L’épreuve HLP

En philosophie, « réfléchir » signifie être en mesure

1) d’analyser des idées et des concepts, et

2) de confronter des thèses et des argumentations opposées.
La Question de Réflexion Philosophique vous invite à effectuer ce type de travail intellectuel : il s’agit de traiter un problème philosophique (c’est-à-dire, l’opposition entre au moins deux thèses argumentables et contradictoires), tout en se référant à un extrait donné.
Comment se présente une Question de Réflexion Philosophique ?
La Question de Réflexion Philosophique suit un texte tiré d’un ouvrage de philosophie ou de littérature.
Par conséquent, vous aurez devant vous
• un texte (15-25 lignes)
• la Question de Réflexion Philosophique.

 » A plusieurs époques de notre révolution, les sophismes les plus révoltants remplissaient seuls de certains discours ; les phrases de parti que répétaient à l’envie les orateurs fatiguaient les oreilles et flétrissaient les cœurs. Il n’y a de vérité que dans la nature ; les sentiments vrais seuls inspirent des idées neuves. Quel effet pouvaient produire cette violence monotone, ces termes si forts, qui laissaient l’âme si froide ? Il est temps de vous révéler la vérité toute entière. La nation était ensevelie dans un sommeil pire que la mort ; mais la représentation nationale était là. Le peuple est debout, etc. Ou dans un autre sens : Le temps des abstractions est passé ; l’ordre social est raffermi sur ses bases, etc. Je l’arrête ; car cette imitation deviendrait aussi fatigante que la réalité elle-même : mais on pourrait extraire des adresses, des journaux et des discours, des pages nombreuses, dans lesquelles on verrait la parole marcher sans la pensée, sans le sentiment, sans la vérité, comme une espèce de litanie, comme si l’on exorcisait avec des phrases convenues l’éloquence de la raison. »
DE STAËL, De la littérature

 

Question d’Interprétation Littéraire :
Quel usage de la parole Madame de Staël critique-t-elle ici ?
Question de réflexion philosophique :
Un discours peut-il n’avoir aucun sens ?
À la différence d’une Question d’Interprétation Philosophique – qui concerne des points spécifiques de l’extrait –, la Question de Réflexion Philosophique est toujours générale : elle vous invite à dégager par vous-mêmes des thèses opposées (normalement deux), et à élaborer votre propre argumentation pour appuyer chacune des deux thèses.
le texte contient des arguments que vous pouvez réutiliser en les réélaborant. Il contient également des éléments vous permettant d’affiner votre analyse conceptuelle. C’est pourquoi, avant de s’attaquer à la QdRP, il faut lire et analyser le texte.
Petit lexique :
Problème = opposition entre (au moins) deux thèses argumentables et contradictoires
Par ex. Un discours peut n’avoir aucun sens // Un discours ne peut pas n’avoir aucun sens.
Thèse = Réponse à la question posée, exprimant une prise de position vis-à-vis de la question elle-même.
Par ex. Un discours peut n’avoir aucun sens.
Concept = Ensemble des idées et des significations rattachées à un certain terme. Comme toute argumentation repose sur une certaine compréhension des termes, il est impératif d’effectuer une analyse conceptuelle de la question posée.
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Comment doit se présenter votre réponse à une Question de Réflexion Philosophique ?
Votre réponse à une Question de Réflexion Philosophique doit se présenter comme un texte structuré, ayant les éléments suivants :
• une Introduction

• un Développement en deux parties

• une Conclusion

Considérons chacun de ces éléments :
L’Introduction
L’Introduction doit poser le problème, c’est-à-dire énoncer une opposition entre (au moins) deux thèses à  argumenter et contradictoires. Faute de cela, votre Introduction sera ratée.
Pour éviter de s’égarer, il est souhaitable de suivre la structure suivante :
1) vous formulez les DOI (Définitions Opérationnelles Introductives) :
il s’agit d’énoncer des courtes définitions des termes de la question.
2) vous formulez la Ière thèse (DOXA) et l’appuyez par un argument.
La Ière thèse, ou DOXA, correspond à votre point de vue spontané sur la question.
3) vous formulez un DOUTE à l’égard de la Ière thèse et introduisez la IIème thèse
(PARA-DOXA).
C’est le coeur de toute réflexion philosophique : il s’agit du moment où, après avoir tenu pour bon votre point de vue spontané, vous le remettez en question.
4) Reprenez la question initiale
Le développement en deux parties
Le développement examine de près la DOXA, puis la PARA-DOXA.
A chaque partie correspond l’examen d’une, et une seule, thèse.
Entre les deux parties, il faut impérativement avoir une Transition, dans laquelle vous remettez en question les arguments formulés pour appuyer la Ière thèse. Si votre Transition est bien menée, la IIème Thèse découlera naturellement de la remise en question de la Ière ; si votre Transition est ratée, votre développement sera purement
contradictoire.
Pour construire vos parties, suivez ces étapes :
Partie I
I.I) Exposition de la Ière hypothèse (DOXA).
I.II) Justification de la thèse par votre Argumentation
[= Arguments + exemple.s + concessions, développements, définitions, distinctions conceptuelles…],
et/ou reprise de l’argumentation d’un auteur.
I.IV) Objections et transition
Partie II
II.I) Reprise des objections formulées dans la transition
II.II) Exposition de la IIème hypothèse.
II.III) Justification de la thèse par votre Argumentation
[= Arguments + exemple.s + concessions, développements, définitions, distinctions conceptuelles…],
et/ou reprise de l’argumentation d’un auteur.
II. V) Eventuel compromis entre les deux thèses opposés
Position du problème
La Conclusion
La Conclusion doit CONCLURE.
Donc, pas de nouvelles idées en conclusion, ni d’« ouverture ».
Vous devez
– rappeler la question de départ et l’éventuel compromis entre les deux thèses ;
– ressaisir brièvement les étapes de votre réflexion.
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Concrètement, comment faut-il s’y prendre ?
1) LE TRAVAIL SUR Le texte
• Lisez la Question de Réflexion Philosophique et l’extrait.
• Lisez le texte plusieurs fois :
– essayez de comprendre le sens général du texte
– essayez de comprendre en quoi la question fait référence au texte.
– essayez de comprendre en quoi le contenu du texte peut être ramené à l’une des thèses qu’on peut dégager, à partir de la question posée.
Par exemple : la Question de Réflexion Philosophique est « Un Discours peut-il n’avoir aucun sens ? »
Lisant le texte, essayez de comprendre si l’auteur répondrait plutôt par l’affirmative (Oui, un discours peut n’avoir aucun sens) ou par la négative (Non, un discours ne peut pas n’avoir aucun sens).
ATTENTION : Il en va de même pour les questions « ouvertes ». Considérons la question « Pourquoi obéit-on aux lois ? » Dans l’extrait, l’auteur fourni des arguments pour appuyer la thèse On obéit aux lois parce qu’on craint les peines. Il s’agit, là, de l’une des thèses qu’on peut dégager à partir de la question posée. Ce sera à vous de trouver une thèse alternative, capable de s’opposer à celle soutenue par l’auteur.
• À l’aide d’un surligneur, soulignez les arguments que l’auteur déploie pour appuyer la thèse qu’il soutient. Soyez à l’affut des connecteurs logiques qu’il utilise (car, donc, par conséquent, ainsi, malgré, bien que, etc.) : ils permettent de saisir le sens de sa démarche. Encerclez-les avec un stylo ou bien un crayon papier.
2) LE TRAVAIL AU BROUILLON
• Prenez deux feuilles de brouillon : l’une servira à noter vos idées ; l’autre, à effectuer une première structuration de votre développement.
• Sur la première feuille,
– écrivez en grand la QdRP
– notez d’abord tout ce qui vous vient à l’esprit au sujet de la question : situations réelles, exemples, éléments d’argumentation.
– Analysez les termes importants du sujet et définissez-les.
– Problématisez : demandez-vous
a) Quelle est la première réponse qu’on pourrait donner à la question posée ? Par quelles raisons peut-on la soutenir ? [cela vous permet de trouver la DOXA + des arguments pour l’appuyer]
b) En quoi cette première réponse est-elle critiquable ? Pourquoi?
[cela vous permet de douter de la DOXA et de la renverser]
– Implications. Pour chaque thèse, demandez-vous : Quels sont les présupposés de cette thèse ? Où cette thèse pourrait-elle mener ? Notez vos réponses à ces questions
(Feuille 1)
Un discours peut-il n’avoir aucun sens ?
(Idées éparses)
Analyse des termes importants
« Discours » :…
« peut-il » :…
« Avoir du sens/n’avoir aucun sens » : …
Problématisation
a) Quelle est la première réponse qu’on pourrait donner à la question posée ? Par quelles raisons peut-on la soutenir ? ….
b) En quoi cette première réponse est-elle critiquable ? Pourquoi ? ….
Implications
Thèse 1 : quels présupposés ? Où mène-t-elle ?
Thèse 2 : quels présupposés ? Où mène-t-elle ?
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• Sur la seconde feuille,
– Divisez votre feuille en deux, en traçant une ligne horizontale
– Organisez vos contenus selon ce schéma
– Pour remplir votre seconde feuille, développez les idées éparses que vous avez notées sur la première feuille, ainsi que les implications.
– Conseils :
? Lorsque vous proposez un argument, veillez toujours à ce qu’il soit suffisant à appuyer votre thèse. Demande-vous : « Cet argument me permet-il d’appuyer la thèse de manière suffisante ? » ; si la réponse à cette question est négative, il faudra ajouter des prémisses.
? Dans « argumentation auteur (s) », vous êtes censés reformuler (? citer) l’argumentation déployée par l’auteur dans son extrait. Pour faire cela, vous devez avoir compris en quoi le contenu de l’extrait peut être ramené à l’une des thèses qu’on peut dégager.
? Pour lier les différents arguments, utilisez : « Par ailleurs », « De plus… »
? Dans la Transition entre la Ière et la IIème partie, formulez des objections contre la Ière thèse.
3) ÉCRIRE AU PROPRE
• L’Introduction :
– Après avoir formulé vos DOI, organisez le problème de la façon suivante :
« A première vue, on pourrait penser que [Ière thèse]. En effet [argument pour appuyer la Ière thèse] »
« Cependant, [doute] »
« On pourrait alors penser que [IIème thèse]. En effet [argument pour appuyer la IIème thèse]
– Puis reprenez la question initiale
• Le Développement :
– Rédigez vos contenus, en essayant de respecter l’ordre dans lequel vous les avez notés sur le brouillon. Parfois, quelques ajustements sont nécessaires, afin de rendre votre texte plus fluide. Utilisez la ponctuation et les connecteurs logiques (car, donc, par conséquent, ainsi, malgré, bien que, etc.) pour bien scander votre démarche. ATTENTION ! Vous devez RÉDIGER : le schéma que vous avez fait doit rester sur le brouillon ; au propre, je veux voir des textes organiques, clairs et non-schématiques.
• La Conclusion
– Vous rédigerez votre conclusion directement au propre.
– Dans votre conclusion doivent apparaître : 1) la question de départ ; 2) le possible compromis entre les deux thèses opposées ; 2) une courte ressaisie des étapes de votre réflexion. ET BASTA.

(Feuille 2)
Thèse …
Arguments et argumentation auteur(s) : …
Exemple(s)
Objections et transition : …
Reprise des objections : …
Thèse inverse : …
Arguments et argumentation auteur(s) : …
Exemple(s)
Possible compromis entre les deux thèses : …