Cours 2 LA RELIGION et la recherche d’un sens

Visionner exposition BNF sur les trois monothéismes

P.347 VOCABULAIRE

II) L’ère du soupçon envers la ou les religions

Il ne s’agit plus de designer ou de critiquer une religion en tant que croyance mais en tant que fait religieux.

1/ Le premier philosophe qui va s’opposer à la vie religieuse est Nietzsche penseur de la fin du XIX°eme siècle, son idée est que la religion, et en particulier le christianisme, nous empêche de vivre, c’est la religion qui a permit d’intérioriser tout cet instinct obscur, ce qui rend l’homme malade. Donc pour Nietzsche, la morale qu’il tire du christianisme est que par exemple, les notions morales liées à toute condamnation du corps empêche l’acceptation de soi, la puissance vitale que tout homme devrait développer. En même temps la religion développe une sorte d’individualisme qui nie les valeurs proprement humaines. Elle conduit l’homme à la faiblesse, à la résignation.

Nietzsche réduit la religion chrétienne à sa morale, marquée par la dualité du bien (l’âme) et du mal (le corps), le ressentiment et le renoncement ; il lui oppose une morale fondée sur la créativité, l’enthousiasme, la joie, la plénitude de l’être. Le passage d’une morale à l’autre implique la mort de Dieu.

Citation de Nietzsche « La religion est un monde de fiction pur qui a sa racine dans la haine contre le naturel. »

 

Le plus grand récent événement – à savoir que « dieu est mort », que la croyance au Dieu chrétien est tombée en discrédit – commence dès maintenant à étendre son ombre sur l’Europe. Aux quelques rares, tout au moins, doués d’une suspicion assez pénétrante, d’un regard assez subtil pour ce spectacle, il semble en effet que quelque soleil vienne de décliner, que quelque vieille, profonde confiance se soit retournée en doute : à ceux-là notre vieux monde doit paraître de jour en jour plus crépusculaire, plus méfiant, plus étranger, « plus vieux ». Mais sous le rapport essentiel on peut dire : l’événement en soi est beaucoup trop considérable, trop lointain, trop au-delà de la faculté conceptuelle du grand nombre pour que l’on puisse prétendre que la nouvelle en soit déjà parvenue, bien moins encore, que d’aucuns se rendent compte de ce qui s’est réellement passé, comme de tout ce qui doit désormais s’effondrer, une fois ruinée cette croyance, pour avoir été fondée sur elle, et pour ainsi dire enchevêtrée en elle : par exemple notre morale européenne dans sa totalité.
Cette longue et féconde succession de ruptures, de destructions, de déclins, de bouleversements, qu’il faut prévoir désormais : qui donc aujourd’hui la devinerait avec assez de certitude pour figurer comme le maître, l’annonciateur de cette formidable logique de terreurs, le prophète d’un obscurcissement, d’une éclipse de soleil comme jamais il ne s’en produisit en ce monde (…)  ? D’où vient que même nous autres, nous envisagions la montée de cet obscurcissement sans en être vraiment affectés, et surtout sans souci ni crainte pour nous-mêmes  ? Subirions-nous trop fortement peut-être l’effet des conséquences immédiates de l’événement – conséquences immédiates qui pour nous autres ne sont, contrairement à ce que l’on pourrait peut-être en attendre, nullement affligeantes ni assombrissantes, mais bien plutôt comme une lumière, une félicité, un soulagement, un égaiement, un réconfort, une aurore d’une nouvelle sorte qui ne se décrit que difficilement…
En effet, nous autres philosophes, nous autres « esprits libres », à la nouvelle que le « vieux dieu est mort », nous nous sentons comme touchés par les rayons d’une nouvelle aurore : notre coeur, à cette nouvelle, déborde de reconnaissance, d’étonnement, de pressentiment, d’attente – voici l’horizon à nouveau dégagé, encore qu’il ne soit point clair, voici nos vaisseaux libres de reprendre leur course, de reprendre leur course à tout risque.

Nietzsche, Le gai Savoir, V, Nous qui sommes sans crainte, § 343, Notre sérénité, Bouquins T. II, p. 205.

Remarque :

Depuis Descartes et jusqu’à Descartes l’homme est composé de l’esprit et du corps ; l’esprit étant la conscience, ne fait que penser et le corps est une machine. L’animal pour Descartes est seulement une machine.

L’ascétisme est que l’âme est supérieure au corps.

Nietzsche avait déjà annoncé la mort de Dieu dans Le Gai Savoir(1882), et notamment dans son aphorisme n° 125. Affirmer que Dieu est mort peut sembler paradoxal, si l’on considère que l’immortalité est l’un des attributs de Dieu. N’est-ce pas plutôt la croyance des hommes en Dieu qui a disparu, étant donné que Dieu n’existerait que par notre foi ? Mais Nietzsche ne se contente pas du constat sociologique de cette désaffection des hommes envers la religion : il rend ceux-ci déicides, c’est-à-dire acteurs responsables de leur nouvelle condition.Pourtant les hommes ne réalisent pas immédiatement les conséquences de leur acte fondamental, puis ils sont partagés entre un sentiment de liberté et une immense inquiétude. C’est ici qu’intervient Zarathoustra : la crainte des hommes risque de déboucher sur la résurgence de Dieu à travers un nouvel avatar (la science, le progrès, la démocratie, la vérité), ou pour le moins de conduire l’humanité au nihilisme (le refus de toute valeur, y compris des valeurs supérieures). C’est donc le soulagement qui doit l’emporter sur l’inquiétude, et avec lui la libération des ressources insoupçonnées de l’homme : ses aptitudes à la joie et à la plénitude.

Hommes supérieurs, apprenez de moi ceci : sur la place publique personne ne croit à l’homme supérieur. Et si vous voulez parler sur la place publique, à votre guise ! Mais la populace cligne de l’œil : « Nous sommes tous égaux. »« Hommes supérieurs, – ainsi cligne de l’œil la populace, – il n’y a pas d’hommes supérieurs, nous sommes tous égaux, un homme vaut un homme, devant Dieu – nous sommes tous égaux ! »Devant Dieu ! – Mais maintenant ce Dieu est mort. Devant la populace, cependant, nous ne voulons pas être égaux. Hommes supérieurs, éloignez-vous de la place publique !Devant Dieu ! – Mais maintenant ce Dieu est mort ! Hommes supérieurs, ce Dieu a été votre plus grand danger.Vous n’êtes ressuscites que depuis qu’il gît dans la tombe. C’est maintenant seulement que revient le grand Midi, maintenant l’homme supérieur devient – maître !Avez-vous compris cette parole, ô mes frères ? Vous êtes effrayés :votre cœur est-il pris de vertige ? L’abîme s’ouvre-t-il ici pour vous ?

Le chien de l’enfer aboie-t-il contre vous ?Eh bien ! Allons ! Hommes supérieurs ! Maintenant seulement la montagne de l’avenir humain va enfanter. Dieu est mort : maintenant nous voulons – que le surhomme vive.Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra (1883-1885), in Œuvres, coll. « Bouquins », éd. Robert Laffont, 1993, p. 510

2/ Le deuxième auteur qui s’oppose à la religion est Karl Marx, pour lui la religion aliène les individus ça les détache du monde réel, la religion masque et empêche ce qui relève du social et du politique. Pour Marx la religion crée des inégalités.

Marx mène une critique politique de la religion comme idéologie, une critique de son instrumentalisation politique, et notamment de sa fonction d’aliénation : l’homme devient étranger à lui-même, au lieu de réaliser son essence. Marx veut expliquer pourquoi l’homme s’aliène dans la projection religieuse : c’est parce que sa vie réelle est invivable. C’est donc en partant de la réalité matérielle que Marx déploie sa critique, et en mettant à jour les contradictions inhérentes aux conditions sociales de vie.

 

Voici le fondement de la critique irréligieuse : c’est l’homme qui fait la religion, et non la religion qui fait l’homme. À la vérité, la religion est la conscience de soi et le sentiment de soi de l’homme qui, ou bien ne s’est pas encore conquis, ou bien s’est déjà de nouveau perdu. Mais l’homme, ce n’est pas un être abstrait recroquevillé hors du monde. L’homme, c’est le monde de l’homme, c’est l’État, c’est la société. Cet État, cette société produisent la religion, une conscience renversée du monde, parce qu’ils sont eux-mêmes un monde renversé. La religion est la théorie générale de ce monde, son compendium encyclopédique, sa logique sous une forme populaire, son point d’honneur spiritualiste, son enthousiasme, sa sanction morale, son complément cérémoniel, son universel motif de consolation et de justification. Elle est la réalisation chimérique de l’essence humaine, parce que l’essence humaine ne possède pas de réalité véritable. Lutter contre la religion, c’est donc, indirectement, lutter contre ce monde-là, dont la religion est l’arôme spirituel.
La misère religieuse est tout à la fois l’expression de la misère réelle et la protestation contre la misère réelle. La religion est le soupir de la créature accablée, l’âme d’un monde sans cœur, de même qu’elle est l’esprit d’un état de choses où il n’est point d’esprit. Elle est l’opium du peuple.
Nier la religion, ce bonheur illusoire du peuple, c’est exiger son bonheur réel. Exiger qu’il abandonne toute illusion sur son état, c’est exiger qu’il renonce à un état qui a besoin d’illusions. La critique de la religion contient en germe la critique de la vallée de larmes dont la religion est l’auréole. […] La critique du ciel se transforme ainsi en critique de la terre, la critique de la religion en critique du droit, la critique de la théologie en critique de la politique.
Karl Marx, Pour une critique de la philosophie du droit de Hegel [1843], trad. de l’allemand par M. Rubel et alii, Gallimard, coll. « Folio essais », 1982, p. 89-91.
  1. Expliquez les deux fonctions différentes de la religion selon Marx.
  2. Expliquez la célèbre phrase de ce texte : la religion est « l’opium du peuple » .
  3. Pourquoi la religion a-t-elle une dimension politique qu’il faut critiquer selon Marx ?

Freud s’adresse à un interlocuteur imaginaire qui prétends que les hommes ne peuvent pas se passer de religion :

Je vous contredis donc lorsque vous concluez […] que l’homme ne peut 

absolument pas se passer du réconfort qu’apporte l’illusion religieuse, 

que sans elle il ne supporterait pas le poids de la vie, la cruelle réalité. Eh 

oui, c’est le cas de l’homme auquel vous avez instillé dès l’enfance ce doux 

poison – doux ou amer. Mais l’autre homme, celui qui a grandi sans qu’on l’y 

fasse goûter ? Peut-être que, ne souffrant pas de la névrose, il n’a pas non 

plus besoin d’intoxication pour l’anesthésier ? Certes, l’homme se trouvera 

alors dans une situation dif?cile, il sera forcé de s’avouer l’ampleur de son 

désarroi1, qu’il est une quantité négligeable dans le mécanisme de l’univers, 

qu’il n’est plus le centre de la création, plus l’objet de la tendre sollicitude

2 d’une providence bonne. Il sera dans la même situation que l’enfant qui 

a quitté la maison paternelle où il était tellement au chaud et se trouvait 

si bien. Mais n’est-il pas vrai que l’infantilisme est fait pour être dépassé ? 

L’être humain ne peut rester enfant éternellement, il faut qu’il ?nisse par 

sortir, dans la «vie hostile». On est en droit d’appeler cela l’«éducation 

à la réalité» ; ai-je besoin de vous révéler que l’unique intention de mon 

écrit est d’attirer l’attention sur la nécessité de ce progrès ? Vous craignez 

vraisemblablement que l’homme ne surmonte pas cette dif?cile épreuve ? 

Eh bien, espérons néanmoins. C’est déjà quelque chose de savoir qu’on 

ne doit compter que sur sa propre force. On apprend alors à s’en servir 

judicieusement. L’homme n’est pas tout à fait sans moyens auxiliaires, sa 

science lui a beaucoup appris depuis l’époque du déluge et elle continuera 

encore d’accroître son pouvoir. Quant aux grandes nécessités du destin, 

contre lesquelles il n’est point de remède, il apprendra tout bonnement à 

les supporter en s’inclinant. À quoi bon lui faire miroiter la possession d’un 

grand domaine sur la lune, dont personne n’a jamais vu le moindre produit ? 

Petit paysan honnête sur cette terre, il saura creuser ses sillons de telle 

sorte qu’ils le nourrissent. Du fait qu’il ne mettra plus ses espoirs dans l’au-

delà et concentrera sur la vie terrestre toutes ses forces ainsi libérées, il 

parviendra paisiblement à ce que la vie devienne supportable pour tous et 

à ce que la civilisation n’écrase plus personne.

Sigmund Freud, L’Avenir d’une illusion (1927), trad. B.Lortholary, Éditions du Seuil, 2011.

1. Désarroi: trouble moral profond.
2. Sollicitude: attention affectueuse.
1 Qu’est-cequipeutfairepenserà l’interlocuteurdeFreudquesans
lareligion,l’hommene«pourraitsupporterlepoidsdelavie,lacruelle
réalité»?
2 Repères
Décrivezetexpliquezles
analogiesfaitesparFreud :lareligion
etlepoison,l’êtrehumainet
l’enfantquittantlamaison,
l’êtrehumainetlepaysancreusant
ses sillons.
Repères philosophiques : Ressemblance/Analogie
Ressemblance : similitude que
présentent deuxchoses quand
certaines de leurs caractéristiques
sont proches voire identiques.
Analogie: association d’idées
entre plusieurs choses pourtant
différentes.Une analogie explicite
est une comparaison,une analogie
implicite est une métaphore.
3 Faites la liste des arguments de Freud
e tdes objections de son contradicteur.

3/ Le troisième est Freud, il n’est pas philosophe mais médecin Viennois né en 1856 et mort en 1939, c’est lui qui fonde la psychanalyse en théorisant une hypothèse : l’inconscient psychique. Son premier texte apparaît en 1900 mais il sera énormément critiqué puisque sa vision est très mal vue par la population. Il prétend qu’on ne peut pas guérir par la psychanalyse, mais on peut donner du sens à ce qui passe dans notre esprit, et c’est en donnant du sens à cela qui va faire disparaître certains symprômes.

La religion pour Freud, c’est le malheur du corps, cela empêche les pulsions et les passions du corps, une frustration va alors se manifester puis se dissimuler à l’intérieur de la conscience, or ces désirs, à force de les dissimuler, nous suivent toute notre vie et nous font du mal.

Pendant le rêve la censure, va être moins vigilante, donc pour Freud, le rêve est une manifestation déguisée d’un désir refoulée.

La texte de Freud sur la religion est « l’avenir d’une illusion », c’est l’idée que la religion est une illusion qui aide l’homme à supporter les souffrances de l’existence et particulièrement l’angoisse de la mort. Il y a deux rôles pour l’homme assignés à la religion :

  • Le premier c’est l’infantilisme (l’homme est toujours un enfant qui doit être aimée, consolé et c’est Dieu qui joue le rôle de ce père aimant. Or, pour Freud on ne peut pas rester éternellement enfant, il faut grandir et pour cela il faut tuer ce père donc Dieu).

  • Le second point est que la religion est une maladie dont l’homme doit guérir, c’est tout d’abord une maladie individuelle que Freud nomme névrose puis une maladie collective que Freud nomme une obsession.

3 penseurs critiques

Critique de Marx : l’opinion est l’opium du peuple

sens de l’opium= blesse mais rétablit aussi, c’est un pharmakon

Critique de Nietzsche :

Nietzsche pense que la religion est la faiblesse de l’homme

Pour lui la religion emmène l’homme vers la faiblesse

Critique de Freud :

l’homme supporte la religion, il le console,(Il faut tuer le père) .

III- La religion est-elle nécessaire à la moralité ?

Dostoïevski : « Si Dieu n’existait pas, tout serait permis »

Cela est comme une menace et de la prudence puis un intérêt , de l’infantilisme.Il y a une incertitude , une peur de inconnu qui est la mort.

Tout cela est a-moral pour le philosophe

ou du moins une morale hétéronome / autonome

Le pari de Pascal

« Dieu est, ou il n’est pas. Mais de quel côté pencherons-nous ? La raison n’y peut rien déterminer : il y a un chaos infini qui nous sépare. Il se joue un jeu, à l’extrémité de cette distance infinie, où il arrivera croix ou pile. Que gagerez-vous ? Par raison, vous ne pouvez faire ni l’un ni l’autre ; par raison, vous ne pouvez défendre nul des deux.
Ne blâmez donc pas de fausseté ceux qui ont pris un choix ; car vous n’en savez rien.
« Non ; mais je les blâmerai d’avoir fait, non ce choix, mais un choix ; car, encore que celui qui prend croix et l’autre soient en pareille faute, ils sont tous deux en faute : le juste est de ne point parier ».
Oui ; mais il faut parier ; cela n’est pas volontaire, vous êtes embarqué. Lequel prendrez-vous donc ? Voyons. Puisqu’il faut choisir, voyons ce qui vous intéresse le moins. Vous avez deux choses à perdre : le vrai et le bien et deux choses à engager : votre raison et votre volonté, votre connaissance et votre béatitude, et votre nature a deux choses à fuir : l’erreur et la misère. Votre raison n’est pas plus blessée, en choisissant l’un que l’autre, puisqu’il faut nécessairement choisir. Voilà un point vidé. Mais votre béatitude ? Pesons le gain et la perte en prenant croix que Dieu est. Estimons ces deux cas : si vous gagnez, vous gagnez tout ; si vous perdez, vous ne perdez rien. Gagnez donc qu’il est, sans hésiter. […] Et ainsi, notre proposition est dans une force infinie, quand il y a le fini à hasarder à un jeu où il y a pareils hasards de gain que de perte, et un infini à gagner. Cela est démonstratif ; et si les hommes sont capables de quelque vérité, celle-là l’est. » Pascal, Pensées

 

Pascal s’adresse ici à des agnostiques, et notamment à des libertins grands amateurs de jeux. Il se place sur leur terrain afin de leur montrer que croire en Dieu est raisonnable. Or, croire, c’est parier que Dieu existe, et ne pas croire, c’est parier qu’il n’existe pas.Et parier, c’est prendre des risques calculés, en fonction des espérances mathématiques de gain. L’existence de Dieu n’est ni évidente ni exclue : on ne peut donc pas ne pas parier.Pascal rentre ainsi dans le jeu de ses adversaires : quel est le pari le plus avantageux ? Il démontre que c’est le pari sur l’existence de Dieu. En effet, si l’on calcule le produit du gain possible (c’est-à-dire le Salut, qui est de l’ordre de l’infini) par la probabilité de l’obtenir (soit une chance sur deux), on constate qu’il est infiniment supérieur à la mise (c’est-à-dire vivre en chrétien, ce qui est de l’ordre du fini). Second argument : on peut même dire que la mise est nulle, car selon Pascal la vie chrétienne est encore plus heureuse que la vie libertine, faite de plaisirs éphémères et médiocres. Le pari ne peut donc être refusé. Enfin – dernier argument -, en pariant pour Dieu, on se prépare à recevoir les preuves d’un Dieu qui se cache (le « dessous du jeu », dit Pascal, que la foi révèle) : dès lors (« en cette vie »), le pari s’annule comme pari et laisse place à la certitude.L’intention de Pascal est propédeutique. Ce faisant, Pascal dessine une synthèseoriginale de la raison et de la foi : la raison autonome ne permet pas de connaître Dieu, mais, muselée par la foi, elle nous éclaire dans nos décisions, et les rend raisonnables (plutôt que rationnelles). Quant à la foi, la charité : « C’est le cœur qui sent Dieu et non la raison. Voilà ce que c’est que la foi. Dieu sensible au cœur, non à la raison. »

Ecouter ici Lucrèce le poète-philosophie

« Il est incontestable que les dieux, par la nature même, jouissent de l’immortalité au milieu de la paix la plus profonde, étrangers à nos affaires, dont ils sont tout à fait détachés. Exempte de toute douleur, exempte de tout danger, forte d’elle-même et de ses propres ressources, n’ayant nul besoin de notre aide, leur nature n’est ni attachée par des bienfaits, ni touchée par la colère. Quant à la terre même, en tout temps elle demeure privée de sensibilité : et comme elle possède en elle les éléments de nombreux corps, elle en produit de mille manières une multitude à la lumière du soleil. Si quelqu’un décide alors d’appeler la mer Neptune et Cérès les moissons ; s’il aime mieux employer abusivement le nom de Bacchus au lieu du mot propre qui désigne le vin, accordons-lui également de donner à la terre le nom de Mère des Dieux, pourvu toutefois qu’en fait il se garde de souiller son esprit d’une affreuse superstition. »

Lucrèce, De la nature,Livre II (Les Belles Lettres, 2009)

« La piété, ce n’est pas se montrer souvent voilé et, tourné vers une pierre, s’approcher de tous les autels, ni se prosterner à terre, tendre ses mains ouvertes devant les temples des dieux, inonder leurs autels du sang des quadrupèdes, aux vœux enchaîner les vœux,
la piété, c’est tout regarder l’esprit tranquille ».
Lucrèce, De la nature, Livre V, Trad. J. Kany-Turpin, G6F. Flammarion, 1993, pp 379-383″
 

Religion renvoie à une doctrine particulière

hétéronomie qui vient des religions

La religion inculque des valeurs morales , fixe une pensée hétéronome que les philosophes des lumières Kant en particulier , réfutent : l’autonomie signifie l’obéissance à la loi (autonomie, moralité) que l’on s’est donnée soi-même.

« Que dois-faire ? » Il s’agit de se demander ,à quelle condition la maxime de mon action peut-elle être universelle ?

Avec Kant on s’adresse toujours à des êtres de raison même lorsqu’il s’agit d’un enfant, homme a cette capacité d’être raisonnable .

Penser par soi-même ce n’est pas penser en respectant tel ou tel , c’est l’intention : doit être autonome et réfléchie.

Morale de Kant = tu dois inconditionnel , seul condition c’est d’être universel. Problème pour Kant, c’est que l’homme raisonnable n’existe pas, laisse parler ses sentiments. Réduit la moral à une autonomie : des règles que l’homme se donner à soi-même.

Rapport particulier entre religion et philosophes de l’antiquité .

18eme interrogation : l’homme est-il obligé de vivre avec des règles morales extérieurs à lui même ?

toute morale hétéronome est le fruit d’une religion.

Moral= plus qu’un guide pour l’homme : idée de transcendance, quelque chose qui lui est supérieur.

Religion porteuse de valeur qui dépasse tout le temps l’homme.

L’homme est un être de nature. Spinoza :  « l’homme n’est pas un empire dans un empire » soit l’homme n’est pas une partie de la nature, il est nature.

En tant que doctrine transcendante, la religion inculque de l’extérieur des valeurs morales. Deuxièmement les règles morales, pouvant être établies par les hommes, sont dévalorisées jusqu’à l’époque des lumières et de l’humanisme ,qui affirme que grâce à sa raison l’homme peut établir une moralité.

Sartre : l’existentialisme est un humanisme (titre de l’œuvre) :

« L’existence précède l’essence » ce qui veut dire que l’homme existe, avant d’être un homme il existe. Privilégier l’existence sur l’essence, c’est dire que l’homme n’est rien, il deviendra homme en existant comme tel. il n’y a pas de nature humaine, car il n y’a pas de Dieu pour la concevoir

 

Cours de philosophie :

Conclusion sur la religion

Définition de transcendant : Il s’agit du contraire de la définition d’immanent, c’est-à-dire ce qui est au-dessus, ce qui dépasse l’homme, idée de l’au-delà, quelque chose qui n’appartient pas au naturel.

Définition d’immanent : Il s’agit de quelque chose qui est lié, et qui appartient à ce qui est ici-bas.

Dans le cadre de la religion, il existe une idée transcendante, l’homme peut penser d’une divinité, de dieu..

La nature a un double sens (tout ce qui nous entoure), ou encore l’homme lui-même (la nature humaine). Nous concevons la nature comme étant immanente.

Kant : Toute morale transcendante, sera définie par Kant comme hétéronome : qui l’oppose à l’autonomie, qui est extérieur à l’homme.

Hétéro = autre / extérieur

Nomie = loi

?L’homme doit être l’auteur de ses propres lois / morales.

Ces règles doivent être raisonnables, et universelles ( Malebranche, texte sur la raison universelle).

Ce n’est pas parce qu’une règle est écrite dans un texte religieux, qu’elle doit être suivie à la règle, il faut savoir se donner ses propres règles, être autonome.

Loi du talion : Ne fait pas à autrui ce que tu ne veux pas que l’on te fasse ? Hétéronomie

Exemple :

Je ne tue pas mon voisin car je ne veux pas aller en prison, ou avoir une amande…

?Amoral car on ne se donne pas nous-même cette propre règle. La moralité s’agit de se donner nous-même les règles.

?Il s’agit de la même chose que pour les textes religieux que nous suivons dans une religion : Nous suivons les règles imposées, et nous ne nous les imposons pas tout seul.

Exemple du tramway :

Il y a un tramway qui roule, et il y a deux voies sur lesquelles il peut aller : Une voie où se présente un homme fragile et une autre avec un enfant. Un homme peut intercepter un seul des rails. Que peut-on sauver ?

Choisir une des deux voies serait amoral.