Mireille

Invitation pour quatorze élèves du lycée à la générale VENDREDI 28 novembre à 20 heures
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Charles Gounod
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Frédéric Mistral

Inspiré du poème « Mireio » de Frédéric Mistral, cet opéra créé en 1864 et maintes fois remanié est peut-être le chef-d’œuvre de Charles Gounod.

Une œuvre simple, d’une douce fragilité et par là même très délicate, dont l’intrigue se situe à la frontière du pittoresque régionaliste et de la tragédie. Séduit par l’originalité du poème de Frédéric Mistral, Charles Gounod réussit à convaincre l’auteur de sa volonté d’en tirer un opéra.

Le 12 mars 1863, les deux hommes font connaissance et Gounod s’installe alors dans un hôtel de Saint-Rémy-de-Provence où il fait venir un piano et compose sa partition en trois mois. Après des répétitions difficiles, l’œuvre fut créée au Théâtre Lyrique à Paris mais n’obtint qu’un succès relatif, dû principalement à la coupe en cinq actes et à la mort de l’héroïne à la fin de l’ouvrage.

Le livret de Mireille n’offre qu’un reflet partiel de l’œuvre de Frédéric Mistral, elle-même conçue comme un vaste poème épique. Quant à la musique de l’opéra, elle est placée sous le signe de Mozart : plus que dans Faust, Gounod y apparaît en effet comme l’admirateur de « Don Giovanni », bien que le troisième acte présente une féerie musicale que de nombreux musicologues n’hésitent pas à comparer à celles de Mendelssohn ou de Weber.

Figure mythique de la Provence, Mireille évoque à tout un chacun un climat, un parfum ou une image. On a le sentiment de la connaître, comme si elle faisait partie de la famille, avec une place privilégiée dans l’inconscient collectif.

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Robert Fortune ( Metteur en scène )

Cependant, fait observer le metteur en scène Robert Fortune, elle est semblable à « L’Arlésienne » de Daudet : si on en parle beaucoup, elle conserve néanmoins son énigme.

L’œuvre, qui décrit une jeune fille de bonne famille amoureuse d’un simple berger et leurs amours contrariées, s’est imposée par transmission orale, léguant aux générations successives sa représentation d’un terroir et de ses habitants. Plus encore, du Sud et de la Méditerranée, puisqu’en composant Mireille, Gounod écrit : « Il y a ici, tout près, à vingt minutes de Saint-Rémy, la plus belle vallée qu’on puisse voir : c’est de la pure Italie, c’est même Grec. » De là à voir dans Mireille un peu de tragédie grecque, il n’y avait qu’un pas de plus à franchir dans la « suditude ». Robert Fortune part sur les traces d’une Provence à la douceur de vivre peut-être un peu lointaine mais dont l’empreinte subsiste dans les esprits. Il situe Mireille en 1900, époque où la société agricole et patriarcale bascule dans la nouvelle ère de la révolution industrielle. « En étudiant de manière plus approfondie le livret et surtout le texte de Mistral, dit le metteur en scène, nous nous sommes aperçu que Mireille parlait aussi d’un autre passage : celui d’une société baignant dans les croyances superstitieuses, les rites magiques, vers un monde plus rationnel, aux croyances religieuses plus ordonnées. »