ben Shahn
Dès que les 4 libertés furent publiées par le Saturday Evening Post, une par semaine, elles connurent un succès immédiat, et les commandes de reproduction affluèrent. Durant un an, on organisa une exposition itinérante des quatre tableaux originaux, au cours de laquelle étaient vendues des obligations de guerre accompagnées de copies de ces originaux.

Freedom of Speech.jpg Freedom of Worship.jpg Freedom from Fear.jpg Freedom from Want.jpg

Il paraît que Rockwell travailla d’arrache-pied pour finir ces quatre tableaux avant la fin de l’année 1943, et perdit même près de cinq kilos pendant les sept mois de leur réalisation. Il garda de l’expérience un souvenir amer : “Les peintures sérieuses pompèrent toute mon énergie, comme une opération de dragage, me laissant étourdi et épuisé”.
Il retourna très vite à des peintures plus légères et plus drôles, en adéquation avec la ligne éditoriale du ‘Saturday Evening Post’. Mais c’est justement la tiédeur du directeur artistique et de son éditeur, notamment dans tout ce qui touchait de près ou de loin au mouvement des droits civiques, qui poussa Rockwell à mettre un terme à leur collaboration. L’événement déclencheur fut l’assassinat de J. F. Kennedy. Son dernier tableau pour le ‘Saturday Evening Post’ fut d’ailleurs un portrait du président démocrate.

La cocasserie de situation est remplacée par la gravité dans les œuvres postérieures à 1960. Aux visions idéalisées d’une Amérique intemporelle du ‘Saturday Evening Post’ succède une vision plus engagée de la réalité. Les événements tragiques de 1963 lui inspirèrent notamment ‘The problem we all live with’ qui fut publié en double page  dans ‘Look magazine’ en 1964 dont il avait l’équipe éditoriale en tant que commentateur de faits d’actualité.
Le tableau représente la première fillette noire à intégrer une école fréquentée jusque là uniquement par des enfants blancs, lors du processus qui amena à l’adoption des ‘Civil Rights Acts’ en 1964, – une série de lois qui déclarent illégale la discrimination reposant sur la race, la couleur, la religion, le sexe, ou l’origine nationale.

Selon Judy Cutler, co-fondatrice du Musée National de L’illustration Américaine, “au fur et à mesure qu’il gagnait en popularité et en succès, il comprenait qu’il pouvait faire bouger les choses par les messages [véhiculés par ses peintures]”.
Etude pour Frères de sang
Blood Brothers_Study.jpg

Norman Rockwell n’est pas un peintre politisé, mais son engagement dans le mouvement des droits civiques fit incontestablement avancer la cause des noirs américains. Il participa à sa mesure, à la déségrégation de son pays.

Deux ans après son investiture en 2008, le premier président noir des Etats-Unis, Barack Obama, fit installer le tableau emblématique de Rockwell “The problem we all live with” à la maison blanche.

Barack Obama, Ruby Bridges, and representatives of the Norman Rockwell Museum view Rockwell’s 'The Problem We All Live With' in the White House. | White House/Pete Souza
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La saturation chez Rockwell

Arts plastiques
Une couleur saturée veut dire une couleur dont l’intensité est à son maximum, le peintre n’y ayant ajouté ni blanc ni noir. Car le blanc et le noir sont des non-couleurs qui affaiblissent la couleur, soit en augmentant la clarté en ce qui concerne le blanc, soit en la diminuant en ce qui concerne le noir. Mais les peintres qui cherchent à placer des couleurs saturées dans leur tableaux ne se contentent pas de choisir celles qui sont données saturées par le fabriquant (ce n’est pas le cas de tous les tubes) ni de les utiliser sans blanc ni noir, ils vont chercher des solutions qui relèvent de la physique ou de l’optique. Par exemple Rockwell avait remarqué que le vernis rendait les couleurs saturées plus évidentes.  Rockwell alterne les couches de vernis et de peinture, il maîtrise ainsi des sensations nouvelles en obtenant que la lumière se reflète comme sur un mille feuilles. Hélas on ne pourra pas juger de l’effet ni sur une reproduction de livre, et encore moins sur un écran de projection vidéo.

Léonard de Vinci a eu une recherche similaire en peignant par couches de glacis successives très nombreuses. Cela signifie des couches très transparentes très diluées à l’huile. Il aurait jugé probablement désapprouvé le procédé de Rockwell, plus rapide, mais bien plus risqué puisque le vernis à tendance à jaunir.
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La saturation expliquée en Physiques

Tout d’abord pour voir un objet, il faut que la lumière entre dans nos yeux.
La lumière du Soleil (ou d’une lampe) est composée de plusieurs lumières colorées superposées (ce qui forme au final la lumière blanche que nous connaissons comme à la lumière du jour). Toutes ces composantes sont appelées spectre :
couleurs

Un objet nous parait coloré car il nous renvoie dans les yeux une lumière colorée (pour faire simple un objet rouge renvoie de la lumière rouge et absorbe toutes les autres lumière du spectre; un objet vert renvoie la composante verte et absorbe les autres…)

Petite remarque : un objet blanc renvoie tout le spectre et un objet noir absorbe toutes les lumières colorées.

Le vernis a la faculté de transformer les lumières ultra-violettes en lumières visibles (c’est le phénomène de fluorescence). Le tableau vernis renvoie donc davantage de rayons lumineux dans nos yeux et la couleur de la peinture nous semble plus intense !
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Sources :
http://www.ehow.com/way_5130151_norman-rockwell-painting-technique.html
http://www.nrm.org/2013/12/good-knight-and-good-luck/?lang=en
http://giam.typepad.com/100_years_of_illustration/thomas_fogarty_18731938/
http://www.americanillustration.org/artists/rockwell/rockwell.html
http://petapixel.com/2012/12/27/the-photographs-norman-rockwell-used-to-create-his-famous-paintings/
http://www.al.com/entertainment/index.ssf/2012/09/after_the_post_norman_rockwell.html
http://spartacus-educational.com/ARTrockwell.htm

 Cliquer ici pour accéder à l’étude de l’oeuvre “The problem we all live in”

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Accès à la fiche de travail sur le passif en cliquant ici !

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