Jugement de goût
« La définition dominante du mode d’appropriation légitime de la culture et de
l’oeuvre d’art favorise, jusque sur le terrain scolaire, ceux qui ont eu accès à la culture
légitime très tôt, dans une famille cultivée, hors des disciplines scolaires ; elle dévalue en
effet le savoir et l’interprétation savante, marquée comme « scolaire », voire « pédante »,
au profit de l’expérience directe et de la simple délectation.
La logique de ce que l’on appelle parfois, dans un langage typiquement
« pédant », la « lecture » de l’œuvre d’art, offre un fondement objectif à cette opposition.
L’œuvre d’art ne prend un sens et ne revêt un intérêt que pour celui qui est pourvu du
code selon lequel elle est codée […]. Le spectateur dépourvu du code spécifique se sent
submergé, « noyé » devant ce qui lui apparaît comme un chaos de sons et de rythmes, de
couleurs et lignes sans rime ni raison […] C’est dire que la rencontre avec l’oeuvre d’art
n’a rien du coup de foudre que l’on veut y voir d’ordinaire et que l’acte de fusion affective
[…] qui fait le plaisir d’amour de l’art, suppose un acte de connaissance, une opération de
déchiffrement, de décodage, qui implique la mise en oeuvre d’un patrimoine cognitif,
d’une compétence culturelle. Cette théorie typiquement intellectualiste de la perfection
artistique contredit très directement l’expérience des amateurs les plus conformes à la
définition légitime : l’acquisition de la culture légitime par la familiarisation insensible au
sein de la famille tend en effet à favoriser une expérience enchantée de la culture qui
implique l’oubli de l’acquisition et l’ignorance des instruments de l’appropriation. » Pierre
Bourdieu, La distinction, Critique sociale du jugement, 1979
L’ART POUR L’ART
« L’ART POUR L’ART. – La lutte contre la fin en l’art est toujours une lutte contre les tendances moralisatrices dans l’art, contre la subordination de l’art sous la morale. L’art pour l’art veut dire : « Que le diable emporte la morale ! »
– Mais cette inimitié même dénonce encore la puissance prépondérante du préjugé. Lorsque l’on a exclu de l’art le but de moraliser et d’améliorer les hommes, il ne s’ensuit pas encore que l’art doive être absolument sans fin, sans but et dépourvu de sens, en un mot, l’art pour l’art – un serpent qui se mord la queue. « Être plutôt sans but, que d’avoir un but moral ! » ainsi parle la passion pure. Un psychologue demande au contraire : que fait toute espèce d’art ? ne loue-t-elle point ? ne glorifie-t-elle point ? n’isole-t-elle point ? Avec tout cela l’art fortifie ou affaiblit certaines évaluations… N’est-ce là qu’un accessoire, un hasard ? Quelque chose à quoi l’instinct de l’artiste ne participerait pas du tout ? Ou bien la faculté de pouvoir de l’artiste n’est-elle pas la condition première de l’art ? L’instinct le plus profond de l’artiste va-t-il à l’art, ou bien n’est-ce pas plutôt au sens de l’art, à la vie, à un désir de vie ? – L’art est le grand stimulant de la vie : comment pourrait-on l’appeler sans fin, sans but, comment pourrait-on l’appeler l’art pour l’art ?
– Il reste une question : l’art ne fait-il pas paraître beaucoup de choses qu’il emprunte à la vie, laides, dures, douteuses ? Ne semble-t-il pas, par là, vouloir éteindre la passion de la vie ? – Et en effet il y a eu des philosophes qui lui prêtèrent ce sens : « s’affranchir de la volonté », voilà l’intention que Schopenhauer prêtait à l’art, « disposer à la résignation », voilà pour lui la grande utilité de la tragédie qu’il vénérait. – Mais ceci – je l’ai déjà donné à entendre – c’est l’optique d’un pessimiste, c’est le « mauvais oeil » – : il faut en appeler aux artistes eux-mêmes.
L’artiste tragique, que nous communique-t-il de lui-même ? N’affirme-t-il pas précisément l’absence de crainte devant ce qui est terrible et incertain ? – Cet état lui-même est un désir supérieur ; celui qui le connaît l’honore des plus grands hommages. Il le communique, il faut qu’il le communique, en admettant qu’il soit artiste, génie de la confidence. La bravoure et la liberté du sentiment, devant un ennemi puissant, devant un sublime revers, devant un problème qui éveille l’épouvante – c’est cet état victorieux que l’artiste tragique choisit, qu’il glorifie. Devant le tragique, la cour martiale de notre âme célèbre ses saturnales ; celui qui est habitué à la souffrance, celui qui cherche la souffrance, l’homme héroïque, célèbre son existence dans la tragédie. – »
Friedrich NIETZSCHE, Le Crépuscule des idoles, 1889
Pour le 14 février !
« La diversité des hommes ne se manifeste pas seulement dans la diversité de leurs classement des biens, autrement dit dans le fait qu’ils tiennent pour désirables des biens différents et qu’ils sont en désaccord sur leur plus ou moins de valeur, sur la hiérarchie à établir entre les biens qu’ils reconnaissent tous comme tels; cette diversité est plus manifeste encore dans ce qui leur importe dans le fait d’avoir, de posséder un bien. Dans le cas d’une femme, par exemple, pour quelqu’un de peu regardant le fait de pouvoir disposer de son corps et en tirer du plaisir sera tenu pour une preuve suffisante et satisfaisante d’avoir et de posséder. Un autre avec une soif de possession plus méfiante et plus exigeante, verra le caractère incertain et purement apparent d’une telle possession et réclamera des preuves plus subtiles pour savoir avant tout si la femme non seulement se donne à lui, mais aussi renonce pour lui à ce qu’elle a ou aimerait avoir; alors seulement il il aura le sentiment de la » posséder « . Mais un troisième ne sera pas encore au bout de sa méfiance et sa volonté de possession; il se demandera si la femme, quand elle a tout quitté pour lui, ne l’a pas fait éventuellement pour un fantôme de lui-même; il voudra être connu à fond, de fond en comble, pour pouvoir être aimé vraiment; il osera se laisser deviner. Il ne sentira que sa bien-aimée est entièrement en sa possession lorsqu’elle ne se fera plus d’illusion sur lui, lorsqu’elle elle l’aimera pour son esprit maléfique et son insatiabilité cachée tout autant que pour sa bonté, sa patience et ses qualités d’esprit. » NIETZSCHE, Par-delà le bien et le mal, §194
Croissance et inégalités
“Il [faut] accumuler des quantités croissantes de capital dans des machines de plus en plus efficaces et nombreuses et rentabiliser ce capital pour pouvoir installer des machines plus efficaces encore, etc. […] Ce que nous appelons ‘industrie’, en effet, est une concentration technique de capital qui n’a été possible que sur la base de la séparation du travailleur d’avec les moyens de produire. Seule cette séparation a permis de rationaliser et d’économiser le travail, de lui faire produire des surplus dépassant les besoins des producteurs et d’utiliser ces surplus croissants à la multiplication des moyens de production et à l’accroissement de leur puissance”
André Gorz, Métamorphoses du travail. Critique de la raison économique, 1988
“Recréant sans cesse la rareté pour recréer l’inégalité et la hiérarchie, la société engendre plus de besoins insatisfaits qu’elle n’en comble. […] Dès que la masse peut espérer accéder à ce qui était jusque-là un privilège de l’élite, ce privilège (le bac, la voiture, le téléviseur) est dévalorisé [par] les mille produits nouveaux, rares par définition, que l’industrie lance chaque année pour dévaloriser les modèles anciens et reproduire l’inégalité et la hiérarchie sociales. […] Comment ne pas voir que le ressort principal de la croissance réside dans cette fuite en avant généralisée que stimule une inégalité délibérément entretenue ?”
André Gorz, Leur Écologie et la nôtre. Anthologie d’écologie politique, 1975
« Les besoins sont limités et ne peuvent assurer une croissance indéfinie de la production. Les envies et le désir du superflu, en revanche, sont potentiellement illimités » (Métamorphoses du travail, 1988).
“Les pauvres, […] si vous augmentez leurs ressources, augmenteront seulement leur consommation de produits et de services courants, industrialisés, dont le contenu en travail est faible. Augmenter le revenu disponible des riches, en revanche, cela fera augmenter la consommation de produits de luxe et, surtout, de services personnels dont le contenu en travail est élevé, mais dont la rationalité économique à l’échelle de la société est faible ou carrément nulle”
André Gorz, « Pourquoi la société salariale a besoin de nouveaux valets », article paru dans Le Monde diplomatique, juin 1990
Origines du langage
Penser, c’est dire non
« Penser, c’est dire non. Remarquez que le signe du oui est d’un homme qui s’endort ; au contraire le réveil secoue la tête et dit non. Non à quoi ? Au monde, au tyran, au prêcheur ? Ce n’est que l’apparence. En tous ces cas-là, c’est à elle-même que la pensée dit non. Elle rompt l’heureux acquiescement. Elle se sépare d’elle-même. Elle combat contre elle-même. Il n’y a pas au monde d’autre combat. Ce qui fait que le monde me trompe par ses perspectives, ses brouillards, ses chocs détournés, c’est que je consens, c’est que je ne cherche pas autre chose. Et ce qui fait que le tyran est maître de moi, c’est que je respecte au lieu d’examiner. Même une doctrine vraie, elle tombe au faux par cette somnolence. C’est par croire que les hommes sont esclaves. Réfléchir, c’est nier ce que l’on croit. Qui croit ne sait même plus ce qu’il croit. Qui se contente de sa pensée ne pense plus rien. »
ALAIN, Propos sur les pouvoirs, « L’homme devant l’apparence« , 1924
La valeur de la philosophie
La valeur de la philosophie doit en réalité surtout résider dans son caractère incertain même. Celui qui n’a aucune teinture de philosophie traverse l’existence, prisonnier de préjugés dérivés du sens commun, des croyances habituelles à son temps ou à son pays et des convictions qui ont grandi en lui sans la coopération ni le consentement de sa raison.
Pour un tel individu, le monde tend à devenir défini fini, évident; les objets ordinaires ne font pas naître de questions et les possibilités peu familières sont rejetées avec mépris. Dès que nous commençons à penser conformément à la philosophie, au contraire, nous voyons, comme il a été dit dans nos premiers chapitres, que même les choses les plus ordinaires de la vie quotidienne posent des problèmes auxquels on ne trouve que des réponses très incomplètes. La philosophie, bien qu’elle ne soit pas en mesure de nous donner avec certitude la réponse aux doutes qui nous assiègent, peut tout de même suggérer des possibilités qui élargissent le champ de notre pensée et délivrent celle-ci de la tyrannie de l’habitude. Tout en ébranlant notre certitude concernant la nature de ce qui nous entoure, elle accroît énormément notre connaissance d’une réalité possible et différente; elle fait disparaître le dogmatisme quelque peu arrogant de ceux qui n’ont jamais parcouru la région du doute libérateur, et elle garde intact notre sentiment d’émerveillement en nous faisant voir les choses familières sous un aspect nouveau.
Bertrand RUSSEL, Problèmes de Philosophie, trad.
Guillemin, Payot, 1968, pp. 182-183.
Petit kit de survie pour le bac
Petit kit de survie avant l’épreuve de philosophie
I/ La semaine qui précède le bac
- A ce point de l’année, les choses sont à peu près « jouées » : ce qui n’a pas été appris pendant 8 mois ne peut l’être en une semaine mais cela ne signifie pas pour autant qu’il n’y a plus rien à faire.
- Réviser consiste à récapituler tout ce que l’on sait et tout ce que l’on sait faire – Acquérir des
connaissances nouvelles dans les derniers moments n’est plus la priorité. - La priorité consiste surtout à faire le point sur la méthode (essentiel !) et sur le programme :
considérez notion après notion et voyez ce que vous savez ou ne savez pas sur chacune d’entre elles – Vous pourrez alors combler quelques trous, vous remettre en mémoire quelques
problématiques essentielles ou doctrines d’auteur.
II/ Face au sujet - Ne pas paniquer quand vous serez face à vos sujets- Tout sujet produit
un effet d’étrangeté : c’est normal (même au « plus haut niveau ») – On
se demande ce que l’on va bien pouvoir raconter- On a l’impression de
ne rien savoir. Don’t panic ! - Il faut d’abord accepter les sujets : il n’y a pas de bons ou de mauvais sujets – Il n’y a que de
bonnes ou de mauvaises attitudes (soyez donc, pour le coup, stoïciens). Sachez faire fi de votre première impression : ce qui fait la qualité d’une copie, ce n’est pas ce qui vous vient tout de suite à l’esprit mais ce qui suit d’une analyse « serrée » du sujet. Et pensez à Spinoza que l’on peut adapter ici : « je ne choisis pas un sujet parce qu’il est bon- Il est bon parce que je le
choisis! » - Accordez-vous 5 bonnes minutes pour faire le choix du sujet- Attention, n’innovez pas le jour
du bac en prenant par exemple pour la première fois la dissert. ou l’explication de texte-
il y a un support : la pensée de l’auteur qu’il faut expliciter)-Si un sujet concerne un thème du
programme que vous connaissez bien mais qui vous surprend par sa formulation, n’hésitez pas à le choisir. Ne vous précipitez pas sur le sujet qui vous semble « facile ». Privilégiez celui qui vous semble amusant, intéressant, source d’enjeux. - Noter les idées qui vous viennent tout de suite à l’esprit. Ces idées spontanés ne vous
reviendront plus quand vous aurez « la tête dedans » mais elles auront une grande utilité quand
vous vous livrerez à l’analyse des termes (fraîcheur salutaire qui ouvrira des pistes
supplémentaires)- - Arrivent ensuite les choses sérieuses : trouver la fameuse problématique. Tout d’abord, le sujet
, toujours formulée sous la forme d’une question suggère souvent une thèse (ex. « obéir aux lois, est-ce renoncer à sa liberté ?). Dans ce cas, c’est la thèse la plus communément répandue qui est suggérée par le sujet et qu’il va falloir discuter. Dans l’intro, il s’agira donc de présenter cette thèse commune (« on pense souvent que… ») en l’explicitant, puis d’émettre des objections (« Cependant peut-on vraiment dire que… » ?) La thèse contradictoire fera souvent appel à une autre définition du terme (cf. si l’on définit la liberté comme « faire ce que l’on veut », effectivement la loi est une contrainte. Cependant peut-on se contenter d’une telle définition : cette liberté absolue aboutit à « la guerre de tous contre tous » – Cf. Hobbes et à l’état de nature- Être libre, n’est–ce pas plutôt obéir aux lois qu’on s’est soi-même données ? Cf. Concept d’autonomie (AUTO-NOMOS : se donner à soi- même sa loi- opérant en démocratie) - Attention, on vous dit souvent qu’il faut définir les termes en philosophie ! Oui, c’est même
l’objet principal de la dissertation (et aussi de l’explication) mais justement vous ne devez pas
vous en débarrassez dans l’introduction : vous devez, tout au long de votre copie, travailler le
sens des mots pour aboutir à une définition philosophique en fin de devoir (la liberté comme
autonomie par exemple)- À PROSCRIRE : énoncer dans l’intro toutes les déf. des termes sans les mettre en lien : « la liberté, c’est ça …», « la loi, c’est ça… » C’est tout simplement NUL ! La
définition des termes doit être problématisée : « On définit généralement la liberté comme…
donc comme étant contraire à la loi qui un principe supérieur auquel on obéit, mais être libre,
est-ce vraiment cela…etc. » - Les 2 thèses contradictoires sont généralement faciles à trouver car sous-tendues par le sujet.
C’est d’ailleurs l’opposition entre ces 2 thèses concurrentes qui constitue la problématique.
Reste la 3e thèse qui, en général, vous pose pb- Un conseil : notez dans 2 colonnes toutes les
idées des 2 thèses contradictoires. Celles qui ne rentrent ni dans l’une ni dans l’autre pourront
faire l’objet d’une 3e partie (après recherche d’un point commun entre ces idées) . Vous pouvez aussi essayer d’expliquer pourquoi on ne peut pas répondre à la question (mais plus difficile à mettre en oeuvre). N’oubliez pas non plus l’Aufhebung hégélienne (« sursomption ») : nier, conserver, dépasser les 2 thèses précédentes.
III/ La dissert. : répartition du temps (9h-13h)
1.Lire les sujets (9h-9h15) - Rassembler les connaissances (9h15-10h) : noter au brouillon TOUT ce qui vous passe par la
tête, sans rien exclure : toutes ces idées « fraîches » constitueront des pistes d’analyse du sujet : expressions communes, expériences de la vie quotidienne, exemples littéraires, films, et bien sûr, doctrines d’auteur, thèses philosophiques etc. Creuser ensuite ces idées et ces pistes. - Rédiger une problématique (10h-10h10) : plusieurs types de sujet :
- Ceux qui appellent une réponse par « oui » ou par « non » (cf. cas étudié plus haut )
- Ceux qui demandent ce qu’est une chose (« Qu’est-ce qu’agir moralement ? » Qu’est-ce que
l’échange ? « En quoi consiste le progrès scientifique ? », « Y a-t-il un devoir de mémoire ? etc.) - ou ceux qui demandent « Pourquoi » ?
La 2e catégorie de sujet peut paraître plus difficile car la problématique n’est pas suggérée par
le sujet : c’est à vous de la trouver en définissant les termes : « si l’on définit le progrès comme
l’évolution des connaissances et des moyens techniques, on peut dire que la science progresse dès lors qu’elle augmente notre pouvoir sur les choses. En revanche, si l’on définit le progrès (en termes humanistes) comme l’impact positif sur la vie humaine, on peut s’interroger sur la valeur du progrès scientifique…etc. » Quant à la 3e : il vous faut trouver au moins 2 réponses opposées (« parce que »… « parce que»…) et trouver les raisons principales qui soutiennent chacune des 2 thèses et résumer ces raisons en une seule phrase afin de mettre le problème en évidence. Ex : le sujet : « Pourquoi vouloir le mal ? », une des problématique possible serait « nul doute que les hommes font parfois volontairement le mal mais nul doute qu’en faisant le mal, ils cherchent un bien (quelque chose qui leur semble « bon »)
Rq/ « Pourquoi »= en vue de quoi (finalité) – à cause de quoi( mécanisme)- À quoi bon (sens) ?
« Peut-on » : A-t-on la possibilité ? A-t-on le droit ?
4. Construire le plan : (10h10-10h30) La tradition veut que le plan soit en 3 parties mais il n’y a pas de plan type exigé. Il est seulement demandé au candidat de regrouper logiquement le cours de sa réflexion en plusieurs étapes. Attention !!! Types de plans à proscrire : (ex. de sujet : « les sociétés visent-elles le bien commun ? ») - le plan –tiroir : 1) Qu’est ce que la société ? 2) Qu’est ce que le bien ? 3) L’origine des
sociétés - le hors sujet : il faut se dévouer au bien commun..
- la fausse 3e partie : vous voulez absolument écrire quelque chose alors que vous n’avez plus
rien à dire (cf. la synthèse)!
- Rédiger une introduction (10h30-10h50) : rédigée au brouillon (Vous la recopierez à la fin), elle
commence par une amorce qui doit attirer l’attention vers le sujet puis pose explicitement la
question. Énoncer la problématique (l’opposition entre 2 thèses contradictoires) et la démarche
que l’on va suivre pour essayer d’éclaircir le problème. A écrire à la fin de votre devoir (laissez un
blanc) - Rédiger le développement (10h50-12H30) Rédiger le développement directement « au propre »-
Autant de § que d’arguments- Dans l’idéal, 3§ par partie. Chaque § doit apporter un élément
de réponse au problème (Attention dans une même partie, les arguments défendent tous la
même thèse), répondre aux objections que l’on pourrait nous faire, préciser son idée etc. Faire
des transition argumentées entre chaque partie permettant de changer de thèse (en montrant
les insuffisances de la thèse que l’on vient de défendre)- Recopier l’introduction en la modifiant si
nécessaire au vu de votre développement. - Rédiger la conclusion (12h30-12h45) Une ccl commence par une synthèse du devoir, se
poursuit par une éventuelle redéfinition des termes à la lumière de la réflexion du devoir et
finit par une réponse explicite (on peut aussi dire qu’il est impossible de répondre à la question
et dire pourquoi)- Possibilité d’élargissement du sujet ou de « chute »- Évitez cepdt de finir sur
qq chose que vous auriez dû traiter…(Cf. hara kiri en fin de devoir…) Engagez-vous dans la
conclusion (courage). - Relire le devoir (12h 45-Fin) : les fautes d’orth, de grammaire et d’expression, les trous, etc. qui
rendent votre copie moins lisibles vous enlèvent des points. La relecture est le moyen d’y
remédier
IV/ l’explication de texte - Lire le texte (9h-9h30) : le lire une première fois sans s’arrêter
puis le relire en repérant les difficultés et en tentant de les
élucider. Si l’on n’est pas sûr d’avoir bien compris, faire des
hypothèses. Par exemple le mot « raison » peut être employé
dans le sens de « sagesse » ou de « pensée cohérente » (cf.
différence entre « raisonnable » et « rationnel »)- Repérer les
mots-clés du texte qui devront être expliqués. Essayer
d’illustrer la pensée de l’auteur avec des exemples qui ne
figurent pas dans le texte. Enfin, dégager sa structure ou son
plan d’argumentation. - Dégager la thèse et les enjeux (9h30-9h50) : formuler la thèse
par un énoncé précis et particulier (et pas sous la forme d’une affirmation trop générale) :
Exemple : ne pas se contenter de « Kant démontre l’existence de la liberté » mais « Kant montre que l’existence de la liberté ne peut être rendue évidente que par la présence de la raison en chaque être humain ». il faut donc exprimer la thèse précisément. Repérer ensuite les enjeux du texte cad les problèmes que cette thèse pose (Est-on libre seulement quand on suit sa raison ?) et les conséquences qu’elle entraîne (le régime politique libre, c’est donc celui de la
démocratie) ; - Construire le plan de l’explication (9h50-10h15) : Dégager les grandes parties du texte. Elles
correspondent aux étapes d’un raisonnement et doivent suivre l’ordre du texte (ANALYSE
LINÉAIRE ET NON THÉMATIQUE). Ensuite dégager plusieurs points à expliquer dans chaque
partie (étapes du raisonnement ou points à élucider)- Suivre dans le plan les moments
argumentatifs du texte. - Rédiger l’introduction (10h15-10h40) si l’on connaît l’auteur, on peut se référer à lui en exposant
qq principes de sa pensée puis thème, thèse, enjeux, structure générale du texte. Possibilité
d’amorce également pour « lancer » le texte (mais courte):
- THÈME, QUESTION À LAQUELLE LE TEXTE RÉPOND (Premier paragraphe)
- ÉNONCÉ DE LA THÈSE, ENJEUX (2e paragraphe)
- MOMENTS (3e paragraphe)
- Rédiger le développement (10h40-12h30) : Il faut bien sûr expliquer le texte, l’élucider
(expliquer une phrase, c’est expliquer les mots, préciser les concepts, la portée argumentative
etc. : s’agit-il de poser une principe, de tirer des conséquences etc. ?) Mettre en évidence les
présupposés et les conséquences implicites du propos- Vous pouvez-aussi critiquer le texte (si
l’explication a été au préalable bien faite) : soumettre le propos de l’auteur à des contreexemples etc. Vous pouvez vous servir de votre connaissance de l’auteur (cependant non requise) pour éclaircir des passages. Discuter le texte consiste à mettre en évidence ses
difficultés (utilisation de contre exemples dans lesquels la thèse est inapplicable ou
confrontation avec d’autres thèses possibles) - Rédiger la conclusion (12h30-12h45) : Après avoir récapitulé chaque étape du texte et ses
acquis, rappeler la thèse, prendre éventuellement position (sur la base d’un argument et non
d’un simple avis) et enfin relier la thèse du texte à une question plus fondamentale (ex ; pour le
texte de Kant : nos désirs, qui s’opposent à la raison, nous empêchent-ils d’être libres ?) - Relire le devoir (12h 45-Fin)
V/ Défauts généraux à éviter et généralement reprochés aux élèves- conseils - Une bonne copie = une copie qui traite le sujet ! Copie qui pose clairement une
problématique et qui tente d’y répondre en construisant son propos (transitions
problématisées, idées argumentées et justifiées) : la plupart des candidats se contentent de
donner des séries d’exemples sans justifier leur propos. - Ensuite, une bonne copie = une copie informée qui convoque des références de façon
explicite ou non (vous pouvez vous servir de la thèse d’un auteur sans le citer), qui montre que
des contenus de cours ont été assimilés pendant l’année. - Et puis, enfin, c’est une copie sans trop de fautes d’orth ou de grammaire …
- Il ne s’agit pas de penser par soi-même si « penser par soi-même » signifie pour le candidat,
exposer son opinion personnelle (sans avoir à réviser un cours). « Penser par soi-même » ne
signifie pas penser tout seul mais penser AVEC et AU Nom des autres (cad de la raison
partagée par tous) d’où l’importance d’un discours rationnel. A PROSCRIRE : le « Moi, je
pense que » ! Vous vous exprimez au nom de la raison universelle (« nous pouvons penser
que.. ») - Il faut trouver le juste milieu entre 2 écueils (qui sont tous les 2 à éviter) : réciter religieusement
le cours (sans réféléchir- Cf. HS) ou tirer son propos de sa vie personnelle, de ses opinions
propres (or quand les élèves parlent d’eux-mêmes, en général ils ne font que « raconter leur
vie » sans que cette expérience soit généralisable). - Attention donc aux exemples choisis : plus l’exemple est personnel, moins il
est pertinent en philosophie (risque d’avoir affaire à une pure subjectivité
égocentrée). Il s’agit de s’exprimer et non de s’épancher ! Si en revanche, un
élève est capable de puiser dans ce qu’il a vécu pour s’élever
progressivement vers des considérations universelles, alors la copie sera
intéressante. Mais cela est très difficile : il sera donc plus pertinent de puiser
ses exemples dans la littérature ou l’histoire.
Jupiter vit d’ambroisie
« L’homme se retient. Il ne mange pas comme les bêtes, car il voudrait alors être pire qu’elles. Il ne tue point non plus comme les bêtes. Le sacrifice d’un bœuf à Jupiter ou à Neptune est absurde à première réflexion ; car Jupiter vit d’ambroisie ; et, au reste, après avoir brûlé quelques poils, on mange très bien l’animal. C’est que le sacrifice est moins une offrande qu’une manière de tuer ; et ce qui est sacrifié, comme il convient, c’est l’ivresse de tuer, le bain de sang et d’entrailles, et autres horreurs qui tuent le tueur. Par meilleure réflexion, il faut donc admirer au contraire, comme une pratique de raison, ce prélude du repas, et cette franchise d’amener au jour la boucherie et la cuisine, et de les faire cérémonieusement. Et ce n’est qu’artifice, non pas tout à fait artifice, si l’on imagine que le Dieu politique est le témoin et l’ordonnateur de ces choses. C’est porter la politesse jusqu’à son extrême contraire ; et la politesse, en cette situation difficile, est toujours très ornée. C’est pourquoi les cornes de la génisse sont dorées, pourquoi les bandelettes sont nouées, pourquoi c’est le prêtre ou le chef qui porte le coup ; et c’est mauvais présage si le coup ne tue pas net. La force est prise à ce piège, et civilisée au plus près. Nous sommes barbares, à côté, par hypocrisie : nous ne voulons pas voir tuer ; nous mettons toute notre politesse dans le manger. Toutefois elle est encore la même ; car il n’est pas séant d’empoigner son couteau comme pour tuer encore une fois le bœuf en daube ou le poulet rôti. Découper les viandes était un haut emploi du palais, il n’y a pas longtemps ; et c’est encore un geste de danseur. »