Ciné : La Vénus Noire

LUNDI 22 novembre au cinéma Utopia à 9 heures

Nous irons voir La Vénus noire, le dernier film d’Abdellatif Kechiche, qui raconte l’histoire de la sud-africaine Saartjie Baartman, “la négresse au gros cul” comme certains la qualifiaient à l’époque.

Au début du XIXème siècle, cette servante est emmenée en Europe et devient un objet de foire en raison de ses attributs physiques proéminents. Certains qui  se disent « scientifiques » utilisent sa présence pour théoriser l’infériorité de la “race noire”.

Lorsqu’elle meurt à seulement 25 ans, ses organes génitaux et son cerveau sont placés dans des bocaux de formol, et son squelette et le moulage de son corps sont exposés au musée de l’Homme à Paris.

C’est seulement en 2002 que la France accepte de rendre la dépouille de Saartjie Baartman à l’Afrique du Sud, concluant ainsi un long imbroglio juridique et diplomatique.

Remise du moulage et de la dépouille de Saartjie Baartman en 2002

La remise de la dépouille et du moulage du corps de Saartjie Baartman en 2002 à l’Afrique du Sud par les autorités françaises

Vénus noire dérange en interpellant la nature des regards des spectateurs. Le réalisateur confirme que ce film n’a pas été fait pour être agréable.

En Afrique du Sud, Saartjie Baartman est considérée aujourd’hui comme l’un des symboles de l’humiliation subie par les Noirs pendant la colonisation. Lors de l’affaire de l’athlète Caster Semenya, son nom a aussi été rappelé pour mettre en cause les “impérialistes” occidentaux. Elle sert aussi de porte-étendard aux Khoïsans, le premier peuple ayant habité la région, qui souffrent encore à l’heure actuelle de discriminations.

Ce film nous permettra d’aborder la notion du programme NATURE et CULTURE, mais aussi L’HISTOIRE, le DROIT et la LIBERTÉ.

A suivre…

Résumé de la Vénus Noire

C’est l’histoire d’une vénus Hottentote (tribus africaines). Elle fait des représentations et spectacles à Londres comme une esclave. Au fur et à mesure c’est une associée de Caezar, Caezar est le patron de Sarah. Le public vient pour la voir et surtout la toucher, elle est considérée comme un animal. Le spectacle déclenche l’hystérie du public mais aussi une polémique, certains vont dénoncer l’inhumanité des traitements qui lui sont imposés. Au tribunal, Caezar se défend et un non lieu est prononcé lorsque Sarah sous l’emprise de ses menaces reconnaît qu’elle est son associée et qu’elle participe volontairement à son spectacle.

Caezar rencontre le dresseur d’ours et sa complice Jeanne (la catin) et partent ensemble à Paris. Cette fois, elle est montrée dans les salons mondains, la situation devient désastreuse sous les coups de ses deux gardiens. On peut comparer deux publics, celui des gens de la rue et celui des riches favorisés. L’idée de voir et de toucher Sarah jusqu’à ses parties intimes se retrouve sur un autre plan : la communauté scientifique. Là encore, Sarah est rabaissée au rang d’objet à étudier, et plonge à nouveau dans la solitude et trouve refuge dans l’alcool et le tabac et on prévoit quelques signes de maladie. Caezar l’abandonne pour de l’argent et Réaux la place dans un réseau de prostitution aux cotés de Jeanne, la déchéance s’accélère et elle attrape des maladies, est exclue de son métier. Elle meurt seule dans des conditions pitoyables. Son corps est acheté par la science et c’est le savant Cuvier qui va la dépecer, mettre ses organes dans le formole. Passe alors du statut d’être humain à esclave, animal puis objet, on forme une statue qui est exposée à l’académie des Sciences où Cuvier peut tenir des conférences, montrer son corps ainsi décomposés à tous les plus grands savants. On peut alors comparer le scientifique aux différents montreurs de foire (Caezar) ou de commerce érotique (Réaux).

Réaction : Réaction insoutenable, mal-être, certaines scènes trop longues. On passe de la révolte à la pitié ou l’inverse. Il y a aussi une certaine honte à comprendre que quelque soit le statut social des hommes, ils puissent être aussi voyeurs. La personne de Sarah est comme un concentré de toutes les victimes de discrimination (sexe, racisme…)

Question philosophique : Y a-t-il une frontière entre l’humain et l’inhumain ? Y a-t-il de l’inhumanité en l’homme ?

Le thème est Nature et Culture.

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