Argent

Diderot dans l’Encyclopédie, 1° édition , tome IX définit le terme « argent » dans un premier sens en tant que métal, extrait des mines et explique toutes les étapes par lequel on doit le faire passer pour qu’il devienne un » signe de richesse ». C’est ce deuxième sens qui est expliqué ici.

Argent est dans notre langue un terme générique sous lequel sont comprises toutes les especes de signes de la richesse courans dans le commerce ; or, argent monnoye, monnoies, billets de toute nature, &c. pourvû que ces signes soient autorisés par les lois de l’état. L’argent, comme métal, a une valeur comme toutes les autres marchandises : mais il en a encore une autre, comme signe de ces marchandises. Considéré comme signe, le prince peut fixer sa valeur dans quelques rapports, & non dans d’autres ; il peut établir une proportion entre une quantité de ce métal, comme métal, & la même quantité comme signe ; fixer celle qui est entre divers métaux employés à la monnoie ; établir le poids & le titre de chaque piece, & donner à la piece de monnoie la valeur idéale, qu’il faut bien distinguer de la valeur réelle, parce que l’une est intrinseque, l’autre d’institution ; l’une de la nature, l’autre de la loi. Une grande quantité d’or & d’argent est toûjours favorable, lorsqu’on regarde ces métaux comme marchandise : mais il n’en est pas de même lorsqu’on les regarde comme signe, parce que leur abondance nuit à leur qualité de signe, qui est fondée sur la rareté. L’argent est une richesse de fiction ; plus cette opulence fictice se multiplie, plus elle perd de son prix, parce qu’elle représente moins : c’est ce que les Espagnols ne comprirent pas lors de la conquête du Mexique & du Pérou.

Une réflexion sur « Argent »

  1. Diderot parle de l’ argent (d’ autres « parlent d’or » et on boit leurs paroles) du chimiste et de celui, « richesse de fiction » (oh combien!) du commerçant et du banquier. C’ est un tantinet réducteur, il ne connaissait pas les voleurs, les bandits. Il n’ y en avait pas dans le monde des Encyclopédistes pas plus qu’ il n’ y avait d’ Encyclopédies chez les voleurs et les bandits. Pourtant l’ argent, surtout celui des autres, a toujours été d’ une grande importance pour les voleurs et les bandits de petit et de grand chemin. Je n’ en veux pour preuve que le nombre de noms qu’ ils lui donnent: artiche, as, aspine, aubert, avoine, balles, beurre, biftons, blanquette, blé, boules, braise, bulle, caire, carbure, carme, chels, claude, craisbi, douille, fafiots, fifrelins, flouze, fourrage, fraîche, fric, galette, galtouse, ganot, gibe, graisse, grisbi, japonais, lard, love, maille,monaille, mornifle, némo, os, oseille, osier, pépètes, pèse, picaillons, pimpions, plâtre, pognon, radis, rafia, ronds, sauce, soudure, talbins, trêfle, thune. Bon exercice de mémoire!!! Voir San Antonio…

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