Désir de s’enrichir

Sujet 2 : Est-il raisonnable de désirer s’enrichir ?

Descartes, qui définit la raison comme « le bon sens », nous invite à « changer nos désirs plutôt que l’ordre du monde » dans sa morale provisoire. Je peux désirer la richesse et acheter un billet de loterie, mais seul le sort décidera qu’il soit gagnant ; je peux aussi me lancer dans les affaires et l’économie, dont on connait les aléas. ne dépendant pas même des meilleures volontés. En désirant m’enrichir, je tends vers quelque chose qui ne dépend pas de ma volonté ni de mon pouvoir, mais de l’ordre général du monde. On peut donc se demander s’il est conforme au bon sens de vouloir s’enrichir ou bien si ce n’est pas pure folie dans la mesure où j’ai de fortes chances de ne pas obtenir la richesse espérée et, même en étant favorisé par le sort, d’en être épuisé et malheureux. La raison, faculté qui me permet de juger, de distinguer le bien du mal, peut-elle m’empêcher de désirer ce qui ne dépend pas de moi, de limiter mes désirs à ce que je suis certain de posséder ? Une action est raisonnable lorsqu’elle est conforme à la morale universelle, ne serait-ce que caprice et folie que de désirer ce qui subjectivement me procure du plaisir ?  Car telle est la richesse, objet sans limite de nos désirs et de ceux d’autrui. Un désir raisonnable est contradictoire car justement le sage fait taire ses désirs pour privilégier sa raison. Mais il faut alors se demander quel est le rôle de la raison dans cette lutte contre le désir de s’enrichir. Le désir de s’enrichir est-il à ce point contraire à la raison qu’elle pourrait « crier » sans « pouvoir mettre le prix au choses » (Pascal) ?

Des sujets

Murakami, Château de Versailles, oct.2010

Le candidat traitera un des sujets au choix

Sujet 1. L’art nous détourne-t-il de la vérité ?

Sujet 2. Tous nos échanges sont-ils monétaires ? ( ?IEP)

Sujet 3 : Expliquer le texte suivant :

Malheur à qui n’a plus rien à désirer ! il perd pour ainsi dire tout ce qu’il possède. On jouit moins de ce qu’on obtient que de ce qu’on espère, et l’on n’est heureux qu’avant d’être heureux. En effet, l’homme avide et borné, fait pour tout vouloir et peu obtenir, a reçu du ciel une force consolante qui rapproche de lui tout ce qu’il désire, qui le soumet à son imagination, qui le lui rend présent et sensible, qui le lui livre en quelque sorte, et pour lui rendre cette imaginaire propriété plus douce, le modifie au gré de sa passion. Mais tout ce prestige disparaît devant l’objet même ; rien n’embellit plus cet objet aux yeux du possesseur ; on ne se figure point ce qu’on voit ; l’imagination ne pare plus rien de ce qu’on possède, l’illusion cesse où commence la jouissance. Le pays des chimères est en ce monde le seul digne d’être habité et tel est le néant des choses humaines, qu’ hors l’Être existant par lui-même, il n’y a rien de beau que ce qui n’est pas.
Si cet effet n’a pas toujours lieu sur les objets particuliers de nos passions, il est infaillible dans le sentiment commun qui les comprend toutes. Vivre sans peine n’est pas un état d’homme ; vivre ainsi c’est être mort. Celui qui pourrait tout sans être Dieu, serait une misérable créature ; il serait privé du plaisir de désirer ; toute autre privation serait plus supportable.

Jean-Jacques Rousseau

La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication
rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Provisions, prévisions

Robinson avait assez assuré sa subsistance et presque pris ses aises dans son île. (…)

Une demeure bien assise, des conserves surabondantes, toutes les sûretés essentielles retrouvées, ont le loisir pour conséquence. C’est le fruit des fruits que le calme et la certitude. Robinson au milieu de ses biens se sentait confusément redevenir un homme, c’est à dire un être indécis. Il respirait distraitement, il ne savait quels fantômes poursuivre. Il était menacé de songes et d’ennui. Le soleil lui semblait beau et le rendait triste.

Contempler des monceaux de nourriture durable, n’est-ce point voir du temps de reste et des actes épargnés ? Une caisse de biscuits, c’est tout un mois de paresse et de vie. Des pots de viande confite, et des couffes de fibre bourrées de graines et de noix sont un trésor de quiétude ; tout un hiver tranquille est en puissance dans leur parfum.

Robinson humait la présence de l’avenir dans la senteur des caissons et des coffres de sa cambuse. Son trésor dégageait de l’oisiveté. Il en émanait de la durée, comme il émane de certains métaux une sorte de chaleur absolue. Il ressentait confusément que son triomphe était celui de la vie, qu’il était un agent de la vie, et qu’il avait accompli la tâche essentielle de la vie qui est de transporter jusqu’au lendemain les effets et les fruits du labeur de la veille. L’humanité ne s’est lentement élevée que sur le tas de ce qui dure. Prévisions, provisions, peu à peu nous ont détachés de la rigueur de nos nécessités animales et du mot à mot de nos besoins. La nature le suggérait : elle a fait que nous portions avec nous de quoi résister quelque peu à l’inconstance des événements ; la graisse qui est sur nos membres, la mémoire qui se tient toute prête dans l’épaisseur de nos âmes, ce sont des modèles de ressources que notre industrie à imités.

Valéry (Paul), Œuvres ,- Chapitre Histoire Brisée, page 418 à 420, Editions Gallimard 1960- Bibliothèque de la Pléiade 2000

« Eloge de la fuite » au théâtre

Médecin chirurgien et neurobiologiste, HENRI LABORIT introduisit l’utilisation des neuroleptiques en 1951. Il s’est fait connaître du grand public par la vulgarisation des neurosciences, notamment en participant au film Mon oncle d’Amérique d’Alain Resnais (voir ci-dessous).

« Tant qu’on n’aura pas diffusé très largement à travers les hommes de cette planète la façon dont fonctionne leur cerveau, la façon dont ils l’utilisent et tant que l’on n’aura pas dit que jusqu’ici cela a toujours été pour dominer l’autre, il y a peu de chance qu’il y ait quoi que ce soit qui change. »


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Quand il ne peut plus lutter contre le vent et la mer pour poursuivre sa route, il y a deux allures que peut encore prendre un voilier : la cape (le foc bordé à contre et la barre dessous) le soumet à la dérive du vent et de la mer, et la fuite devant la tempête en épaulant la lame sur l’arrière avec un minimum de toile. La fuite reste souvent, loin des côtes, la seule façon de sauver le bateau et son équipage. Elle permet aussi de découvrir des rivages inconnus qui surgiront à l’horizon des calmes retrouvés. Rivages inconnus qu’ignoreront toujours ceux qui ont la chance apparente de pouvoir suivre la route des cargos et des tankers, la route sans imprévu imposée par les compagnies de transport maritime.

Vous connaissez sans doute un voilier nommé « Désir ».

RENDEZ-vous à la Fabrik’théâtre JEUDI 18 décembre à 14 heures

Spinoza : le conatus dans l’Ethique

minusculemousquetaire_80_« Le Minuscule Mousquetaire T.2 : La Philosophie dans la baignoire » par Joann Sfar

Dans le texte suivant, Spinoza montre que le désir est l’essence de l’homme, renversant ainsi la problématique du rapport entre désir et raison. L’homme ne peut pas plus s’empêcher de désirer qu’il ne peut s’empêcher d’être ; dès lors la rationalisation des passions demeure insatisfaisante, il faut plutôt étudier la véritable nature de l’homme.

Chaque chose, autant qu’il est en soi, s’efforce de persévérer dans son être. (III, Prop. VI)

L’effort par lequel chaque chose s’efforce de persévérer dans son être n’est rien d’autre que l’essence actuelle de cette chose. (Prop. VII)

L’effort par lequel chaque chose s’efforce de persévérer dans son être, n’enveloppe aucun temps fini, mais un temps infini. (Prop. VIII)

L’âme en tant qu’elle a des idées claires et distinctes, et aussi en tant qu’elle a des idées confuses, s ‘efforce de persévérer dans son être pour une durée indéfinie et a conscience de son effort. (Prop. IX)

L’essence de l’âme est constituée par des idées adéquates et des inadéquates; par suite, elle s’efforce de persévérer dans son être en tant qu’elle a les unes et aussi en tant qu’elle a les autres ; et cela pour une durée indéfinie. Puisque, d’ailleurs, l’âme, par les idées des affections du corps, a nécessairement conscience d’elle-même, elle a conscience de son effort.

Cet effort, quand il se rapporte à l’âme seule, est appelé volonté; mais, quand il se rapporte à la fois à l’âme et au corps, il est appelé appétit; l’appétit n’est par là rien d’autre que l’essence même de l’homme, de la nature de laquelle suit nécessairement ce qui sert à sa conservation; et l’homme est ainsi déterminé à le faire. De plus, il n’y a aucune différence entre l’appétit et le désir, sinon que le désir se rapporte généralement aux hommes en tant qu’ils ont conscience de leurs appétits, et peut, pour cette raison se définir ainsi: le désir est l’appétit avec la conscience de lui-même. Il est donc établi par tout ce qui précède que nous ne faisons effort vers aucune chose, que nous ne la voulons pas ou ne tendons pas vers elle par appétit ou par désir, parce que nous jugeons qu’elle est bonne; c’est l’inverse : nous jugeons qu’une chose est bonne parce que nous faisons effort vers elle, que nous la voulons et tendons vers elle par appétit ou désir. (Prop. IX, scolie)

Désir, plaisir et volupté

P1000112Parmi nos désirs, les uns sont naturels et les autres vains. Parmi les désirs naturels, il y en a qui sont nécessaires, et d’autres dont l’objet n’est que naturel, sans être nécessaires. Parmi les nécessaires, il y en a qui regardent notre bonheur, d’autres la tranquillité continue du corps, d’autres enfin l’entretien de la vie. Une théorie exacte de ces désirs sait ce qu’il faut fuir ou rechercher pour la santé du corps et pour la paix de l’âme : deux choses qui constituent tout notre bonheur. Car tout ce que nous faisons dans la vie se rapporte à ces deux points : écarter la souffrance et atteindre la tranquillité de l’âme. Quand nous les avons atteints, il n’y a plus en nous de trouble ni d’agitations : l’être vivant n’a rien de plus à acquérir ni à rechercher pour compléter son bien-être. Nous ne ressentons le besoin du plaisir que quand la privation nous cause quelque douleur. Dès que nous ne sommes plus remués par cette douleur, nous n’avons plus de désirs. C’est pour cela que nous disons que le plaisir est le commencement et la fin du bonheur de la vie : c’est le plaisir qui a été reconnu comme bien principal et conforme à notre nature. C’est du plaisir qu’il faut partir pour déterminer ce qu’il faut rechercher ou fuir […]. Quoique tout plaisir soit un bien en soi, parce qu’il convient à notre nature, il y a cependant des plaisirs qu’il faut se refuser. De même, quoique toute douleur soit un mal en soi, il y a cependant des douleurs qu’il faut embrasser. C’est à la raison à considérer la nature des choses, à peser les avantages et les inconvénients. Epicure

Désir mimétique

Ce qu’on nomme désir ou passion n’est pas mimétique, imitatif accidentellement ou de temps à autre, mais tout le temps. Loin d’être ce qu’il y a de plus nôtre, notre désir vient d’autrui. Il est éminemment socP1000093ial… L’imitation joue un rôle important chez les mammifères supérieurs, notamment chez nos plus proches parents, les grands singes ; elle se fait plus puissante encore chez les hommes et c’est la raison principale pour laquelle nous sommes plus intelligents et aussi plus combatifs, plus violents que tous les mammifères.
L’imitation, c’est l’intelligence humaine dans ce qu’elle a de plus dynamique ; c’est ce qui dépasse l’animalité, donc, mais c’est ce qui nous fait perdre l’équilibre animal et peut nous faire tomber très au-dessous de ceux qu’on appelait naguère « nos frères inférieurs ». Dès que nous désirons ce que désire un modèle assez proche de nous dans le temps et dans l’espace, pour que l’objet convoité par lui passe à notre portée, nous nous efforçons de lui enlever cet objet et la rivalité entre lui et nous est inévitable.
C’est la rivalité mimétique. Elle peut atteindre un niveau d’intensité extraordinaire. Elle est responsable de la fréquence et de l’intensité des conflits humains, mais chose étrange, personne ne parle jamais d’elle. Elle fait tout pour se dissimuler, même aux yeux des principaux intéressés, et généralement elle réussit ».

René Girard, celui par qui le scandale arrive, p. 18-19.

La passion (exercice)

Jean-François_Millet_-_L'Angélus

1/ Choisir parmi des œuvres littéraires ou artistiques une description de la passion.

Analysez les mécanismes de sa mise en œuvre et les jugements possibles qui suivent sa description.

2/ Choisir deux exemples de passion pour illustrer

– le pôle rationaliste de son interprétation

– le pôle romantique

1/Gollum et l’anneau (dans Le Seigneur des Anneaux)
« L’expiation » de Victor Hugo
« La courbe de tes yeux » de Paul Eluard
« Une Charogne » de Baudelaire
« A une passante » de Baudelaire
« Polonaise » de Chopin, op. 72
Two lovers, film réalisé par James Gray
Va, vis et deviens
Play time, film de Jacques Tati
La passion du Christ
Jeux d’enfants

Il y a un point commun à toutes ces descriptions de passions : la recherche d’un but.
Toutes ces passions sont interprétées en fonction de leur objet.

1/ Madame Bovary

Thérése Raquin

Eugénie Grandet

L’oeuvre de Zola et le chef d’oeuvre inconnu de Balzac

Voile de larmes sur Hambourg Patrick Piary

Tristan et Iseult

Roméo et Juliette

Titanic et twilight

le baiser de Rodin

Les oeuvres de Dali

Icare

La création du monde Michel-ange

L’avare de molière

Narcisse

Les thanatonautes , Bernard Werber

Ce qui est commun c’est le désir de parvenir à ses fins, d’assouvir son désir. Certains réussissent, d’autre non, au péril de leur vie.

Ce qui diffère, c’est l’objet du désir (amour, argent, ambition, richesse, immortalité, etc.)

Lorsque l’on juge du désir c’est selon sa propre échelle de valeur (sociale et culturelle). Ce qui est important c’est de réaliser ses passions sans empêcher celles des autres. Le désir est toujours égoïste et intéressé.

Quand on juge, c’est toujours l’objet du désir qui est critiqué ou loué. On n’analyse pas le désir lui-même.

2/ Ruy Blas, la reine est prise entre deux contradictions.

Le rouge et le noir de Stendhal