“Il [faut] accumuler des quantités croissantes de capital dans des machines de plus en plus efficaces et nombreuses et rentabiliser ce capital pour pouvoir installer des machines plus efficaces encore, etc. […] Ce que nous appelons ‘industrie’, en effet, est une concentration technique de capital qui n’a été possible que sur la base de la séparation du travailleur d’avec les moyens de produire. Seule cette séparation a permis de rationaliser et d’économiser le travail, de lui faire produire des surplus dépassant les besoins des producteurs et d’utiliser ces surplus croissants à la multiplication des moyens de production et à l’accroissement de leur puissance”
André Gorz, Métamorphoses du travail. Critique de la raison économique, 1988
“Recréant sans cesse la rareté pour recréer l’inégalité et la hiérarchie, la société engendre plus de besoins insatisfaits qu’elle n’en comble. […] Dès que la masse peut espérer accéder à ce qui était jusque-là un privilège de l’élite, ce privilège (le bac, la voiture, le téléviseur) est dévalorisé [par] les mille produits nouveaux, rares par définition, que l’industrie lance chaque année pour dévaloriser les modèles anciens et reproduire l’inégalité et la hiérarchie sociales. […] Comment ne pas voir que le ressort principal de la croissance réside dans cette fuite en avant généralisée que stimule une inégalité délibérément entretenue ?”
André Gorz, Leur Écologie et la nôtre. Anthologie d’écologie politique, 1975
« Les besoins sont limités et ne peuvent assurer une croissance indéfinie de la production. Les envies et le désir du superflu, en revanche, sont potentiellement illimités » (Métamorphoses du travail, 1988).
“Les pauvres, […] si vous augmentez leurs ressources, augmenteront seulement leur consommation de produits et de services courants, industrialisés, dont le contenu en travail est faible. Augmenter le revenu disponible des riches, en revanche, cela fera augmenter la consommation de produits de luxe et, surtout, de services personnels dont le contenu en travail est élevé, mais dont la rationalité économique à l’échelle de la société est faible ou carrément nulle”
André Gorz, « Pourquoi la société salariale a besoin de nouveaux valets », article paru dans Le Monde diplomatique, juin 1990