COURS 3 bis Y a-t-il une science du vivant ?

Y a-t-il une science du vivant?  vivant différent de vie

19ème siècle biologie cf Darwin

N’est-il pas étrange qu’un oiseau ayant la forme du pic se nourrisse d’insectes terrestres ; qu’une oie, habitant les terres élevées et ne nageant jamais, ou du moins bien rarement, ait des pieds palmés ; qu’un oiseau semblable au merle plonge et se nourrisse d’insectes […] ? Mais dans l’hypothèse que chaque espèce s’efforce constamment de s’accroître en nombre, pendant que la sélection naturelle est toujours prête à agir pour adapter ses descendants, lentement variables, à toute place qui, dans la nature, est inoccupée ou imparfaitement remplie, ces faits cessent d’être étranges et étaient même à prévoir.
Nous pouvons comprendre, jusqu’à un certain point, qu’il y ait tant de beauté dans toute la nature ; car on peut, dans une grande mesure, attribuer cette beauté à l’intervention de la sélection. Cette beauté ne concorde pas toujours avec nos idées sur le beau ; il suffit, pour s’en convaincre, de considérer certains serpents venimeux, certains poissons et certaines chauves-souris hideuses, ignobles caricatures de la face humaine. La sélection sexuelle a donné de brillantes couleurs, des formes élégantes et d’autres ornements aux mâles et parfois aussi aux femelles de beaucoup d’oiseaux, de papillons et de divers animaux. Elle a souvent rendu chez les oiseaux la voix du mâle harmonieuse pour la femelle, et agréable même pour nous. […]
Comme la sélection naturelle agit au moyen de la concurrence, elle n’adapte et ne perfectionne les animaux de chaque pays que relativement aux autres habitants ; nous ne devons donc nullement nous étonner que les espèces d’une région quelconque, qu’on suppose, d’après la théorie ordinaire, avoir été spécialement créées et adaptées pour cette localité, soient vaincues et remplacées par des produits venant d’autres pays. Nous ne devons pas non plus nous étonner de ce que toutes les combinaisons de la nature ne soient pas à notre point de vue absolument parfaites, l’œil humain, par exemple, et même que quelques-unes soient contraires à nos idées d’appropriation. [ …] Ce qu’il y a réellement de plus étonnant dans la théorie de la sélection naturelle, c’est qu’on n’ait pas observé encore plus de cas du défaut de la perfection absolue.
Charles Darwin, L’Origine des espèces [1859, 6e édition 1872], trad. de l’anglais par E. Barbier, Schleider Frères éditeurs, 1906, p. 555-556.

 

Physique vient de « phusis » la nature. Pour ARISTOTE la nature ne fait rien en vain :

Il ne nous reste plus ici qu’à parler de la nature animée, en ne négligeant, autant qu’il dépendra de nous, aucun détail, quelque bas ou quelque relevé qu’il soit. C’est qu’en effet, même dans ceux de ces détails qui peuvent ne pas flatter nos sens, la nature a si bien organisé les êtres qu’elle nous procure, à les contempler, d’inexprimables jouissances, pour peu qu’on sache remonter aux causes et qu’on soit réellement philosophe. Quelle contradiction et quelle folie ne serait-ce donc pas de se complaire à regarder de simples copies de ces êtres, en admirant l’art ingénieux qui les produit, en peinture ou en sculpture, et de ne point se passionner encore plus vivement pour la réalité de ces êtres que crée la nature, et dont il nous est donné de pouvoir comprendre le but !
Aussi, ce serait une vraie puérilité que de reculer devant l’étude des êtres les plus infimes. […] Dans l’étude des animaux, quels qu’ils soient, nous ne devons jamais détourner nos regards dédaigneux, parce que, dans tous indistinctement, il y a quelque chose de la puissance de la nature et de sa beauté. Il n’y a jamais de hasard dans les œuvres qu’elle nous présente. Toujours ces œuvres ont en vue une certaine fin ; et il n’y a rien au monde où le caractère de cause finale éclate plus éminemment qu’en elles. Or la fin en vue de laquelle une chose subsiste ou se produit, est précisément ce qui constitue pour cette chose sa beauté et sa perfection.
Aristote, Les Parties des animaux [IVe siècle av. J.-C.], livre I, trad. du grec ancien par J. Barthélemy-Saint-Hilaire, Librairie Hachette, 1885, p. 59-61.

I/ Intro de la connaissance à la science du vivant

1) la spécificité de la science du vivant

Il y a trois facultés essentiels pour définir les êtres vivants et sous entendu distinguer de l’inerte .

Premièrement une relation constante avec le milieu extérieur , deuxièmement la reproduction ce sont des êtres sexuées et qui se reproduisent entre eux  et troisièmement ils sont capables d’auto régulation .

La vie c’est l’ensemble des fonctions qui résistent à la mort (Richard disait « la vie c’est la mort »)

2)Un objet d’étude

L’histoire du vivant montre la difficulté de faire d’un corps humain et mème animal un objet d’étude .Les premières dissections sont interdites et il faut une nouvelle attitude pour que la science progresse et se donne pour objet le vivant désacralisé.

II/ Les théories du vivant

Dogme « Aristoteles dixit »

Aristote  » la nature ne fait rien en vain »               Aristote le finalise

cf Bichot

Lamarck: »c’est à partir des fins liés à certains fonctions des organes que l’on peut comprendre le vivant  »

Théorie de Lamarck le fixisme –> obstacle épistémologique

Au 17ème siècle Descartes définit le vivant comme une machine . L’âme chez Descartes est purement pensante le corps quant à lui n’est qu’une machine , les organes ne sont que des rouages qui s’expliquent comme ceux des automates .

automates chez Descartes –> animal machine

Cette vison mécaniste donne lieu a une vision matérialiste avec un auteur au 18ème siècle  LA METTRIE qui écrira l’homme machine . Ces théories vont être dépassés et critiqués par deux philosophes:

-Kant 18 éme siècle. Pour Kant « un rouage ne peut en produire un autre,et une montre encore moins d’autres montres » et il appelle l’être vivant un être organisé qui n’est pas seulement une machine car la machine posséde uniquement une force motrice , l’être organisé lui possède une force formatrice (fait de pouvoir s’autoréguler )

Un […] produit de la nature, […] en tant qu’être organisé et s’organisant lui-même, peut être appelé une fin naturelle.
Dans une montre une partie est l’instrument du mouvement des autres, mais un rouage n’est pas la cause efficiente de la production d’un autre rouage ; certes une partie existe pour une autre, mais ce n’est pas par cette autre partie qu’elle existe. C’est pourquoi la cause productrice de celles-ci et de leur forme n’est pas contenue dans la nature (de cette matière), mais en dehors d’elle dans un être, qui d’après des Idées peut réaliser un tout possible par sa causalité. C’est pourquoi aussi dans une montre un rouage ne peut en produire un autre et encore moins une montre d’autres montres, en sorte qu’à cet effet elle utiliserait (elle organiserait) d’autres matières ; c’est pourquoi elle ne remplace pas d’elle-même les parties qui lui ont été ôtées, ni ne corrige leurs défauts dans la première formation par l’intervention des autres parties, ou se répare elle-même, lorsqu’elle est déréglée : or tout cela nous pouvons en revanche l’attendre de la nature organisée. – Ainsi un être organisé n’est pas simplement machine, car la machine possède uniquement une force motrice ; mais l’être organisé possède en soi une force formatrice, qu’il communique aux matériaux, qui ne la possèdent pas (il les organise) : il s’agit ainsi d’une force formatrice qui se propage et qui ne peut pas être expliquée par la seule faculté de mouvoir (le mécanisme).
Emmanuel Kant, Critique de la faculté de juger [1790], trad. de l’allemand par A. Philonenko, Vrin, 1965, p. 193.

-Bergson 20 éme siècle pour s’opposer au matérialisme de Descartes  il va introduire un nouveau concept pour expliquer le vivant il parle de « l’élan vital » , c’est ce qui sans cesse s’oppose à la matière , s’efforcer de vivre c’est cet énergie qui s’oppose à l’inertie de la matière .

Conclusion

On comprend l’histoire de la science du vivant non pas comme un progrès ou quelque chose de linéaire . Sans doute la biologie n’est pas une science comme les autres parce qu’elle implique l’homme,sa subjectivité et sa difficulté à s’étudier lui même comme un être matériel .La distinction établie tardivement entre science exacte et science de l’homme montre la difficulté de trouver un critère de scientificité . La démonstration est le modèle explicatif du réel  qui n’est jamais à l’abri de certains idéaux voir d’idéologies .

A retenir =

CAUSE FINALE, CAUSE EFFICIENTE

La cause finale explique un fait ou un processus par une fin (un but) : la nature a donné des yeux aux animaux pour qu’ils voient. Au contraire, la cause efficiente explique un résultat par un processus aveugle, non intentionnel : les animaux voient parce qu’ils ont des yeux organisés d’une certaine manière. La science moderne a progressivement exclu les causes finales de la nature et de ses propres conceptions. Elle n’explique pas les phénomènes naturels par la fin (au sens de but), mais seulement par la cause efficiente, autrement dit ce qui produit sans intention (ce qui ne signifie pas sans règle). La fonction biologique reste un des lieux où la tentation de l’explication téléologique (par les fins) demeure. Cependant, en s’appuyant sur les progrès des sciences, notamment avec la théorie darwinienne de l’évolution, les philosophies naturalistes et matérialistes ont assumé son rejet radical.