LE FOU, EST CE L’AUTRE ?

LE FOU, EST CE L’AUTRE ?

I- Brève histoire de « la folie »

a) Folie humaine chez les grecs:

La folie vient de l’impuissance humaine. Socrate utilise cette notion de démesure. Pour expliquer que « les plus grand bienfaits nous viennent de la folie »,il s’agit d’une sorte de démon qui lui interdit de faire quelque chose. En même temps ce pouvoir délirant signifie le triomphe de la connaissance sur l’instinct. Hippocrate, la tradition médicale de cette époque chez les grecs, affirme que la folie est une perversion des humeurs et tempéraments. On le soigne par des drogues ( ex : opium,belladone)

b) Moyen Age et 16e siècle:

Le fou à sa place dans la société : c’est le fou du roi (le bouffons).Il est méconnue et familier ; il se déguise en fou pour pouvoir rentrer dans le château. Il est considéré comme anonyme/personne = d’un coté on s’en méfie et d’un autre on le comprend. Il peut être assimilé à celui qui a péché.

Et enfin, son image peut être diabolique , c’est à dire l’instrument/celui qui accompagne le diable.

Au nom de l’humanisme la folie est une dénonciation souvent ironique des illusions ( Rabelais, Montaigne, Cervantès et Shakespeare)

c) Au 17e Siècle, raison et folie:

En littérature il y a une conscience tragique de la folie. C’est une illusion tenace et bien réel.

Lorsque Descartes pousse le doute à l’extrême, il rencontre la folie mais la rejette au nom de exercice de pensée. Penser que je puisse être fou est impossible car la folie est ce qui empêche de penser. La folie se manifeste sous diverse formes et diverse maux. C’est le siècle « du grand enfermement » = La folie empêche la mendicité,le libertinage,les malades. Ce que l’on enferme sont ceux qui sont atteint dans l’âme et aussi dans le physique.

d) La raison éclairée, 18e siècle:

On cherche à identifier la folie, le définir, singulariser le fou.

Diderot: « C’est une composé de hauteur et de bassesse,de bon sens et de déraison »

=Le fou se définis comme un être original, il mime la folie et est entre deux: il ,’est pas fou mais fait comme si il était fou= il l’a choisit; la folie en elle mêmé n’existe pas.

Il se rend haïssable. Au 18e siècle, le fou fait peur = il doit être éloigné de la société. On cherches des symptômes positifs à la folie pour l’expliquer par le milieu, le climat etc .. L’homme fou n’est pas un animal , au contraire il s’en éloigne.

Différence entre « L’insensé » et « L’aliéné » : Le malade insensé a perdu le bon sens de manière peut être temporaire comme les mendiants, pauvres etc .. tandis que l’aliéné a complètement perdu la raison

e) Différentes approches de la folie au Xxème siècle

Approche

Partisans

Définition de la maladie

Interprétation

Traitement

– Organiciste ( médicale )

– Les

psychiatres,médecins, neurologues.

– maladie du cerveau.

– un comportement anormal résulte d’un désordre biologique.

– L’électrochoc, certaines chirurgies du cerveaux et tout ce qui est neuroleptique ( ex: somnifère )

– Psychanalyse

– Freud et ses disciples

– Traumatisme lié à l’enfance/ l’identité du sujet.

– Les états émotionnels du sujet ont pour effets des symptômes

– Le discours qui permet d’extérioriser le conflit psychique.

– L’école systémique.

– École de Palo Alto, Grégory Bateson.

– La maladie est une maladie sociale et familiale lié à des troubles de la communication.

– Le malade réagit à des situations où il est manipulé comme un objet.

Exemple: « le double lien »

– Rétablir une communication au sein d’une famille/groupe où chacun soient considérés comme un sujet ( pour ne pas dire comme une personne)

– L’approche sacrificielle.

– Szasz( « le mythe de la maladie mentale »), Laing , Goffman

– La maladie mentale est une étiquette qui a pour fonction de punir certains membres de la société = Bouc émissaire.

– Le patient se met dans le rôle d’une victime et accepte d’être un être passif pour lequel l’institution a tout prévu . Il se trouve abolis dans son individualité.

– Aucun. Ne plus étiqueter les patients.

– L’approche politique.

-David Cooper, Basaglia

– Maladie sociale lié à l’exploitation , des individus par la société industrielle

– Les notions de rendement, de compétition conduisent à des révoltes ou des soumissions.

– Il n’y en a pas vraiment. , il faut par une lutte politique dénoncer tous les palliatifs à l’insalubrité du travail.

En général on désigne par fou un sujet dont le comportement est bizarre, étrange ou déraisonnable. Mais nous n’avons plus de normes pour définir la raison. Du même coup il n’est pas possible de définir la folie en soi. Les critères dépendent d’un ensemble de règles explicites ou tacites propres à une société donnée. L’enseignement des ethnologues revient à affirmer que la folie varie selon les cultures. « on ne devient pas fou comme on désire ; la culture a tout prévu. » Laplantine

Si il n’est pas possible de définir la folie en soi c’est que les changements de comportement des individus témoigne de la véritable diversité des cultures et des consciences. Ce qui est certain c’est que toute tentative d’objectivation scientifique se montre insuffisante. Certains comportements chez des hommes d’exception sont par exemple cause de la création artistique.

II. L’autre indispensable à moi même

Ainsi, l’homme qui s’atteint directement par le cogito découvre aussi tous les autres, et il les découvre comme la condition de son existence. Il se rend compte qu’il ne peut rien être (au sens où on dit qu’on est spirituel, ou qu’on est méchant, ou qu’on est jaloux) sauf si les autres le reconnaissent comme tel. Pour obtenir une vérité quelconque sur moi, il faut que je passe par l’autre. L’autre est indispensable à mon existence, aussi bien d’ailleurs qu’à la connaissance que j’ai de moi.Dans ces conditions, la découverte de mon intimité me découvre en même temps l’autre, comme une liberté posée en face de moi, qui ne pense, et qui ne veut que pour ou contre moi.Ainsi découvrons-nous tout de suite un monde que nous appellerons l’inter subjectivité, et c’est dans ce monde que l’homme décide ce qu’il est et ce que sont les autres. SARTRE

Plan

  1. Autrui est condition de la connaissance de moi et de mon existence

  2. L’autre est liberté

  3. Définition de l’inter subjectivité(entre des sujets)

IG : pour échapper au solipsisme du cogito cartésien Sartre affirme l’existence de l’autre qui est liberté. Toute la condition humaine se comprend ainsi par une inter subjectivité.

Problème : Existe- t-on sans les autres ? Les autres existent ils sans moi ?

Le problème est de définir soi même et autrui comme des sujets tout en prétendant que l’autre est constitutif de mon existence et de la connaissance de soi.

I. Autrui est condition de la connaissance de moi et de mon existence

a) le cogito de Descartes

« je pense donc je suis »: Sartre prend le cogito de Descartes comme une expérience. Mais alors que Descartes aboutit à la définition d’un sujet refermé sur lui même, Sartre montre que les autres sont la condition de mon existence. Pour Descartes la conscience se découvre elle même comme vérité au terme du doute. « Je pense donc je suis » signifie que j’ai conscience d’être en train de penser. Cependant cette vérité ne nous apprend absolument rien sur les autres. Non seulement je ne suis pas certain de voir des hommes ou «  des manteaux et des chapeaux qui passent dans la rue » mais je ne suis pas certain non plus qu’il y a d’autres consciences que la mienne en train de penser.

b) l’exemple de Sartre : la connaissance de soi

Sartre montre que les autres sont condition de notre existence, càd ce sans quoi je n’existerais pas ! Il l’explique par l’exemple de la honte qui désigne le rapport entre autrui et moi même. Lorsque je vis une situation , je n’en ai pas toujours conscience , ou du moins je ne me juge pas moi même. La conscience n’est pas alors identique au « moi ». Au contraire, la conscience est « dans le monde », comme engluée dans le monde. C’est autrui qui me permet de me détacher du monde et de prendre conscience de moi même. Par exemple, c’est parce que j’entends les pas d’autrui dans le couloir que je prends conscience d’être là à épier quelqu’un. Sartre montre donc que c’est par l’apparition d’autrui que je vais prendre conscience de moi ( ex: que j’ai honte, que je suis jaloux etc .. ) . C’est donc par l’intervention d’autrui que j’ai accès à ce que je suis. La connaissance de soi apparaît donc fortement reliée à la présence d’autrui.

c)sans autrui je n’ai pas d’existence réelle

Lorsque je n’ai pas de connaissance de moi même , je ne puis avoir aucunes représentation de moi, je ne surgis pas vraiment dans le monde. Je me trouve en quelque sorte dans un néant/vide. C’est autrui qui me donne mon existence qui est condition de toute appréhension de moi même. Lorsque je me saisie moi même je me découvre alors comme liberté. Cela veut dire que j’ai conscience de pourvoir décider. C’est en moi que se trouve la liberté de l’autre, c’est à dire une menace d’un autre qui pense, qui juge, qui veut, qui me détermine soit positivement, soit négativement. Ce que Sartre veut dire en affirmant qu’en moi est inscrite la « liberté de l’autre » c’est que l’autre peut agir contre moi. Je saisis l’autre face à moi comme un danger lorsque je découvre en même temps ma propre conscience.

Transition: L’autre est liberté et danger

Comment comprendre qu’autrui soit à la fois condition de la connaissance de moi même et de mon existence ? Comment comprendre que la subjectivité soit donnée par la présence de l’autre et surtout par la négativité constitutive de mon être ?

II- L’intersubjectivité

a)la rencontre avec autrui

La difficulté de comprendre ce que dit l’auteur , c’est que lorsque je rencontre autrui je suis considéré comme un objet. En effet je ne suis que ce qu’il voit , que ce qu’il pense de moi même. Cette rencontre n’est autre qu’un conflit car c’est celle d’une liberté qui nie la mienne. Sartre montre que cette rencontre n’est pas l’expérience d’une relation entre un sujet et un objet mais entre deux subjectivités. En même temps qu’autrui me regarde , je le saisis comme regard regardant et comme expérience de moi même regardé. Exemple: dans la jalousie, lorsque je regarde ce qui se passe derrière une porte, le bruit des pas dans le couloir est un regard sur moi.

 

b)L’intersubjectivité n’est possible que si j’échappe à la dépendance.

Nous sommes en présence d’un conflit entre deux consciences si je redoute le jugement d’autrui si il fait de moi un objet;d’autant que je le considère aussi comme un objet. L’essentiel dans l’expérience de la rencontre d’autrui ce n’est pas l’harmonie qui peut régner entre deux individus mais le rapport qui se crée lorsque je suppose que l’autre est un sujet. Ce que Sartre découvre dans les expériences comme la honte, la jalousie, c’est la structure de la conscience même : Il n’y a pas véritablement de reconnaissance de l’autre au sens où l’on pourrait le juger , lui reconnaître des qualités mais reconnaissance de l’autre face à mon être regardé. L’expérience véritable de l’autre ne s’épuise donc pas dans mon objectivation/vécu de la rencontre.

c)La connaissance d’autrui,un problème insoluble ?

Autrui me permet d’accéder à ma propre conscience mais ai-je accès à la sienne de sorte que nous aurions à faire qu’à une seule et même personne (« Je est un autre » – Arthur Rimbaud).

La connaissance d’autrui ne peut être objective non seulement parce qu’autrui ne se présente jamais tel qu’il est en lui même mais parce qu’il n’est jamais pour moi un objet. Le problème est bien celui d’une relation. L’enjeu de reconnaître autrui comme un sujet est la dignité et le respect de la personne humaine. Mais c’est alors question de morale et non plus une question métaphysique de l’existence de soi ou des autres.

Conclusion:

« Il y a quelque chose en toi qui ne va pas parce qu’il y a quelque chose en moi qui ne va pas. » – Laing.

Cela ne permet pas de poser la problématique du lien entre la folie et autrui entre le rapport qu’il peut y avoir , entre ce que l’on attribut toujours à l’autre et le jugement qu’à l’inverse on s’attribue à soi même. Car si on ne se dit jamais soi-même fou, il est paradoxal de prétendre à propos d’autrui de se contempler dans sa propre image. Il est donc difficile de définir autrui comme alter égo et en même temps de le désigner comme autre étranger et même fou. La solution serait alors de considérer la folie comme un mythe ou une étiquette que l’on attribue à l’autre sujet. La folie n’existe pas en soi et ne désigne qu’un ensemble d’hommes que l’on veut volontairement ou pas exclure de l’humanité. Ce qui existe n’est que l’intersubjectivité des consciences où chacune est définie par sa dignité. Lundi : parmi vos lectures , choisir un exemple de passion/désir. Décrire le processus du désir et sa satisfaction.

 

LE FOU, EST CE L’AUTRE ?

I- Brève histoire de « la folie »

a) Folie humaine chez les grecs:

La folie vient de l’impuissance humaine. Socrate utilise cette notion de démesure. Pour expliquer que « les plus grand bienfaits nous viennent de la folie »,il s’agit d’une sorte de démon qui lui interdit de faire quelque chose. En même temps ce pouvoir délirant signifie le triomphe de la connaissance sur l’instinct. Hippocrate, la tradition médicale de cette époque chez les grecs, affirme que la folie est une perversion des humeurs et tempéraments. On le soigne par des drogues ( ex : opium,belladone)

b) Moyen Age et 16e siècle:

Le fou à sa place dans la société : c’est le fou du roi (le bouffons).Il est méconnue et familier ; il se déguise en fou pour pouvoir rentrer dans le château. Il est considéré comme anonyme/personne = d’un coté on s’en méfie et d’un autre on le comprend. Il peut être assimilé à celui qui a péché.

Et enfin, son image peut être diabolique , c’est à dire l’instrument/celui qui accompagne le diable.

Au nom de l’humanisme la folie est une dénonciation souvent ironique des illusions ( Rabelais, Montaigne, Cervantès et Shakespeare)

c) Au 17e Siècle, raison et folie:

En littérature il y a une conscience tragique de la folie. C’est une illusion tenace et bien réel.

Lorsque Descartes pousse le doute à l’extrême, il rencontre la folie mais la rejette au nom de exercice de pensée. Penser que je puisse être fou est impossible car la folie est ce qui empêche de penser. La folie se manifeste sous diverse formes et diverse maux. C’est le siècle « du grand enfermement » = La folie empêche la mendicité,le libertinage,les malades. Ce que l’on enferme sont ceux qui sont atteint dans l’âme et aussi dans le physique.

d) La raison éclairée, 18e siècle:

On cherche à identifier la folie, le définir, singulariser le fou.

Diderot: « C’est une composé de hauteur et de bassesse,de bon sens et de déraison »

=Le fou se définis comme un être original, il mime la folie et est entre deux: il ,’est pas fou mais fait comme si il était fou= il l’a choisit; la folie en elle mêmé n’existe pas.

Il se rend haïssable. Au 18e siècle, le fou fait peur = il doit être éloigné de la société. On cherches des symptômes positifs à la folie pour l’expliquer par le milieu, le climat etc .. L’homme fou n’est pas un animal , au contraire il s’en éloigne.

Différence entre « L’insensé » et « L’aliéné » : Le malade insensé a perdu le bon sens de manière peut être temporaire comme les mendiants, pauvres etc .. tandis que l’aliéné a complètement perdu la raison

e) Différentes approches de la folie au Xxème siècle

Approche

Partisans

Définition de la maladie

Interprétation

Traitement

– Organiciste ( médicale )

– Les

psychiatres,médecins, neurologues.

– maladie du cerveau.

– un comportement anormal résulte d’un désordre biologique.

– L’électrochoc, certaines chirurgies du cerveaux et tout ce qui est neuroleptique ( ex: somnifère )

– Psychanalyse

– Freud et ses disciples

– Traumatisme lié à l’enfance/ l’identité du sujet.

– Les états émotionnels du sujet ont pour effets des symptômes

– Le discours qui permet d’extérioriser le conflit psychique.

– L’école systémique.

– École de Palo Alto, Grégory Bateson.

– La maladie est une maladie sociale et familiale lié à des troubles de la communication.

– Le malade réagit à des situations où il est manipulé comme un objet.

Exemple: « le double lien »

– Rétablir une communication au sein d’une famille/groupe où chacun soient considérés comme un sujet ( pour ne pas dire comme une personne)

– L’approche sacrificielle.

– Szasz( « le mythe de la maladie mentale »), Laing , Goffman

– La maladie mentale est une étiquette qui a pour fonction de punir certains membres de la société = Bouc émissaire.

– Le patient se met dans le rôle d’une victime et accepte d’être un être passif pour lequel l’institution a tout prévu . Il se trouve abolis dans son individualité.

– Aucun. Ne plus étiqueter les patients.

– L’approche politique.

-David Cooper, Basaglia

– Maladie sociale lié à l’exploitation , des individus par la société industrielle

– Les notions de rendement, de compétition conduisent à des révoltes ou des soumissions.

– Il n’y en a pas vraiment. , il faut par une lutte politique dénoncer tous les palliatifs à l’insalubrité du travail.

En général on désigne par fou un sujet dont le comportement est bizarre, étrange ou déraisonnable. Mais nous n’avons plus de normes pour définir la raison. Du même coup il n’est pas possible de définir la folie en soi. Les critères dépendent d’un ensemble de règles explicites ou tacites propres à une société donnée. L’enseignement des ethnologues revient à affirmer que la folie varie selon les cultures. « on ne devient pas fou comme on désire ; la culture a tout prévu. » Laplantine

Si il n’est pas possible de définir la folie en soi c’est que les changements de comportement des individus témoigne de la véritable diversité des cultures et des consciences. Ce qui est certain c’est que toute tentative d’objectivation scientifique se montre insuffisante. Certains comportements chez des hommes d’exception sont par exemple cause de la création artistique.

II. L’autre indispensable à moi même

Ainsi, l’homme qui s’atteint directement par le cogito découvre aussi tous les autres, et il les découvre comme la condition de son existence. Il se rend compte qu’il ne peut rien être (au sens où on dit qu’on est spirituel, ou qu’on est méchant, ou qu’on est jaloux) sauf si les autres le reconnaissent comme tel. Pour obtenir une vérité quelconque sur moi, il faut que je passe par l’autre. L’autre est indispensable à mon existence, aussi bien d’ailleurs qu’à la connaissance que j’ai de moi.Dans ces conditions, la découverte de mon intimité me découvre en même temps l’autre, comme une liberté posée en face de moi, qui ne pense, et qui ne veut que pour ou contre moi.Ainsi découvrons-nous tout de suite un monde que nous appellerons l’inter subjectivité, et c’est dans ce monde que l’homme décide ce qu’il est et ce que sont les autres. SARTRE

Plan

  1. Autrui est condition de la connaissance de moi et de mon existence

  2. L’autre est liberté

  3. Définition de l’inter subjectivité(entre des sujets)

IG : pour échapper au solipsisme du cogito cartésien Sartre affirme l’existence de l’autre qui est liberté. Toute la condition humaine se comprend ainsi par une inter subjectivité.

Problème : Existe- t-on sans les autres ? Les autres existent ils sans moi ?

Le problème est de définir soi même et autrui comme des sujets tout en prétendant que l’autre est constitutif de mon existence et de la connaissance de soi.

I. Autrui est condition de la connaissance de moi et de mon existence

a) le cogito de Descartes

« je pense donc je suis »: Sartre prend le cogito de Descartes comme une expérience. Mais alors que Descartes aboutit à la définition d’un sujet refermé sur lui même, Sartre montre que les autres sont la condition de mon existence. Pour Descartes la conscience se découvre elle même comme vérité au terme du doute. « Je pense donc je suis » signifie que j’ai conscience d’être en train de penser. Cependant cette vérité ne nous apprend absolument rien sur les autres. Non seulement je ne suis pas certain de voir des hommes ou «  des manteaux et des chapeaux qui passent dans la rue » mais je ne suis pas certain non plus qu’il y a d’autres consciences que la mienne en train de penser.

b) l’exemple de Sartre : la connaissance de soi

Sartre montre que les autres sont condition de notre existence, càd ce sans quoi je n’existerais pas ! Il l’explique par l’exemple de la honte qui désigne le rapport entre autrui et moi même. Lorsque je vis une situation , je n’en ai pas toujours conscience , ou du moins je ne me juge pas moi même. La conscience n’est pas alors identique au « moi ». Au contraire, la conscience est « dans le monde », comme engluée dans le monde. C’est autrui qui me permet de me détacher du monde et de prendre conscience de moi même. Par exemple, c’est parce que j’entends les pas d’autrui dans le couloir que je prends conscience d’être là à épier quelqu’un. Sartre montre donc que c’est par l’apparition d’autrui que je vais prendre conscience de moi ( ex: que j’ai honte, que je suis jaloux etc .. ) . C’est donc par l’intervention d’autrui que j’ai accès à ce que je suis. La connaissance de soi apparaît donc fortement reliée à la présence d’autrui.

c)sans autrui je n’ai pas d’existence réelle

Lorsque je n’ai pas de connaissance de moi même , je ne puis avoir aucunes représentation de moi, je ne surgis pas vraiment dans le monde. Je me trouve en quelque sorte dans un néant/vide. C’est autrui qui me donne mon existence qui est condition de toute appréhension de moi même. Lorsque je me saisie moi même je me découvre alors comme liberté. Cela veut dire que j’ai conscience de pourvoir décider. C’est en moi que se trouve la liberté de l’autre, c’est à dire une menace d’un autre qui pense, qui juge, qui veut, qui me détermine soit positivement, soit négativement. Ce que Sartre veut dire en affirmant qu’en moi est inscrite la « liberté de l’autre » c’est que l’autre peut agir contre moi. Je saisis l’autre face à moi comme un danger lorsque je découvre en même temps ma propre conscience.

Transition: L’autre est liberté et danger

Comment comprendre qu’autrui soit à la fois condition de la connaissance de moi même et de mon existence ? Comment comprendre que la subjectivité soit donnée par la présence de l’autre et surtout par la négativité constitutive de mon être ?

II- L’intersubjectivité

a)la rencontre avec autrui

La difficulté de comprendre ce que dit l’auteur , c’est que lorsque je rencontre autrui je suis considéré comme un objet. En effet je ne suis que ce qu’il voit , que ce qu’il pense de moi même. Cette rencontre n’est autre qu’un conflit car c’est celle d’une liberté qui nie la mienne. Sartre montre que cette rencontre n’est pas l’expérience d’une relation entre un sujet et un objet mais entre deux subjectivités. En même temps qu’autrui me regarde , je le saisis comme regard regardant et comme expérience de moi même regardé. Exemple: dans la jalousie, lorsque je regarde ce qui se passe derrière une porte, le bruit des pas dans le couloir est un regard sur moi.

 

b)L’intersubjectivité n’est possible que si j’échappe à la dépendance.

Nous sommes en présence d’un conflit entre deux consciences si je redoute le jugement d’autrui si il fait de moi un objet;d’autant que je le considère aussi comme un objet. L’essentiel dans l’expérience de la rencontre d’autrui ce n’est pas l’harmonie qui peut régner entre deux individus mais le rapport qui se crée lorsque je suppose que l’autre est un sujet. Ce que Sartre découvre dans les expériences comme la honte, la jalousie, c’est la structure de la conscience même : Il n’y a pas véritablement de reconnaissance de l’autre au sens où l’on pourrait le juger , lui reconnaître des qualités mais reconnaissance de l’autre face à mon être regardé. L’expérience véritable de l’autre ne s’épuise donc pas dans mon objectivation/vécu de la rencontre.

c)La connaissance d’autrui,un problème insoluble ?

Autrui me permet d’accéder à ma propre conscience mais ai-je accès à la sienne de sorte que nous aurions à faire qu’à une seule et même personne (« Je est un autre » – Arthur Rimbaud).

La connaissance d’autrui ne peut être objective non seulement parce qu’autrui ne se présente jamais tel qu’il est en lui même mais parce qu’il n’est jamais pour moi un objet. Le problème est bien celui d’une relation. L’enjeu de reconnaître autrui comme un sujet est la dignité et le respect de la personne humaine. Mais c’est alors question de morale et non plus une question métaphysique de l’existence de soi ou des autres.

Conclusion:

« Il y a quelque chose en toi qui ne va pas parce qu’il y a quelque chose en moi qui ne va pas. » – Laing.

Cela ne permet pas de poser la problématique du lien entre la folie et autrui entre le rapport qu’il peut y avoir , entre ce que l’on attribut toujours à l’autre et le jugement qu’à l’inverse on s’attribue à soi même. Car si on ne se dit jamais soi-même fou, il est paradoxal de prétendre à propos d’autrui de se contempler dans sa propre image. Il est donc difficile de définir autrui comme alter égo et en même temps de le désigner comme autre étranger et même fou. La solution serait alors de considérer la folie comme un mythe ou une étiquette que l’on attribue à l’autre sujet. La folie n’existe pas en soi et ne désigne qu’un ensemble d’hommes que l’on veut volontairement ou pas exclure de l’humanité. Ce qui existe n’est que l’intersubjectivité des consciences où chacune est définie par sa dignité. Lundi : parmi vos lectures , choisir un exemple de passion/désir. Décrire le processus du désir et sa satisfaction.

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