Désir mimétique

Ce qu’on nomme désir ou passion n’est pas mimétique, imitatif accidentellement ou de temps à autre, mais tout le temps. Loin d’être ce qu’il y a de plus nôtre, notre désir vient d’autrui. Il est éminemment socP1000093ial… L’imitation joue un rôle important chez les mammifères supérieurs, notamment chez nos plus proches parents, les grands singes ; elle se fait plus puissante encore chez les hommes et c’est la raison principale pour laquelle nous sommes plus intelligents et aussi plus combatifs, plus violents que tous les mammifères.
L’imitation, c’est l’intelligence humaine dans ce qu’elle a de plus dynamique ; c’est ce qui dépasse l’animalité, donc, mais c’est ce qui nous fait perdre l’équilibre animal et peut nous faire tomber très au-dessous de ceux qu’on appelait naguère « nos frères inférieurs ». Dès que nous désirons ce que désire un modèle assez proche de nous dans le temps et dans l’espace, pour que l’objet convoité par lui passe à notre portée, nous nous efforçons de lui enlever cet objet et la rivalité entre lui et nous est inévitable.
C’est la rivalité mimétique. Elle peut atteindre un niveau d’intensité extraordinaire. Elle est responsable de la fréquence et de l’intensité des conflits humains, mais chose étrange, personne ne parle jamais d’elle. Elle fait tout pour se dissimuler, même aux yeux des principaux intéressés, et généralement elle réussit ».

René Girard, celui par qui le scandale arrive, p. 18-19.

La passion (exercice)

Jean-François_Millet_-_L'Angélus

1/ Choisir parmi des œuvres littéraires ou artistiques une description de la passion.

Analysez les mécanismes de sa mise en œuvre et les jugements possibles qui suivent sa description.

2/ Choisir deux exemples de passion pour illustrer

– le pôle rationaliste de son interprétation

– le pôle romantique

1/Gollum et l’anneau (dans Le Seigneur des Anneaux)
« L’expiation » de Victor Hugo
« La courbe de tes yeux » de Paul Eluard
« Une Charogne » de Baudelaire
« A une passante » de Baudelaire
« Polonaise » de Chopin, op. 72
Two lovers, film réalisé par James Gray
Va, vis et deviens
Play time, film de Jacques Tati
La passion du Christ
Jeux d’enfants

Il y a un point commun à toutes ces descriptions de passions : la recherche d’un but.
Toutes ces passions sont interprétées en fonction de leur objet.

1/ Madame Bovary

Thérése Raquin

Eugénie Grandet

L’oeuvre de Zola et le chef d’oeuvre inconnu de Balzac

Voile de larmes sur Hambourg Patrick Piary

Tristan et Iseult

Roméo et Juliette

Titanic et twilight

le baiser de Rodin

Les oeuvres de Dali

Icare

La création du monde Michel-ange

L’avare de molière

Narcisse

Les thanatonautes , Bernard Werber

Ce qui est commun c’est le désir de parvenir à ses fins, d’assouvir son désir. Certains réussissent, d’autre non, au péril de leur vie.

Ce qui diffère, c’est l’objet du désir (amour, argent, ambition, richesse, immortalité, etc.)

Lorsque l’on juge du désir c’est selon sa propre échelle de valeur (sociale et culturelle). Ce qui est important c’est de réaliser ses passions sans empêcher celles des autres. Le désir est toujours égoïste et intéressé.

Quand on juge, c’est toujours l’objet du désir qui est critiqué ou loué. On n’analyse pas le désir lui-même.

2/ Ruy Blas, la reine est prise entre deux contradictions.

Le rouge et le noir de Stendhal


Débat : la tolérance

On peut s’appuyer sur le texte du philosophe John Locke au lien suivant :

http://lewebpedagogique.com/philoflo/2008/12/03/laicite/

Et un texte de Voltaire :

CHAPITRE XXIII

PRIÈRE À DIEU

Ce n’est donc plus aux hommes que je m’adresse; c’est à toi, Dieu de tous les êtres, de tous les mondes et de tous les temps: s’il est permis à de faibles créatures perdues dans l’immensité, et imperceptibles au reste de l’univers, d’oser te demander quelque chose, à toi qui as tout donné, à toi dont les décrets sont immuables comme éternels, daigne regarder en pitié les erreurs attachées à notre nature; que ces erreurs ne fassent point nos calamités. Tu ne nous as point donné un coeur pour nous haïr, et des mains pour nous égorger; fais que nous nous aidions mutuellement à supporter le fardeau d’une vie pénible et passagère; que les petites différences entre les vêtements qui couvrent nos débiles corps, entre tous nos langages insuffisants, entre tous nos usages ridicules, entre toutes nos lois imparfaites, entre toutes nos opinions insensées, entre toutes nos conditions si disproportionnées à nos yeux, et si égales devant toi; que toutes ces petites nuances qui distinguent les atomes appelés hommes ne soient pas des signaux de haine et de persécution; que ceux qui allument des cierges en plein midi pour te célébrer supportent ceux qui se contentent de la lumière de ton soleil; que ceux qui couvrent leur robe d’une toile blanche pour dire qu’il faut t’aimer ne détestent pas ceux qui disent la même chose sous un manteau de laine noire; qu’il soit égal de t’adorer dans un jargon formé d’une ancienne langue, ou dans un jargon plus nouveau; que ceux dont l’habit est teint en rouge ou en violet, qui dominent sur une petite parcelle d’un petit tas de la boue de ce monde, et qui possèdent quelques fragments arrondis d’un certain métal, jouissent sans orgueil de ce qu’ils appellent grandeur et richesse, et que les autres les voient sans envie: car tu sais qu’il n’y a dans ces vanités ni de quoi envier, ni de quoi s’enorgueillir.

Puissent tous les hommes se souvenir qu’ils sont frères! Qu’ils aient en horreur la tyrannie exercée sur les âmes, comme ils ont en exécration le brigandage qui ravit par la force le fruit du travail et de l’industrie paisible. Si les fléaux de la guerre sont inévitables, ne nous haïssons pas, ne nous déchirons pas les uns les autres dans le sein de la paix, et employons l’instant de notre existence à bénir également en mille langages divers, depuis Siam jusqu’à la Californie, ta bonté qui nous a donné cet instant.

Voltaire, Traité de la Tolérance