LA LIBERTÉ

1. Désir et raison
a. Liberté et réalisation des désirs

Les êtres humains ont tendance à confondre satisfaction des désirs et réalisation de la liberté. Ainsi Calliclès, personnage décrit par Platon (Le Gorgias) affirme que l’homme libre, puissant et heureux, est celui qui parvient à réaliser tous ses désirs par tous les moyens à sa disposition. Cette conception radicale met au premier plan affirmation de soi et refus des contraintes morales, sociales et juridiques : ces contraintes seraient des obstacles injustes à la liberté.

b. Liberté et maîtrise des désirs

Les philosophes, dès l’Antiquité grecque, notamment avec Socrate et Platon, contestent cette position centrée sur l’affirmation de soi : ils ne cessent d’expliquer que l’expérience du plaisir, liée à la satisfaction des désirs, ne doit pas être confondue celle de la liberté. Les désirs doivent être triés et hiérarchisés. L’homme, parce qu’il est un être doué de raison doit s’imposer des limites et mettre en place des conventions morales et sociales réglant la communauté. Le sage doit dominer ses désirs et non pas être dominé par ses désirs : il est maître de soi car sa raison gouverne ses désirs. Au contraire, l’homme tyrannique, dans la vie privée et dans la vie publique, se montre prisonnier de ses désirs : c’est parce qu’il est toujours attaché aveuglément à ses plaisirs personnels, notamment matériels, qu’il agit avec violence et injustice.

c. Liberté et sagesse philosophique

La philosophie s’oppose à toutes les formes de violence : elle est apprentissage de la liberté de l’âme, elle éduque l’homme en l’incitant à la raison et à la mesure. Elle a une fonction morale et politique. Si la philosophie est désir de la sagesse orientant la pensée et l’action, elle est néanmoins apprentissage de la limitation des désirs : elle nous demande de différencier les désirs corporels et matériels, entravant la liberté de l’âme, et le désir de réflexion et de connaissance, permettant la libération de l’âme. Ce désir, qui est propre à la raison humaine, met en mouvement la curiosité intellectuelle et la recherche du savoir.

2. L’expérience politique
a. La communauté politique : lieu de la liberté

Hannah Arendt (1906-1975) dans son ouvrage intitulé La crise de la culture (chapitre « Qu’est-ce que la liberté ? »), insiste sur la dimension politique de la question : la liberté ne s’éprouve réellement que dans le cadre concret des communautés humaines, elle est l’affaire quotidienne de l’homme en rapport avec les autres hommes. C’est à partir de cette expérience sociale que l’homme prend conscience de lui-même, comme sujet pensant et parlant, capable d’actions imprévues et constructrices, donnant sens à son existence. Exister en tant qu’homme c’est exister avec d’autres hommes, c’est-à-dire établir avec eux des liens de parole, exprimant aussi bien accords que désaccords, et déterminant des activités créatrices.

b. L’homme : « animal politique »

Cette dimension politique intéresse la réflexion philosophique depuis les premiers grands penseurs grecs. L’homme, comme le disait déjà Aristote au IVe siècle avant J.-C., est « un animal politique » (La Politique, Livre I, 1) : il ne développe pleinement sa nature que dans des communautés lui permettant d’exercer ses aptitudes physiques et intellectuelles. La politique, dans cette perspective, est partie intégrante de la philosophie : elle considère la question du bonheur (cette question n’est indifférente à aucun être humain) et réfléchit sur le mode de vie favorisant l’épanouissement des hommes réunis en communautés. Cet épanouissement va au-delà de la satisfaction des besoins vitaux et matériels.

c. Oppression politique et lutte pour la liberté

Certains régimes politiques favorisent l’esclavage et l’oppression, d’autres favorisent la liberté et la douceur de vivre. La question du régime politique le plus propice à la fois à l’épanouissement de l’homme et à l’avènement de la liberté (grâce à la mise en place d’institutions juridiques) n’a pas cessé d’être abordée par les philosophes : Platon et Aristote dès les IVe et Ve siècles avant J.-C. inaugurent la pensée politique ; Jean-Jacques Rousseau, au XVIIIe siècle s’inscrit également dans cette tradition lorsqu’il met en place une théorie politique axée sur l’égalité et la liberté (Le Contrat Social). La liberté humaine s’expérimente dans le cadre social et juridique d’une communauté politique fondée sur des lois communes et justes. La liberté personnelle s’intègre à un cadre collectif dépassant l’ordre des simples désirs et intérêts individuels.

3. La liberté : combat et conquête
a. La lutte contre les déterminismes

Les êtres humains vivent dans des conditions psychologiques, sociales, économiques, historiques et politiques déterminées. Ils ne peuvent supprimer les déterminations qui forment le cadre de leur existence, mais ils sont en mesure de les « transcender », c’est-à-dire de les dépasser :

    • ils sont en mesure de les modifier, en utilisant la puissance de la volonté et la puissance de l’action ;
Exemple Un peuple peut se révolter contre un pouvoir politique oppressif et susciter, grâce à cette révolte, des changements sociaux et économiques).
    • ils sont en mesure de les comprendre et de les dominer, en utilisant la puissance lucide de la réflexion, le travail de la raison, la force de la connaissance.
Exemple Un être humain en situation psychologique difficile peut, grâce à la prise de conscience approfondie de ses difficultés personnelles, apprendre à se vaincre soi-même).
b. La puissance de la volonté

Aussi il serait faux de dire que l’homme, parce qu’il est déterminé, n’est pas en mesure d’être libre et qu’il est condamné à subir des situations qu’il n’a pas choisies : la liberté est une puissance de détermination de la volonté et de la raison montrant qu’il y a toujours possibilité d’affronter les obstacles, les empêchements et les limites que les situations d’existence personnelles et historiques ne cessent de présenter.

c. La liberté totale de l’homme

C’est en ce sens que le philosophe français Jean-Paul Sartre (1905-1980), fidèle héritier du philosophe allemand Emmanuel Kant (1724-1804), déclare que l’homme, bien que déterminé, est « entièrement libre » : il a la puissance de réagir contre les déterminations qui pèsent sur lui, en refusant de les subir, en s’efforçant de les comprendre et de les surmonter (à défaut de pouvoir les supprimer immédiatement ou radicalement). Ainsi la liberté, sans cesse à conquérir, montre non seulement le pouvoir de l’homme sur lui-même et sur le monde mais aussi le savoir de l’homme sur lui-même et sur le monde.

EXERCICE : La liberté est-elle une illusion ?

1. La conscience de la liberté
a. La thèse de l’opinion commune

L’expérience et le sentiment communs semblent être les suivants : nous avons conscience d’être libres, pour autant que nous sentons que nous faisons ce que nous voulons, que nous faisons nos choix propres, en l’absence de toute contrainte extérieure.

b. L’expérience de la liberté comme « libre arbitre »

C’est ce que semble confirmer Descartes, lorsqu’il écrit :

« La liberté de notre volonté se connaît sans preuve, par la seule expérience que nous en avons. […] Il est si évident que nous avons une volonté libre, qui peut donner ou ne pas donner son consentement quand bon lui semble, que cela peut être compté pour une de nos plus communes notions. »

Il y aurait donc une expérience ou évidence de la liberté, conçue ici comme faculté de choisir entre des contraires, c’est-à-dire comme libre arbitre.

c. Problème : la conscience n’est pas une connaissance

Mais cette idée que la conscience ou l’expérience de notre liberté suffirait à constituer une preuve de la réalité de notre liberté demeure problématique.
La conscience, parce qu’elle est immédiate et subjective, ne nous fait nullement connaître le vrai de façon certaine, mais elle est parfois trompeuse et source d’illusion. En d’autres termes, « avoir conscience » de quelque chose ne suffit nullement à connaître sa nature ou à être assuré de sa réalité.

2. Le problème du déterminisme : la liberté n’est qu’illusion
a. Le problème du déterminisme

On appelle déterminisme le principe issu de la science physique suivant lequel tout événement est l’effet nécessaire d’une cause antérieure : or les actions humaines ne sauraient, en toute rigueur, échapper à l’universalité de ce principe.
En ce sens, nos décisions et actions ne seraient jamais que l’effet nécessaire d’un ensemble de causes ou de mobiles antérieurs : quand il me semble décider librement d’exercer telle profession, ce choix serait entièrement déterminé par mon passé, par des causes psychologiques tout autant que sociales relevant de mon histoire propre.

b. Si l’homme est déterminé, sa liberté n’est qu’illusion

Dans le cadre du déterminisme, il ne saurait être encore question d’une volonté ou d’un choix libres. La conscience ou le sentiment de notre liberté ne serait donc qu’une illusion, due à l’ignorance des causes qui nous déterminent : je crois avoir librement choisi de devenir médecin, parce que je n’aperçois pas que mon milieu social, mon éducation, les aspirations de ma famille… m’ont déterminé à faire ce choix.
Tel est le propos de Spinoza, lorsqu’il écrit :

« Un petit enfant croit désirer librement le lait, un jeune garçon en colère vouloir se venger, et un peureux s’enfuir […]. L’expérience elle-même n’enseigne pas moins que la raison, que les hommes se croient libres pour la seule raison qu’ils sont conscients de leurs actions, et ignorants des causes par lesquelles ils sont déterminés. »

Nous sommes donc, en réalité, déterminés tant par notre constitution physique et morale, que par nos habitudes passées ou les événements antérieurs de notre vie : c’est parce qu’il a un tempérament colérique et parce que telle autre personne lui a fait injure, que le jeune garçon éprouve le désir de se venger – il ne s’agit nullement là d’un « libre décret », son sentiment de liberté n’est qu’illusion.

c. La liberté est combat : le déterminisme peut et doit être dépassé

Toutefois, Spinoza ne préconise pas la soumission aux déterminismes : cette soumission serait indice de passivité et d’inaction. L’homme peut prendre conscience des déterminismes qui pèsent sur lui et, grâce à la connaissance acquise de cette manière, contrôler ses actions (par exemple : le buveur peut se maîtriser et refuser de céder à ses penchants). Il y a donc action possible sur les déterminismes grâce à la décision de la volonté.
Jean-Paul Sartre revendique le combat incessant pour la conquête de la liberté. Il montre que ce combat est toujours lutte volontaire visant le dépassement des déterminismes . L’homme est toujours « en situation » : il est déterminé par sa famille, son histoire , sa classe sociale. Toutefois, invoquer ces déterminations pour s’excuser de ne pas agir et combattre est indice de « mauvaise foi » – l’homme qui ne veut pas combattre fait preuve de lâcheté et d’irresponsabilité. Ainsi les déterminismes provoquent toujours des occasions de libération. L’esclave lui-même peut ne pas subir son sort, s’il prend conscience de sa dignité d’homme et décide de réagir et de lutter. La démission de la volonté est toujours mauvaise foi et lâcheté.

3. La liberté authentique n’est pas donnée, mais se conquiert
a. Prendre conscience des causes qui nous déterminent

Si la conscience initiale de notre liberté de choix et d’action n’est qu’illusion, le premier pas vers la liberté doit alors consister pour nous à dépasser cette illusion en prenant enfin conscience de ces multiples causes qui nous déterminent : cette prise de conscience peut d’abord passer par la réflexion ou l’introspection, d’un point de vue individuel, afin de mieux comprendre les raisons ou causes qui nous déterminent à agir de telle manière plutôt que de telle autre.

b. Importance des sciences de l’homme

Plus encore, les sciences humaines doivent nous permettre de mieux comprendre les causes qui déterminent tout homme : ainsi Pierre Bourdieu note-t-il à cet égard, dans Choses dites, que la sociologie par exemple, en nous faisant connaître les mécanismes sociaux, les causes d’ordre social qui déterminent l’existence des individus, nous permet de nous en libérer.
Ainsi, on pourrait dire que la conquête progressive de notre liberté passe d’abord par l’acquisition d’une connaissance de soi, tant en un sens individuel (se connaître en tant qu’individu, avec ses qualités ou défauts particuliers) qu’universel (connaître la nature humaine en tant que telle).
C’est bien là d’ailleurs ce que nous signifiait déjà Platon en reprenant la formule inscrite au fronton du temple de Delphes : « Connais-toi toi-même » ; car mieux se connaître, et mieux connaître l’homme en général, c’est aussi mieux se conduire et échapper aux désirs ou tendances irrationnelles qui, trop souvent, déterminent nos actions.

c. Se libérer du déterminisme pour devenir authentiquement libre

Le déterminisme, au contraire de tout fatalisme, n’implique nullement une nécessité absolument indépassable pour l’homme : car, en tant qu’il est susceptible d’être connu et compris, il implique en lui-même la possibilité de son propre dépassement.
C’est en ce sens que Leibniz écrivait que « la liaison des causes et des effets, bien loin de causer une fatalité insupportable, fournit bien plutôt le moyen de la lever » : c’est en apprenant à connaître, par le biais de la réflexion et de la science, ces enchaînements naturels de causes, que l’homme peut aussi apprendre à les maîtriser et à s’en libérer.
Ce qu’il faut comprendre alors, c’est que la liberté humaine n’est en aucun cas un donné immédiat : la croyance en cette prétendue liberté dont nous avons immédiatement conscience, et qui nous serait d’emblée acquise, est précisément ce qui nous laisse dans une simple illusion de liberté et ainsi nous interdit d’être authentiquement libres.

Au contraire, la liberté véritable se conquiert ou se gagne, à partir du déterminisme et contre lui, tout comme aussi, parfois, à partir d’une situation de contrainte politique par exemple : la liberté véritable suppose toujours une libération initiale, il faut la comprendre, dit Brunschvicg, « non comme une chose qui est donnée, mais comme une œuvre qui est à faire ».

EXERCICE 2 : La loi est-elle un obstacle à notre liberté ?

1. Qu’est-ce qu’une loi ?
a. Sens général du mot « loi »

Le mot « loi » se définit de façon générale comme un principe ayant une valeur universelle, c’est-à-dire toujours vrai et pour tous.
Mais il faut distinguer deux types de lois.

b. Les lois naturelles ou scientifiques

Les lois de la nature sont les principes universels selon lesquels se produisent nécessairement les phénomènes naturels, et constituent l’objet propre des sciences de la nature. Telle est par exemple la loi de l’attraction universelle de Newton.
Ce sont des lois constatives, qui nous disent ce qui, en fait, est ou advient dans la nature : « les lois de la nature », dit Kant, « ne traitent que de ce qui arrive » effectivement et universellement.

c. Les lois morales, juridiques ou politiques

Ces lois sont aussi des principes universels, mais qui nous disent, non ce qui est, mais ce qui doit être : Kant dit que ce sont « les lois objectives de la liberté, qui disent ce qui doit arriver ». Ce sont des lois prescriptives, qui énoncent un devoir ou une obligation auxquels cependant les individus ne se conforment pas nécessairement.
Par exemple, la loi morale et le Code civil interdisent le mensonge, le Code pénal interdit le vol : ce qui n’empêche pas qu’il arrive que des gens mentent, et que des vols se produisent.

2. Liberté, loi naturelle et déterminisme
a. L’idée de loi naturelle semble exclure absolument celle de liberté

Si les lois naturelles sont universelles et nécessaires, alors elles énoncent ce qui advient partout et toujours, et ne saurait advenir autrement : la loi de l’attraction universelle n’admet nulle exception et il est impossible qu’aucun corps dans l’univers échappe à cette nécessité.
Or l’homme, s’il est au moins pour une part un être naturel, n’est-il pas lui aussi soumis à l’ensemble des lois naturelles. Cela ne remet-il pas en cause la liberté humaine ?
Cette difficulté renvoie implicitement au problème du déterminisme, suivant lequel tout événement est l’effet nécessaire d’une cause antérieure.

b. Peut-on échapper à la nécessité ou au déterminisme naturels ?

L’homme, parce qu’il n’est pas seulement un être naturel, mais aussi un être doué de conscience et de raison, peut cependant échapper à cette nécessité.
Tout d’abord, grâce à ses capacités scientifiques et techniques, il est susceptible de connaître et de maîtriser la nature, ou de tourner les lois ou nécessités naturelles à son propre avantage.

c. La connaissance du déterminisme permet la liberté

De façon plus générale, il faut dire avec Leibniz que « la liaison des causes et des effets, loin de causer une fatalité insupportable, fournit bien plutôt le moyen de la lever » : connaître les lois de la nature, ou encore les causes qui nous déterminent, permet d’échapper aux contraintes qu’elles imposent. Ainsi le déterminisme permet d’échapper au fatalisme : certains faits, parce que prévus et connus, peuvent ainsi être évités ou modifiés. La relation de cause à effet est ainsi rompue. La prévision scientifique repose sur cette connaissance. Mais n’est-il pas possible de revendiquer une telle connaissance également pour la conduite de l’existence ?

3. Liberté et lois morales et juridiques
a. Ces lois constituent des obligations, non des contraintes

On estime communément que la liberté implique l’absence de toute loi, pour autant que l’on considère les lois comme des contraintes. Mais il importe de distinguer la contrainte de l’obligation.
La contrainte implique une force (physique ou morale) telle qu’elle supprime tout choix et nous amène à faire malgré nous ce que nous ne voulons nullement ; si quelqu’un me demande de le suivre sous la menace d’une arme, je suis alors contraint de le suivre.
L’obligation au contraire nous indique ce que nous devons faire, mais nous ne sommes nullement contraints de faire : nous avons le choix d’y obéir ou non. Nous savons que « nous ne devons pas mentir », c’est là une loi et une obligation morales, ce qui n’empêche pas que nous mentions parfois.
Ainsi on pourrait dire que la contrainte supprime la liberté, tandis qu’au contraire l’obligation la suppose : or les lois morales ou juridiques obligent, mais ne contraignent pas.

b. « Il n’y a pas de liberté sans lois »

Les lois morales ou juridiques non seulement n’excluent pas la notion de liberté, mais sont en outre nécessaires pour qu’advienne une liberté authentique.
D’une part en effet, du point de vue individuel, une liberté qui consiste à faire absolument tout ce que l’on veut, de façon irrationnelle, est souvent nuisible à l’individu même.
Plus encore, du point de vue politique, il est clair que « quand chacun fait ce qu’il lui plaît, il fait souvent ce qui déplaît à d’autres » (Rousseau) : la liberté est alors sources de conflits, de nuisances réciproques. C’est là le problème de l’état de nature, état sans aucune loi et qui, selon Hobbes, est un « état de guerre ».
C’est pourquoi il faut conclure avec Rousseau que : « la liberté sans la justice est une véritable contradiction » et qu’« il n’y a pas de liberté sans loi, ni où quelqu’un est au-dessus des lois ».

c. La notion d’autonomie

Plus précisément, la liberté consiste alors en une capacité de se donner à soi-même des lois rationnelles, c’est-à-dire en une autonomie (auto : « soi-même » ; nomos : « loi »).
Pour l’individu, la liberté véritable consiste, selon Kant, à agir non selon des motifs sensibles, relevant du déterminisme naturel, mais suivant les lois morales universelles : être libre, c’est être autonome, soit agir conformément aux lois morales qui sont issues de notre propre raison.

De même, un peuple libre est un peuple autonome, qui se donne à lui-même les lois auxquelles il se soumettra ensuite : tel est le sens du « contrat social » par lequel, selon Rousseau, les individus s’unissent et mettent en commun leurs forces et leurs volontés, de sorte que la « volonté générale » du peuple décide des lois nécessaires au bien commun, dont les individus seront tout à la fois, alors, les auteurs et les sujets.