Peut-on tuer le temps ? Faut-il se laisser vivre ?

ROMESTANT Jeanne

Terminale littéraire.

I. Peut-on tuer le temps ?

 

  • peut : Est-il possible, est-il légitime.
  • temps : Milieu indéfini et homogène, analogue à l’espace, dans lequel se déroulent les événements. Temps objectif: Mouvement continu et irréversible («flèche du temps ») par lequel le présent rejoint le passé. Temps subjectif: Sentiment intérieur de la temporalité, telle qu’elle est vécue par le sujet (synonyme : durée).

La question du temps est fondamentale en philosophie. Il y va de la compréhension de l’homme en tant qu’être temporel. Le temps n’est pas matériel, un objet saisissable. L’homme ne peut s’en détourner, il vit toujours sous le mode du temps qui passe. Ainsi l’expression « tuer le temps » désigne un acte impossible, mais elle renvoie plutôt aux manières pour l’homme de s’en dégager en s’employant à des tâches spécifiques. Dès lors, tuer le temps, c’est fuir le côté irrémédiable de ce flux ininterrompu en s’occupant par le loisir. Mais au sens propre, y a-t-il un moyen de se débarrasser de cette continuité irréversible ?

 

CITATIONS.

« Ils se contentent de tuer le temps en attendant que le temps les tue. » Simone de Beauvoir

 

 » L’essentiel dans la vie, c’est de tuer le temps, meubler les heures, trouver tous les prétextes possibles pour remplir les pages de l’inévitable biographie qu’on appelle la mémoire.  » Jean François Somain

D’autres travaux des élèves à cette page

                                                                                           II. Faut-il se laisser vivre ?

Se laisser vivre : ne pas faire beaucoup d’efforts; ne pas s’inquiéter de l’avenir; être indolent, insouciant.

  • Exister, pour un homme, n’est pas se laisser vivre : existence est pour chacun une tâche, une vocation.

« Il est impossible d’exister sans passion, quand on ne prend pas ce terme d’exister au sens banal. C’est pourquoi tout penseur grec était essentiellement aussi un penseur passionné. […] Je me suis dit encore que je parviendrais si l’on attelait à la voiture d’un cocher, le reste du temps impassible, une haridelle et un pégase, et qu’on dit à ce phéaton : « Et maintenant, en route ! » Et il en est pourtant bien ainsi d’exister, si l’ont doit en avoir conscience. Comme le coursier ailé, l’éternité a une vitesse infinie, la temporalité est une rose, et l’existant est le cocher, bien entendu quand on ne prend pas le terme d’exister au sens banal ; car, dans ce cas, l’existant n’est pas un cocher, mais un paysan ivre qui se couche et s’endort dans la voiture en laissant les chevaux se tirer d’affaire. Lui aussi conduit, cela va de soit ; lui aussi il est cocher ; et beaucoup peut-être existent ainsi. »

Sören KIERKEGAARD, le Concept d’angoisse (1844).

D’autres travaux des élèves de terminale L à cette page

Collection Lambert

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Les chefs-d’oeuvre de la donation Yvon Lambert

NOUS IRONS A LA COLLECTION LAMBERT MERCREDI 24 OCTOBRE

La Collection Lambert qui vient de fêter son dixième anniversaire aborde désormais une nouvelle phase. À l’occasion de la visite officielle du Président de la République le 18 novembre 2011 au musée, Yvon Lambert a confirmé la donation de sa collection à l’État et son dépôt permanent à la ville d’Avignon.
Depuis, la Ville d’Avignon et le Ministère de la Culture ont signé les engagements financiers pour l’agrandissement du musée à l’Hôtel de Montfaucon qui lui est mitoyen et qui assurera un doublement des surfaces d’exposition.
La donation publique sera signée cet été et sera le plus important geste de générosité pour les collections publiques depuis plus d’un siècle.
Elle permettra l’entrée dans le patrimoine national d’une collection historique intégrale constituée depuis 50 ans et comptant près de 600 œuvres pour une valeur estimée par Christie’s à près de 100 millions d’euros.

 

> Afin de célébrer l’événement, le musée présente durant l’été les chefs-d’œuvre de la collection Lambert. Le public pourra ainsi découvrir où redécouvrir les grands noms qui constituent la collection unique du marchand-collectionneur, conservée à Avignon mais rarement présentée dans les salles de l’hôtel de Caumont.

Constituée dès les années 60, la Collection Lambert représente les goûts d’Yvon Lambert, ses aspirations et ses passions: ceux et celles d’un marchand qui a combattu les académismes, comprenant très vite que le centre mondial de la création n’était plus le Paris des années glorieuses mais l’Amérique triomphante d’où il ramena, tel un avant-gardiste, l’art Minimal, l’art Conceptuel, le Land art, qui représentent les piliers de notre collection. Dans les années 80, le marchand-collectionneur s’est tourné vers une nouvelle peinture plus figurative, puis dans les années 90, la photographie a recueilli tous ses suffrages. Depuis les années 90, la vidéo, les installations, la peinture, constituent l’essentiel des achats qui permettent d’accroître un fonds toujours tourné vers la jeune création en devenir.

 

> La collection est ainsi constituée d’ensembles très cohérents pour chaque artiste, au point que pour certains, Avignon est le seul endroit en France où l’on peut admirer tant de chefs-d’œuvre. C’est le cas pour Cy Twombly que l’exposition «Blooming» à l’été 2007 aura permis de faire découvrir (plus de 30 références), mais aussi pour Robert Ryman (plus de 10 peintures sur toile), pour Andres Serrano (qui a offert au musée 120 photographies en 2006), Sol LeWitt (plus de 35 sculptures, œuvres sur papier et wall drawings), Nan Goldin (70 photographies)… Citons aussi Donald Judd, Brice Marden, Daniel Buren, Gordon Matta-Clark, Anselm Kiefer, Miquel Barcelò, Julian Schnabel, Jean-Michel Basquiat, Barbara Kruger, Douglas Gordon, Bertrand Lavier, Loris Gréaud, Vincent Ganivet, Zilvinas Kempinas…

 

Robert Mangold, "Series : central diagonal II (V Series)", 1968, "Series : central diagonal II (W Series)", 1968, "Series : central diagonal II (X Series)", 1968, acrylique sur isorel
Jean-Michel Basquiat, "She Installs Confidence And Picks Up His Brain Like A Salad", 1987, huile et acrylique sur bois
Andres Serrano, America, "J.B., Pimp", 2003, cibachrome
Cy Twombly, "Pan, détail d’un polyptyque de 7 éléments", 1980, huile et pastel gras sur gravure sur papier
Nan Goldin, "Pawel de dos, East Hampton, NY", 1996, photographie
image 1 . 2 . 3 . 4 . 5
Robert Mangold, « Series : central diagonal II (V Series) », 1968, « Series : central diagonal II (W Series) », 1968, « Series : central diagonal II (X Series) », 1968, acrylique sur isorel

Les artistes

Carlos Amorales, Miquel Barcelò, Jean-Michel Basquiat, Christian Boltanski, Daniel Buren, André Cadere, Vincent Ganivet, Nan Goldin, Douglas Gordon, Jenny Holzer, Roni Horn, Zilvinas Kempinas, Anselm Kiefer, Barbara Kruger, Bertrand Lavier, Claude Lévêque, Allan Mac Collum, Robert Mangold, Brice Marden, Vik Muniz, Diogo Pimentao, Robert Ryman, Richard Serra, Andres Serrano, Niele Toroni, Salla Tÿkka, Cy Twombly, Lawrence Weiner

 

A SUIVRE

Mesurer le temps

En expérimentant la vitesse d’une bille roulant sur un plan incliné, Galilée se trouve confronté au problème de la mesure du temps. Après plusieurs échecs, il décide de répartir sur toute la longueur du plan des clochettes qui tinteront au passage de la bille. C’est ainsi qu’il mettra en évidence l’existence du mouvement « uniformément accéléré ». Les bases de la physique moderne sont désormais jetées.

A suivre ici !

 

Quand Galilée fit rouler ses sphères sur un plan incliné avec un degré d’accélération dû à la pesanteur déterminé selon sa volonté, quand Torricelli fit supporter à l’air un poids qu’il savait d’avance lui-même être égal à celui d’une colonne d’eau à lui connue, (…) ce fut une révélation lumineuse pour tous les physiciens. Ils comprirent que la raison ne voit que ce qu’elle produit d’elle-même d’après ses propres plans et qu’elle doit prendre les devants avec les principes qui déterminent ses jugements, suivant des lois immuables, qu’elle doit obliger la nature à répondre à ses questions et ne pas se laisser pour ainsi dire conduire en laisse par elle ; car, autrement, faites au hasard et sans aucun plan tracé d’avance, nos observations ne se rattacheraient point à une loi nécessaire, chose que la raison demande et dont elle a besoin. Il faut donc que la raison se présente à la nature tenant, d’une main, ses principes qui seuls peuvent donner aux phénomènes concordant entre eux l’autorité de lois, et de l’autre, l’expérimentation, qu’elle a imaginée d’après ces principes, pour être instruite par elle, il est vrai, mais non pas comme un écolier qui se laisse dire tout ce qu’il plaît au maître, mais au contraire, comme un juge en fonctions qui force les témoins à répondre aux questions qu’il leur pose.

KANT, Critique de la raison pure

L’existence, le temps, et Camille

CAMILLE REDOUBLE

Noémie LVOVSKY – France 2012 2h – avec Noémie Lvovsky, Samir Guesmi, Yolande Moreau, Michel Vuillermoz, Riad Sattouf… Scénario de Noémie Lvovsky,

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Peut-on aimer la vie au point de vouloir la recommencer sans cesse ?

L’expérience du film fait écho à une expérience de pensée à laquelle invite Nietzsche. Quand on aime la vie, éprouve-t-on le besoin qu’elle prenne sens ?

Le poids le plus lourd. – Et si, un jour ou une nuit, un démon venait se glisser dans ta suprême solitude et te disait : « Cette existence, telle que tu la mènes, et l’as menée jusqu’ici, il te faudra la recommencer et la recommencer sans cesse ; sans rien de nouveau ; tout au contraire ! La moindre douleur, le moindre plaisir, la moindre pensée, le moindre soupir, tout de ta vie reviendra encore, tout ce qu’il y a en elle d’indiciblement grand et d’indiciblement petit, tout reviendra, et reviendra dans le même ordre, suivant la même impitoyable succession,… cette araignée reviendra aussi, ce clair de lune entre les arbres, et cet instant, et moi aussi ! L’éternel sablier de la vie sera retourné sans répit, et toi avec, poussière infime des poussières ! »… Ne te jetterais-tu pas à terre, grinçant des dents et maudissant ce démon ? A moins que tu n’aies déjà vécu un instant prodigieux où tu lui répondrais : « Tu es un dieu ; je n’ai jamais ouï nulle parole aussi divine ! » Si cette pensée prenait barre sur toi, elle te transformerait peut-être, et peut-être t’anéantirait ; tu te demanderais à propos de tout : « Veux-tu cela ? le reveux-tu ? une fois ? toujours ? à l’infini ? » et cette question pèserait sur toi d’un poids décisif et terrible ! Ou alors, ah ! comme il faudrait que tu t’aimes toi-même et que tu aimes la vie pour ne plus désirer autre chose que cette suprême et éternelle confirmation ! Nietzsche

 pour en savoir plus sur ce thème, voir les pages de la terminale littéraire, le sens de la vie, le temps

Et Noémie Lvovsky

Le silence de Lorna

Le silence de Lorna

I/ Nos émotions

Intrigue :

Problème de la temporalité de la mise en scène et des prises de vues.
Changement brutal dans le rythme vers la fin.

Du point de vue de la mise en scène, il y a un travail sur les couleurs (rouge) et sur les mouvements.

Il n’y a pas de repères logiques aux actions de l’héroïne, mais elle est entourée de symboles. Comme si tout était codé.

On peut s’interroger donc sur l’enjeu de la narration, sur la manière de filmer, et sur le rythme du film. Les personnages deviennent secondaires par rapport aux prises de vues. Ils sont dans un monde de symboles dont ils ne maîtrisent pas le sens.

Jeunesse du sacré

 Jeunesse du sacré Jeunesse du sacré

Hors série Connaissance, Gallimard, 2012.

Enlever au sacré sa majuscule et ses mystères pour lui remettre les pieds sur terre : c’est le propos de cette enquête où l’œil et l’esprit s’interpellent gaiement.

L’œil, pour scruter tout autour du monde les angles morts des études savantes : ces lieux, naturels ou construits, modestes ou grandioses – montagnes et sépultures, dépôts d’archives et enceintes de justice –, que l’on s’accorde à retirer de la circulation.

L’esprit, pour se défaire de vieux clichés, qui confondent le sacré avec le divin ou l’opposent au profane de façon irrémédiable. Comme si chaque époque ne faisait pas du sacré avec du prosaïque.

Ce qui légitime le sacrifice et interdit le sacrilège procède d’une fabrique purement humaine où l’ouvrage est sans cesse remis sur le métier. Il n’y a pas de sacré pour toujours, mais il y a toujours du sacré dans une société au développement durable. À preuve nos principes intouchables, propos intolérables et monstres sacrés.

Et voilà que notre modernité hypertechnique redonne à cet immémorial une nouvelle jeunesse – quitte à le faire glisser de l’histoire à la nature.

Tant il est vrai que la pulsion de survie n’a pas de date de péremption.

Site de Régis Debray

Les croyances sont des illusions

«Les idées religieuses, qui professent d’être des dogmes, ne sont pas le résidu de l’expérience ou le résultat final de la réflexion : elles sont des illusions, la réalisation des désirs les plus anciens, les plus forts, les plus pressants de l’humanité ; le secret de leur force est la force de ces désirs. Nous le savons déjà l’impression terrifiante de la détresse infantile avait éveillé le besoin d’être protégé – protégé en étant aimé – besoin auquel le père a satisfait la reconnaissance du fait que cette détresse dure toute la vie a fait que l’homme s’est cramponné à un père, à un père cette fois plus puissant. L’angoisse humaine en face des dangers de la vie s’apaise à la pensée du règne bienveillant de la Providence divine, l’institution d’un ordre moral de l’univers assure la réalisation des exigences de la justice, si souvent demeurées non réalisées dans les civilisations humaines, et la prolongation de l’existence terrestre par une vie future fournit les cadres du temps et le lieu où les désirs se réaliseront. Des réponses aux questions que se pose la curiosité humaine touchant ces énigmes, la genèse de l’univers, le rapport entre le corporel et le spirituel s’élaborent suivant les prémisses du système religieux. Et c’est un énorme allègement pour l’âme individuelle que de voir les conflits de l’enfance émanés du complexe paternel – conflits jamais entièrement résolus – lui être pour ainsi dire enlevés et recevoir une solution acceptée de tous.»

 

Freud, L’avenir d’une illusion