L’épreuve de philosophie au Bac 2015

L’épreuve de philosophie au Bac 2015 à Pondichéry a lieu le lundi 13 avril pour les séries S – ES et STMG. Découvrez leurs sujets :

Série ES :

> 1er sujet : La culture nous protège-t-elle contre la violence ?
> 2ème sujet : N’y a-t-il de connaissance que scientifique ?
> 3eme sujet : Extrait de TOCQUEVILLE, De la Démocratie en Amérique (1835)

Quand toutes les prérogatives de naissance et de fortune sont détruites, que toutes les professions sont ouvertes à tous, et qu’on peut parvenir de soi-même au sommet de chacune d’elles, une carrière immense et aisée semble s’ouvrir devant l’ambition des hommes, et ils se figurent volontiers qu’ils sont appelés à de grandes destinées. Mais c’est là une vue erronée que l’expérience corrige tous les jours. Cette même égalité qui permet à chaque citoyen de concevoir de vastes espérances rend tous les citoyens individuellement faibles. Elle limite de tous côtés leurs forces, en même temps qu’elle permet à leurs désirs de s’étendre. Non seulement ils sont impuissants par eux-mêmes, mais ils trouvent à chaque pas d’immenses obstacles qu’ils n’avaient point aperçus d’abord. Ils ont détruit les privilèges gênant de quelques-uns de leurs semblables ; ils rencontrent la concurrence de tous. La borne a changé de forme plutôt que de place. Lorsque les hommes sont à peu près semblables et suivent une même route, il est bien difficile qu’aucun d’entre eux marche vite et perce à travers la foule uniforme qui l’environne et le presse. Cette opposition constante qui règne entre les instincts que fait naître l’égalité et les moyens qu’elle fournit pour les satisfaire tourmente et fatigue les âmes.

 

Série S

> 1er sujet : Sommes-nous des citoyens du monde ?

> 2ème sujet : La connaissance peut-elle nuire au bonheur ?

> 3eme sujet : Extrait de Francis BACON (1561-1626)
La vanité de l’esprit humain l’écarte et le retarde dans sa marche. Il craint de 1 s’avilir dans les détails. Méditer sur un brin d’herbe, raisonner sur une mouche : manier le scalpel, disséquer des atomes, courir les champs pour trouver un caillou, quelle gloire y a-t-il, dans ces occupations mécaniques ; mais surtout quel profit, au prix de la peine ? Cette erreur prend sa source dans une autre qui part du même orgueil, et c’est la persuasion, où l’on s’entretient, que la vérité est comme innée dans notre entendement, qu’elle ne peut y entrer par les sens, qui servent plutôt à le 2 troubler qu’à l’éclairer. Cette prévention , ou plutôt cette aliénation de l’esprit, est fomentée par les partisans mêmes des sens ; car en prétendant que nous recevons 3 toutes les vérités par ce canal, ils n’ont pas laissé de perdre leur temps à la spéculation, et d’abandonner l’histoire de la nature, pour suivre les écarts de l’imagination. L’entendement crée des êtres à sa façon, c’est-à-dire, des êtres imaginables. Ses conceptions lui représentent la possibilité, et non pas l’existence des choses. De là le règne des idées abstraites, ou le monde fantastique des intellectuels, tellement accrédité par une espèce de superstition pour les choses outrées, que leurs rêves sont devenus un délire général. Tel est l’abus de cette métaphysique qui, supposant des images sans modèles, et des idées sans objet, fait de cet univers une illusion perpétuelle, et comme un chaos de ténèbres palpables. Le dégoût pour ce qu’on appelle les petites choses dans l’observation, est la marque d’un esprit étroit, qui n’aperçoit pas l’ensemble des parties et l’unité des principes. Tout ce qui entre dans l’essence des causes, est l’objet de la science de l’homme ; car la science n’est elle-même que la connaissance des causes.

Série STMG

Sujet 1 :

L’erreur nous e?loigne-t-elle ne?cessairement de la ve?rite? ?

Sujet 2 :

La mai?trise technique suffit-elle a? de?finir l’artiste ?

Sujet 3 :

L’homme qui n’est soumis a? aucune entrave est libre, lui qui a toutes choses sous la main, a? son gre?. Mais celui que l’on peut entraver ou contraindre, a? qui l’on peut faire obstacle, celui que l’on peut, malgre? lui, jeter dans quelque difficulte?, celui-la? est esclave. Et quel est l’homme qui est affranchi de toute entrave ? Celui qui ne de?sire rien de ce qui lui est e?tranger. Et quelles choses nous sont e?trange?res ? Celles qu’il ne de?pend de nous ni d’avoir, ni de n’avoir pas, ni d’avoir avec telles ou telles qualite?s, ou en telles conditions. Donc le corps nous est e?tranger, ses membres nous sont e?trangers, la fortune1 nous est e?trange?re. Si, par conse?quent, tu t’attaches a? quelqu’une de ces choses comme a? un objet personnel, tu recevras le cha?timent que me?rite celui qui de?sire ce qui lui est e?tranger. Telle est la route qui conduit a? la liberte? ; la seule qui de?livre de l’esclavage.

E?PICTE?TE, Entretiens (vers 130 apre?s J.C.)

1 De?signe le destin et ses effets sur nous.

Pour expliquer ce texte, vous re?pondrez aux questions suivantes, qui sont destine?es principalement a? guider votre re?daction. Elles ne sont pas inde?pendantes les unes des autres et demandent que le texte soit d’abord e?tudie? dans son ensemble.

1. De?gagez la the?se du texte et montrez comment elle est e?tablie. 2. a) Expliquer ce que signifie, dans ce texte, le terme « esclave ».

b) Pourquoi celui qui ne de?sire rien de ce qui lui est e?tranger est-il « affranchi de toute entrave » ?

c) Qu’est-ce qui justifie la proposition : « le corps nous est e?tranger, ses membres nous sont e?trangers, la fortune nous est e?trange?re » ?

3. E?tre libre, est-ce ne de?sirer que ce qui de?pend de nous ?