Terra-Mare


Rendez-vous le 30 septembre à 16 heures !

Précoce et virtuose, Miquel Barcelo rencontre le marchand et collectionneur Yvon Lambert en 1983. C’est le début d’une longue amitié dont nos trois expositions avignonnaises en sont la preuve éclatante.

Partageant sa vie entre Paris, Majorque son île natale et le Mali, Barcelo poursuit ses expérimentations autour des matériaux et de la temporalité selon les sites où il travaille : vif et rapide à Paris, ancestral en Afrique et immémorial quand il décide de s’associer à des préhistoriens dans la grotte Chauvet, « la chapelle Sixtine de l’art pariétal », ou au chorégraphe Josef Nadj pour créer Paso Doble, l’événement du Festival d’Avignon en 2006, que nous regarderons en classe.

Le parcours de la Collection Lambert commence d’ailleurs par une immense fresque représentant une grotte, associée à des cartographies imaginaires réalisées par des termites qui ont dessiné le papier en le mangeant.

Après cette introduction des origines, l’artiste nous plonge dans la pure tradition espagnole, de Zurbaran à Goya, de Murillo à Velasquez, avec ses natures mortes, ses vanités, ses peintures de bibliothèques ou de rivages déserts. La plupart de ces oeuvres n’ont jamais été montrés, ou ont été spécialement réalisées pour notre exposition.

Quelques céramiques et des bronzes égrainent le parcours, comme autant de passerelles vers l’installation organisée au Palais des papes, avec des sculptures monumentales en bronze ou en plâtre, et tout un ensemble de céramiques et de plaques de terre cuite nouvellement créées.

En savoir plus

Rousseau : le droit du plus fort n’existe pas !

justice aveugle

NOTES DE COURS DES TS1

1 Qu’est-ce que le droit ?

2 L’apologie de la violence : Calliclès, sophiste défend le plus fort dans le texte de Platon, GORGIAS

Les sophistes défendent leur propre opinion

thèse : quelle est l’opposition entre la nature et la loi et l’une est elle supérieure à l’autre ?

a)Justification de l’opposition nature/droit :

– selon la nature et selon la loi subir ou commettre l’injustice est laid

les_eclairs_02 – La loi naturelle est supérieure à la loi humaine :

b) apologie de la nature et critique de la loi humaine.

– Cette loi prône l’égalité pour abaisser les forts au niveau des faibles.

– Pour calliclés la justice réelle est la victoire du plus fort ce qui ce vérifie aussi bien chez les hommes que chez les animaux.

– La loi étant contraire a la nature un homme fort doit se lever en maître et doit faire régner la vrai justice.

3 le droit du plus fort n’existe pas : texte de Rousseau, Contrat social

Idée générale : y a-t-il une relation entre la force et le droit ? pour répondre a cette question Rousseau utilise l’expression, les mots « droit du plus fort ». En creusant la problématique du droit Rousseau montre l’inintelligibilité de l’expression « droit du plus fort » qui ne veut rien dire et cependant constate son efficacité pratique

Le plan de l’auteur 2 arguments :_2009-05-06-16-40-38_8196493

1er argument : Définir radicalement les 2 mots : la force (Que la Force soit avec toi !) est une puissance physique et le droit est de l’ordre de la moralité : nous exigeons du droit qui soit conforme a l’idée de la justice c’est à dire qu’il soit conforme au bien moral.

Pour montrer que le droit ne peut pas être fondé par la force Rousseau va utiliser un deuxième argument : le raisonnement par l’absurde lui permet d ‘étudier les conséquences opposées de la force et du prétendu pouvoir

ben_laden2ème argument : les conséquences de la force

Face à la force on doit céder, on est dans l’ordre de la nécessité. La force est une contrainte physique.

A l’inverse le droit relève de la volonté, du choix. On a le choix d’obéir ou de ne pas le faire. On obéit par devoir.

Explication détaillée :

Pour contester que l’on puisse fonder le droit sur la force il utilise comme argument la notion de relativité de la force. Au sens physique la force est relative il n’y a pas de force absolue, toute force n’est forte dans un rapport.

Comment faire pour être toujours le plus fort ?

La force est incapable de fonder un droit c’est à dire un ordre immuable, absolu.

Pour faire en sorte que la force se « masque » on légitime la force.

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exemples : les emblèmes, les institutions, les signes de prestige, tout ce qui fait qu’un homme se pare de déterminations morales pour maintenir et perpétuer son pouvoir.

C’est la même démarche que le plus fort doit opérer de l’obéissance, c’est à dire de la contrainte en devoir à l’adhésion volontaire.

Face à la force la prudence consiste à céder, à laisser faire, c’est une mesure de retrait ou de moindre mal face à une situation incontournable.

« Le droit du plus fort » est une formule embrouillée à dessein pour faire illusion. Elle ne résiste pas à l’examen critique puisqu’elle ne signifie rien d’autre que la relativité et l’instabilité de la force. Rousseau vise le philosophe Hobbes qui prétendait que l’état de nature des hommes était la guerre de tous contre tous :« l’homme est un loup pour l’homme ».A l’état de nature les hommes ont le droit de tout faire mais ils se heurtent les uns aux autres.

La seule solution pour établir la paix sociale c’est de s’unnir autour du plus fort, d’abdiquer tous ses droits entre ses mains (L’état Léviathan). Rousseau ne nie pas la domination du fort sur le faible, c’est ce qu’il appelle un fait ( « droit réellement établit en principe »), mais il s’agit d’une tromperie, d’une usurpation. Le moyen de réaliser cette étrange alchimie, cette illusion, de manière la plus astucieuse c’est de convaincre, voilà pourquoi le plus fort s’en remet au discours et non à la force nue.

L’expression « droit du plus fort » n’est qu’un mot. Mais c’est un mot qui a plus de force que la seule puissance physique. Il s’agit pour le plus fort de justifier sa propre force. Le plus fort va-t-il réussir à convaincre? Si oui il pourra se permettre de ne plus utiliser la violence. Si sa tentative échoue il lui sera impossible de faire régner sa force. Le but du philosophe n’est pas de justifier le discours du violent mais de le supprimer. La philosophie est un dialogue c’est à dire que l’on reconnaît à l’autre la qualité d’égal. Ce que la violence nie c’est ce rapport d’égalité et c’est cette logique qui fait qu’un ne doit pas dominer plusieurs hommes. Cependant la violence se contredit elle-même car elle doit sans-cesse se justifier pour s’imposer. Elle doit se légitimer sous la forme du droit qui succède à un état de fait. C’est là le signe de son insuffisance.

Pour contester la thèse du « droit du plus fort » en montrant que la force ne peut pas contrer le droit, Rousseau utilise un raisonnement par l’absurde. Il veut montrer que les conséquences de l’hypothèse sont absurdes (se contredisent) et donc que l’hypothèse est fausse.

Première conséquence : Qu’est-ce qu’un droit qui périt quand la force cesse?

Les deux domaines sont irréductibles. C’est en les catégorisant que l’on comprend leur contradictions. Ici c’est la relativité de la force qui s’oppose à l’absolu du droit.

Deuxième conséquence : Sitôt qu’on peut désobéir impunément, on le peut légitimement.

Quand on obéit à la force, on est tenu par aucune obligation. Si on peut le faire sans encourir de punition, on le peut sans tomber en contradiction. Il faut bien distinguer :

  • Obéir par force, c’est la contrainte, c’est céder, c’est subir. Dans ce cas là nous ne sommes pas libres.

  • Obéir par devoir, c’est l’obligation morale, voulue, consentie. Dans ce cas là c’est un acte de volonté et de liberté. Ce n’est pas l’absence de règle mais l’obéissance à la loi que l’on s’est donné soi-même.

Ce qui fonde l’obligation d’obéir au sens moral, n’est en aucun cas la force. Rousseau montre l’enjeu pratique de cette expression, en effet il n’est pas juste, il n’est pas moral d’obéir au plus fort (ce n’est pas logique = logos) pourtant « obéissez aux puissances » est le maitre mot de tous ceux qui possédent le pouvoir. On nous invite sans-cesse à obéir. Sous cette invitation se masque la FORce!!! l’exigeance de celui qui veut se maintenir au pouvoir. C’est la conséquence du « droit du plus fort » qui nous trompe parcequ’en fait on ne peut pas faire autrement qu’obéir. Le précepte est donc  »superflu ».

Il y a une contradiction politique : c’est le problème de la légitimité du pouvoir qui doit être capable de se faire obéir. Si céder à la force ce n’est pas obéir, la force ne peut être le fondement du pouvoir légitime.

De manière ironique Rousseau dit que ce serait Dieu qui donnerait la puissance aux puissants, l’obéissance par force serait alors masquée, légitimée, c’est une allusion à une théorie historique : le pouvoir de droit divin.

L’argument du pouvoir qui vient de Dieu est pour Rousseau un sophisme (càd un raisonnement à l’apparence logique). C’est une référence au texte de St Paul « il n’y a point d’autorité qui ne vienne de Dieu ». L’aveu de Rousseau est ironique et suivit d’une objection : « mais toute maladie… ».

Si on admet que Dieu introduit le mal, du moins laisse faire la maladie comme il laisse faire le médecin, toute puissance vient de Dieu mais cela ne suffit pas pour dire que toute puissance est bonne. L’expression « toute puissance vient de Dieu » ne peut pas signifier obéissez, c’est Dieu qui l’ordonne.

Le second exemple est celui du brigand. Rousseau met directement en cause la question de la légitimité morale du pouvoir. L’argument est très ironique, qu’est-ce qui nous permet de dire que le monarque n’est pas un brigand puisque comme celui-ci il détient sa puissance de Dieu. Rousseau dénonce ici le fondement sacré du pouvoir politique.

Conclusion :

On n’est obligé d’obéir qu’aux puissances légitime, la question primitive revient toujours ! Cette question est celle de déterminer qu’est-ce qu’une puissance légitime? On n’est obligé d’obéir qu’aux puissances légitimes parce que l’obéissance et la contrainte s’excluent mutuellement. Il n’y a dans l’obéissance que la pure volonté d’obéir, il n’y a dans la contrainte que la pure nécessité physique. Il faut donc rejeter ce « galimatias » confus de forces morales de quelques noms qu’on les baptise sous ce « mot » de droit.

L’explication de Rousseau a permi de déjouer les pièges des mots qui dissimulent l’hétérogénéité essentielle de la force et du droit. Ainsi le droit du plus fort n’existe pas sinon à titre de justification secondaire et abusive qu’une prise du pouvoir par la violence.

Il reste à comprendre pourquoi cette justification théoriquement non fondée a toujours une fonction pratique.

L’art, et la musique en particulier

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Demandez à un crapaud ce que c’est que la beauté, le grand beau, le to kalon. Il vous répondra que c’est sa crapaude avec deux gros yeux ronds sortant de sa petite tête, une gueule large et plate, un ventre jaune, un dos brun. Interrogez un nègre de Guinée ; le beau est pour lui une peau noire, huileuse, des yeux enfoncés, un nez épaté.

Interrogez le diable ; il vous dira que le beau est une paire de cornes, quatre griffes, et une queue. Consultez enfin les philosophes, ils vous répondront par du galimatias ; il leur faut quelque chose de conforme à l’archétype du beau en essence, au to kalon.

Voltaire, Dictionnaire philosophique, article Beau

L’étymologie du mot art renvoi au grec techné qui signifie la production, la fabrication, l’artifice. Pour les grecs il n’y a pas de différence entre les beaux-arts (exemples : sculpture, architecture, musique, peinture…) l ‘artisanat, les techniques et les savoir-faire (la médecine, art oratoire..)

Il y a un problème qui vient de l’étymologie du mot pour définir l’art. Le problème est la dénomination de l’art, cerner une définition, en raison de plusieurs difficultés :

  • l’étymologie du mot
  • l’histoire de l’art
  • la multiplicité des formes d’arts
  • la multiplicité des cultures

I/ Le problème est donc de reconnaître un statut à l’œuvre d’art. Deux difficultés pour répondre a cette problématique

1) la distinction de l’art et de la nature. (1/)

– S’agit-il d’une création ex nihilo (différent de démiurge), d’une œuvre sans copie ?

Cette distinction ne tient pas seulement aux notions de fabrication et création inspirée « de rien ».

Tout ce qui existe n’est que la copie d’une idée. L’idée est une réalité différente de la copie. Dans la République de Platon (livre X), l’artiste n’a pas droit de cité. Il est le pire ennemi des philosophes car il nous trompe par les images fabriquées, comme des ombres au fond de la caverne. En ce qui concerne la poesis, il s’agit d’une mauvaise imitation des idées qui viennent des dieux.

Pour les philosophes grecs, l’art n’est qu’une copie de la nature ou une tromperie, une imitation

2) La fabrication sans création (2/)

– Histoire et espace (culture). La prise en compte de diverses formes d’art viennent contredire la condamnation Platonicienne : l’art n’imite pas la nature. Cette dernière perd son caractère de modèle à contrefaire.

Pour les grecs, la création n’existe pas. La nature elle même est faite de matériaux, l’art est fabriqué et l’œuvre est faite pour être construite et déconstruite. L’œuvre a été fabriquée et non pas créée ; elle est comme tout objet éphémère, et n’a pas de caractère sacré. L’œuvre a un usage, une utilité.

II/ L’ambiguïté du mot art renvoie à l’homme qui est en charge de production ou de création c’est à dire l’artiste. Le problème est la reconnaissance du travail spécifique de l’artiste.

Jusqu’à la renaissance , il n’y a pas de reconnaissance de la personnalité de l’artiste ni de statut social . D’où deux difficultés :

1) L’artiste, l’artisan, l’ouvrier (3/)

– Première difficulté il faut distinguer l’artiste de l’artisan

2) Travail et inspiration (4/)

– il faut aussi reconnaitre son travail, son labeur, travail sur les matériaux mais aussi travail intellectuel, l’artiste pense ses œuvres (Léonard de Vinci : la peinture est « cosa mentale« ) et les élabore avec sueur.

– deuxièmement il faut définir ce que l’on nomme le génie.
( cf texte de Kant. )

III/ L’œuvre d’art suppose un spectateur : c’est le problème de la spécificité du jugement de goût.

Le jugement de goût se distingue du jugement de connaissance (–> le vrai, le juste) essentiellement parce qu’il a pour fondement la subjectivité.

Baumgarten, au XVIII° siècle, va parler d’une science du goût qu’il appelle esthétique. Esthesis —> 5 sens, la sensation.

Deux difficultés :

1°) La sensibilité et l’entendement permettent de juger (5/)

– Ce qui nous touche nous procure des émotions, ce qui n’est pas forcément source de plaisir. L’art n’est pas l’agréable. Au XVIII°, avec Kant, l’œuvre est « ce qui plaît » ; ce n’est en aucun cas « l’agréable ».

Esthésis = la sensation, les 5 sens. L’œuvre d’art touche, au sens sensible du terme. Une œuvre c’est avant tout ce qui nous touche, c’est ce que l’on goûte (avec les yeux, le toucher). L’art avant tout on le goûte !!!

2°) Le jugement de goût est universel (6/)

– La reconnaissance de jugement de goût universel , exemple « des goûts et des couleurs on ne discute pas » et pourtant on ne fait que ça ! Comment accorder la subjectivité du goût (c’est à dire de la sensation, des sentiments et imagination) à l’universalité d’un seul jugement ? Comment passer de la subjectivité de l’œuvre à l’universalité du jugement ?

Comment passer de « ça me plaît » à « c’est beau », la reconnaissance universelle (?).

L’art et la musique en particulier : questions pour un orchestre

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TS1

Problématique 1:

L’œuvre

*Avez-vous choisi et pourquoi avez vous choisi cette œuvre ?

*Êtes vous vous même auteur/compositeur de vos propres œuvres ?

*Vous considérez vous comme un élément dynamique de la formation de l’œuvre ?

*Qu’apportez vous à une œuvre ?

*Choisissez vous votre morceau ?

Problématique 2 :

L’artiste

*Est-ce que vous mettez votre touche personnelle dans ces œuvres?

*Est-ce que vous avez déjà composé des œuvres?

*Comment en êtes vous arrivés à vous orienter vers la musique et vers l’interprétation?

*L’interprète se réserve t-il le droit de modifier une œuvre déjà existante?

*Pensez-vous que la musique est une science ou de la pure abstraction?

*Vous considérez-vous comme un groupe ou comme plusieurs artistes individuels qui collaborent?

Problématique 3 :

Le spectateur

* Est ce qu’une œuvre est toujours créée dans le but de plaire ?

*Est ce que finalement le spectateur ne devient il pas un artiste ?

* Est ce l’œuvre ou l’artiste qui est apprécié ?

* Est ce qu’une œuvre appréciée est forcément belle ?

*Est ce que le spectateur est assujetti aux phénomènes de mode ?

* Est ce que les goûts du spectateur ne sont-ils pas prédéfinis par rapport à ses origines socio-culturelles ?

TS2

Problématique 1:

L’œuvre

– Qu’est-ce qu’une œuvre pour vous ?

– Le qualificatif  « d’œuvre » vous semble-t-il réservé aux morceaux anciens ou peut-il être attribué aux morceaux contemporains ?

– Pensez vous que ce que vous jouez est une œuvre d’art ou un divertissement ?

– L’œuvre d’art est-elle étrangère à la réalité quotidienne ?

– Comment vous rapportez-vous aux œuvres d’art ?

– Considérez-vous les œuvres musicales différemment des autres objets fabriqués pas l’homme ?

– Est-ce que vous pensez que l’œuvre que vous interprétez est immortelle ?

Problématique 2 :

L’artiste

– Pour vous, jouer est-ce prendre part à la création ?

– Est-ce important de connaître l’auteur pour l’interprétation ?

–  Qu’est-ce qu’un » génie » de la musique ?

– Pensez-vous qu’il est possible pour un groupe d’être en parfait accord pour créer une œuvre?

– Pensez-vous que tout interprète est un artiste ?

– Est-ce que la pratique de la musique vous procure un sentiment que vous n’éprouvez pas par la pensée?

Problématique 3 :

Le spectateur

– Adaptez-vous votre répertoire d’œuvre par rapport à votre public ?

–  Avez-vous l’impression de transmettre vos sentiments personnels à travers votre musique?

–  Est-ce que les critiques vous blessent ou vous aident-elles plutôt à progresser ?

– Associez-vous le succès d’une œuvre forcément à l’appréciation positive des spectateurs ?

–  Si une œuvre ne vous plait pas, comment l’appréhendez-vous ? Pouvez vous aller jusqu’à la jouer ?

–  Quand vous écoutez une représentation appréciée du public, vous arrive-t-il de vous en inspirer pour vos propres représentations ?

Corrigé du bac blanc 3° sujet

  1. Les choses de la nature n’existent qu’immédiatement et d’une seule façon, tandis que l’homme, parce qu’il est esprit, a une double existence ; il existe d’une part au même titre que les choses de la nature, mais d’autre part il existe aussi pour soi, il se contemple, se représente à lui-même, se pense et n’est esprit que par cette activité qui constitue un être pour soi./
  2. Cette conscience de soi, l’homme l’acquiert de deux manières : Primo, théoriquement, parce qu’il doit se pencher sur lui-même pour prendre conscience de tous les mouvements, replis et penchants du cœur humain et d’une façon générale se contempler, se représenter ce que la pensée peut lui assigner comme essence, enfin se reconnaître exclusivement aussi bien dans ce qu’il tire de son propre fond que dans les données qu’il reçoit de l’extérieur.\
  3. Deuxièmement, l’homme se constitue pour soi par son activité pratique parce qu’il est poussé à se trouver lui-même, à se reconnaître lui-même dans ce qui lui est donné immédiatement, dans ce qui s’offre à lui extérieurement.
  4. Il y parvient en changeant les choses extérieures, qu’il marque du sceau de son intériorité et dans lesquels il ne retrouve que ses propres déterminations.
  5. L’homme agit ainsi, de par sa liberté de sujet, pour ôter au monde son caractère farouchement étranger et pour ne jouir des choses que parce qu’il y trouve une forme extérieure de sa propre réalité./
  6. Ce besoin de modifier les choses extérieures est déjà inscrit dans les premiers penchants de l’enfant ; le petit garçon qui jette des pierres dans le torrent et admire les ronds qui se forment dans l’ eau, admire en fait une œuvre où il bénéficie du spectacle de sa propre activité.

HEGEL

l'enfant à la toupie

Lecture et Compréhension du texte :

On souligne le vocabulaire qui constitue le champ sémantique de deux thèmes :

Le thème de la conscience de soi

Le thème de tout ce qui est extérieur à l’homme

Explication détaillée des phrases :

  1. Tandis que permet d’opposer les choses de la nature à l’homme, parce qu’il a une double existence : l’homme est en même temps chose de la nature est esprit. D’une part, d’autre part explicite cette double existence. La simplicité  des choses naturelles s’opposent à l’esprit, la conscience est liée à la seule activité de penser ; en effet exister pour soi c’est pouvoir se représenter à soi-même que l’on est quelque chose.
  2. La conscience s’acquiert par deux moyens Primo explique le premier par la suite des deux points : une énumération dans le temps comme l’indique l’adverbe enfin . Ce premier mode d’acquisition de la conscience est théorique : c’est un acte d’introspection qui plonge le sujet dans la complexité de la vie intérieure, accède à l’idée de soi-même, et enfin à la compréhension de ce qu’il est lui-même.
  3. Deuxièmement, c’est la seconde manière d’acquérir la conscience de soi par un mouvement externe d’action dans le monde. Ce mouvement à l’origine de la construction de l’identité du sujet est opposé au premier, se reconnaître / se reconnaître lui-même . Ce second mode d’acquisition est pratique, le sujet peut se connaitre dans les données extérieures à lui-même.
  4. Explication de ce deuxième mouvement de la connaissance de soi. Le sens du mouvement du sujet vers le monde s’explique par « en changeant les choses extérieures », c’est-à-dire une activité par laquelle l’homme transforme les données qu’il reçoit de l’extérieur. L’homme impose en effet ses propres déterminations , aux choses elles-mêmes, c’est-à-dire son image, ce qu’il est. C’est par là qu’il parvient à cette reconnaissance de soi.
  5. L’homme agit ainsi : La manifestation de la liberté s’explique parce que l’homme domine les choses naturelles et nie leur étrangeté. L’action sur le monde s’explique et éclaire le rapport de la conscience de soi avec l’extérieur: l’homme transforme le monde naturel, le rend humain et miroir de lui même parce que ce monde reflète ses propres capacités.
  6. L’exemple illustre le rapport de la reconnaissance de soi par l’enfant à ce « spectacle » extérieur de sa transformation du milieu.Le mouvement de modification du monde naturel est nécessaire, il est un besoin dont l’exemple relève l’intérêt en fait derrière l’inutilité apparente du jeu qui consiste à faire des ronds dans l’eau. La réflexion à lieu grâce au miroir qu’est le résultat de l’action.

Plan du texte :

« Les choses de la nature…être pour soi » phrase 1 : Comme toute chose, l’homme à une origine naturelle mais en même temps il est aussi esprit, c’est-à-dire pensée de soi-même.

« Cette conscience de soi…reçoit de l’extérieur » phrase 2 à 5 : Il y a deux mouvements liés mais distincts pour acquérir cette conscience de soi.

– l’homme doit se représenter lui-même par un acte d’identification interne

– l’homme doit se reconnaitre dans le résultat de son travail sur les choses de la nature phrase

« Ce besoin de modifier…de sa propre activité » phrase 6 : L’exemple du jeu enfantin explique comment se construit la propre conscience de soi.

Idée générale et problématique du texte :

L’homme ne peut pas être défini comme un être de la nature ni exclusivement par l’esprit. Il faut penser le rapport de l’homme à lui-même dans la reconnaissance à l’intérieur de lui comme dans les choses extérieures. Mais l’homme n’est pas une identité spontanée. Il doit conquérir dans le temps sa propre identité. La connaissance de soi ne suffit pas.  Il  doit transformer la nature pour être conscience de soi comme le montre l’exemple de l’enfant. Cette transformation de la nature c’est le jeu, le travail, l’art, c’est-à-dire ce qui est réalisé à l’extérieur des œuvres. Cette transformation effectuée permet à l’homme de se mirer lui-même et de se construire comme sujet libre, c’est- à-dire capable d’imposer sa marque aux choses extérieures. Le problème est celui de la liberté de la conscience : comment devient-on conscient de soi ? Est-ce seulement par l’intériorisation de soi-même telle que l’avait décrite Descartes  ou en comprenant notre puissance sur la nature ?


La démonstration

shadok-escalier_castaliefr.1235921493« Par là on voit clairement pourquoi l’arithmétique et la géométrie sont beaucoup plus certaines que les autres sciences : c’est que seules elles traitent d’un objet assez pur et simple pour n’admettre absolument rien que l’expérience ait rendu incertain, et qu’elles consistent tout entières en une suite de conséquences déduites par raisonnement. Elles sont donc les plus faciles et les plus claires de toutes. » Descartes, Règle pour la direction de l’esprit.

Utilisée en mathématique, la démonstration est un procédé de réflexion qui consiste à valider un résultat.

Elle correspond alors à cet exercice scolaire qui consiste à valider des problèmes ou des théorèmes déjà démontrés. Les élèves oublient souvent qu’elle sert avant tout à découvrir de nouvelles vérités !

La notion et la valeur de cette dernière est historique . Même si son fondement reste ancré au V° siècle avant Jésus-Christ, la conception de la  démonstration a été remaniée  par les mathématiciens eux-mêmes au XIX°.

Reste à se demander si la démonstration est le mode de connaissance privilégié de l’esprit rationnel.

Discours discursif et déduction

Pour le sens commun, il semble utile de démontrer ses affirmations pour donner une valeur de certitude à ce que l’on dit ou pense. la démonstration,en ce sens assez larges’oppose à l’intuition,  c’est-à-dire la connaissance immédiate de la vérité. Par exemple, lorsque nous constatons que nous sommes assis en train d’écrire sur notre table, nous en avons une intuition et ne demandons aucune démonstration. Mais quand un enoncé, par exemple mathématique, est isolé et ne peut être qualifié immédiatement de vrai, il faut l’associer à d’autres, càd utiliser ce que Descartes nomme « les longues chaînes de raison[…] dont les géomètres ont coutume de se servir ». Précisons ces longues chaînes :

– Le procédé doit être rationnel et objectif, il ne s’agit pas d’associations libres d’idées au grè de notre imagination.

– Les élèments de la démonstration ne sont pas empiriques (fondés sur l’expérience) comme par exemple dans le syllogisme d’Aristote qui permet par induction de reconnaitre des raisonnements formellement vrais. « Le syllogisme est un discours dans lequel, certaines choses étant posées, quelque chose d’autre que ces données en résulte nécessairement par le seul fait de ces données. Par le seul fait de ces données : je veux dire que c’est par elles que la conséquence est obtenue ; à son tour, l’expression c’est par elles que la conséquence est obtenue signifie qu’aucun terme étranger n’est en plus requis pour produire la conséquence nécessaire. » Aristote, Organon (Premiers Analytiques).

Ce qu’il faut démontrer

La démonstation porte necessairement sur « quelque chose », une affirmation,une proposition. Cette proposition doit :

– attribuer une propriété à un sujet

– ou poser un rapport quantitatif ou géométrique entre différents élèments;

Par exemple l’existence n’est pas un attribut car elle ne peut se saisir que par une intuition empirique. L’existence de ne donne pas a priori, c’est la raison pour laquelle « Dieu existe » ou « est un être existant » est, comme le montre Kant, indémontrable.

Les éléments de la proposition doivent avoir une valeur universelle (par exemple démontrer non pas les propriétés de tel ou tel triangle tracé au tableau mais de tous les triangles)

Ainsi dans les Eléments, Euclide définit des propositions démontrées :

a) les théorèmes : propositions établissant des rapports entre leurs élèments.

b) les problèmes : résultat ou construction de figures en trouvant des rapports puis en les vérifiant.

UNE PROPOSITION DOIT SE DÉMONTRER À L’AIDE DE SES ANTÉCÉDENTS.

Il existe alors des propositions non démontrables (sinon il faudrait regresser jusqu’à l’infini)

Il existe un mode de connaissance des principes » intuitif » ou de type « inductif », ce qui ne va pas sans poser de problème quant à cet autre mode de connaissance que la démonstration

Le processus de démonstration repose sur des principes indémontrables : définitions (point,ligne, surface, angle, cercle…), postulats (possibilité de construire ligne, segment de droite, cercle…), axiomes (ont une portée plus générale que les postulats de géométrie seule ou d’arithmétique seule) [Euclide, Eléments, livre 1]

Les postulats, axiomes et définitions sont bien des principes premiers, mais ils apparaissent aussi comme des propositions nécessaires pour passer d’une proposition à une autre : la métaphore de la chaîne de Descartes tout comme le syllogisme d’Aristote ne sont qu’une simplification.

Valeur de la démonstration

La théorie aristotélicienne du syllogisme est l’acte de naissance de la discipline nommée logique. Elle ouvre la possibilité d’une formalisation totale des processus de la pensée : « Je tiens que l’invention de la forme des syllogismes est une des plus belles et des plus considérables de l’esprit humain, et même des plus considérables. C’est une espèce de mathématique universelle dont l’importance n’est pas assez connue ; et l’on peut dire qu’un art d’infaillibilité y est contenu, pourvu qu’on sache et qu’on puisse s’en servir, ce qui n’est pas toujours permis. » Leibniz, Nouveaux essais sur l’entendement humain.

Mais  cette théorie est remise en question au XX° siècle en particulier par Frege et Russell. Ceux-ci pensent que pour parfaire la logique, il est absolument nécessaire que celle-ci use d’un ensemble de signes qui lui soit propre, qui soit distinct des langues naturelles et donc protégé de toutes les équivoques que présentent celles-ci. Ainsi peut être assurée la rigueur des démonstrations ou chaînes de déductions permises par le système formel en tant que système axiomatique. L’intuition, qui grevait les mathématiques, n’a alors plus aucune place dans la démonstration.

Le génie de l’équivoque

homme_animal1 Il n’est pas plus naturel ou pas moins conventionnel de crier dans la colère ou d’embrasser dans l’amour que d’appeler table une table. Les sentiments et les conduites passionnelles sont inventés comme les mots. Même ceux qui, comme la paternité, paraissent inscrits dans le corps humain, sont en réalité des institutions. Il est impossible de superposer chez l’homme une première couche de comportements que l’on appellerait « naturels » et un monde culturel ou spirituel fabriqué. Tout est fabriqué et tout est naturel chez l’homme, comme on voudra dire, en ce sens qu’il n’est pas un mot, pas une conduite qui ne doive quelque chose à l’être simplement biologique, et qui en même temps ne se dérobe à la simplicité de la vie animale, ne détourne de leur sens les conduites vitales, par une sorte d’échappement et par un génie de l’équivoque qui pourrait servir à définir l’homme. Merleau-Ponty

Quelle est l’idée générale de ce texte et quelle est son argumentation ?

Dans ce texte Merleau-Ponty répond à la question de savoir ce qui, chez l’homme, relève de la nature et ce qui relève de la culture. Ces deux ordres semblent bien déterminés lorsque l’on définit la nature comme hérédité biologique : c’est tout ce qui nous vient de nos parents, de nos ancêtre par une transmission génétique. On définit à l’inverse la culture comme tout ce que l’on tient de la tradition externe, c’est l’héritage des coutumes, des habitudes, des manières de faire et même de  penser propres à un groupe humain. Cependant ce couple d’opposé nature/culture est remis en question par l’auteur de ce texte. En effet, ce qui fait problème c’est qu’il affirme l’impossibilité de « déméler » ce qui, chez l’homme fait partie de la nature et ce qui fait partie de la culture. Dans un premier temps il montre que l’opposition est une opinion, puis le sens de ce noeud indénouable entre les deux notions.

I/ L’opposition naturel / fabriqué : une opinion

1/ L’illusion de conduites naturelles

Cette complexité, ce noeud entre nature et culture  s’oppose à l’opinion qui affirme qu’il est naturel de piquer une colère comme d’embrasser son amoureux. Pour l’opinion il esxiste deux catégories distinctes pour expliquer les comportements de l’homme, le naturel semble être inné, tout le reste serait fabriqué par l’homme.

2/ Les sentiments ne sont pas innés

Comme les mots et leurs usages, les sentiments sont ce que l’homme en a fait, ils sont construits, fabriqués par un milieu culturel, formés par des habitudes sociales, comme par exemple le sentiment de paternité (il peut y avoir un substitut du père biologique qui éprouve ce sentiment).

II/ L’impossibilité de déméler l’écheveau nature / culture

1/ On ne doit pas superposer les deux notions

La culture ne vient pas s’ajouter à la nature, il faudrait qu’elle soit identifiable et séparée des comportements naturels.

2/ La nature ne s’efface pas chez l’homme : une sorte « d’échappement »

« Rien qui ne se dérobe » dit l’auteur, c’est-à-dire qui ne se soustrait à la pure détermination biologique (pensez par exemple à la différence entre besoin et désir)

3/ L’homme est le résultat d’une interaction, une équivoque

Tout ce que l’homme dit, fait et pense est le résultat de son hérédité biologique transformée (tout est naturel) et de son héritage culturel et social (tout est fabriqué). L’homme à l’état de nature est une fiction, de même qu’un homme qui ne serait influencé en rien par ses déterminations biologiques, cela n’a pas de sens : une équivoque signifie une ambivalence, c’est-à-dire la possibilité d’un choix. L’homme n’est pas determiné par son corps naturel biologique, il a la possibilité d’échapper à la vie animale ( univoque) par la culture, en fabriquant le choix des comportements, des langages et des règles de la vie sociale. L’homme est en ce sens ouverture au monde, qui doit sans cesse se construire, s’inventer et même se créer : c’est le sens du mot « génie » employé ici pour définir ce qui est proprement humain en cet écheveau nature / culture.



Exercice : la connaissance

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EXERCICE 1 : Peut-on dire que le développement du savoir scientifique fait aujourd’hui de la philosophie un discours inutile ?

EXERCICE 2 : Texte de BACHELARD sur la page en lien

EXERCICE 3 : Points communs et différences sur un tableau non exhaustif

Le sens commun, l’opinion

La science

La philosophie

Sensation ( 5 sens), sentiments,sensibilité,imagination La raison et le réel (objet) La raison (logos)
Observation passive, persuasion Hypothèse et expérienceDémonstration, mesure,expérimentations Raisonnement logique

Argumentation

Image Concept, calcul et mesure Concept
Faux-savoirs, illusions, croyances, préjugés; Étonnement, recherche de vérités. (Vérités et erreurs) Étonnement, Recherche de la vérité.
Multiplicité des opinions Plusieurs sciences, un progrès LA philosophie, pas de progrès
Connaissances utiles Désintérêt, théoria = contemplation et applications techniques (praxis) Désintérêt, « discipline libérale »

Spinoza : le conatus dans l’Ethique

minusculemousquetaire_80_« Le Minuscule Mousquetaire T.2 : La Philosophie dans la baignoire » par Joann Sfar

Dans le texte suivant, Spinoza montre que le désir est l’essence de l’homme, renversant ainsi la problématique du rapport entre désir et raison. L’homme ne peut pas plus s’empêcher de désirer qu’il ne peut s’empêcher d’être ; dès lors la rationalisation des passions demeure insatisfaisante, il faut plutôt étudier la véritable nature de l’homme.

Chaque chose, autant qu’il est en soi, s’efforce de persévérer dans son être. (III, Prop. VI)

L’effort par lequel chaque chose s’efforce de persévérer dans son être n’est rien d’autre que l’essence actuelle de cette chose. (Prop. VII)

L’effort par lequel chaque chose s’efforce de persévérer dans son être, n’enveloppe aucun temps fini, mais un temps infini. (Prop. VIII)

L’âme en tant qu’elle a des idées claires et distinctes, et aussi en tant qu’elle a des idées confuses, s ‘efforce de persévérer dans son être pour une durée indéfinie et a conscience de son effort. (Prop. IX)

L’essence de l’âme est constituée par des idées adéquates et des inadéquates; par suite, elle s’efforce de persévérer dans son être en tant qu’elle a les unes et aussi en tant qu’elle a les autres ; et cela pour une durée indéfinie. Puisque, d’ailleurs, l’âme, par les idées des affections du corps, a nécessairement conscience d’elle-même, elle a conscience de son effort.

Cet effort, quand il se rapporte à l’âme seule, est appelé volonté; mais, quand il se rapporte à la fois à l’âme et au corps, il est appelé appétit; l’appétit n’est par là rien d’autre que l’essence même de l’homme, de la nature de laquelle suit nécessairement ce qui sert à sa conservation; et l’homme est ainsi déterminé à le faire. De plus, il n’y a aucune différence entre l’appétit et le désir, sinon que le désir se rapporte généralement aux hommes en tant qu’ils ont conscience de leurs appétits, et peut, pour cette raison se définir ainsi: le désir est l’appétit avec la conscience de lui-même. Il est donc établi par tout ce qui précède que nous ne faisons effort vers aucune chose, que nous ne la voulons pas ou ne tendons pas vers elle par appétit ou par désir, parce que nous jugeons qu’elle est bonne; c’est l’inverse : nous jugeons qu’une chose est bonne parce que nous faisons effort vers elle, que nous la voulons et tendons vers elle par appétit ou désir. (Prop. IX, scolie)

Désir, plaisir et volupté

P1000112Parmi nos désirs, les uns sont naturels et les autres vains. Parmi les désirs naturels, il y en a qui sont nécessaires, et d’autres dont l’objet n’est que naturel, sans être nécessaires. Parmi les nécessaires, il y en a qui regardent notre bonheur, d’autres la tranquillité continue du corps, d’autres enfin l’entretien de la vie. Une théorie exacte de ces désirs sait ce qu’il faut fuir ou rechercher pour la santé du corps et pour la paix de l’âme : deux choses qui constituent tout notre bonheur. Car tout ce que nous faisons dans la vie se rapporte à ces deux points : écarter la souffrance et atteindre la tranquillité de l’âme. Quand nous les avons atteints, il n’y a plus en nous de trouble ni d’agitations : l’être vivant n’a rien de plus à acquérir ni à rechercher pour compléter son bien-être. Nous ne ressentons le besoin du plaisir que quand la privation nous cause quelque douleur. Dès que nous ne sommes plus remués par cette douleur, nous n’avons plus de désirs. C’est pour cela que nous disons que le plaisir est le commencement et la fin du bonheur de la vie : c’est le plaisir qui a été reconnu comme bien principal et conforme à notre nature. C’est du plaisir qu’il faut partir pour déterminer ce qu’il faut rechercher ou fuir […]. Quoique tout plaisir soit un bien en soi, parce qu’il convient à notre nature, il y a cependant des plaisirs qu’il faut se refuser. De même, quoique toute douleur soit un mal en soi, il y a cependant des douleurs qu’il faut embrasser. C’est à la raison à considérer la nature des choses, à peser les avantages et les inconvénients. Epicure