Mensonge romantique et vérité romanesque, René Girard

L’anthropologue René Girard est mort mercredi 4 novembre, à Stanford, aux Etats-Unis. Il avait 91 ans. De nombreux médias le présentent comme fondateur de la « théorie mimétique » mais qu’en est-il exactement ? Comment l’aborder en cours de philosophie en particulier quand l’actualité rejoint notre programme puisque nous sommes en train de traiter du thème du désir ?
Voici un texte qui, d’après une analyse littéraire minutieuse de grands romans, affirme une distinction essentielle entre ce que l’auteur appelle « le mensonge romantique » et la « vérité romanesque ». Le premier consiste à faire passer le désir pour un phénomène spontané. La seconde, montre que l’on n’est bien moins libre qu’on ne le pense dans le choix des objets que l’on désire. Cette analyse permet également de comprendre l’origine de la haine comme retournement du sujet contre le médiateur : « Seul l’être qui nous empêche de satisfaire un désir qu’il nous a lui-même suggéré est vraiment objet de haine. »

 

Le héros de la médiation externe proclame bien haut la vraie nature de son désir. Il vénère ouvertement son modèle et s’en déclare le disciple. Nous avons vu Don Quichotte expliquer lui-même à Sancho le rôle privilégié que joue Amadis dans son existence. Mme Bovary et Léon confessent, eux aussi, la vérité de leurs désirs dans leurs confidences lyriques. Le parallèle entre Don Quichotte et Madame Bovary est devenu classique. Il est toujours facile de percevoir les analogies entre deux romans de la médiation externe.
Chez Stendhal, l’imitation paraît moins immédiatement ridicule car il n’y a plus, entre l’univers du disciple et celui du modèle, le décalage qui rendait grotesques un don Quichotte ou une Emma Bovary. L’imitation n’est pourtant pas moins étroite et littérale dans la médiation interne que dans la médiation externe. Si cette vérité nous paraît surprenante ce n’est pas seulement parce que l’imitation porte sur un modèle «rapproché»; c’est aussi parce que le héros de la médiation interne, loin de tirer gloire, cette fois, de son projet d’imitation, le dissimule soigneusement.
L’élan vers l’objet est au fond élan vers le médiateur; dans la médiation interne, cet élan est brisé par le médiateur lui-même puisque ce médiateur désire, ou peut-être possède, cet objet. Le disciple, fasciné par son modèle, voit forcément dans l’obstacle mécanique que ce dernier lui oppose la preuve d’une volonté perverse à son égard. Loin de se déclarer vassal fidèle, ce disciple ne songe qu’à répudier les liens de la médiation. Ces liens sont pourtant plus solides que jamais car l’hostilité apparente du médiateur, loin d’amoindrir le prestige de ce dernier ne peut guère que l’accroître. Le sujet est persuadé que son modèle s’estime trop supérieur à lui pour l’accepter comme disciple. Le sujet éprouve donc pour ce modèle un sentiment déchirant formé par l’union de ces deux contraires que sont la vénération la plus soumise et la rancune la plus intense. C’est là le sentiment que nous appelons haine.

 

René Girard, Mensonge romantique et vérité romanesque

Rene? Girard, philosophe et anthropologue _ « Ce qui se joue aujourd’hui est une rivalite? mime?tique a? l’e?chelle plane?taire »

L’homme n’est pas un empire dans un empire

imagesUne pierre reçoit d’une cause extérieure qui la pousse une certaine quantité de mouvement, par laquelle elle continuera nécessairement de se mouvoir après l’arrêt de l’impulsion externe. Cette permanence de la pierre dans son mouvement est une contrainte, non pas parce qu’elle est nécessaire, mais parce qu’elle doit être définie par l’impulsion des causes externes ; et ce qui est vrai de la pierre, l’est aussi de tout objet singulier, quelle qu’en soit la complexité, et quel que soit le nombre de ses possibilités : tout objet singulier, en effet, est nécessairement déterminé par quelque cause extérieure à exister et à agir selon une loi précise et déterminée.
Concevez maintenant, si vous le voulez bien, que la pierre, tandis qu’elle continue de se mouvoir, sache et pense qu’elle fait tout l’effort possible pour continuer de se mouvoir. Cette pierre, assurément, puisqu’elle n’est consciente que de son effort, croira être libre et ne persévérer dans son mouvement que par la seule raison qu’elle le désire.
Telle est cette liberté humaine que tous les hommes se vantent d’avoir et qui consiste en cela seul que les hommes sont conscients de leurs désirs et ignorants des causes qui les déterminent. Un enfant croit librement appéter le lait, un jeune garçon irrité vouloir se venger et, s’il est poltron, vouloir fuir. Un ivrogne croit dire par un libre décret de son âme ce qu’ensuite, revenu à la sobriété, il aurait voulu taire. ” (Spinoza , la Lettre à Schuler)

La dialectique de l’amour

Platon, Le Banquet

Dans le texte, Platon met en scène Diotime, une prêtresse, prophétesse qui aurait jadis instruit Socrate sur les choses de l’amour. Or, elle explique ce qu’est l’amour par la dialectique ascendante. Souvenons nous que dans le mythe de sa naissance, Éros nait le même jour qu’Aphrodite, déesse de la beauté. L’amant est sans cesse à la recherche du beau? Par une dialectique ascendante, en procédant par étape, il va trouver l’essence du beau. La dialectique est art du dialogue qui, d’hypothèse en d’hypothèse conduit à la manière des mathématiciens, à saisir l’idée ou définition d’une chose.

Voici le texte du Banquet. Discours de Diotime :

Celui qui veut atteindre à ce but par la vraie voie doit, dès son jeune âge, commencer par rechercher les beaux corps. Il doit, en outre, s’il est bien dirigé, n’en aimer qu’un seul, et dans celui qu’il aura choisi engendrer de beaux discours. Ensuite, il doit arriver à comprendre que la beauté qui se trouve dans un corps quelconque [210b] est soeur de la beauté qui se trouve dans tous les autres. En effet, s’il faut rechercher la beauté en général, ce serait une grande folie de ne pas croire que la beauté qui réside dans tous les corps est une et identique. Une fois pénétré de cette pensée, notre homme doit se montrer l’amant de tous les beaux corps et dépouiller, comme une petitesse méprisable, toute passion qui se concentrerait sur un seul. Après cela, il doit regarder la beauté de l’âme comme plus précieuse que celle du corps ; en sorte qu’une belle âme, même dans un corps dépourvu d’agréments, [210c] suffise pour attirer son amour et ses soins, et pour lui faire engendrer en elle les discours les plus propres à rendre la jeunesse meilleure. Par là il sera nécessairement amené à contempler la beauté qui se trouve dans les actions des hommes et dans les lois, à voir que cette beauté est partout identique à elle-même, et conséquemment à faire peu de cas de la beauté corporelle. Des actions des hommes il devra passer aux sciences, pour en contempler la beauté ; et alors, ayant une vue plus large du beau, il ne sera plus enchaîné comme un esclave [210d] dans l’étroit amour de la beauté d’un jeune garçon, d’un homme ou d’une seule action ; mais, lancé sur l’océan de la beauté, et repaissant ses yeux de ce spectacle, il enfantera avec une inépuisable fécondité les discours et les pensées les plus magnifiques de la philosophie, jusqu’à ce qu’ayant affermi et agrandi son esprit par cette sublime contemplation, il n’aperçoive plus qu’une science, celle du beau.

 

La dialectique se comprend ainsi

  • AMOUR d’un BEAU CORPS

Impressions sensibles, apparences, images, objets

  • AMOUR des BEAUX CORPS

Opinions droites (vraies mais non justifiées)

  • AMOUR d’une BELLE ÂME

Pensées discursives (raisonnements, démonstrations)

  • AMOUR des BELLES ÂMES : DU BEAU EN SOI

Intuition des essences, contemplation des Idées.

L’attelage ailé

« Or, voici maintenant de quelle façon tombe aux mains de ce dernier celui qui  a été pris. Conformons-nous à la divisionfaite au début de cette histoire de chaque âme en trois parties, dont deux ont forme de cheval  et la troisième forme de cocher; ces déterminations, à présent encore, nous devrons les garder. Des deux chevaux,donc, I‘un, disons-nous, est bon, mais l’autre ne l’est pas.Or en quoi consiste le mérite de celui qui est bon, le vice de celui qui  est vicieux: c’est un point sur lequel nous ne nous sommes point expliqués et dont il y a lieu de parler à présent. L’un des deux, disons-le donc, qui est en plus belle condition qui est de proportions correctes et bien découplé, qui a l’encolure haute, un chanfrein d’une courbe légère, blanc de robe et les yeux noirs, amoureux d’une gloire dont ne se séparent pas sagesse et réserve, compagnon de l’opinion vraie [2], se laisse mener sans que le cocher le frappe, rien que par les encouragements de celui-ci et à la voix. L’autre, inversement,  qui est mal tourné, massif, charpenté on ne sait comment l’encolure lourde, la nuque courte; un masque camard[3]; noir de robe et les yeux clairs pas mal injectés de sang[4] compagnon de la démesure et de la vantardise; une toison dans les oreilles, sourd, à peine docile au fouet et aux pointes[5]. Or donc, quand le cocher, à la vue de l’amoureuse apparition, ayant, du fait de cette sensation, échauffé la totalité de l’âme, est déjà presque tout plein de chatouillements et de piqûres sous l’action du désir  à ce moment, celui des chevaux qui est parfaitement docile au cocher, qui, alors comme toujours, est sous l’impérieuse contrainte de sa réserve, se retient spontanément de bondir sur l’aimé; tandis que l’autre ne se laisse plus émouvoir, ni par les pointes du cocher, ni par son fouet, mais, d’un saut, il s’y porte, violemment, et, causant à son compagnon d’attelage, comme à son cocher, toutes les difficultés possibles, il les force à avancer dans la direction du mignon et à lui vanter le charme des plaisirs d’amour ! Tous deux[6] pour commencer, résistent avec force, indignés qu’on les oblige à des choses horribles et que condamne la loi ;  mais ils finissent, quand rien ne limite le mal, par se laisser mener sur cette route; ils ont cédé et consenti à faire ce à quoi on les invite !

« Ainsi, les voilà contre l’objet, ils ont devant les yeux la vision, la vision fulgurante du bien-aimé ! Mais, à cette vue, le souvenir du cocher s’est porté vers la nature de la Beauté absolue; de nouveau il l’a eue devant les yeux, fermement dressée sur son piédestal sacré, à coté de la Sagesse. Il l’a eue devant les yeux du souvenir, d’un souvenir mêlé de crainte et de vénération, qui le fait tomber à la renverse; du coup, il a été forcé de tirer les rênes en arrière, avec tant de vigueur qu’il a fait s’asseoir sur leur croupe les deux chevaux ensemble: l’un parce qu’il veut bien ne pas résister, l’autre, l’emporté, quoiqu’il veuille énergiquement le contraire. Or, tandis qu’ils continuent de s’éloigner, l’un, des sueurs que provoquent en lui la honte et la stupeur, a inondé l’âme tout entière;  mais l’autre, remis de la souffrance que lui ont causée, et le mors, et sa chute, attend à peine d’avoir repris son souffle, pour invectiver, tout en colère, à la fois le cocher et son compagnon d’attelage, leur reprochant sans relâche d’avoir, par lâcheté, par pusillanimité, déserté leur pose, trahi leur engagement. Et, tandis que, eux qui se refusent à avancer de nouveau, il les en presse, à grand-peine accède-t-il à leur prière de renvoyer à une autre fois ! Quand cependant est venue l’époque fixée entre eux, comme ils font semblant de l’avoir oubliée, il les en fait souvenir par ses violences, ses hennissements et, en les traînant, il les a, encore une fois, forcés à s’approcher du mignon pour lui parler le même langage. Dès qu’ils en ont été près, alors, penché vers lui, la queue déployée, le mors promené entre les dents, il tire sans vergogne.Mais le cocher, qui plus fortement encore a éprouvé la même impression[7], s’étant jeté à la renverse comme pour se détacher de la corde[8], ramenant en arrière, et  même avec une violence accrue, son mors des dents du cheval emporté, a ensanglanté sa langue impudente, ses mâchoires; et, après avoir fait appuyer fortement à la terre ses pattes de derrière et sa croupe, il l’a livré aux douleurs  [9]! Quand cependant, ayant plus d’une fois subi le même traitement, la bête mauvaise a renoncé à sa démesure, alors, humiliée, elle suit désormais la direction réfléchie du cocher et, quand elle voit le bel objet, elle est morte de peur ! aussi le résultat est-il alors que l’âme de l’amoureux est désormais réservée et craintive tandis qu’elle suit le bien-aimé.


[1]Ou « position », s’il s’agit de sa place à droite. Mais quel rapport ceci a-t-il avec les déterminations suivantes qui toutes concernent les caractéristiques du cheval lui-même?

[2]Qui est entre l’ignorance et la vérité, mais du côté de celle-ci (cf. Banquet, 202a), comme il est lui-même pris entre les emportements de la passion (l’autre cheval), et l’obéissance à l’intelligence(le cocher): Il correspond au THYMOS du IV e livre de la République, à cette ardeur généreuse qui capable de sage obéissance, l’est aussi d’égarements, et est la caractéristique dominante de l’âme des guerriers, classe moyenne dans l’État

[3]C’est à dire qu’il a les naseaux aplatis

[4]A moins que cette sanguinité ne s’applique à tout son tempérament

[5]Le pluriel semble indiquer un aiguillon dont la pointe est une sorte d’éperon

[6]le bon cheval et le cocher

[7]la même que celle de 254bc

[8]La corde qui ferme l’entrée de la piste, sur laquelle les chevaux sont impatients de s’élancer. L’image est la même que dans un fameux passage de Lucrèce, II, 263-265

[9]Formule homérique, comportant diverses variantes; celle-ci est dans l’odyssée, XVII, 567. Comparer République, IX, 574c.

Même pas maître chez soi !

Freud, Métapsychologie :

 

« On nous conteste de tous côtés le droit d’admettre un psychique inconscient et de travailler scientifiquement avec cette hypothèse. Nous pouvons répondre à cela que l’hypothèse de l’inconscient est nécessaire et légitime, et que nous possédons de multiples preuves de l’existence de l’inconscient. Elle est nécessaire parce que les données de la conscience sont extrêmement lacunaires ; aussi bien chez l’homme sain que chez le malade, il se produit des actes psychiques qui, pour être expliqués, présupposent d’autres actes qui, eux, ne bénéficient pas du témoignage de la conscience. Ces actes ne sont pas seulement les actes manqués et les rêves, chez l’homme sain, et tout ce qu’on appelle symptômes psychiques et phénomènes compulsionnels chez le malade ; notre expérience quotidienne la plus personnelle nous met en présence d’idées qui nous viennent sans que nous en connaissions l’origine et de résultats de pensée dont l’élaboration nous demeure cachée. Tous ces actes conscients demeurent incohérents et incompréhensibles si nous nous obstinons à prétendre qu’il faut bien percevoir par la conscience tout se qui se passe en nous en fait d’actes psychiques ; mais ils s’ordonnent dans un ensemble dont on peut montrer la cohérence, si nous interpolons les actes inconscients inférés. Or, nous trouvons dans ce gain de sens et de cohérence une raison, pleinement justifiée, d’aller au-delà de l’expérience immédiate. Et s’il s’avère de plus que nous pouvons fonder sur l’hypothèse de l’inconscient une pratique couronnée de succès, par laquelle nous influençons, conformément à un but donné, le cours des processus conscients, nous aurons acquis, avec ce succès, une preuve incontestable de l’existence de ce dont nous avons fait l’hypothèse. L’on doit donc se ranger à l’avis que ce n’est qu’au prix d’une prétention intenable que l’on peut exiger que tout se qui se produit dans le domaine psychique doive aussi être connu de la conscience. »

 

Tous en prison !

Mercredi 8 octobre Rendez vous devant la prison Sainte Anne pour la visite de l’exposition de la collection Lambert…

Premier volet de la réflexion sur l’enfermement : les œuvres d’art

Dossier de Presse F

A écouter

La Collection Lambert en Avignon fait référence au texte de Pasolini, La disparition des lucioles… Dans cet article, qui fait figure de testament, Pasolini s’interrogeait sur la résistance des lueurs des contre-pouvoirs face aux lumières puissantes du pouvoir…


« Au début des années 60, à cause de la pollution atmosphérique, et surtout, à la campagne, à cause de la pollution de l’eau (fleuves d’azur et canaux limpides), les lucioles ont commencé à disparaître. Cela a été un phénomène foudroyant et fulgurant. Après quelques années, il n’y avait plus de lucioles. (Aujourd’hui, c’est un souvenir quelque peu poignant du passé : un homme de naguère qui a un tel souvenir ne peut se retrouver jeune dans les nouveaux jeunes, et ne peut donc plus avoir les beaux regrets d’autrefois.) Ce « quelque chose » qui est intervenu il y a une dizaine d’années, nous l’appellerons donc la « disparition des lucioles »…

La présence du bâtiment est d’une force incroyable ! Les travaux, réalisés en un temps très bref, se sont limités à assurer une mise aux normes de l’électricité et à aménager des accès sécurisés et réglementaires pour le public. Pour le reste, les cellules, couloirs et cours de la prison sont restés dans l’état où ils étaient après le départ des derniers prisonniers, en 2003. La déambulation dans ce bâtiment ne peut laisser indifférent !

De lourdes grilles conduisent dans un premier quartier des isolés où commence le chapitre suivant de La disparition des lucioles, intitulé  « Surveiller et punir » en référence à l’ouvrage majeur de Michel Foucault, sous-titré Naissance de la prison que nous aurons à étudier.

Les premiers ressentis

Rentrée en Images, le programme

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Mercredi 17 septembre, journée aux rencontres photographie d’ARLES

La Rentrée en Images est un évènement qui a lieu depuis 10 ans. Il touche chaque année 10 000 élèves issus de 9 académies différentes. Le dispositif propose une approche personnelle de l’image, un dialogue entre les arts (histoire, architecture, photographie, arts plastiques) en offrant la possibilité aux élèves d’assister à des projections, de suivre des visites d’expositions, de partir à la découverte du patrimoine arlésien, de rencontrer des professionnels de l’image, ou encore de participer à des ateliers pratiques.

Chaque classe inscrite bénéficie d’un programme personnalisé, composé de 3 activités, élaboré avec la collaboration active d’une dizaine de structures culturelles partenaires de l’événement. Les classes sont accompagnées par des médiateurs formés par des professionnels de l’image et issues de parcours de médiation ainsi que d’écoles d’Art.

La Rentrée en Images invite les élèves à se forger une opinion sur les images qui les entourent au quotidien et à développer une curiosité et un esprit critique. La variété des thèmes abordés, dans les expositions, leurs lectures multiples et la diversité des genres présentés permettent aux enseignants de tisser par la suite des liens avec la discipline qu’ils enseignent.

La sensibilisation à l’image et à la création contemporaine, le développement de la capacité à analyser une œuvre d’art, l’épanouissement de la curiosité, de l’esprit critique et de la créativité artistique, représentent des enjeux au cœur de ce dispositif.

3 activités sont prévues, détail ci-dessous :

MDDA Collection Midi Antique

Parcours du Festivalier en Centre Ville

Temps Visite Libre Espace Van Gogh

Horaires et rendez-vous en gare prochainement…

Révisions : J-???

« Il faut trembler pour grandir » René Char

Pour tous ceux qui s’apprêtent à philosopher UN CERTAIN jour de juin…

Rendez-vous confiants à cette épreuve tant redoutée par certains, tant délaissée par d’autres. Un rendez-vous de pensée, pour enfin « penser par soi-même » : puisque vous aurez relu Kant vous vous sentirez sans doute sortir de cette minorité infamante qui consiste à ne pas faire usage de son propre entendement.

Le bac philo est une sorte de rite de passage qui permet de ne plus se soumettre aux pensées d’autrui (hétéronomie) mais de donner du sens au monde par l’exercice de ce qui dépend véritablement de nous : notre raison (image empruntée aux stoïciens). Comprenez qu’il n’y a pas de bons ou de mauvais sujets, l’essentiel est la manière dont le sujet va être traité ; ne pas le maltraiter, cela veut dire respecter son intitulé, lui accorder de l’importance (un enjeu, un intérêt), déceler le problème comme un combat à mener contre toutes les idées reçues ou un conflit à résoudre à tout prix.

N’oubliez pas enfin deux mots à l’origine de la philosophie qui doivent guider cette épreuve difficile, mais dont vous sortirez comme « grandis » :

Le désir qui anime toute recherche de la vérité ; puisqu’il s’agit bien lundi d’un rendez-vous comme lors d’un premier rendez-vous amoureux, la crainte de paraître moins que ce que l’on est ne doit pas l’emporter sur la vivacité de votre esprit et sa capacité à donner le meilleur de lui-même : raisonner. Ne voyez pas cet exercice obligé comme une contrainte mais comme un devoir, c’est-à-dire liberté de faire ce que l’on s’est soi-même prescrit. Vous découvrirez sans doute un bonheur inédit : celui d’être maître de ses jugements.

(…) jamais nous ne possèderons en suffisance l’objet de notre désir ! Or cet objet, c’est, disons-nous, la vérité. » Platon, Phédon 66, c

L’étonnement vous évitera l’ennui et la déception de votre lecteur / correcteur. Là encore il ne s’agit pas de jouer les grands naïfs ou de contourner le face à face de la parade amoureuse. Mais avec la sincérité et l’application requises, faites de cet étonnement le moteur de votre interrogation. Mettez de coté les certitudes, les citations ou les bribes de cours maintes fois répétées. Étonnez vous, étonnez votre lecteur par votre capacité à mobiliser de façon méthodique le doute, le questionnement et le déploiement d’une pensée libre.

C’est la vraie marque d’un philosophe que le sentiment d’étonnement que tu éprouves. La philosophie, en effet, n’a pas d’autre origine. Platon, Théétète, 155 d

 

C’est, en effet, l’étonnement qui poussa, comme aujourd’hui, les premiers penseurs aux spéculations philosophiques. Aristote

Enfin, ne sous-estimez pas l’intérêt de cet exercice, certes difficile mais libérateur. Un enrichissement de l’être passe, comme pour Spinoza par un accroissement de la puissance de comprendre qui augmente notre puissance d’agir ; ce qui en résulte s’appelle joie, c’est-à-dire le bonheur que vous aurez d’avoir participé à cette épreuve et surmonté, « le jour J », l’angoisse de la feuille blanche, la crainte de na pas être à la hauteur, la rancune envers une lourde année qui ne s’est peut-être pas déroulée comme vous le désiriez … mais après tout c’est vous lundi qui êtes seul maître de vos pensées.

Bon courage. Faites pour le mieux !

Le repos d’esprit et la satisfaction intérieure que sentent en eux-mêmes ceux qui savent qu’ils ne manquent jamais à faire leur mieux est un plaisir sans comparaison plus doux, plus durable et plus solide que tous ceux qui viennent d’ailleurs. » Descartes, Lettre à Christine de Suède, 20 Novembre 1647.