Musique et philosophie

En quoi la musique ne fait pas seulement rêver mais  peut servir aux spéculations philosophiques… pour parodier une citation de Gilles Deleuze : « En quoi la philosophie peut servir à des mathématiciens ou même à des musiciens – même et surtout quand elle ne parle pas de musique ou de mathématiques ? »

[dailymotion]
Atom heart mother Pink Floyd part 1 par Philoniko[/dailymotion]

à suivre…

 

Qui est le plus sage ?

En 399 avant J.-C. Socrate est condamné à mort. Son disciple Platon relate les faits de l’accusation dans le dialogue intitulé « apologie de Socrate. » Mais c’est surtout sa défense qu’il entreprend en mettant en scène Socrate le jour de son procès. Ce dernier n’a aucun souci personnel ni désir de gloire, ce qui  l’intéresse n’est pas l’étroitesse de sa personne mais le bien commun. Toute sa vie, il s’est interrogé avec modestie sur les vertus d’un citoyen sans ne jamais prétendre lui-même en posséder aucune. Ainsi, la vertu morale, pas plus que la science n’est une possession ; c’est plutôt une recherche,  une quête comme il l’indique lui-même de manière métaphorique en enquêtant sur ce que l’on nomme SAGESSE (sophia). Contre la prétention des sophistes, des savants ou des hommes politiques, Socrate oppose sa modestie de son ignorance véritable. Ce qui s’oppose aux savoirs faux ou aux faux savoirs (illusions) c’est l’ignorance. Contre toute prétention, Socrate cherche le vrai, le désire : c’est la démarche même de la philosophie.

[21b] Considérez bien, Athéniens, pourquoi je vous dis toutes ces choses, c’est uniquement pour vous faire voir d’où viennent les bruits qu’on a fait courir contre moi.

Quand je sus la réponse de l’oracle, je me dis en moi-même : que veut dire le dieu ? Quel sens cachent ses paroles ? Car je sais bien qu’il n’y a en moi aucune sagesse, ni petite ni grande; Que veut-il donc dire, en me déclarant le plus sage des hommes ? Car enfin il ne ment point; un dieu ne saurait mentir. Je fus longtemps dans une extrême perplexité sur le sens de l’oracle, jusqu’à ce qu’enfin, après bien des incertitudes, je pris le parti que vous allez entendre pour

[21c] connaître l’intention du dieu. J’allai chez un de nos concitoyens, qui passe pour un des plus sages de la ville; et j’espérais que là, mieux qu’ailleurs, je pourrais confondre l’oracle, et lui dire : Tu as déclaré que je suis le plus sage des hommes, et celui-ci est plus sage que moi. Examinant donc cet homme, dont je n’ai que faire de vous dire le nom, il suffit que c’était un de nos plus grands politiques, et m’entretenant avec lui, je trouvai qu’il passait pour sage aux yeux de tout le monde, surtout aux siens, et qu’il ne l’était point. Après cette découverte, je m’efforçai de lui faire voir qu’il n’était nullement ce qu’il croyait être ; et voilà déjà ce qui me rendit odieux

[21d]  à cet homme et à tous ses amis, qui assistaient à notre conversation. Quand je l’eus quitté, je raisonnai ainsi en moi-même : Je suis plus sage que cet homme. Il peut bien se faire que ni lui ni moi ne sachions rien de fort merveilleux; mais il y a cette différence que lui , il croit savoir, quoiqu’il ne sache rien; et que moi, si je me sais rien, je ne crois pas non plus savoir. Il me semble donc qu’en cela du moins je suis un peu plus sage, que je ne crois pas savoir

[21e]  ce que je ne sais point. De là, j’allai chez un autre, qui passait encore pour plus sage que le premier; je trouvai la même chose, et je-me fis là de nouveaux ennemis. Cependant je ne me rebutai point; je sentais bien quelles haines j’assemblais sur moi; j’en étais affligé, effrayé même: Malgré cela, je crus que je devais préférer à toutes choses la voix du dieu, et, pour en trouver le véritable sens, aller de porte en porte chez tous ceux

[22a]  qui avaient le plus de réputation; et je vous jure, Athéniens, car il faut vous dire la vérité, que voici le résultat que me laissèrent mes recherches: Ceux qu’on vantait le plus me satisfirent le moins, et ceux dont on n’avait aucune opinion, je les trouvai  beaucoup plus près de la sagesse. Mais il faut achever de vous raconter mes courses et les travaux que j’entrepris. Pour m’assurer de la vérité de l’oracle. Après les politiques, je m’adressai

[22b] aux poètes tant à ceux qui font des tragédies, qu’aux poètes dithyrambiques et autres, ne doutant point que je ne prisse là sur le fait mon ignorance et leur supériorité. Prenant ceux de leurs ouvrages qui me paraissaient travaillés avec le plus de soin, je leur demandai ce qu’ils avaient voulu dire, désirant m’instruire dans leur entretien. J’ai honte, Athéniens, de vous dire la vérité; mais il faut pourtant vous la dire. De tous ceux qui étaient là présents, il n’y en avait presque pas un qui ne fut capable de rendre compte de ces poèmes mieux que ceux qui les avaient faits. Je reconnus donc bientôt que ce n’est pas la raison qui, dirige le poète, mais une sorte d’inspiration naturelle,

[22c] un enthousiasme semblable à celui qui transporte le prophète et le devin, qui disent tous de fort belles choses, mais sans rien comprendre, à ce qu’ils disent. Les poètes me parurent dans Je même cas, et je m’aperçus en même temps qu’à cause de leur talent pour la poésie, ils se croyaient sur tout le reste les plus sages des hommes; ce qu’ils n’étaient en aucune manière. Je les quittai donc, persuadé que j’étais au-dessus d’eux, par le même endroit qui m’avait mis au-dessus des politiques.

[22d]  Des poètes, je passai aux artisans. J’avais la con-science de n’entendre rien aux arts, et j’étais bien persuadé que les artisans possédaient mille secrets admirables, en quoi je ne me trompais point. Ils savaient bien des choses que j’ignorais ; et en cela ils étaient beaucoup plus habiles que moi. Mais, Athéniens, les plus habiles me parurent tomber dans les mêmes défauts que les poètes; il n’y en avait pas un qui, parce qu’il excellait, dans son art, ne crut très-bien savoir les choses les plus importantes, et cette folle présomption

[22e] gâtait leur habileté; de sorte que, me mettant à la place de l’oracle, et me demandant à moi-même lequel j’aimerais mieux ou d’être tel que je suis, sans leur habileté et aussi sans leur ignorance; ou d’avoir leurs avantages avec leurs défauts; je me répondis à moi-même et à l’oracle : J’aime mieux être comme je suis. Ce sont ces recherchés, Athéniens, qui ont excité contre [23a]  moi tant d’inimitiés dangereuses; de là toutes les calomnies répandues sur mon compte, et ma réputation de sage; car tous ceux qui m’entendent croient que je sais toutes les choses sur lesquelles je démasque l’ignorance des autres.

ART

Araignée ou araignée souriante, 1881
fusain, estompe, traces de gommage, grattage (rayures) et fixatifs sur
papier vélin chamois, 49,5 x 39 cm
musée d’Orsay Paris, © service presse Rmn-GP /
Jean-Gilles Berizzi

Odilon Redon a fasciné autant la génération symboliste que les nabis ou, plus tard, les surréalistes. D’abord auteur d’une abondante œuvre graphique aux ténèbres envoûtantes, il s’ouvre ensuite à la douceur du pastel, à la lumière et à la plénitude de couleurs époustouflantes. A l’occasion de l’exposition du Grand Palais, à Paris, l’historien Bertrand Tillier se penche pour nous sur une toile intitulée “Profil sur méandres rouges”, peinte vers 1900. Cliquez sur l’araignée pour en savoir plus…

La gamme des émotions (Suite)

Compte-rendu du concert du Vendredi 4 février

[ Opéra TSTG ]

Bilan de classe :

L’ensemble de la classe a été dérouté du fait d’aller à cette sortie dans le cadre du cours de philosophie. La plupart ne connaît pas la musique classique et ne sort pas dans ce genre de lieu. Certains étaient enthousiastes, et se sont mis sur leur 31 ! On constituait un public très hétéroclite aux avis divergents. Même les comportements ont été distincts car certains étaient passionnés, imprégnés du spectacle et faisaient fi de leurs camarades. D’autres élèves ont été insupportables avec leur téléphone portable en particulier, et leur bavardage incessant.

Il faut une grande curiosité pour tenir toute la matinée en restant à l’écoute de l’orchestre. En cours de philosophie nous espérons faire le lien avec les thèmes de la culture et celui de l’art et pouvoir utiliser cette expérience pour nos prochaines copies.

Groupe 2 :

Amélie : « Je m’attendais à une scène plus grande, c’était trop calme, la musique n’était pas assez entrainante… je n’étais jamais allée à l’opéra. Je ne pense pas y retourner, mais je pourrais au moins dire que j’y suis allée une fois et ça m’a fait apprendre quelque chose».

Nelly : « ça m’a permis de connaître des instruments que je ne connaissais pas, par exemple le haut-bois, le basson. La musique était un peu trop calme au début ( 1er morceau), j’ai préféré le 2ème morceau car il était moins calme. De ma place je ne voyais pas tous les musiciens.»

Laura : « Les musiciens avaient l’air passionné, ils étaient tous dans le rythme du morceau, je ne pense pas y retourner.»

Alexandra : «Je me suis ennuyée. Et il faisait froid. »

Guillaume : «Je me suis endormi, les sièges étaient très confortables.»

Alizée : «J’ai beaucoup aimé car la mélodie m’a plus, c’était un moment magique car les instruments étaient en harmonie entre eux.»

Wilfried : «Je n’arrivais pas à dissocier les morceaux, quand on changeait de mouvement ou de morceau. Sinon j’ai bien aimé car ça m’a fait découvrir un orchestre symphonique. Je pense retourner à l’opéra, mais pour voir autre chose qu’un orchestre. Je trouve que les musiques qu’ils ont choisi étaient plus pour des personnes initiées à la musique classique, moi qui ne connais pas du tout ce domaine, j’étais un peu perdu.»

Jonathan : « J’ai pensé que les instruments était trop traditionnels, il n’y avait rien de nouveau pour moi. Seul le son est différent que sur Youtube.»

Shannen : «J’ai trouvé que le deuxième morceau ressemblait à des mélodies de Walt Disney. Je n’aime pas la musique classique mais pourtant le son m’a plu.»

Lionel : «J’avais l’impression d’être dans un film d’horreur, les lumières étaient sombres, la musique inquiétante. Mais le 2ème morceau me faisait penser aux comédies musicales, j’en garde un bon souvenir. Le lieu était très beau. »

Malta : «Je n’ai pas trop aimé la 1er partie, mais la 2ème j’ai bien aimé. Et j’ai surtout aimé la peinture du plafond, j’ai remarqué le nom des compositeurs sur les murs.»

Clémence : « Je n’ai écouté que le 1er morceau et étant au conservatoire j’ai trouvé qu’il y avait mieux comme 1er morceau, je n’ai pas trop aimé.»

Vincent : «Dommage qu’il y avait un bavard à côté de moi, mais la musique était bien interprétée. On se rendait compte que c’était une répétition car les musiciens ne suivaient pas le chef d’orchestre. Pour une sortie c’était bien, c’était original. Dommage que l’on n’ait pas fait un apéro ou un goûter. J’ai rencontré le musicologue (à l’entracte) qui était très sympathique.»

Azzedine : «J’ai bien aimé le lieu, le plafond tout ça, mais par contre la musique je n’ai pas accroché du tout.»

Sarah : «Le lieu était intéressant mais j’aurais préféré voir un spectacle plutôt qu’un orchestre.»

Émilie : «J’ai beaucoup apprécié le lieu, c’est toujours un plaisir d’aller à L’opéra. Je suis un peu déçu d’être allée seulement à la répétition, avec des enfants qui étaient insupportables. Mais l’orchestre était bien, j’ai beaucoup aimé le piano dans la 2ème partie. Je respecte les solistes, la violoniste de la 1er partie m’a beaucoup impressionné. Dommage que la fin a été bâclée et mal mise en place.»

Groupe 1 :

Ayed : « Mes premières impressions ne sont que positives : la musicalité m’a inspiré, j’ai ressenti de l’allégresse lors des morceaux vifs et diverses émotions au rythme de la musique. Mon voisin de droite s’est endormi je ne comprends pas pourquoi. J’ai apprécier la répétition malgré quelques erreurs des musiciens. La violoniste connue sous le nom de Cordélia m’a impressionnée par son talent et sa justesse, je voyais sur son visage de la joie au plus haut point lorsque c’était à son tour de jouer. Malgré son jeune âge, le chef d’orchestre était passionné. Le lieu m’a beaucoup plu, et à l’occasion j’y retournerai. J’ai été un des derniers à partir. »

Baptiste : « J’ai adoré ce spectacle, on était qu’un petit groupe a avoir apprécié et c’est bien dommage. La deuxième partie était beaucoup plus enrichissante à mon goût et plus virevoltante que la première. L’accord des instruments était intéressant et agréable à écouter. La première soliste était impressionnante, d’une part par son talent, puis par son implication dans le morceau, elle le vivait au maximum et on ressentait son plaisir. En conclusion, j’ai apprécié le morceau, les musiques étaient belles et l’accord instrumental splendide. Merci pour cet agréable moment passé en votre compagnie.»

Christopher : « En bref, je dirais que cela m’a convaincu car j’ai passé un très bon moment. Cela m’a permis de me remémorer des passages de films tels que le Seigneur des Anneaux ou encore Star Wars car ces musiques sont envoutantes et magiques. J’y retournerai avec plaisir. »

Baptiste M. : « J’ai aimé ce spectacle mais j’ai préféré la première partie à la deuxième parce qu’il était plus entrainant que le précédent. Ce qui m’a plus dans les répétitions c’est qu’il y avait des passages de morceaux qui m’ont fait penser à des musiques de films. »

Sihame : « C’est la première fois que j’y suis allée, j’ai beaucoup aimé le décor avec les peintures au plafond, mais la répétition était ennuyante. La première violon m’a beaucoup impressionnée parce que c’était la meilleure selon moi. Je ne retournerais surement jamais à l’opéra et chacun ses goûts. Je préfère Dora l’exploratrice, yes we did it !»

Thomas : « J’étais déjà allé à l’opéra pour un spectacle et cela m’avais plus plu que celui que nous sommes allés voir. J’ai préféré la première partie parce que la deuxième était trop longue. J’ai reconnu des morceaux de musique. Je n’y retournerai surement jamais. »

Yassine : « J’y suis déjà allé quand j’étais petit mais je m’en rappelle plus. Mais cela ne m’a pas plu »

Mélissa : « J’ai simplement aimé ce concert car j’étais en compagnie de ma petite sœur Naomi. La première partie était trop longue à mon goût. »

?

Plaisir

Sujet 1 : En quoi consiste le plaisir que procure une œuvre d’art ?

L’art, souvent confondu (d’après son étymologie grecque technè) avec la technique, regroupe un ensemble d’objets très divers relevant d’un savoir-faire, d’une production humaine (artifice). Il faut attendre le XVIII° siècle pour comprendre l’œuvre dans sa spécificité , distincte à la fois de l’objet fabriqué et de l’objet naturel. Au sens esthétique, on définit généralement l’œuvre d’art comme une création destinée à plaire. Mais cela ne va pas de soi si l’on considère l’histoire des beaux-arts, qui témoignent de chefs d’œuvres ayant  fait l’objet d’appréciations très diverses. Avant de se demander en quoi consiste le plaisir que procure une œuvre d’art, il faut s’interroger sur la finalité de toute œuvre relativement au jugement de goût , jugement de celui qui la contemple. En effet, on sous-entend que l’œuvre, qui est avant tout une réalité matérielle, a pour but une sensation toute particulière que l’on nomme plaisir. Qu’est-ce que le plaisir ? Le mot latin placere, plaire, être agréable désigne une sensation ou une émotion qui vient satisfaire un besoin ou un désir. Faut-il en conclure que l’art est pathologique, c’est-à- dire que celui qui éprouve l’agréable est soumis à une satisfaction subjective ? N’est-ce pas réduire l’œuvre d’art et son universalité supposée, que d’en faire l’objet de nos inclinations ? L’intérêt de cette question est de nous introduire au cœur même de la contemplation, en démêlant les nœuds du jugement esthétique, pour enfin se demander si l’expression « ça me plaît » peut être équivalente du fameux « c’est beau, universellement, sans concept » tel que Kant définit ce jugement de goût.

Désir de s’enrichir

Sujet 2 : Est-il raisonnable de désirer s’enrichir ?

Descartes, qui définit la raison comme « le bon sens », nous invite à « changer nos désirs plutôt que l’ordre du monde » dans sa morale provisoire. Je peux désirer la richesse et acheter un billet de loterie, mais seul le sort décidera qu’il soit gagnant ; je peux aussi me lancer dans les affaires et l’économie, dont on connait les aléas. ne dépendant pas même des meilleures volontés. En désirant m’enrichir, je tends vers quelque chose qui ne dépend pas de ma volonté ni de mon pouvoir, mais de l’ordre général du monde. On peut donc se demander s’il est conforme au bon sens de vouloir s’enrichir ou bien si ce n’est pas pure folie dans la mesure où j’ai de fortes chances de ne pas obtenir la richesse espérée et, même en étant favorisé par le sort, d’en être épuisé et malheureux. La raison, faculté qui me permet de juger, de distinguer le bien du mal, peut-elle m’empêcher de désirer ce qui ne dépend pas de moi, de limiter mes désirs à ce que je suis certain de posséder ? Une action est raisonnable lorsqu’elle est conforme à la morale universelle, ne serait-ce que caprice et folie que de désirer ce qui subjectivement me procure du plaisir ?  Car telle est la richesse, objet sans limite de nos désirs et de ceux d’autrui. Un désir raisonnable est contradictoire car justement le sage fait taire ses désirs pour privilégier sa raison. Mais il faut alors se demander quel est le rôle de la raison dans cette lutte contre le désir de s’enrichir. Le désir de s’enrichir est-il à ce point contraire à la raison qu’elle pourrait « crier » sans « pouvoir mettre le prix au choses » (Pascal) ?

Des sujets

Murakami, Château de Versailles, oct.2010

Le candidat traitera un des sujets au choix

Sujet 1. L’art nous détourne-t-il de la vérité ?

Sujet 2. Tous nos échanges sont-ils monétaires ? ( ?IEP)

Sujet 3 : Expliquer le texte suivant :

Malheur à qui n’a plus rien à désirer ! il perd pour ainsi dire tout ce qu’il possède. On jouit moins de ce qu’on obtient que de ce qu’on espère, et l’on n’est heureux qu’avant d’être heureux. En effet, l’homme avide et borné, fait pour tout vouloir et peu obtenir, a reçu du ciel une force consolante qui rapproche de lui tout ce qu’il désire, qui le soumet à son imagination, qui le lui rend présent et sensible, qui le lui livre en quelque sorte, et pour lui rendre cette imaginaire propriété plus douce, le modifie au gré de sa passion. Mais tout ce prestige disparaît devant l’objet même ; rien n’embellit plus cet objet aux yeux du possesseur ; on ne se figure point ce qu’on voit ; l’imagination ne pare plus rien de ce qu’on possède, l’illusion cesse où commence la jouissance. Le pays des chimères est en ce monde le seul digne d’être habité et tel est le néant des choses humaines, qu’ hors l’Être existant par lui-même, il n’y a rien de beau que ce qui n’est pas.
Si cet effet n’a pas toujours lieu sur les objets particuliers de nos passions, il est infaillible dans le sentiment commun qui les comprend toutes. Vivre sans peine n’est pas un état d’homme ; vivre ainsi c’est être mort. Celui qui pourrait tout sans être Dieu, serait une misérable créature ; il serait privé du plaisir de désirer ; toute autre privation serait plus supportable.

Jean-Jacques Rousseau

La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication
rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Provisions, prévisions

Robinson avait assez assuré sa subsistance et presque pris ses aises dans son île. (…)

Une demeure bien assise, des conserves surabondantes, toutes les sûretés essentielles retrouvées, ont le loisir pour conséquence. C’est le fruit des fruits que le calme et la certitude. Robinson au milieu de ses biens se sentait confusément redevenir un homme, c’est à dire un être indécis. Il respirait distraitement, il ne savait quels fantômes poursuivre. Il était menacé de songes et d’ennui. Le soleil lui semblait beau et le rendait triste.

Contempler des monceaux de nourriture durable, n’est-ce point voir du temps de reste et des actes épargnés ? Une caisse de biscuits, c’est tout un mois de paresse et de vie. Des pots de viande confite, et des couffes de fibre bourrées de graines et de noix sont un trésor de quiétude ; tout un hiver tranquille est en puissance dans leur parfum.

Robinson humait la présence de l’avenir dans la senteur des caissons et des coffres de sa cambuse. Son trésor dégageait de l’oisiveté. Il en émanait de la durée, comme il émane de certains métaux une sorte de chaleur absolue. Il ressentait confusément que son triomphe était celui de la vie, qu’il était un agent de la vie, et qu’il avait accompli la tâche essentielle de la vie qui est de transporter jusqu’au lendemain les effets et les fruits du labeur de la veille. L’humanité ne s’est lentement élevée que sur le tas de ce qui dure. Prévisions, provisions, peu à peu nous ont détachés de la rigueur de nos nécessités animales et du mot à mot de nos besoins. La nature le suggérait : elle a fait que nous portions avec nous de quoi résister quelque peu à l’inconstance des événements ; la graisse qui est sur nos membres, la mémoire qui se tient toute prête dans l’épaisseur de nos âmes, ce sont des modèles de ressources que notre industrie à imités.

Valéry (Paul), Œuvres ,- Chapitre Histoire Brisée, page 418 à 420, Editions Gallimard 1960- Bibliothèque de la Pléiade 2000

Matinée à l’Opéra

Parler de musique dans le cours de philosophie nous a dérouté, étonné… Comment pouvons nous faire le rapprochement entre philosophie et musique ?

Premièrement parce que on est peu habitué à assister à des concerts et on a des préjugés sur la musique classique .

Deuxièmement en cours de philosophie on doit poser des problématiques ,mais plusieurs questions surgissent .

A travers ces différentes questions ont peut cerner trois problèmes distincts du lien entre philosophie et musique :

Quelles sont les différences entre la musique classique contemporaine et l’ancienne ?

Peut-on dire que la musique classique est à la base de tous les autres types de musiques ?

Y a t-il une fin à la musique ?

Est ce que l’œuvre interprétée est une copie de l’œuvre crée ?

Est ce que jouer c’est créer l’œuvre ?

Est ce que répéter c’est copier ce qui existe déjà ?

Comment une œuvre peut-elle effacer le travail qui l’a précédé ?

Y a t-il une interprétation idéale de chaque œuvre ?

Y a t-il des règles de composition ?

Peut-on dire que la musique est inépuisable ?

– Quel est le statut de la musique au sein des manifestations de l’esprit ? La musique a pour but le plaisir et la philosophie la vérité . Leur relation ne va pas de soi , dans la mesure où ce sont des activités différentes .

Est ce que le spectateur arrive à ressentir ce que le compositeur désire faire passer ?

On peut s’interroger sur la passion : du chef d’orchestre , du compositeur , de chaque instrumentiste et de l’auditeur ?

La musique suscite t-elle de l’émotion chez l’interprète ?

En quoi la musique peut-elle emporter le spectateur ?

Comment le spectateur peut-il juger une œuvre ?

Peut-on dire que les mélomanes existent ? Sont-ils cultivés ? Faut-il avoir des connaissances ?

Par quel procédé la musique peut-elle entraîner différents sentiments comme la joie , la peur , la tristesse ?

Quel est l’écart entre une œuvre et son interprétation ? Qui établit cet écart ? ( le chef d’orchestre , l’instrumentiste ou le spectateur qui entend l’œuvre ) ?

Quelle est la part des sentiments , de la sensibilité dans l’interprétation de l’œuvre ?

En dehors de la connaissance , quel est le rapport que l’on peut avoir à la musique ?

Est ce que la musique nous fait accéder à une forme de bonheur ?

– D’où vient le plaisir éprouvé par la musique ? Est-il la satisfaction d’un désir esthétique ? ( sensible ) « Sans la musique la vie serait une erreur . » affirmait Nietzsche, peut-on aller jusqu’à dire que l’on ne peut pas vivre sans musique ?

Qu’est ce qui inspire le compositeur ?

Quel est le rôle de l’interprétation de l’œuvre ?

Est-il facile d’être à la fois compositeur et chef d’orchestre ?

Quelle est la part de concentration dans l’interprétation de l’œuvre ?

Quelle est la part de l’imagination ?

Quelle est la part de la subjectivité dans l’œuvre ?

Quel rapport peut-on établir entre les musiciens , le chef d’orchestre et la musique ?

– Peut-on parler d’un même processus à propos de la création, de l’interprétation (travail , inspiration , technique…) et du jugement de goût de celui qui écoute ? Qu’est ce que l’on s’approprie de l’œuvre dans notre écoute ?