Cours 4 LA NATURE

Dans partie exercice :

Faire un tableau :

Anthropologie : Étude de l’homme

Nature Culture
besoin/vital

vivant

déterminisme (lois)

universel

Absolu

origine

empire, un ordre

Religion,traditions,us et coutumes

Fait

art, lois de la cité(Créon)

histoire(espace et temps)

particulier ? individu

général? groupe

Relatif

-diversité

-multiplicité

Natus:né

Nascor:naître

– Partie cours :

Introduction : La nature c’est tout ce qui nous entoure et qui n’a pas été transformé par l’homme. En ce sens on l’oppose à l’artifice, ou « artificiel ». C’est la définition classique qui répond à l’injonction de Descartes (XVIIe siècle) de se rendre « comme maître (connaissance : science) et possesseur (pratique : technique // puissance, pouvoir) de la nature ». C’est ce qui permet au monde occidental en particulier de développer les sciences et les techniques. C’est également ce qui fait de l’homme un être supérieur ayant une tâche particulière dans la hiérarchie des vivants. Cependant, Spinoza affirme que l’homme n’est pas « un empire dans un empire » (Empire ->  la nature : puissance, pouvoir, absolu -> un tout :  Grec « pan »). L’homme ne peut pas être un tout dans le tout, il est relatif (=/= absolu). La première difficulté est de penser la place de l’homme dans la nature à laquelle il appartient. L’étudier, la comprendre sachant qu’il en est lui-même une partie. La seconde difficulté est de savoir s’il existe une nature humaine, c’est à dire une spécificité de l’homme au sein de la nature. Une essence de l’homme différente des autres êtres vivants et naturels, ou les êtres surnaturels. C’est la question du genre humain, de la nature humaine, paradoxalement réfléchie en négatif, soit de l’animal (nature) soit des dieux (surnaturel).

 

I. L’enfant sauvage / l’homme est-il un animal comme les autres ?

vidéo et texte de Rousseau : L’enfant sauvage et la perfectibilité (Rousseau)

« et ce n’est pas une légère entreprise de démêler ce qu’il y a d’originaire et d’artificiel dans la nature actuelle de l’homme, et de bien connaître un état qui n’existe plus, qui n’a peut-être point existé, qui probablement n’existera jamais, et dont il est pourtant nécessaire d’avoir des notions justes pour juger de notre état présent. »
(Préface du Discours sur l’origine et les fondements des inégalités parmi les hommes, 1754)

 

 

« Mais quand les difficultés qui environnent toutes ces questions (concernant la différence entre l’homme et l’animal) laisseraient quelque lieu de disputer, il y a une autre qualité très spécifique qui les distingue, et sur laquelle  il ne peut y avoir de contestation : c’est la faculté de se perfectionner ; faculté qui, à l’aide des circonstances, développe successivement toutes les autres, et réside parmi nous tant dans l’espèce que dans l’individu, au lieu qu’un animal est, au bout de quelques mois, ce qu’il sera toute sa vie, et son espèce, au bout de mille ans, ce qu’elle était la première année de ces mille ans.

Pourquoi l’homme seul est-il sujet à devenir imbécile? N’est-ce point qu’il retourne ainsi dans son état primitif et que, tandis que la bête, qui n’a rien acquis et qui n’a rien non plus à perdre, reste toujours avec son instinct, l’homme reperdant par la vieillesse ou d’autres accidents tout ce que sa perfectibilité lui avait fait acquérir, retombe ainsi plus bas que la bête même ?

Il serait triste pour nous d’être forcés de convenir que cette faculté distinctive, et presque illimitée, est la source de tous les malheurs de l’homme; que c’est elle qui le tire, à force de temps, de cette condition originaire dans laquelle il coulerait des jours tranquilles et innocents; que c’est elle qui, faisant éclore avec les siècles ses lumières et ses erreurs, ses vices et ses vertus, le rend à la longue le tyran de lui-même et de la nature. »
Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (1755)

 

2/ La diversité des cultures

Je trouve maintenant […] qu’il n’y a rien de barbare et de sauvage dans cette nation, d’après ce que l’on m’en a dit, sinon que chacun appelle barbarie ce qui n’est pas dans ses coutumes, de même que, en vérité, nous n’avons pas d’autre point de mire pour la vérité et la raison que l’exemple et l’image des opinions et des usages du pays où nous sommes. Là est toujours la parfaite religion, le parfait gouvernement, le parfait et incomparable usage de toutes choses. [Ces hommes-là] sont sauvages de même que nous appelons sauvages les fruits que la nature a produits d’elle-même et dans sa marche ordinaire, tandis que, à la vérité, ce sont ceux que nous avons altérés par nos procédés et détournés de l’ordre habituel que nous devrions plutôt appeler sauvages. En ceux-là sont vivantes et vigoureuses les véritables et les plus utiles et plus naturelles vertus et propriétés que nous avons abâtardies en ceux-ci et que nous avons seulement accommodées au plaisir de notre goût corrompu. Et pourtant la saveur même et la finesse se trouvent excellentes à notre goût, en comparaison des nôtres, dans divers fruits de ces contrées [où ils poussent] sans être cultivés. Il n’est pas légitime que l’art emporte le prix d’honneur sur notre grande et puissante mère Nature. Nous avons tellement surchargé la beauté et la richesse de ses ouvrages par nos inventions que nous l’avons complètement étouffée. Cependant, partout où reluit sa pureté, elle fait extraordinairement honte à nos vaines et frivoles entreprises.
Michel de Montaigne, Essais [1580-1588], I, 31, « Des cannibales », adaptation en français moderne par A. Lanly, éditions Champion, 2002 ; Gallimard, coll. « Quarto », 2009, p. 255.
Repères à connaitre : Genre / Espèce / Individu
Identité/Égalité/Différence
LIEN nature/technique / travail
Si le cours naturel des choses était parfaitement bon et satisfaisant, toute action serait une ingérence inutile qui, ne pouvant améliorer les choses, ne pourrait que les rendre pires. Ou, si tant est qu’une action puisse être justifiée, ce serait uniquement quand elle obéit directement aux instincts, puisqu’on pourrait éventuellement considérer qu’ils font partie de l’ordre spontané de la nature ; mais tout ce qu’on ferait de façon préméditée et intentionnelle serait une violation de cet ordre parfait. Si l’artificiel ne vaut pas mieux que le naturel, à quoi servent les arts de la vie ? Bêcher, labourer, bâtir, porter des vêtements sont des infractions directes au commandement de suivre la nature.
[…] Tout le monde déclare approuver et admirer nombre de grandes victoires de l’art sur la nature : joindre par des ponts des rives que la nature avait séparées, assécher des marais naturels, creuser des puits, amener à la lumière du jour ce que la nature avait enfoui à des profondeurs immenses dans la terre, détourner sa foudre par des paratonnerres, ses inondations par des digues, son océan par des jetées. Mais louer ces exploits et d’autres similaires, c’est admettre qu’il faut soumettre les voies de la nature et non pas leur obéir ; c’est reconnaître que les puissances de la nature sont souvent en position d’ennemi face à l’homme, qui doit user de force et d’ingéniosité afin de lui arracher pour son propre usage le peu dont il est capable, et c’est avouer que l’homme mérite d’être applaudi quand ce peu qu’il obtient dépasse ce qu’on pouvait espérer de sa faiblesse physique comparée à ces forces gigantesques. Tout éloge de la civilisation, de l’art ou de l’invention revient à critiquer la nature, à admettre qu’elle comporte des imperfections, et que la tâche et le mérite de l’homme sont de chercher en permanence à les corriger ou les atténuer.
John Stuart Mill, La nature
Friedrich Engels, Dialectique de la nature (1876)
« Ne nous flattons pas trop de nos victoires sur la nature. Elle se venge sur nous de chacune d’elles. Chaque victoire a certes en premier lieu les conséquences que nous avons escomptées, mais, en second et en troisième lieu, elle a des effets tout différents, imprévus, qui ne détruisent que trop souvent ces premières conséquences. Les gens qui, en Mésopotamie, en Grèce, en Asie Mineur et autres lieux coupaient les forêts pour gagner de la terre cultivable, étaient loin de s’attendre à jeter par-là les bases de l’actuelle désolation de ces pays, en détruisant avec les forêts les centres d’accumulation et de conservation de l’humidité. Et ainsi les faits nous rappellent à chaque pas que nous ne régnons nullement sur la nature comme un conquérant règne sur un peuple étranger, comme quelqu’un qui serait en dehors de la nature, mais que nous lui appartenons avec notre chair, notre sang, notre cerveau, que nous sommes dans son sein et que toute notre domination sur elle réside dans l’avantage que nous avons sur l’ensemble des autres créatures de connaître ses lois et de pouvoir nous en servir judicieusement. Et plus il en sera ainsi, plus les hommes non seulement sentiront, mais sauront à nouveau qu’ils ne feront qu’un avec la nature et plus deviendra impossible cette idée absurde d’une opposition entre l’esprit et la matière, l’homme et la nature, l’âme et le corps. »
La nature a doté l’homme d’une intelligence fabricatrice. Au lieu de lui fournir des instruments, comme elle l’a fait pour bon nombre d’espèces animales, elle a préféré qu’il les construisît lui-même. Or l’homme a nécessairement la propriété de ses instruments, au moins pendant qu’il s’en sert. Mais puisqu’il sont détachés de lui, ils peuvent lui être pris; les prendre tout faits est plus facile que de les faire. Surtout, ils doivent agir sur une madère, servir d’armes de chasse ou de pêche, par exemple; le groupe dont il est le membre aura jeté son dévolu sur une forêt, un lac, une rivière; et cette place, à son tour, un autre groupe pourra juger plus commode de s’y installer que de chercher ailleurs. Dès lors, il faudra se battre. (…) Mais peu importent la chose que l’on prend et le motif qu’on se donne: l’origine de la guerre est la propriété, individuelle ou collective, et comme l’humanité est prédestinée à la propriété par sa structure, la guerre est naturelle. »
Bergson, Les Deux sources de la morale et de la religion, chapitre IV, pages 302 et 303, la société naturelle et la guerre.